Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

  • : Un jour, une œuvre, par Valérie Beck
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck a évolué au fil du temps. Il est consacré principalement à la danse, mais est ouvert aux autres arts.
  • Contact

contact

 
n'hésitez pas à me faire part de vos suggestions, de vos découvertes, ou de vos propres articles!

Rechercher

Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

marie-taglioni-in-zephire.jpg

20 février 2025 4 20 /02 /février /2025 08:36

 

 
Autour d'Eugène Onéguine : Pouchkine, Tchaikowsky et les autres. 1837_a10
 
Pouchkine et la fontaine de Bakhtchisaraï, Chernetsov 1837


4. Exil et isolement : Caucase, Crimée, Bessarabie, province de Pskov.



Trois ans après sa sortie du lycée en 1818 , les poèmes de Pouchkine âgé de 19 ans, jugés subversifs, inquiètent  le Tsar qui les trouve dangereux car certains d’entre eux parlent de liberté, d’autocratie et de servage. Pouchkine, adulé, est la coqueluche de l’aristocratie ; il est beaucoup lu et il n’hésite pas en public à faire des traits d’esprit qui visent directement le Tsar. Il estime que l’autocratie a fait son temps, et que le moment est venu d’assouplir le régime des serfs par exemple.  Sans doute n’a-t-il pas mesuré qu’il se mettait en danger, car le Tsar décide de l’envoyer en Sibérie. La vie de Pouchkine se serait sans doute arrêtée là s’il n’avait acquis des amis fidèles, prêts à se mettre eux-mêmes en danger pour intercéder le plus diplomatiquement possible en sa faveur. Son jeune âge, son goût pour la provocation, tout cela peut s’apaiser rapidement si on le lui demande. Pouchkine qui  comprend qu’il a été trop loin, s’empresse de  brûler ses écrits qu’il conserve dans sa mémoire et fait amende honorable. La peine est commuée  en exil.
Le 8 mai 1820, il prend la direction du Caucase pour rejoindre le général Insov, qui doit le surveiller et envoyer régulièrement des rapports sur sa bonne conduite. Pouchkine, qui toute sa vie sera un cœur aimant,  le met aussitôt dans sa poche. Insov devient un véritable père de substitution. Quelques temps après son arrivée, comme il est très affaibli, car la syphilis qu’il a contractée quelques années plus tôt ainsi qu’une une forte fièvre qui a failli l’emporter ont détruit sa santé,  Insov lui permet de partir avec le général Raïevski qui va prendre les eaux en  Crimée, grande nouveauté.  Ce héros militaire russe qui a combattu Napoléon avec à ses côtés ses fils de 11 et 16 ans, a aussi trois filles, dont la jeune Marie, 15 ans, que Pouchkine aime particulièrement. Sa propriété se trouve sur un ancien territoire turc conquis récemment par la Russie. Pouchkine tombe sous le charme du pays et de la famille tout entière. Il se prend de passion  non  seulement pour la lumière, pour la mer, pour les paysages mais aussi pour un cyprès : « chaque matin, je me rendais près d’un jeune cyprès et je finis par éprouver à son égard un sentiment proche de l’amitié. »
Les filles du général sont cultivées ; elles lisent Byron dans le texte et  les échanges  légers, informels, teintés d’un léger marivaudage, marqueront le poète pour toujours.  Ces demoiselles prêteront leurs traits à Olga et Tatiana. Comme toutes les jeunes filles de leur époque, elles sont plus à l'aise avec le français, l'anglais, voir l'allemand, que le russe...!
Mais en attendant, les lieux, encore tout emprunts du passé ottoman, inspirent à Pouchkine la fontaine de Bakhtchisaraï, le Prisonnier du Caucase… dont la censure s’empare aussitôt pour supprime des mots, des intentions,  ce qui rend fou de rage Pouchkine. Malgré tout, à Moscou, la 1ere édition s’arrache en quelques heures.
 
Autour d'Eugène Onéguine : Pouchkine, Tchaikowsky et les autres. Carte_11
 
Recul de l'Empire Ottoman.
Alexandre Tourgueniev, le recteur du lycée impérial,  avait bien compris que Pouchkine, pris dans la ronde des conquêtes, du jeu, des femmes, des duels, n’aurait jamais rien écrit s’il n’était pas tombé malade.  Déjà  à l’époque, il notait : «  s’il n’était pas tombé malade, (vénusienne !) il ne se serait pas mis sérieusement au travail ! ». L’exil le remet à sa table de travail et grâce à l’affection d’Insov, qui est censé le surveiller, mais qui ferme les yeux sur toutes ses extravagances et envoie des rapports très édulcorés au gouvernement car Pouchkine n’a pas la conduite exemplaire qu’il a promis d’avoir, il peut souvent voyager en Bessarabie, l’actuelle Moldavie, lorsque l’isolement lui pèse trop.

