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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

marie-taglioni-in-zephire.jpg

31 octobre 2022 1 31 /10 /octobre /2022 08:57
Trois bonnes raisons pour ne pas voir Mayerling de Kenneth Mcmillan !

Un mot pour résumer ce ballet : c'est un gros navet. Et j'ai du mal à comprendre l'engouement général ! La narration est inexistante, on assiste à une succession de saynètes aussi vides les unes que les autres, sans aucune tension dramatique ni montée en puissance. La psychologie des personnages est grotesque et caricaturale. Du Freud mal digéré.

 

Raison 1 : Les personnages ? Il y en a tant sur le plateau, que si on n’a pas lu le synopsis trois fois avant de voir le ballet, on ne comprend rien. Parmi eux,  Rodolphe, pas aimé par son méchant papa castrateur, l’empereur François-Joseph, ni par sa libidineuse maman, Sissi, qui se tape une tripotée d’amants. Alors, le pauvre Rodolphe est obsédé par le sexe et la morphine. Et il est très violent ! Bad boy ! Il joue tout le temps avec une tête de mort façon Hamlet et un pistolet! 

Face à lui, une tripotée de femmes : des ex-amantes,  baronne, comtesse, des prostituées, et Mary Vetsera.

Raison 2 : Les pas de deux s’enchaînent avec les jambes tendues dans tous les sens, des dos cambrés dans tous les sens, et ça pirouette à droite et ça pirouette à gauche... et vas-y que je te mets la tête en bas, que je te grimpe dessus, et puis c'est à ton tour... ça n’évolue jamais…

Raison 3 : Et puis encore des prostituées ? Il nous en a déjà servi dans Roméo, resservi dans Manon... mais là, audace suprême,  on voit un officier qui se fait faire une pipe derrière une table et les filles écartent leurs gambettes et montrent leurs fesses. Haha, quelle audace ! On aura encore droit à des viols comme dans Manon : dites-moi, il avait pas un problème sexuel, le Mc Millan ?  

Bref, vous l'aurez compris : tout cela ne m’intéresse pas vraiment parce que la chorégraphie se répète encore, et encore, et encore quand elle n’est pas d’une naïveté à pouffer de rire comme la ridicule scène de la chasse, le grotesque tirage de carte, les officiers qui jouent à « coucou c’est moi » avec les rideaux. On s’ennuie ferme ! Racontée autrement, chorégraphiée autrement, peut-être aurais-je pu entrer dans ce ballet mais là, vraiment non...

Et pourtant, la troupe est toujours aussi excellente : à commencer par Mathieu Ganio, écorché vif, neurasthénique, malade, à bout de son mal de vivre. Toutes ses variations sont intenses, on sent quasiment battre son cœur malade-  où l'on sent d'une façon palpable la vie lui peser de tout son poids. Ensuite, il y a l'excellente Laura Hecquet, façon Me de Merteuil dans les Liaisons. Elle manigance, elle intrigue. Mais quel dommage que cette magnifique danseuse n'ait rien à danser! Battistoni, charismatique, et Bourdon impériale avec des bras d'un délié à tomber en pâmoison parviennent à insuffler un peu de vie dans leurs personnages creux.
Mais là encore le manque cruel d'imagination de la chorégraphie me laisse sans voix. Ça tient de l’héroïsme pour ces danseuses d'arriver à être convaincantes avec un texte vide.

Petit bémol pour l'interprétation et non la danse de Pagliero qui passe d'une jeune fille sautillante de 17 ans à une fille suicidaire folle furieuse sans aucune progression. Guérineau sourit pendant tout le pas de deux de sa  nuit de noces alors qu'elle vient d'être terrorisée par un mari brutal et sans tendresse.

J'avais vu quelques extraits par le Royal ballet qui ne m'avaient pas convaincue non plus, même si j'avais été époustouflée par la fluidité des portés, et c'était encore le cas hier.
Une fois encore, l'engagement des danseurs, leur beauté et celle de la danse n'est pas à remettre en cause.
Mais tout ce déploiement de costumes pour ça ? Alors oui, on met du sexe et de la violence factice pour sauver le tout, mais là, on est au niveau des mauvais films américains.

 

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25 octobre 2013 5 25 /10 /octobre /2013 07:25

Dans un de ces films, Woody Allen fait dire à un de ses personnages qui se promène  dans les rues de Beverly Hills:  mais, ils n'ont pas de poubelles, ici?

Ce à quoi on lui répond : non, ils les sortent à la télé!

