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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

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8 mai 2006 1 08 /05 /mai /2006 07:31

 

Béjart sera à l'affiche du 19 juin au 14 juillet à l'opéra de Paris.   

 

 

 

 

 

 

Au programme seront donnés:

 Boléro,

le Mandarin Merveilleux   

Variation pour une porte et un soupir, qui entrera d'ailleurs au répertoire de l'ONP.

Une fois encore, je me réjouis de sa venue!

 

première partie de l'article! suite le 10 mai

 

 


 

Mais qui est Béjart?

 

 Maurice Béjart fait partie des chorégraphes aux univers si riches, si profonds, que quelque chose en soi  change irrémédiablement après avoir vu une de ses oeuvres.  C'est aussi cela, la magie de l'Art. Bouleverser  notre manière de voir les choses, enrichir notre univers intérieur en l'approfondissant,  renouveler notre idée de la beauté, et pour la danse, renouveler notre idée du mouvement.

En 1982   j'ai découvert pour la  première fois sa compagnie   dans l'incroyable " Notre Faust".  La Messe en Si de Bach épousait le tango argentin...L'audace du montage musical,  la force de la chorégraphie, l'excellence de ses danseurs étaient quelque chose que je n'avais encore jamais vu sur scène : un vrai choc!

Ensuite, régulièrement, j'ai été applaudir ses créations. Les plus beaux spectacles de ces dernières années restent pour moi Brel et Barbara et Le Presbytère. Béjart ne faisait, avant ses dernières années, jamais de reprise. C'est à l'occasion des trente ans du Sacre du printemps, que l'idée de reprendre certaines de ses oeuvres s'est finalement imposée à lui.

On dit méchamment qu'il ne se renouvèle plus. Lui n'en a cure, moi je ne suis pas d'accord. Il y a une fraîcheur dans son Brel et Barbara, une jeunesse, une vitalité, une inventivité qui donnent tort à ses détracteurs... et puis, qu'importe, son oeuvre est là!

L'an dernière, un spectacle retrospectif a été donné au Palais des Sports à Paris, intitulé " l'amour, la danse". J'en retiens le magnifique et si émouvant Gil Roman, dont les pas collent à la musique de Brel,  la talentueuse et longiligne Elisabeth Ross, les sept danses grecques, superbes et toujours modernes, le Sacre, qui lui non plus n'a pas pris une ride...

Béjart a non seulement beaucoup chorégraphié mais aussi beaucoup écrit. Je retiens parmi ses livres :" lettre à un jeune danseur", et  " un instant dans la vie d'autrui"

 

 

 

 

 

 

 

Boléro

 

On ne peut évoquer Boléro sans aussitôt voir Jorge Donn, sa démesure et son génie envahir tout l'espace d'un film de C Lelouch.

Boléro est une oeuvre qui peut être dansé par un homme ou une femme. Nicolas Leriche et  MA Gillot se partageront ce Bolero.... cela promet d'être intense et émouvant. J'ai vu Guillem et sa flamboyante chevelure le danser, et à la télévision, Maia Plissestkaia, que Béjart aime tout particulièrement.

  Boléro fait partie de ses oeuvres universellement connues... et souvent mal comprises. Elle avait été composée pour Ida Rubinstein, en 1932,qui, sans être une grande technicienne, avait ce quelque chose d'unique qui illuminait la scène, un vrai charisme.

Béjart s'en est emparé et a créé une oeuvre étonnante.

 

 

L'oeuvre de Ravel utilise plusieurs " ingrédients" qui la rendent envoûtante. Deux phrases musicales, très longues, toujours répétées deux fois, l'une jouée en majeur et l'autre en mineur, se déroulent  tout le long de l'oeuvre, soutenues par une   rythmique obsédante, base de cette danse espagnole : immobilité et mouvance créent l'ombre et la lumière de l'oeuvre. Le deuxième thème est plus oriental que le premier, tout entortillé sur lui même. Il évoque presque un serpent sortant de son panier!  La flûte fait une entrée   doucement lumineuse, puis tour à tour les bois entrent, jusqu'à l'irruption étonnante du célesta...  peu à peu, quelque chose d'impétueux, de sauvage va s'emparer de l'orchestre... cela est très net après l'entrée impérial des violons, rendus fougueux par leur longue attente. Le trombonne, ironique et décalé,  y va de son solo un peu jazzy, le hautbois y va de son ton un peu triste, le saxophone apporte une touche stylée inattendue. Peu à peu, tout l'orchestre s'empare de ses deux phrases, si longues, qu'il est difficile de les retenir vraiment... il manque toujours une note quand on les chante...

 

 

 

 

 

Monotone, Boléro?

non, plein de mystère, de fougue, de poésie, de scintillement, d'humour... Boléro se déroule comme un ciel infini et immuable où passent les nuages... toujours les mêmes mais aux formes sans cesse renouvelées...

 

 

Quand à la chorégraphie...

 

Un homme/femme danse sur un table ronde, au milieu d'un groupe de danseurs. Au fur et à mesure de l'entrée des instruments, les danseurs autour de la table interviendront.

On peut imaginer toutes sortes de choses : une corrida avec mises à mort, un rite sacré très ancien... l'oeuvre peut se livrer aux débordements de l'imagination de chacun.

La danse commence par le jeu du bras qui se lève et s'abaisse... mais peu à peu, elle va devenir sensuelle, violente, sauvage, jusqu'à la possession du danseur par la musique... Le corps se balance, les hanches se meuvent avec sensualité, le buste frémit, le corps tout entier est pris par le rythme lancinant du Boléro et la passion de l'orchestre.

 

Par ailleurs ce qui fait la magie de Bolero est l'aspect féminin/ masculin de la chorégraphie

Les jeux de bassin sont féminins, lascifs parfois, avec une utilisation très orientale. On trouve des accents, des déhanchements, des ronds de bassin dont l'accent se finit sur le côté. Même chose pour le buste. Le balancement du corps, son oscillation, le jeu des bras, tout cela est fluide, souple, du domaine du féminin. Les bras serpentent, les mains et les poignets aussi.

En opposition, la présence des garçons,  le travail de leur buste, la force qui se dégage de leur attitude, de leur pose, leur nombre, apporte un élément masculin puissant.

Le soliste doit à la fois puiser dans sa féminité pour apporter l'élément " oriental" de la danse, et dans sa force pour, déjà, tenir les quinze minutes, et surtout pour que les sauts, les battements, les jetés de bras, les expressions du visages soient fougueux passionnés,  pleine de force, ce que par exemple Plissestkaia ou Guillem réussissent merveilleusement bien que femme.

Ce double aspect féminin/masculin dans cette chorégraphie est sûrement ce qu'il y a à mes yeux de plus fort, de plus troublant, et qui donne ce côté hautement érotique à l'oeuvre.


 

Savez vous que ?

d'une version à l'autre, Boléro dure de 13' 55 minutes à 16'02...

C'est l'oeuvre la plus jouée dans le monde.

 

 


 

Suite de la présentation des oeuvres demain....

 

renseignement et réservation :

www.operadeparis.fr

 

 

 



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