Car jusqu’à la fin du 18ème, l’Empire Ottoman  a occupé toute l’Europe Centrale. Vienne, sans la Sainte Alliance, serait elle aussi tombée sous le joug ottoman. A présent, la Russie grignote peu à peu les territoires turcs et étend son empire déjà immense.

En 1823, après 3 ans d’exil, Pouchkine qui se languit de l’ancienne société qu’il a fréquentée, sollicite Alexandre 1er pour aller à Moscou rendre visite à sa famille, prétexte tout trouvé,  mais l’empereur refuse. Pour le consoler, Insov le laisse aller à Odessa où il se remet à faire la fête. Comme tout au long de sa vie, faire la noce toute la nuit et retrousser des jupons le lasse très vite ; il aspire alors à la solitude, mais dès qu’il s’isole, il regrette son ancienne vie ; et ce va et vient est sans fin.
Il passe ensuite, à Odessa,  sous la surveillance du général Vorontzov, qui n’a pas un regard aussi tendre que ses deux collègues, et le soupçonne, non sans raison, d’appartenir à une loge maçonnique. Les rapports qu’il envoie à Alexandre inquiètent le Tsar qui comprend que le poète ne s’assagit pas.

Il a d’ailleurs commencé à rédiger Onéguine qui commencé en 1823 sera publié dans son intégralité en 1833. Il parait chapitre par chapitre, au fil du temps, avec parfois des interruptions assez longues. Le Tsar, conscient de l’immense amour que l’aristocratie porte à ce poète talentueux, décide cette fois-ci de l’assigner à résidence à Mikhaïlovskoïe,  propriété de son ancêtre Hannibal où il n’a aucun droit de visite. Il y arrive le 10 août 1824 : à 25 ans, il se sent déjà incroyablement vieux. Las. Fatigué. Désabusé.
A Mikhaïlovskoïe, il continue la rédaction d’Onéguine, tout en commençant à écrire Boris Godounov.
Il commence à souffrir sérieusement de la méfiance de ses anciens amis, inquiétés eux-mêmes par le Tsar. Tous savent que les lettres sont ouvertes et lues. Certains vont même jusqu’à le désavouer publiquement sans doute  par peur de la Sibérie.  Mais le pire reste à venir, l’insurrection des décembristes le 14 décembre 1825.

 
Autour d'Eugène Onéguine : Pouchkine, Tchaikowsky et les autres. Odessa10
Partager cet article
Repost0
19 février 2025 3 19 /02 /février /2025 13:14
Vente d'une serve. Nicolas Nevrev. 1866

Vente d'une serve. Nicolas Nevrev. 1866

Pouchkine et les Lumières   : Ode à la liberté.

 

Les idées des Lumières puis de la Révolution française ont infusé en Russie, malgré elle peut-être, au cours des multiples campagnes napoléoniennes. Avant elle, Catherine la Grande avait fait traduire en russe certains ouvrages des philosophes des lumières, mais elle-même, si elle a dirigé son empire avec pragmatisme, elle ne s’est jamais attaquée à la question du servage, sachant que l’aristocratie qui l’avait soutenue lui tournerait le dos et causerait alors sa perte.

En 1817, date du poème de Pouchkine qui n’a que 18 ans, une petite partie de l’aristocratie reconnaît que le servage, tel qu’il existe encore en Russie doit être sinon supprimé du moins adouci.  Car le servage interdit le mariage par libre choix, oblige chaque village d’avoir X nombres de naissance chaque année, accepte que les  enfants soient retirés aux parents, voir vendus par les propriétaires qui ont droit de vie et de mort sur leurs serfs. Les serfs  ne sont ni plus ni moins que des esclaves au service de leurs maîtres. La  répression et les  punitions sont sévères, pour toutes sortes de choses, comme la plus fréquente : les dettes. Le maître peut alors envoyer le serf travailler dans les mines de sel où ses jours seront comptés, faire des travaux forcés en Sibérie,  punir par les verges tout acte jugé contraire aux règles du servage ce qui entraine  la mort, condamner son serf à l’emprisonnement et isolement, etc. Tout ce vieux système féodal choque une partie de l’aristocratie qui a accueilli une nouvelle façon de penser la société.

