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  • : Un jour, une œuvre, par Valérie Beck
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck a évolué au fil du temps. Il est consacré principalement à la danse, mais est ouvert aux autres arts.
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Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

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8 février 2025 6 08 /02 /février /2025 11:40

 

Le lycée impérial 

 

Se pencher sur la personnalité de Pouchkine est complexe tant le poète a de multiples personnalités comme son œuvre l’atteste, et surtout son Eugène Onéguine écrit sur une période qui couvre dix années de sa vie.

Né au sein d’une famille aristocratique qui n’a pas le sou, mal aimé par sa mère qui a horreur de sa peau très mate, de ses cheveux trop frisés, lointain héritage de son arrière-grand-père, il n’intéresse pas davantage son père. Pouchkine a donc de lui une image plutôt misérable, lorsqu’Alexandre 1er décide de fonder en 1811 le premier lycée impérial. Il prend pour modèle l’un des 45 lycées créés en 1802 par Napoléon soucieux d’offrir aux garçons des études sérieuses et solides dans tous les domaines, quand jusqu’alors il n’y avait d’autre choix que l’école militaire ou le pensionnat.

 Le bâtiment érigé à Tsarkoïe Selo – le village du Tsar  se situe à Saint Petersbourg. Il    jouxte les palais d’été des Tsars, et Alexandre 1er souhaite qu’il n’accueille que les meilleures graines de la société russe afin de former la future l’élite administrative et militaire. Il n’y a que 33 places.

Mais une chose tout à fait exceptionnelle est décidée : l’enseignement sera donné exclusivement en russe, même s’il est donné par des professeurs étrangers. Que l’enseignement soit donné en russe n’est pas anodin : toute l’élite russe parle français, correspond en français, écrit en français, laissant la langue russe aux paysans, ou au petit peuple. Mais l’ennemi du moment est Napoléon qui l’année suivante franchira le Dniepr, et qui, sans l’ingénieux Koutouzov, aurait sans doute soumis le Tsar comme les autres monarques d’Europe.

 

C’est grâce à l’aide d’un oncle que Pouchkine entrera au lycée, pour la fierté de ses parents – à défaut d’avoir leur amour ; par décret, le tsar interdit toute sortie de ce lycée pendant les 6 ans que dureront les études, quand bien même il s’agirait de rendre visite à un parent malade ou mourant… Mais les élèves auront tôt fait de contourner cette règle et Pouchkine ne sera pas le dernier à découcher pour fréquenter dès ses 17 ans le cercle des hussards et les actrices.

À 15 ans, il écrit ses premiers poèmes en russe ce qui est une véritable révolution. Ce sont aussi ses premiers triomphes.  Certes, il y a bien eu avant lui Radichtchef qui, sous l’influence des Lumières, avait en 1790 publié un ouvrage en russe, dans lequel il dénonçait le servage et les injustices sociales, tout en valorisant cependant la beauté de la culture russe. Mais Pouchkine est tout jeune, et son talent attire aussitôt l’attention des poètes officiels de l’empire, comme Joukovsky ou Derjavine qui prennent aussitôt en affection Pouchkine malgré son indiscipline. Sa capacité à se faire aimer – trait de caractère qui durera toute sa vie-  lui évitera plus tard la Sibérie, car ses amis n’hésiteront pas, au péril de leur propre sécurité, à intercéder en sa faveur auprès des tsars.

A Tsarkoïe Selo, Pouchkine nouera de profondes amitiés qui ne se démentiront jamais. Et pourtant, hypersensible, terriblement susceptible, cynique, se déclarant athée, blessant ses meilleurs amis pour le plaisir de faire un trait d’esprit, il est souvent brouillé avec ceux qui l’entourent, s’isole, se dit  meurtri à vie ; mais dès le lendemain, tout est oublié et il  leur déclare leur affection. Un grand cœur, un goût pour la provocation, par plaisir du jeu, un tempérament prompt à s’emporter, à se quereller, à provoquer en duel, mais aussi à pardonner, tel est ce jeune poète qui sortira fonctionnaire du lycée, tout en sachant que sa voie véritable est la poésie : c’est à elle qu’il veut consacrer sa vie, et les thèmes de la liberté la traverseront sans cesse, malgré lui, et pour son malheur….

 

            Pouchkine lit à 15ans  ses poèmes devant un illustre poète, Derjavine, ébloui par son talent.

Tableau de Répine.

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5 février 2025 3 05 /02 /février /2025 09:17

J'ai créé un topic sur le forum danses pluriel que j'ai ouvert, mais je double les articles ici, car tout ce que j'avais écrit autour de nombreux ballets a été perdu après que le premier dansespluriel a été fermé brutalement, sans que je puisse rien récupérer, sous réserve de payer des sommes folles tous les ans pour permettre sa réouverture.

Il est toujours intéressant de se pencher sur la vie d’un écrivain pour comprendre son œuvre, les thématiques qui lui sont chères, et ce qui l’a marqué dans son enfance et son adolescence et qui, à coup sûr, réapparaîtra sous une forme ou sous un autre dans ses écrits, même profondément transformé ou réinventé. Le tempérament de l'écrivain, ses origines, son observation de la vie, sa sensibilité, ses goûts, sa culture, sont la matière première de sa création ; mais il faut ensuite associer au travail un vrai  talent pour que ce matériau accède à une forme d’universalité et à une réelle maturité.
En ce qui concerne Pouchkine, il est donc important de parler de son illustre ancêtre, Abraham Hannibal (1696–1781) (nom que l’arrière-grand-père s’est lui-même choisi, en référence au héros de l’Antiquité,) qui est peut-être né en Éthiopie ou ailleurs, et qui, enfant, a été vendu comme esclave à Constantinople, vaste plate forme de trafic d’esclaves. ( Il suffit de penser à des œuvres comme L’Enlèvement au Sérail, ou encore le Corsaire pour s'en rappeler !!!). A cette époque et jusqu'à la première Guerre Mondiale, l’Empire Ottoman s’étend   sur l’actuelle Roumanie, Bosnie, Serbie, etc. Seule, la Grèce reste en dehors de cet empire car elle a pu acquérir son indépendance en 1821. ( drame de Missolonghi.)

Bref, cet Hannibal est finalement acheté par Pierre Le Grand qui vient juste de créer la nouvelle capitale de la Russie en abandonnant l’ancienne, qui était Moscou. : Saint-Pétersbourg, affirmant ainsi sa volonté d’ouverture à l’Europe tout en lui donnant son propre nom. (Peter).
Il remarque en Hannibal des qualités exceptionnelles et le fait élever à la cour. Il ne sera pas déçu, car cet officier va devenir une sorte de Vauban à la Russe après avoir été envoyé en France étudier les mathématiques, les sciences militaires, l’ingénierie.
A l’époque, toute l’élite russe ne parle et ne correspond que dans une langue : le français.
Malgré ce célèbre ancêtre qui accédera à la noblesse pour services rendus, Alexandre Pouchkine souffrira toute sa vie de son physique de «  singe », surnom sans doute donné par ses camarades de lycée.
Un autre écrivain, mais français cette fois, a un illustre ancêtre militaire, son propre père, né à Haïti, d'un père normand et d'une esclave noir : Thomas Alexandre Davy de La Pailleterie (1762-1806)  qui s’est illustré pendant la Révolution française et la campagne d’Égypte. Cet écrivain s'appelle Alexandre Dumas.

 

 

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