Et oui, elles étaient là toutes, les deux, du 5 au 8 juin pour une série de stages, à l’invitation d’Amana, et pour deux scènes, les 7 et 8 juin, à la maison des cultures du monde…
Si rares en France, ces derniers temps, que c’était un crève cœur pour moi que de ne pouvoir faire les stages par obligation professionnelle…
En tous cas, pas question de les rater sur scène, ni de manquer l’occasion de redire à Rachel quelle artiste elle représente pour moi… elle est l’égale des grandes, des Sylvie Guillem, ou des Marie Agnès Gillot, si je dois emprunter une comparaison au classique…
C’était aussi pour moi une occasion de découvrir Mardi sur scène et de mieux pénétrer leur nouvel univers dont les vidéos sur youtube ne donnent qu’une pâle idée !
En musique, comme en danse, rien ne vaut le direct !
Aussi, suis-je tentée de dire : « sortez de vos maisons, allez aux spectacles ! Allez voir les artistes sur scène ou dans la rue », car, petite aparté, par plus tard que la semaine dernière, j’emmenais Julien au cirque dans notre ville : un petit cirque familial, le père et ses enfants… mais des artistes qui savent tout faire : acrobatie, musique, clowns… quel bonheur que le spectacle vivant, qui nous ouvre l’esprit et le cœur ! Quel bonheur que de découvrir des artistes inconnus, mais habités par leur passion et de les soutenir en allant les voir…
Mais revenons à la soirée du 8 juin !
Amana présentait en même temps que Rachel et Mardi les élèves de son école, et quelques artistes d’univers différents qu'elle avait sélectionnées aux stages des deux artistes (Marieke, Clélia, Olivia Mancino ) ainsi que Vanessa Villain, dans un excellent solo de modern jazz, et Hanae Mizumoto, qui vient d’avoir son EAT classique ; rien qu’avec ces danseuses, j’aurais déjà passé une bonne soirée ! Les numéros étaient variés, bien maîtrisées, et les élèves d’Amana ont dansé avec conviction et fraîcheur deux numéros de danse orientale, un sharqi où tournoyaient de poétiques jupes de mousseline colorées, et un numéro de canne, bien enlevé et joyeux… !
Quand à Mardi et Rachel, elles nous ont dansé de larges extraits de leur dernier show… ces deux artistes qui possèdent toute les deux une maîtrise technique exceptionnelle sont issues de la danse « tribal fusion »
Mais on voit bien l’évolution de leur travail depuis leur passage aux folies bergères en 2005…
Humour, poésie, univers décalé, mélange des styles musicaux, costumes inédits, leur danse s’oriente vers un univers éclectique et qui pourtant à sa réalité, son unité… ainsi, elles peuvent passer de la musique de cirque, à un univers de fanfare rom, en passant par les sons métalliques de Pentaphobe, sans que leur univers ne perde de sa cohérence… amies dans la vie, elles le sont sur scène aussi, où l’une ne vole pas la vedette à l’autre, même si j’ai quand même une préférence pour le « mystère » Rachel… d’ailleurs, Rachel a aussi une légèreté, une espièglerie, une fraîcheur sur scène qui parfois se transforme en une force capable de soulever un enthousiasme absolu par de là la fascination qu’elle inspire naturellement..
Au delà de la fabuleuse maîtrise de leurs isolations qui empruntent largement à la danse orientale et au jazz, leur style se métisse de nombreuses influences, sans que l’on puisse les nommer car Mardi et Rachel ne copient pas des mouvements, mais se les approprient, les intègrent…
C’est Mardi qui conçoit en grande partie leurs costumes, trouvant parfois l’inspiration dans des soirées « underground » à San Francisco … ceux que j’ai vus dimanche empruntaient à la fois au folklore tzigane, ( grands jupons à volants colorés) à la danse orientale, (pour les hauts savamment travaillés) aux années 20 et à son esthétique à la fois très sophistiquée et sensuelle – d’ailleurs, Mardi a quelque chose d’une maîtresse femme des années 20 !- à la fin du 19ème, mais le tout revu à la lueur du 21ème siècle… je crois que, comme toujours, seules les Américaines arrivent à s’affranchir des codes, des conventions,et s’octroient une plus grande liberté lorsqu’elles créent des univers artistiques. Elles arrivent plus que les autres à aller au-delà des étiquettes, à utiliser les références existantes pour les détourner, à innover sur des bases qui ont déjà fait recettes et qui tout à coup, prennent « un coup de vieux »
D’autres costumes déclinaient la magie du noir en une variété de vêtements et d’accessoires incroyables : jupons, bottines, mitaines, ceintures, sans parler des bijoux qu’elles portent à profusion et des coiffures compliquées, mais qui paressent si naturelles sur scène. Le « too much » n’existe pas avec Mardi et Rachel !!!
Mardi est une plantureuse créature, qui possède une présence forte et radieuse sur scène… en contraste, Rachel est plus énigmatique, plus longiligne, avec cette petite lumière à la « fée clochette » qui est irrésistible… Les deux se complètent, s’harmonisent et crée un duo vraiment inédit…
Tout le long de leur passage, le temps s’est suspendu : j’étais happé dans leur show comme dans un vortex, et quand celui-ci nous dépose sur le rivage du temps qui reprend son court, on a l’impression qu’on a juste battu des cils… le spectacle n’est pas déjà fini ?
Comme Amana m’avait gentiment invitée à ce spectacle, je suis ensuite allée la remercier dans les loges ; il y régnait une ambiance joyeuse et généreuse, très conviviale et chaleureuse ! Rachel est d’une gentillesse et d’une simplicité à couper le souffle… c’est assez fantastique de pouvoir remercier les artistes après un spectacle. J’ai toujours été touchée par la gentillesse et la simplicité des danseurs étoiles, qui ont l’air étonnés qu’on ait attendu dehors à la sortie des artistes juste pour leur dire merci
Chez Rachel, la même simplicité, ce qui montre que c’est vraiment une grande…
Il y a deux ans, lorsque le stage s’était terminé, j’avais eu une grande bouffée de nostalgie pendant de longs jours… c’est ce que je ressens aussi aujourd’hui…. Elles sont retournées à San Francisco… Dis, quand reviendront-elles ?
Merci à Amana de les avoir invitées, de nous avoir permis de revoir ces belles artistes sur scène… !
J’espère les revoir très vite….