 

Voilà ce que j'ai toujours pensé de la programmation de la télé française ces derniers temps, et plus précisément, de TF1 qui tient le "record de déchets" en la matière

 

Alors oui, à force d'entendre dire " tu verrais les stars qui dansent, ça n'est pas mal du tout"!  ou encore " il y a Pietra cette année encore, elle est sympa!", j'ai fini par aller jeter un oeil sur ce " danse avec les stars"!

 

Déjà, première constatation, les stars, elles sont où?

 

Pas parmi les candidats, dont je ne connaissais pas un seul nom, ou peut s'en faut.... ( ah si, Alizée, elle chantait il y a dix ans une chanson de Mylène Farmer... ça, c'est une référence, c'est sûr)

A part Alizée au parcours musical impressionnant et digne d'une Kate Bush ou d'une Tori Amos, tous les autres m'étaient parfaitement inconnus.... Je vous ai mis un lien, comme cela vous verrez  par vous même, il suffit de cliquer sur le lien!


Marie-Claude-Pietragalla-Danse-avec-les-Stars-27-octobre-20.jpgCôté jury, ma foi, ce n'est pas mieux.... qu'est ce que Pietra fait là?

Sans doute cette fille qui tient à bout de bras sa compagnie a t'elle besoin d'argent pour continuer à la faire tourner, ou à monter ses propres spectacles....  et pourquoi pas, après tout?

Mais c'est drôle de voir comme elle a décidé de monter un gentil visage d'elle même : " je fus étoile, certes, mais j'ai un grand coeur, et je suis là pour encourager la danse..." semble t'elle dire à chaque passage de candidat : sourire, brosse à reluire, elle sort tout son attirail de "gentille" et met des notes élévées en veux-tu en voilà!

 

Les autres jurys? De quoi pouffer.... Shym, que je ne connaissais pas non plus est juste là parce qu'elle a gagné le concours l'année d'avant. Il parait qu'elle est chanteuse. Inutile de préciser qu'elle ne connaît rien à la danse. Bon. Si elle chante comme elle s'habille, j'imagine très bien. Seins à l'air, sourire ravageur, battements de cil, et j'en passe...

 

Quand aux deux autres, J M Généreux et C Marquès - qui s'est fait un look " plus ringard tu meurs" comme les danseurs du film   Ballroom dancing, ils ont des titres en danse de salon. Ils dansent sans doute bien, mais côté vocabulaire : Généreux hurle plutôt qu'il ne parle des " j'achète" à tire larigot, dès qu'un candidat lui plaît - il n'est pas très difficile -  et l'autre garde le même masque du Joker de Batmann tout du long....

 

 

ça aurait pu être une émission comique... !

 

Passons à présent aux   danseurs-répétiteurs-chorégraphes-créateurs-professeurs.

 

Les stars auraient pu éventuellement être de ce côté là, car je remarque au passage un ou deux danseurs avec beaucoup d'âme et de technique... Il y a notamment Grégoire  Lyonnet, qui danse avec conviction  et qui essaie d'insuffler un peu de poésie à Alizée.

 

Mais horreur... j'aperçois Fauve, candidate d'une ancienne émission qui passait sur la 2; la danseuse est Fauve1.jpgméconnaissable dans cette émission; Fauve, c'était la grâce, la poésie, la précision rythmique, la fluidité, l'instinct.

Et que vois je?

Une fille déguisée par TF1 d'un collant moullant transparent et body assorti tout aussi transparent, d'une vulgarité affligeante, qui danse en force et pousse de grands éclats de rire....

Elle doit sûrement elle aussi avoir besoin d'argent; en revanche, son image est dégradée dans cette émission, et c'est bien dommage : elle vaut mieux que cela.

 

Quand au concours lui même!

 

Navrant, affligeant, désolant, et encore, je suis loin de la vérité

 

On veut nous faire croire qu'en une semaine, une chorégraphie de danse de salon est mise au point, puis apprise par des gens qui prétendent ne pas danser....

TF1 connaît donc bien son public  : on peut lui faire gober n'importe quoi!

Alors des bouts de répétition sont montrées, avec un scénario bien huilé, bien rôdé pour faire croire que voilà, les " stars" répétent dur! On y met des petites blessures - foulure de cheville, lumbago - histoire de pimenter le tout et de dire " pourra -t-elle/Il danser ce soir?" Alors qu'on voit bien que les candidats n'ont rien, que tout a été réglé d'avance. Alizée nous dit qu'elle dansera le soir une chorégraphie qu'elle n'a répété " que dans sa tête"! Et bien, ça, c'est la meilleure quand on voit que le pas de deux en lui même demande plus d'une heure de répétition.

