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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

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27 novembre 2006 1 27 /11 /novembre /2006 14:25

  Noella Pontois.... !!!

J'avais treize ans...  j'avais déjà vu un ou deux spectacles de danse classique dans ma ville, mais cette année là, il y avait un évènement que j'attendais avec impatience :    l'arrivée de l'opéra de Paris dans notre petit théâtre... Giselle devait être donnée...  pour moi, la danse classique était tout! Je dormais avec mes pointes, et j'y pensais nuit et jour...

Je ne connaissais pas bien les ballets classiques, hormis ce que j'avais pu en voir à la télé mais ce langage me semblait complètement familier et le plus beau qui puisse exister en art...

Je ne savais même pas qu'un ballet pouvait raconter une histoire...

Je suis donc allée  au théâtre, un jour de la semaine, avec une amie de mon école et sa maman sans savoir du tout à quoi m'attendre. Même le nom de la danseuse, " Noella Pontois" m'était inconnu; j'avais vu sur scène l'année d'avant au palais des sports de ma ville Claire Motte, Claude Bessy, Janine Charrat... mais je n'avais jamais entendu parler de Noella Pontois. Elle n'était étoile que depuis peu de temps.



 

Cette soirée fut le plus grand choc artistique de ma vie... à un point tel que trente ans plus tard, tout est intact...

 Je revois nettement des détails, comme ces    quatre garçons en collant vert, qui bondissaient sur la scène mais dont l'un ne tendait pas bien ses pointes de pieds; je revois les willis, si inquiétantes et mystérieuses, parées de longs tutus... mais surtout, je revois Noëlla! Je ressens encore toutes les émotions qui furent les siennes ce soir là : la gaité, l'amour de la danse, l'amour tout court, la folie, la mort, le pardon... Je me souviens comme j'ai retins mon souffle lorsque en  En arabesque penchée elle a  tournée, irrélle, sur son pied de terre... j'ai beaucoup pleuré, en cachette, en rentrant à la maison...

 J'aimais passionnément la danse classique, mais Noëlla se mit à l'incarner à la perfection pour moi. Elle dansait  avec une telle facilité, avec une telle musicalité! Elle ne faisait qu'un avec la danse, au point que l'on en oubliait complètement la technique! Et puis il y avait un moelleux dans ses ports de bras, dans ses sauts, sans aucune raideur dans le dos, dans les épaules...

Je suis tombée profondément en amour de Noella Pontois...

Heureusement pour moi, bien que n'habitant pas Paris, et n'ayant donc aucune chance de la revoir sur scène,    il était facile à l'époque de trouver des articles sur le ballet et ses étoiles, même dans la presse télé.  Noella a vraiment été souvent à l'honneur de la télé dans les années 1970,   ce qui m'a souvent donné l'occasion de la voir danser, mais en noir et blanc, car nous n'avions pas la télé couleur...  et puis il y avait souvent des articles sur elle que je découpais et conservais précieusement.

Je me rappelle la couverture d'un télé 7 jours pour Noël! Elle était habillée comme les danseuses de Degas et évoluait dans un décor peint qui évoquait l'univers du peintre... malheureusement, j'ai perdu tout ce dossier qu'adolescente, patiemment, j'avais fait sur elle...

Vous imaginez cela aujourd'hui, de la danse classique dans la presse télé? La danse classique est devenue synonyme de " ringardise" hélas...

Bref, il me  fallut attendre d'être majeure pour pouvoir avoir la joie de la revoir sur scène : 5 longues années à attendre!

De 1980 à son départ à la retraite, en 1994, il n'y a eu qu'elle pour moi.  Elle était très belle. Brune avec de grands yeux bleus profonds.  Bien que  petite,  très gracile, elle avait une présence immense sur scène.  Ses bras et ses jambes    longs et bien dessinés,   donnaient de l'ampleur à sa danse.  Elle était aussi très expressive. Techniquement,   elle possédait  tout ce dont une ballerine peut rêver: la féminité et la force, ( ce mélange adoré par Noureev qui en fera sa partenaire favorite, mais c'est pour un autre chapitre)  la grâce et l'élégance, mais sans aucune affeterie, sans aucune mièvrerie, la délicatesse mais la précision, la rapidité mais aussi l'émotion. Je crois que pour elle, la technique a toujours été au service de l'émotion. Elle ne faisait aucun étalage de technique, bien qu'elle eut les plus beaux fouéttés qu'on put alors rêver par exemple...

Et par dessus tout cela, une extraordinaire  musicalité. Je n'ai jamais   retrouver cette musicalité là chez personne... grâce à elle, la musique est sublimée, on en ressent chaque note, chaque couleur...

d'ailleurs, les quelques fois où j'ai vu d'autres danseuses à cette époque, me semblaient dénuées de toute musicalité et je pensais : voilà comment aurait dansé Noella, et en filigramme, je la voyais danser par dessus l'étoile qui était sur scène, avec un serrement de coeur affreux...

 

 

 

Pour ne pas la manquer dans Raymonda ou la Belle au Bois ou Giselle, ou Don Quichotte, je me levais alors à quatre heures pour prendre le train Paris Orléans   de 5h  afin de commencer la queue dès 6 heures du matin et ce jusqu'à 11 heures... et je n'étais pas la première alors! Car c'était toujours la ruée aux guichets lorsqu'elle dansait, et les derniers n'avaient aucune chance d'avoir des places...

A chaque ballet,  la même émotion, le même plaisir immense!Autrement dit, un moment artistique unique, comme seuls les artistes d'exception en créent.  Jamais elle ne m'a déçu... jusqu'à sa dernière Aurore qu'elle a dansé à 50 ans, âge exceptionnelle pour une danseuse classique ( car la danse classique est un sport de très haut niveau)

Et depuis?

ELLE ME MANQUE!!!! je ne me suis jamais remis  de son absence sur la scène... il y a beaucoup d'étoiles aujourd'hui que j'aime ou que j'admire...

mais pas une n'a l'âme de Noella...

Ce sera son anniversaire bientôt... le jour de Noël...

Qu'est elle devenue?

A suivre!.....

 

 


 a lire sur ce blog :

 

Noella pontois ( 2)

 

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commentaires

I
Valérie, au cours d'une recherche sur le Net, je tombe sur cet article de vous !<br /> Ah comme je vous comprends ! Moi-même j'ai vécu le premier de mes deux grands chocs artistiques (le second fut les Nymphéas de Monet à l'Orangerie à 17 ans) lors de ma première soirée à l'Opéra, vers 8 ou 9 ans. J'étais plus jeune que vous et je ne me souviens pas de qui dansais, mais le ballet était Giselle et j'en garde le souvenir d'avoir été transportée dans un autre monde. Je garde par contre intact le souvenir du défilé, qui m'avait stupéfiée.<br /> Et plus tard, Noëlla Pontois que j'ai tant aimée moi aussi !
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F
Merci pour ce très bel article, digne d'une passionnée passionante !! ;-) Bisous.
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