C’est dans ce contexte que Pouchkine, qui dès ses 17 ans, découche et  écoute les hussards débattre de ces idées lors de ses escapades nocturnes, lit en français tout ce qui lui tombe sous la main. De Voltaire à Rousseau en passant par Molière, il s’imprègne d’idées qui fermentent peu à peu en lui. A peine sorti du lycée, il écrit un poème qui lui tient particulièrement à cœur et qui va lui valoir le premier courroux de l’Empereur   : l’Ode à la liberté. Il ne sait pas qu’il a signé son arrêt de mort et à partir de ce poème, même s’il ne prend pas position politiquement parlant en faveur de la liberté, il va produire un nombre incroyable de textes dans lequel revient cette question, sous différentes formes.

Par exemple, dans Eugène Onéguine, lorsque celui-ci s’installe à la campagne, Pouchkine écrit : « Il remplaça par une légère redevance le lourd fardeau de l’antique corvée, et le paysan bénit son nouveau destin. Par contre, un propriétaire de ses voisins, homme pratique, se fâcha tout rouge dans son coin, trouvant à une telle innovation un immense dommage. Un autre se borna à sourire perfidement, et tous déclarèrent d’une communevoix que le nouveau venu était un original des plus dangereux.

 

Quand à son poème écrit tout juste à la sortie du lycée, et qu’il lira en public, voici comment il se termine :  

 

( …)

Le souverain criminel est abattu.

Et maintenant, rois, apprenez bien :
Ni châtiment, ni récompense,
Ni prisons ni autels
Ne peuvent être vos remparts.
La première tête qui doit s'incliner,
C'est la vôtre sous le fidèle abri de la loi,
Et alors, la vie et la liberté des peuples
Garderont à jamais votre trône.

 

C’est ce même poème qui vaudra aux décembristes dont je parlerai plus tard d’être pendus ou envoyés en Sibérie.

 

Partager cet article
Repost0
8 février 2025 6 08 /02 /février /2025 11:40

 

Le lycée impérial 

 

Se pencher sur la personnalité de Pouchkine est complexe tant le poète a de multiples personnalités comme son œuvre l’atteste, et surtout son Eugène Onéguine écrit sur une période qui couvre dix années de sa vie.

Né au sein d’une famille aristocratique qui n’a pas le sou, mal aimé par sa mère qui a horreur de sa peau très mate, de ses cheveux trop frisés, lointain héritage de son arrière-grand-père, il n’intéresse pas davantage son père. Pouchkine a donc de lui une image plutôt misérable, lorsqu’Alexandre 1er décide de fonder en 1811 le premier lycée impérial. Il prend pour modèle l’un des 45 lycées créés en 1802 par Napoléon soucieux d’offrir aux garçons des études sérieuses et solides dans tous les domaines, quand jusqu’alors il n’y avait d’autre choix que l’école militaire ou le pensionnat.

 Le bâtiment érigé à Tsarkoïe Selo – le village du Tsar  se situe à Saint Petersbourg. Il    jouxte les palais d’été des Tsars, et Alexandre 1er souhaite qu’il n’accueille que les meilleures graines de la société russe afin de former la future l’élite administrative et militaire. Il n’y a que 33 places.

Mais une chose tout à fait exceptionnelle est décidée : l’enseignement sera donné exclusivement en russe, même s’il est donné par des professeurs étrangers. Que l’enseignement soit donné en russe n’est pas anodin : toute l’élite russe parle français, correspond en français, écrit en français, laissant la langue russe aux paysans, ou au petit peuple. Mais l’ennemi du moment est Napoléon qui l’année suivante franchira le Dniepr, et qui, sans l’ingénieux Koutouzov, aurait sans doute soumis le Tsar comme les autres monarques d’Europe.

 

C’est grâce à l’aide d’un oncle que Pouchkine entrera au lycée, pour la fierté de ses parents – à défaut d’avoir leur amour ; par décret, le tsar interdit toute sortie de ce lycée pendant les 6 ans que dureront les études, quand bien même il s’agirait de rendre visite à un parent malade ou mourant… Mais les élèves auront tôt fait de contourner cette règle et Pouchkine ne sera pas le dernier à découcher pour fréquenter dès ses 17 ans le cercle des hussards et les actrices.