 

En outre, des pas imposés sont glissés dans la chorégraphie : pas un seul candidat ne les réussit, et pour cause! Puisque tout et n'importe quoi sont proposés.

 

Dans la Meilleure danse, tout le monde avait l'obligation de glisser les mêmes pas imposés dans sa chorégraphie; là; c'est au petit bonheur la chance : des pas de danse irlandais, de danse classique, et pas des moindres,  de rumba ou de danse irlandaise,  tout y passe!

 

" Mais tu es dure, ce n'est pas si mal" me dit on

 

Bien sûr! Avec huit caméras, des éclairages magnifiques, des montages qui coupent les images toutes les secondes et ne montrent que des bouts de chorégraphies, des tenues achetés à Barbès pour raccoler, et des maquillages outranciers,  pour un public néophyte, qui veut juste passer un moment sans penser devant sa télé, ça peut faire illusion

Mais sinon!

 

 

 

Autant, la Meilleure Danse  qui montrait de vrais danseurs, avec un jury élégant - M A Gillot n'avait pas son pareil pour se montrer à la fois professionnelle, gentille tout en conservant son statut d'étoile - et des candidats créatifs, brillants,  était un vrai moment de danse auquel j'assistais avec plaisir ET émotion, autant là, la vulgarité  et la facilité sont étalées en long,  en large et en travers. J'avais d'ailleurs consacré à la Meilleure danse de nombreux petits articles pour dire à quel point j'aimais l'émission, la créativité de ses candidats! Comme par hasard l'émission a disparu alors que Danse avec les stars en est à sa quatrième saison....

 

 

Alors, pourquoi la meilleure danse s'est elle arrêtée? Pourquoi cette nullité persiste t'elle?

  Parce que la télé n'a plus la vocation qu'elle avait autrefois : amener le spectateur vers plus de beauté ou de culture

 

Il faut l'abreuver d'âneries afin de lui faire perdre toute forme d'intelligence, l'abrutir au maximum.... et avec cette émission, elle y parvient sans problème

 

Du divertissement, pour sûr c'en est; de la danse, sûrement pas, malgré le talent d'un ou deux " professeurs-danseurs" qui ont la lourde tâche de faire " travailler" ce ramassis de gens sans talent

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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 12:14

 

 

Voilà plusieurs années déjà que je voulais voir Cyrano de Bergerac dans la mise en scène de Podalydès, rêvant à travers la distribution papier d’une sorte de perfection théâtrale.

J’en suis ressortie très déçue ; le texte magnifique de Rostand cohabite avec une mise en  scène curieuse dans sa volonté à la fois de rappeler l'époque à laquelle a été écrite le texte, de  lui donner en même temps un ancrage dans «  l’époque »  de l'histoire, tout en la rendant contemporaine. Trois temps en un qui rendent le tout bancal... par exemple,  le siège d'Arras évoque la guerre 1914... Roxane arrive d'ailleurs non pas " dans un carosse" mais dans un avion...elle porte un costume d'aviateur;  les cadets sont en bleu  dans un décor rouge et rappellent les soldats lors de ce conflit...

A ce méli-mélo temporel se mêle dès l’ouverture un autre méli-mélo de  fort mauvais goût.Cyrano3.jpg

 

Certes, il ne doit guère être facile de donner des corps à toutes ces voix qui fusent au début, et qui  réclament pour entrer au théâtre la gratuité sous les prétextes les plus farfelus. L’ambiance très Baz Lurhmann est pour le moins déstabilisante :  trop de bruit, trop d’effets, et surtout une volonté de gommer l’époque même de Cyrano. On est projeté dans une ambiance à la  Moulin Rouge du même réalisateur que je citais plus haut. Il y a même un écran qui permet de visualiser ce qui se passe une fois l'entrée du théâtre franchi.

 

Si vous ajoutez au tout une musique envahissante, tonitruante - tel le Boléro de Ravel, ou la Valse de Chostakovith - vous aurez compris qu'on est dans un spectacle " pitre" ou rien n'est vraiment sérieux...

 

La scène de l'hôtel Bourguignon  qui  laisse étourdi  permet de  réaliser assez vite qu’on ne trouvera pas là  l’une des  notes essentielles à ce Cyrano : la sensibilité. Ce personnage perd sa souffrance, perd son cœur, pour n’être plus qu’un polichinelle virevoltant, plein de panache et d’esprit. Mais de cœur : point !


