Quel magnifique moment de danse et de musique, le ballet d'Andalousie nous a offert là!
Chaleur, émotion, variété, talents, tout était là pour nous emporter dans ces " romances gitanes" où évoluent des personnages au destin souvent tragique!
Tout d'abord, saluons la qualité tant des danseurs et danseuses que des musiciens, exceptionnels. Ils accompagnaient les danseurs sur scène, mêlant les rythmes, les chants, les sons de guitare aux tragédies ou romances qui se déroulaient sous nos yeux.
Les voix de Fabiola, Vicente Gelo et Miguel Rosendo étaient puissantes, chacune avec son timbre bien particulier ( de la rocaille pour Fabiola, chaude et profonde pour les deux garçons) Elles apportaient à ces récits une émotion palpable. Quand aux guitares de Andrès Martinez ou Rammon Amador, soutenues par la percussion de Roberto Carlos Jaen, elles modulaient leurs accents, leurs sonorités et étaient capables de mille nuances.
A cela il faut ajouter cette science que sont les Palmas, ( frappes de mains qui superposent parfois 4 lignes de rythme différentes) auxquelles parfois s'ajoutaient les martèlements des cannes des hommes.
Côté danseurs, la troupe de 13 artistes est homogène et les personnalités sont variées et attachantes
Plusieurs danseuses se sont exprimées dans de magnifiques et parfois tragiques ou sensuels solos ou duos ( La luna, Préciosa, La Nonne, la femme infidèle). Ces danseuses s'expriment elles aussi a travers de très nombreuses nuances, qui va de la violence à la plainte la plus absolue ( Cristina) en passant par la sensualité, la féminité, la légèreté, les pleurs, les cris, la tendresse, l'amour, la compassion...
Les garçons ne déparent pas à côté de ces danseuses, notamment l'extraordinaire Mariano Bernal...!
Les costumes simples mais variés permettent des tableaux constratés sur scène pendant que les musiciens et chanteurs sont rassemblés devant un brasero, adossés à des barbelés, frontière qui marque la différence de ce peuple gitan
Neuf romances sur les dix huit écrites par Lorca ont été choisies : ainsi, l'on voit Lune ( photo ci dessus) consoler un enfant malade et partir avec lui, Précieuse que le vent violente tel un faune brutal, qui pleure et qui gémit, les Nonnes, prisonnières de leurs habits, qui rêvent d'improbables amants, les règlements de compte qui laissent des veuves éplorées, l'épouse infidèle, aguicheuse à souhait et sans scupule, Antonito el Camborio, pétillant de vie, arrêté, torturé puis assassiné, la garde civile espagnole, qui met à feu et à sang la ville gitane, ses femmes et ses enfants, Soledad, la romance de la peine noire...
Et puis Cristina qui joue des castagnettes avec un doigté d'une préicision et d'une douceur telles que l'on croit vivants ces deux petits morceaux de bois : insectes étranges qui chanteraient en leur langue, musicale et rythmique
tout une farandole de personnages simples, attachants, tragiques parfois sans le savoir, dont les peines aussi profondes que les joies palpitent à chaque instant dans cette langue aux accents rauques, que soutiennent les guitares et les palmas...
j'aimerai revoir ce romancero gitano
j'aimerai entrer plus profondément encore dans ce monde de gitans...
j'aimerai réentendre les guitares, les chants et tous ces rythmes qui s'enchevêtrent, se mélangent, s'affrontent sans se perdre
car le flamenco est une affaire d'émotions, d'expressions et de rythme : il est là, entier, savant, travaillé, exubérant, mais il coule comme une évidence...
Bref, en un mot, j'aimerai revoir une seconde fois ce spectacle fait avec un engagement total, où l'art est simple comme la vie....
préciosa | la mort d'antonito |
les photos sont issues du site : www.deflamenco.com