À 15 ans, il écrit ses premiers poèmes en russe ce qui est une véritable révolution. Ce sont aussi ses premiers triomphes.  Certes, il y a bien eu avant lui Radichtchef qui, sous l’influence des Lumières, avait en 1790 publié un ouvrage en russe, dans lequel il dénonçait le servage et les injustices sociales, tout en valorisant cependant la beauté de la culture russe. Mais Pouchkine est tout jeune, et son talent attire aussitôt l’attention des poètes officiels de l’empire, comme Joukovsky ou Derjavine qui prennent aussitôt en affection Pouchkine malgré son indiscipline. Sa capacité à se faire aimer – trait de caractère qui durera toute sa vie-  lui évitera plus tard la Sibérie, car ses amis n’hésiteront pas, au péril de leur propre sécurité, à intercéder en sa faveur auprès des tsars.

A Tsarkoïe Selo, Pouchkine nouera de profondes amitiés qui ne se démentiront jamais. Et pourtant, hypersensible, terriblement susceptible, cynique, se déclarant athée, blessant ses meilleurs amis pour le plaisir de faire un trait d’esprit, il est souvent brouillé avec ceux qui l’entourent, s’isole, se dit  meurtri à vie ; mais dès le lendemain, tout est oublié et il  leur déclare leur affection. Un grand cœur, un goût pour la provocation, par plaisir du jeu, un tempérament prompt à s’emporter, à se quereller, à provoquer en duel, mais aussi à pardonner, tel est ce jeune poète qui sortira fonctionnaire du lycée, tout en sachant que sa voie véritable est la poésie : c’est à elle qu’il veut consacrer sa vie, et les thèmes de la liberté la traverseront sans cesse, malgré lui, et pour son malheur….

 

            Pouchkine lit à 15ans  ses poèmes devant un illustre poète, Derjavine, ébloui par son talent.

Tableau de Répine.

Partager cet article
Repost0
5 février 2025 3 05 /02 /février /2025 09:17

J'ai créé un topic sur le forum danses pluriel que j'ai ouvert, mais je double les articles ici, car tout ce que j'avais écrit autour de nombreux ballets a été perdu après que le premier dansespluriel a été fermé brutalement, sans que je puisse rien récupérer, sous réserve de payer des sommes folles tous les ans pour permettre sa réouverture.

Il est toujours intéressant de se pencher sur la vie d’un écrivain pour comprendre son œuvre, les thématiques qui lui sont chères, et ce qui l’a marqué dans son enfance et son adolescence et qui, à coup sûr, réapparaîtra sous une forme ou sous un autre dans ses écrits, même profondément transformé ou réinventé. Le tempérament de l'écrivain, ses origines, son observation de la vie, sa sensibilité, ses goûts, sa culture, sont la matière première de sa création ; mais il faut ensuite associer au travail un vrai  talent pour que ce matériau accède à une forme d’universalité et à une réelle maturité.
En ce qui concerne Pouchkine, il est donc important de parler de son illustre ancêtre, Abraham Hannibal (1696–1781) (nom que l’arrière-grand-père s’est lui-même choisi, en référence au héros de l’Antiquité,) qui est peut-être né en Éthiopie ou ailleurs, et qui, enfant, a été vendu comme esclave à Constantinople, vaste plate forme de trafic d’esclaves. ( Il suffit de penser à des œuvres comme L’Enlèvement au Sérail, ou encore le Corsaire pour s'en rappeler !!!). A cette époque et jusqu'à la première Guerre Mondiale, l’Empire Ottoman s’étend   sur l’actuelle Roumanie, Bosnie, Serbie, etc. Seule, la Grèce reste en dehors de cet empire car elle a pu acquérir son indépendance en 1821. ( drame de Missolonghi.)

Bref, cet Hannibal est finalement acheté par Pierre Le Grand qui vient juste de créer la nouvelle capitale de la Russie en abandonnant l’ancienne, qui était Moscou. : Saint-Pétersbourg, affirmant ainsi sa volonté d’ouverture à l’Europe tout en lui donnant son propre nom. (Peter).
Il remarque en Hannibal des qualités exceptionnelles et le fait élever à la cour. Il ne sera pas déçu, car cet officier va devenir une sorte de Vauban à la Russe après avoir été envoyé en France étudier les mathématiques, les sciences militaires, l’ingénierie.
A l’époque, toute l’élite russe ne parle et ne correspond que dans une langue : le français.
Malgré ce célèbre ancêtre qui accédera à la noblesse pour services rendus, Alexandre Pouchkine souffrira toute sa vie de son physique de «  singe », surnom sans doute donné par ses camarades de lycée.
Un autre écrivain, mais français cette fois, a un illustre ancêtre militaire, son propre père, né à Haïti, d'un père normand et d'une esclave noir : Thomas Alexandre Davy de La Pailleterie (1762-1806)  qui s’est illustré pendant la Révolution française et la campagne d’Égypte. Cet écrivain s'appelle Alexandre Dumas.