Alors oui,  c'est brillant, tourbillonnant, bien joué, mais à aucun moment l’émotion ne se laisse sentir, ni même deviner. A aucun moment le texte de Rostand qui est pourtant gorgé d’émotion sur le fil ne prend son envol.  Il ne reste que la «  farce ».

Cyrano-de-retour-a-la-Comedie-Francaise_large.jpgVuillermoz que j'ai tant aimé dans les Trois Soeurs campe un Cyrano brillant, drôle, ingénieux, mais  il ne souffre jamais même lorsqu’il comprend que Roxane ne l’aime pas. A la limite, cela l’arrange.  Il peut déployer son esprit et son astuce. Il ne déclare donc plus son amour à Roxane, mais se sert de Christian comme prétexte à jouer avec les mots, à faire briller son esprit. L'amour se désincarne et ne devient plus qu'une passion intellectuelle.  La scène du balcon devient clownesque avec une Roxane suspendue dans les airs comme un saucisson, et qui bat des bras pendant tout le dialogue, le tout accompagné par une musique sirupeuse …

Cette Roxane, plus femme de tête plus que de cœur a de l’énergie à revendre. Elle n’est ni une précieuse, ni une jeune femme touchée par l’amour, mais un être épris de liberté qui vit comme elle l’entend. Elle empoigne sa vie à bras le corps, tout comme son brillant cousin Cyrano.

C’est pour ainsi dire son double féminin. On se demande même comment elle peut aimer Christian.

De tous, c’est d’ailleurs ce personnage ( Loic Corbery)  qui m’a le plus convaincue dans son rôle d’amoureux qui ne manque pas de courage mais de mot. Il donne une vraie profondeur à cet cadet amoureux et gauche et on s’y attache. Il est sobre, humain, vivant. Authentique.
Tous les  autres rôles sont déshumanisés si on réfléchit bien, ils sont là pour mettre en valeur un texte mais sans référence à un  univers d'humain. Ils renforcent donc le " théâtre où tout est pour de faux". Il semblerait que ce soit une volonté de Podalydès que de tirer ce Cyrano du côté de la  comedia dell'arte. Les personnages deviennent des sortes de clowns qui pas un instant ne croient en leur réalité, en leur destin. C'est flagrant lorsque Cyrano fait mine de tomber de la lune,  pour retarder de Guiche ( qui ne m'a laissé AUCUN souvenir) et permettre le mariage de sa cousine. Cyrano se pare du  masque du Pulcinella de la comédia. Vuillermoz s'en donne à coeur joie, certes, mais la scène m'a paru bien longue...
 

 

masque-de-venise-commedia-dell-arte-pulcinella-1471.jpg

 

                                                                     Masque de Pulcinella

 

 

Finalement, l'acte que j'ai préféré est le dernier, lorsque Cyrano va mourir et rend visite à Roxane au couvent même si le côté polichinelle reste jusqu'au bout pour le personnage de  Cyrano, car la mise en scène était plus sobre. On rencontre un peu d’émotion…enfin… il était temps... trois heures ont déjà passé...

 

 

Quel dommage de ne pas avoir réellement rencontré ce soir là «  Ragueneau, mon ami, pâtissier et poète » ou encore Le Bret, camarade de Cyrano «  Dis moi tout bas qu’elle ne t’aime pas » ou bien  la Duègne en manque de plaisir.  « Aimez-vous les gâteaux que l’on appelle petit chou ?

 - J’en suis férue à en périr» sans parler de Lignière...  "j'ai écrit une chanson.... comme c'était méchant!!!"

 

Dommage aussi que les compagnons d’armes de Cyrano ne soient pas plus crédibles, que De Guiche pâlisse face au pitre qu’est Cyrano… 

 

Dans cette mise en scène, la pièce devient creuse, un peu vaine, artificielle. Pour faire briller les mots, on gomme tout le reste. 

 

Pour me consoler, je me suis ruée le soir même sur la plus belle version cinématographique qui soit, celle de Rappeneau,  où l’intelligence de la mise en scène rivalise avec l’intensité et la diversité des émotions présentes…

   

 

Quoi, me direz vous, préférer le cinéma au théâtre où tout vit!

 

Et bien oui, je l'avoue, ce film habite mon coeur à jamais, tandis que la mise en scène, elle,  sera vite oubliée....

 


cyrano_de_bergerac_gerard_depardieu_jean_paul_rappeneau_006.jpg

 

 

 

 

 

Crédit photo R Gaillarde et B Enguérand.

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