Et voilà : la nouvelle est tombée
Comme toujours en cette période de l'année, les nominations arrivent!
Cette année, c'est au tour d'Alice Renavand d'être nommée au titre suprême de l'opéra de Paris ce soir même, dans une représentation du Parc. Cette nomination était dans l'air depuis quelques mois déjà. On en avait parlé l'an passé pour Kitri, puis lors de Kaguyaguime où c'était presque sûr... mais c'est donc sur l'oeuvre de Prejlocaj que ce titre lui a été officiellement remis ce soir.
En suis-je heureuse?
Oui, et non!
Oui, parce que Alice, ce fut une rencontre inoubliable dans le corps de ballet.
Lorsque je l'ai repérée sur scène la première fois, noyée dans la Sylphide au milieu d'autres danseuses comme elles, j'avais eu un vrai coup de coeur pour ce qu'elle dégageait déjà à l'époque, c'est à dire sa poésie, son lyrisme, son ultra féminité.
Sur le forum dans lequel j'écrivais alors -, chacun devait dire de qui il aimerait être le petit père ou la petite mère s'il était étoile- j'avais écrit sans l'ombre d'une hésitation " Alice Renavand"
C'était il y a plus de dix ans...
Mais hélàs, Alice, comme beaucoup d'autres étoiles, est nommée sur le tard; elle ne pourra pas aborder véritablement les grands classiques; elle a montré ses limités l'an passé dans Kitri; je m'étais déplacée exprès pour la voir danser, auprès de François Alu. Et si j'avais beaucoup aimé son personnage, j'avais été un peu déçue par sa performance purement technique.
Il y a donc fort à parier qu'elle continuera à danser surtout du contemporain dans lequel elle excelle... ce sera donc encore une très belle étoile " contemporaine" qu'on ne verra pas dans le Lac, ou la Belle - elle n'a d'ailleurs pas abordé le rôle cette année - ni même Giselle.
Je ne l'ai jamais vue non plus aborder les rôles néo classiques - comme Tatiana ou Marguerite, et d'ailleurs ne l'imagine pas vraiment dans ces rôles...
Dame BL par cette ( ultime?) nomination réaffirme à la barbe du futur directeur sa GRANDE préférence pour le contemporain et lui fait un beau pied de nez....
Alice aurait pu continuer à être une très belle première danseuse, comme autrefois Karine Averty, et comme aurait pu continuer à l'être Eleonora Abbagnato....
La question que je me pose à présent c'est à quoi ressembleront les nominations d'étoile une fois Millepied à la tête de l'opéra
Pour en revenir à Alice, les derniers rôles où elle m'a profondément marquée sont :
La femme aux côtés de Nicolas Leriche dans Appartement - ils étaient bouleversants!
Le songe de Médée : Créüse, vraiment étonnante de beauté et de sensualité!
L'une des soeurs de Cendrillon, où elle a affirmé un tempérament de clown inconnu jusqu'àlors! Elle en faisait " des tonnes" mais c'était vraiment drôle!
En femme de Siddharta, terriblement envoûtante et sensuelle
Et puis en partisane, dans l'oiseau de feu, De Béjart, ou dans le Mandarin Merveilleux, dans le corps de ballet dans Nosfératu, dans Hurlevent, chez les Linton
Son grand atout est sa beauté, sa féminité, et sa grande sensualité qui donne à ses mouvements une rondeur, une douceur magnifiques. Sa personnalité est atypique, tout comme son physique. Elle ressemble un peu à un chat, avec ses yeux étirés.
Elle aussi être poignante, comme dans Appartement aux côtés de Leriche, où elle m'avait tirée les larmes par sa puissance expressive, et surtout, par quelque chose d'inattendu chez elle : le don d'elle même. Cette artiste est capable d'un don total d'elle même et cette qualité se raréfie ses derniers temps à l'opéra de Paris.
J'espère pouvoir la découvrir dans un répertoire dans lequel je ne l'ai encore jamais vu, où elle pourra explorer des facettes artistiques d'elle même encore inexploitées.
Comme Abbagnato, c'est une véritable artiste avec une vraie personnalité.
Souhaitons lui une beau parcours d'étoile, car elle a 33 ans, et portera donc ce titre une dizaine d'années encore.