 

 

Partager cet article
Repost0
5 mai 2024 7 05 /05 /mai /2024 09:21
Aller plus loin : les ballets et leurs contextes. Le Lac des cygnes, Casse-Noisette, Giselle, Don quichotte...

 

    Sur le forum dansespluriel que j'administre, et que des membres réguliers ou pas animent généreusement, car tout le monde est le bienvenu, j'ai pris l'habitude depuis quelques années d'ouvrir des topics pour resituer les ballets dans leur contextes historiques et culturels. J'espère ainsi aiguiser la curiosité du spectateur, balletomane féru ou non, et de nourrir son imaginaire, afin que, si l'occasion lui est donnée de voir le ballet sur scène ou en vidéo, il puisse y entrer pleinement, de tout son être,  et vibrer de toutes ses fibres.

Voici la liste des topics ouverts, que j'alimente suivant le temps dont je dispose. Certains sont récents, il y a encore peu de choses, d'autres ouverts il y a plusieurs années. Voici la liste provisoire, car je compte ouvrir ce type de topic pour tous les ballets qui me tiennent à cœur.

 

En marge du Lac des cygnes

En marge de Casse-Noisette

En marge de Don Quichotte

En marge de Giselle

 

 Bonne lecture! 

Partager cet article
Repost0
28 décembre 2016 3 28 /12 /décembre /2016 08:45
Le jeune Tchaïkosky

Le jeune Tchaïkosky

Sur le forum que j'administre, dansespluriel, j'ai ouvert tout un topic sur le Lac des cygnes et ses secrets.

  • Vous pourrez y lire quelques réflexions jetées sur le papier qui concerne l'admiration que Tchaïkowsky, homosexuel, portait à Louis II de Bavière, qui lui même se prenait pour le Chevalier aux cygnes, Lohengrin, allant jusqu'à faire ériger Neueschwanstein, le château de la nouvelle pierre du cygne près du lac de Starnberg, où il fut retrouvé noyé (comme le prince Siegfried)
  • Ou bien comment Proust s'est inspiré du ballet pour créer les personnages de Swann (cygne) et Odette ( son amante) qui deviendra une véritable Odile au fil des pages du premier opus qui ouvre la Recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann.

 

  • Vous réviserez ce qui, sur le plan chorégraphique appartient à Petipa, ou Lev Ivanov, qu'on a tendance à oublier, ou encore à Noureev qui a créé deux versions : l'une pour Vienne en 1961 et l'autre pour Paris en 1984.
  • Vous y lirez aussi comment le Lac de Noureev a créé une véritable tempête, en 1984, les 150 danseurs étant alors en grève et refusant de danser la version que Noureev leur proposait. C'était la guerre entre ces deux camps, mais Noureev finit par faire la paix et c'est sa version que l'opéra danse depuis tout ce temps. Avant sa venue, l'ONP dansait la version de Bourmeister qui fut remontée ( Noureev l'avait promis pour avoir la paix) la saison suivante.
  • Vous accéderez aux dossiers de l'INA avec des documents inédits
  • Vous découvrirez que la série des 32 fouettés n'est ni de Petipa, ni d'Ivanov mais de Pierina Legnani, danseuse italienne qui fit une magnifique synthèse entre les écoles russes, françaises et italiennes et leur célèbre travail de virtuosité pour les sauts et la batterie. C'est elle qui a eu l'idée de clore l'acte III par ces fouettés à présent si célèbres que la salle les attend, les compte et en un mot, me tape sur les nerfs à chaque fois que ce passage arrive!

 

  • Vous découvrirez en quoi la version de Noureev est si personnelle et avec quelle simplicité il a su resserer le drame autour du prince, donnant un double à Wolfgang qui a l'origine n'en avait pas, permettant ainsi au pas de 3 de l'acte III de trouver un ressort théâtral inédit
  • Et enfin, comment et pourquoi il s'est débarrassé de la sublime danse russe.

Tout cela à lire sur le forum dansespluriel 

Peut être aurez vous ensuite envie de nous rejoindre?

 

Lev Ivanov, le génial créateur des actes blancs

Lev Ivanov, le génial créateur des actes blancs

Partager cet article
Repost0
17 décembre 2014 3 17 /12 /décembre /2014 08:17

 

C'est début janvier que le ballet royal de Suède viendra danser " Juliette et Roméo " - titre inversé par Mats Ek lui-même.

