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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

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8 octobre 2008 3 08 /10 /octobre /2008 07:35



Avec beaucoup de retard, voilà mon compte rendu!
Ce n'est pas très difficile a écrire car tout est parfaitement clair en mon esprit!

Je ne reviendrai pas sur le côté " people" de la première, où tout un gratin plus préoccupé d'arriver bien en retard sa coupe de champagne à la main pour rejoindre son carré or m'a bien diverti : un vrai zoo!
Quand on est un people fortuné, on ne respecte pas les horaires, on se congratule les uns les autres, toutes les femmes ont le même faux blond, le même balayage et le même collier de perles .. et les hommes, ce même air de gravité sur le visage où on lit, " je n'ai pas le temps, ah, les affaires,  mais il faut bien se montrer à ce genre de soirée"

 
La scène était dressée sur le bassin de Neptune, ce qui fait hurler  l'association des Amis du jardin de Versailles : il parait que le bassin n'apprécie pas du tout, du tout, d'avoir cette scène, que cela détériore la pierre... pas impossible puisque la scène sur l'eau : je ne suis pas sûre que le bassin apprécie beaucoup qu'une centaine d'artistes lui sautent dessus deux soirs de suite...
Un long chemin sur l'eau conduisait les artistes jusqu'à la scène où des coulisses fermees (des sortes de petites huttes! surement pour nous mettre dans le coté primitif du Sacre, héhé!!) les cachaient aux spectateurs quand il ne devait pas être sur scène

La première partie est le Sacre du printemps : le tokyo ballet est curieux : tous les garçons se ressemblent, toutes les filles se ressemblent, et tous les garçons ressemblent aux filles, ce qui fait qu'on a du mal à s'y retrouver : pas de seins, pas de hanches, pas de sexe apparent sous les collants moulants, des corps tous fluets chez les garçons, on dirait des éphèbes, et tout le monde a les mêmes cheveux noirs, coupés pareils  : pire qu'à l'armée!
j'ai donc passé un bon moment à essayer de savoir qui était une fille ou un garçon et cela m'a distrait d'un ennui terrible :  le Sacre où doivent s'exprimer l'agressivité, la sueur, la révolte, une certaine frénésie plus ou moins sexuelle est devenu complètement aseptisé : comme si on avait décontaminé tous ces corps, qu'on les avait passé au même mixeur pour obtenir une homogénéité fade, sans saveur, sans odeur

Le tout dansé d'une façon certes, sans faute, mais scolaire....
Curieux, ce Sacre japonisant... si le corps s'efface pour ne plus être qu'une idée, que reste il du Sacre????

Mais voilà déjà  l'entracte : on a eu droit au même défilé de people, mais cette fois ci dans l'autre sens, sans leur coupe qu'ils ont du fourrer sous leur siège, les femmes de ménage nettoieront, elles sont là pour ça!)
Et les voilà qui repassent encore.... car c'est la fin de l'entracte... sans se presser, en jetant des regards à la ronde " l'ai je bien descendu" car les escaliers qui descendent vers le carré or sont hauts...

Puis La voilà... Sylvie dans la Luna.... tout en blanc. Elle a troqué le long collant blanc et le justeaucoprs pour un pantalon et un haut blanc tout simple... les pointes aux pieds : et là, on se dit dans une fraction de seconde : voici l'art incarné...
Sylvie a une technique intacte ( 42 ans quand même) le même abandon quand elle danse, comme si c'était la première fois, ce même sens musical qui m'amène tout de suite les larmes aux yeux, cette même fragilité sous une technique et une maitrise infaillibles, cette même générosité de la danse
Elle occupe toute la scène à elle toute seule, longiligne et sublime silhouette blanche, quand les soixante danseurs du tokyo ballet avaient péniblement du mal à le faire
Simple et sublime, telle est fut dans la Luna de Béjart : je vois encore la grâce de ses ports de bras, la délicatesse de ses ports de tête, la facilité avec laquelle elle cisèle les pas, et cette impression unique de nous emmener hors du temps.... tout cela sur du Bach : la pureté allié à la pureté, pour un moment de danse simple et beau : comme l'enfance

Ensuite, retour brutal vers le tokyo ballet qui danse une chose prétentieuse de Béjart intitulé " bugaku"
A oublier très vite
il aurait fallu beaucoup d'humour pour faire passer cette chose indigeste mais le tokyo ballet n'en a pas...

Enfin, venait le boléro...

Inoubliable une fois encore : à quinze ans d'intervalles,  (pour moi qui l'avais  vue aux champs élysées en 1992)Sylvie Guillem le danse avec la même fougue, et l'a enrichi d'une ambivalence dans les sentiments : elle est la femme qui fascine, qui envoûte, qui séduit, qui appelle mais s'en amuse.. elle a de la distance avec elle même et le jeu de séduction qu'elle met en place
Tel un grand serpent, elle met à ses genoux tous les danseurs ( qu'on oublie tant elle nous captive) mais sans tomber dans le "trop" Elle les magnétise, elle les a sa merci, tout cela sur le rythme obsédant de ce boléro, où les pieds marquent la pulsation, où le bassin s'orientalise
Un court instant, je revois Leriche, très sensuel dans le même boléro, avec une force évidente
Sylvie reste spirituelle dans la séduction...
On oublie qu'elle danse, parce qu'alors elle est la danse
Son boléro fut flamboyant, intense, nerveux et sensuel tout à la fois
Elle est décidément une immense artiste, toujours au sommet de sa technique
Elle exécuta à la fin la série de saut avec la souplesse d'un félin, sans l'once de la moindre " force" apparente

Inoubliable Guillem! Quatre mois après, je la vois encore, magnétisant les trois ou quatre mille spectateurs...

La soirée reste pour moi inoubliable : voir danser Sylvie Guillem reste pour moi un moment  unique et éternel...
Mille mercis à elle...




à lire Boléro

béjart à Paris
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commentaires

C
Je lis cette critique plus de 7ans après avoir vu ce spectacle le 2 juillet 2008, au cours duquel nous avons appris, pour ceux qui n'avaient pas débranché l'I-Phone, la libération d'Ingrid Bettencourt.<br /> Pas un mot à changer, critique parfaite. Même sentiment de stérilité lors de la prestation du Tokyo Ballet, assorti d'une sorte de gène dans la mesure où l'on a envie de respecter le travail de cette troupe mais obligé de constater qu'elle n'a pas compris ce qu'elle dansait. Même émotion IMMEDIATE lorsque Sylvie Guillem entre en scène, seule, il suffit de trois pas et tout l'espace est rempli. Quel charisme. Je viens de la voir une dernière fois au TCE pour ses adieux. Un seul mot, bravo Sylvie et merci d'exister.
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