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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

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10 novembre 2015 2 10 /11 /novembre /2015 21:17
Avec une telle colonne, on gagne en visibilité, c'est sûr!

Avec une telle colonne, on gagne en visibilité, c'est sûr!

La salle de l’opéra Garnier traverse actuellement une mutation de mauvais augure. Officiellement, c’est pour améliorer la visibilité et moderniser le théâtre.

Officieusement, c’est pour caser dans les 1ères et 2èmes loges de face 30 chaises de plus  - qui coutent 140 euros pour un ballet et 210 euros pour un opéra.

Officiellement, pensent les gens, c’est pour créer plus de petites places à bas prix.

Officiellement, il n’en est rien : il est impossible de caser plus de gens, à moins d’accrocher des fauteuils aux rails des plafonds… qui sait, l’idée va peut être germer ?

 

Comme tout le domaine de la culture, les budgets ayant fondu ces dernières années, l’opéra dont le coût de fonctionnement annuel est de 200 millions d’euros et qui peut compter sur des recettes de 80 millions d’euros est donc prêt à faire le sacrifice de loges d’une grande beauté qui donne à la salle une harmonie incomparable pour un gain de 200 000 euros  sur toute une saison? Ça parait ridicule, risible, c’est pourtant à ce prix-là qu’on a massacré les loges de face.

 

Une pétition a été lancée par forum-opéra et une autre par notre forum de danses. Quand on lance ce genre de pétition, il faut s’accrocher… que d’agressivité on reçoit alors….

D’abord, peu de gens répondent à l’appel, et cela, je le comprends fort bien… on ne peut pas soutenir toutes les causes, et pour certains, la salle Garnier est loin de leur quotidien de leur vie…

Mais il y a les autres ; les danseurs, les musiciens, les journalistes, les mécènes, ceux qui fréquentent régulièrement les salles de spectacles.

Et bien ceux-là font soit la sourde oreille, ou bien y vont de leur «  Il est temps de moderniser l’opéra Garnier » ou encore «  Vous faites toute cette pression sur le pauvre Lissner pour trois cloisons qui sont remises dans la journée ! » ou encore «  Attendons de voir, pas la peine d’hurler avec les loups »

 

Mais non, on ne  hurle pas, on alerte simplement avant qu’il ne soit trop tard.

 

Un magnifique rail qui témoigne de la violence de l'arrachage de la cloison; qui croira qu'une cloison peut coulisser là-dessus?

Un magnifique rail qui témoigne de la violence de l'arrachage de la cloison; qui croira qu'une cloison peut coulisser là-dessus?

En réfléchissant un peu, on réalise alors que si le sort des loges de face importe peu, c’est parce qu’elles véhiculent une image de luxe, de privilège, et surtout, dans l’esprit de certains, l’image  de cette société privilégiée du 19ème siècle qui s’amusait quand le peuple travaillait… et oui, la salle a été commencé sous Napoléon III mais c’est sous la quatrième république qu’elle a été inaugurée.  Et comme aujourd’hui, il y a toujours eu des places à tous les prix…

 

Il faudrait alors faire comprendre que :

  1. Nous non plus, nous n’allons jamais dans ces loges, bien trop chère pour nous ! Ce ne sont pas nos « privilèges » que nous défendons mais un patrimoine à renommée internationale. On peut aller à l’opéra Garnier pour 25 euros et y voir correctement.
  2. La salle est classé monument historique depuis 1923, aussi bien intérieur que extérieur et il n’est en principe pas possible d’y apporter des modifications sauf en cas d’extreme nécessité :

Là on se dit : la nécessité de gagner 200000 euros en plus sur les 80 millions d’euros de recette, en est ce vraiment une si c’est pour faire un tel carnage ?

  1. Nous ne défendons pas plus un monde d’autrefois, un passé de luxe,  et ce n’est pas par passéisme ou par nostalgie que l’on désire préserver la salle ; c’est par bon sens ! pourquoi détruire l’harmonie d’un tel lieu pour y créer du pire ?

Pourquoi amener à tout prix du changement si c’est pour que cela soit plus laid (poutre, vis, rail, grosse colonne orange, tapis endommagés), plus inconfortable (plus de monde par loges) tout aussi cher, et pour qu’on y voit encore moins bien ( spectateurs de devant plus nombreux qui masquent la vue à ceux de derrière, colonne qui bouche la vue des malheureux des 2ème et 3ème rang)

 

Mais, nous dit-on encore, les trois cloisons sont remises dans la journée !

Alors nous répondons :

  1. Non, les 15 cloisons ne sont pas remises dans la journée, et vu l’état des rails, aucune des trois cloisons ne voudra coulisser là-dessus à moins de lui donner des grands coups de marteau
  2. Et puis, il n’y a pas que les cloisons, il faut remettre les miroirs, les tables pliantes, les divans rouges pour restituer ce mobilier qui créent la magie du lieu ; les miroirs par exemple, absents de toutes les loges, diffusaient une lumière rougeoyante sur toutes les loges de face.
  3. Quand bien même les 15 cloisons existeraient, croyez vous qu’il y aura des techniciens pour les remettre chaque soir et les démonter chaque matin  alors que Garnier est déjà en manque de personnel?
  4. Et enfin, pourquoi faudrait-il en tant que spectateur s’habituer à l’enlaidissement d’une salle qui montre à présent ses entrailles béantes, ses rails, ses colonnes et ses gros plafonniers blancs ? Quel choc quand on voit tout cela ! Seuls donc les visiteurs auraient le privilège de voir la salle telle qu’elle a été conçue par Charles Garnier ?

 

le rythme des loges de face est brisé, les loges montrent néons, structure, rails....

le rythme des loges de face est brisé, les loges montrent néons, structure, rails....

A en croire les uns, il ne s’agit que de moderniser, d’améliorer la visibilité, de créer des places moins chères.

Mais dans la réalité, - j’y étais le 27 octobre et le 8 novembre – tout est enlaidi, les gens sont plus entassés dans les loges car il y a  plus de sièges, et tout cela dans un état de délabrement tel que….

 

Que certains mécènes, en voyant l’état des loges le jour de la réception annuelle donnée en leur honneur en septembre, ont juré, furieux, horrifiés,  qu’ils ne donneraient plus leur argent s’il devait servir à cela !  (On les comprend !)

Et voilà quelques dizaines de  milliers d’euros supplémentaires qui s’envolent grâce au magnifique sens de la gestion de monsieur Lissner….

Le sol d'une loge

Le sol d'une loge

Toutes les photos ont été prises par moi même

Si vous voulez soutenir la préservation de l'opéra Garnier dans toute sa splendeur, signez la pétition à Fleur Pellerin en cliquant sur le lien!

 

Merci d'avance pour cette salle unique au monde et pour Charles Garnier!

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commentaires

I
Super billet Valérie ! Je dois dire que j'ai ri en lisant "et vu l’état des rails, aucune des trois cloisons ne voudra coulisser là-dessus à moins de lui donner des grands coups de marteau".<br /> Mais bon, c'est plutôt à en pleurer de voir notre cher Opéra massacré !
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S
Oui, l'humour pour appuyer le fait que les choses ont été faites sans même y avoir réfléchi, juste pour caser ces p.... de chaises en plus dans le seul but de glaner de quoi payer ce fichu Taureau sur Moise et je ne sais quoi dans les prochaines productions lyriques! quand on sait que ce directeur là n'a même pas sur reconnaitre les grands airs d'opéra diffusés à son intention par une télévision italienne!