Il a créé ce ballet il y a deux ans sur un montage musicale de pages  de Tchaikowki  ( qui n'a composé qu'une ouverture sur ce thème) - à noter que Berlioz a écrit lui aussi une symphonie absolument sublime et très méconnue! -

 

 

 

Comme toujours avec Mats Ek, la spectatrice que je suis risque d'être " ébouriffée" au passage; les émotions seront sans doute grinçantes, douleur et plaisir portées à leur paroxysme, l'intensité du désir de vivre ou de mourir frisera la folie, le tout coulé dans une chorégraphie où les corps se déployent et se recroquevillent sans cesse, bondissent et rampent.... et inventent un langage qui révèle les profondeurs de la psyché de chaque personnage.

 

Mats Ek, c'est le créateur génial de  Appartement, de Giselle, de Smoke, de la Maison de Bernarda, Une Sorte de, oeuvres fortes qui livrent au delà de l'esthétisme un propos qu'on emporte avec soi et sur lequel on réfléchit longtemps

 

J'y serai le 15 janvier....

 

En attendant, une video de présentation


 

Partager cet article
Repost0
8 mars 2014 6 08 /03 /mars /2014 23:00

 

Voici une liste des principaux articles consacrés à des oeuvres chorégraphiques. Il suffit de cliquer sur le lien pour lire l'article correspondant.

 

 

 

Béjart

 

Le Boléro 1

Le Boléro 2

 

Le Mandarin Merveilleux

 

 

Noureev

 

Casse Noisette 1

 

Casse Noisette 2

 

Raymonda

 

Cendrillon

 

Roméo et Juliette

 

La Belle au bois Dormant

 

 

 

Ballets Romantiques

 

 

Giselle 1

Giselle 2

Giselle 3

 

 

Martha Graham

 

Lamentation

Errand into the Maze

 

 

Petipa/ Lacotte

 

 

La fille Du Pharaon

 

 

 

Carolyn Carlson

 

Signes

 

 

Belarbi

 

 

Hurlevent

 

 

Cocteau Chanel Nijinska

 

Le train Bleu

 

 

Prejlocaj

 

Médée

 

 

Mats Ek

 

 

Appartement

 

 

 

 

Nicolas Leriche

Caligula, Nicolas Leriche, à l'ONP du 16 au 28 mars

Partager cet article
Repost0
13 octobre 2013 7 13 /10 /octobre /2013 08:31

 

 

Boléro

 

On ne peut évoquer Boléro sans aussitôt voir Jorge Donn, sa démesure et son génie envahir tout l'espace d'un film de C Lelouch.

   Le Boléro  de Béjart est une oeuvre qui peut être dansée par un homme ou une femme. 

  Boléro fait partie de ses oeuvres universellement connues... et souvent mal comprises. Elle avait été composée pour Ida Rubinstein, en 1932,qui, sans être une grande technicienne, avait ce quelque chose d'unique qui illuminait la scène, un vrai charisme.

Béjart s'en est emparé et a créé une oeuvre étonnante.

 

 

L'oeuvre de Ravel utilise plusieurs " ingrédients" qui la rendent envoûtante. Deux phrases musicales, très longues, toujours répétées deux fois, l'une jouée en majeur et l'autre en mineur, se déroulent  tout le long de l'oeuvre, soutenues par une   rythmique obsédante, base de cette danse espagnole : immobilité et mouvance créent l'ombre et la lumière de l'oeuvre. Le deuxième thème est plus oriental que le premier, tout entortillé sur lui même. Il évoque presque un serpent sortant de son panier!  La flûte fait une entrée   doucement lumineuse, puis tour à tour les bois entrent, jusqu'à l'irruption étonnante du célesta...  peu à peu, quelque chose d'impétueux, de sauvage va s'emparer de l'orchestre... cela est très net après l'entrée impérial des violons, rendus fougueux par leur longue attente. Le trombonne, ironique et décalé,  y va de son solo un peu jazzy, le hautbois, tout languide,   de son ton un peu triste, toujours si élégant et mélancolique,  le saxophone apporte une touche stylée inattendue, une chaleur inattendue. Peu à peu, tout l'orchestre s'empare de ses deux phrases, si longues, qu'il est difficile de les retenir vraiment... il manque toujours une note quand on les chante...

Cette fièvre qui monte,  et qui emporte l'auditeur jusqu'à une extase sauvage, Béjart a parfaitement su la transcrire en pas et mouvement

 

 

 

 

 

Monotone, Boléro?

non, plein de mystère, de fougue, de poésie, de scintillement, d'humour... Boléro se déroule comme un ciel infini et immuable où passent les nuages... toujours les mêmes mais aux formes sans cesse renouvelées...

 

 

Quand à la chorégraphie...

 

Un homme/femme danse sur un table ronde, au milieu d'un groupe de danseurs. Au fur et à mesure de l'entrée des instruments, les danseurs autour de la table interviendront.

On peut imaginer toutes sortes de choses : une corrida avec mises à mort, un rite sacré très ancien... l'oeuvre peut se livrer aux débordements de l'imagination de chacun.

La danse commence par le jeu du bras qui se lève et s'abaisse... mais peu à peu, elle va devenir sensuelle, violente, sauvage, jusqu'à la possession du danseur par la musique... Le corps se balance, les hanches se meuvent avec sensualité, le buste frémit, le corps tout entier est pris par le rythme lancinant du Boléro et la passion de l'orchestre.

 

Par ailleurs ce qui fait la magie de Bolero est l'aspect féminin/ masculin de la chorégraphie

Les jeux de bassin sont féminins, lascifs parfois, avec une utilisation très orientale. On trouve des accents, des déhanchements, des ronds de bassin dont l'accent se finit sur le côté.  Ce sont presque des emprunts à la danse orientale. L'un des pieds est à plat, l'autre demi-pointe qui induit cet oscillement du corps sur lui même.

Même chose pour le buste qui utilise ( mais pas du tout comme Graham) les contractions et relâchement.  Le balancement du corps, son oscillation, le jeu des bras, tout cela est fluide, souple, du domaine du féminin. Les bras serpentent, les mains et les poignets aussi.

En opposition, la présence des garçons,  le travail de leur buste, la force qui se dégage de leur attitude, de leur pose, leur nombre, apporte un élément masculin puissant.Parfois, la Grèce et ses fresques s'équissent un instant...

Le soliste doit à la fois puiser dans sa féminité pour apporter l'élément " oriental" de la danse, et dans sa force pour, déjà, tenir les quinze minutes, et surtout pour que les sauts, les battements, les jetés de bras, les expressions du visages soient fougueux, passionnés, pleines de force, ce que par exemple Plissestkaia ou Guillem réussissent merveilleusement bien que femme.Sans parler d'Elisabeth Ros sensuelle et guerrière tout à la fois.

Ce double aspect féminin/masculin dans cette chorégraphie est sûrement l'un des aspects le  plus fort, le plus troublant, et qui donne ce côté hautement érotique à l'oeuvre.

 

Cöté garçon, Donn lui donnait son érotisme, son génie, sa sensualité un peu folle,  Leriche, son érotisme,  sa puissance, tout en y exaltant sa féminité.

Plissestkaia apporte sa ferveur presque mystique. Guillem, une forme de domination dont elle se joue, dont elle s'amuse.


 

Savez vous que ?

d'une version à l'autre, Boléro dure de 13' 55 minutes à 16'02...

C'est l'oeuvre la plus jouée dans le monde.

 

 

 

Histoire à suivre!.....

Partager cet article
Repost0
31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 21:49

 

train.JPGLe train bleu –

Argument de Cocteau/

Chorégraphie de Nijinska/

Rideau de scène : Picasso/

Costume de Chanel/

Musique de Mihlaud

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Que de monde rassemblé pour ce ballet créé en 1924 !

J’avais réussi il y a quelques années à me le procurer en DVD

Quelle déception !  J’avais trouvé ce ballet bavard et inintéressant

Et puis, l’autre jour, comme je préparais des cours autour du Step in the street, de Martha Graham, extrait de Chronicles, et beau-gosse-et-tennis.JPGce afin d’illustrer la crise de 1929, et les sans logis,  je me suis dit que proposer  à l’analyse une œuvre à l’opposé, parfait reflet des années folles, serait sûrement très enrichissant !

J’ai donc revu le Train Bleu

Et bien, je me suis bien amusée !

 

Voilà l’art : tout dépend de notre état d’esprit et aussi de ce que l’on s’est préparé à voir !

En visionnant le Train bleu la première fois, j’avais une attente incroyablement forte : pensez donc, Cocteau, Chanel, Nijinska… je m’attendais à l’un de ces chefs d’œuvres qui révèlent ce qu’est la danse… son essence, même !

Naïve que je suis, cette œuvre là n’existe pas !

Mais revenons à notre Train.

 

Le Train bleu, c’est d’abord ce nom mythique qui emporte l’imaginaire vers la côté d’Azur…

Le train a été créé pour relier l’Angleterre à la Côté d’azur, d'où une véritable petite communauté anglaise à cette époque sur tout ce littoral… de ce nom, Train bleu, il ne reste que le triste restaurant de la gare de Lyon,  témoin d dérisoire e ce prodigieux passé…

Le Train Bleu, c’est aussi les riches industriels se faisant construire à flan de falaise de superbes villas qu’ils déserteront au moment de la grande crise de 1929… ( le domaine du Rayol est l’une de ces anciennes bâtisses…)

C’est Colette écrivant dans sa retraite au soleil, c’est les Ballets russes à Monte Carlo…

C’est Isadora Duncan paradant en voiture, sa longue écharpe flottant au vent …

C’est Chanel lançant la mode du bronzage, et des bains de mer.

C’est les grands hôtels, les casinos, les voitures décapotables qui filent entre Nice et Monte Carlo 

C’est Matisse, Picasso, pourchassant la couleur, la lumière…

 

Cocteau, ce touche à tout aux milles facettes et facéties s’empare de cette société d’après guerre qui aspire à s’amuser, et qui a créé notre société d’aujourd’hui :   on bronze, on fait du sport, on parade, on minaude, on exibe son beau corps musclé et sa jeunesse, on flirte… et en secret, on se compare les uns aux autres… mais   on immortalise le tout par des photos pour montrer notre belle vie !

 

peignor-rose.JPGA travers quatre personnages – beau gosse, Perlouse,  la championne de tennis, le golfeur, et  tout un escadron de jolies filles et de beaux garçons en maillot de bain – on croirait voir une pub pour le club med !-  est présentée cette société du «  tape à l’œil », de l’image, de l’argent flambé, de l’apparence qui est croquée en quelques esquisses irrésistibles, drôles et caustiques !

 

Dans le dernier tableau, il faut voir la championne de tennis et le golfeur se battre à coup de club et de raquette, tout en prenant la pause avec sourire jusqu’aux dents pour les photos qui paraîtront dans le journal du lendemain, puis se ré-empoigner aussitôt la photo terminée

 

Les cabines de bain sont très «  Cocteau » : on y entre, on en sort, on s’y cache, on y fait des farces, on y emprisonne ceux dont on veut se débarrasser, mais on peut en sortir par le haut, se faire des coucou, se saluer, espionner… elles servent à tout ! Et éventuellement à y enfiler de magnifiques peignoirs de bain pour parader sur la plage !

 

On imagine le soir  toute cette société, s’engouffrant dans des décapotables et partir au casino boire des fontaines de champagne et y brûler encore plus d’argent.

 

Les personnages sont grotesques, drôles, mais si contemporains en même temps !!!

 

Dans la version que j’ai – qu’on doit pouvoir trouver dans toute bonne dvdtèque de ville !- il y a N Leriche, alors tout jeune, C Vayer, irrésistible, - quelle actrice !!! – Laurent Quéval, et E Maurin, délicieuse en Perlouse !

 

La musique tonitruante de Darius Milhaud déverse son tohu-bohu sans queue ni tête sur cette société superficielle, frivole, qui n’a qu’une chose en tête : s’amuser, et savoir si son voisin a plus que soi même…

 

Je ne savais pas Nijinska douée pour l’humour ; d’elle je ne connaissais que les Noces, œuvre d’une austérité presque insupportable…là, elle croque les personnages comme personne, et fait même des clin d’œil aux girls des qu-on-est-beau.JPGmusicals américains !

 

Cela m’a donné envie de   voir ce Train Bleu (qu’on ne voit pas, c’est l’Arlésienne du ballet !) sur scène ; il faudrait bien sûr d’excellents «  acteurs » car le jeu de scène est presque plus important que la danse ; comme je l’écrivais plus haut, Clotilde Vayer est vraiment impayable ! Quelles mimiques, quel pitre elle fait !   

Voilà une œuvre qui, si elle n’est pas un chef d’œuvre, est le reflet parfait d’une époque : celles des années folles, d’une société riche et frivole, qui n’a qu’un désir en tête : oublier la boucherie de la guerre 14 en vivant vite, en faisant beaucoup de bruit, et en s’amusant coûte que coûte… la crise de 29 allait effacer tout cela quelques années plus tard…

 

Et là, on arrive… chez Graham… pour une autre fois !!!

 

 

 

 

 

 

 

Picasso.JPG

 

Ces Deux femmes courant sur la plage de Picasso ont été peinte sur le rideau de scène du Train Bleu

Picasso a collaboré pour d'autres ballets, comme le Tricorne, ou encore Parade...

j'y reviendrai un autre jour!!!

Partager cet article
Repost0