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  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

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3 avril 2007 2 03 /04 /avril /2007 15:12

 

Jérémie Bélingard vient d'être nommé danseur étoile...  à chaque fois que je l'ai vu danser, il m'a laissé un souvenir indélébile : il a une puissance dans sa danse magistrale. Il investit chaque rôle avec un engagement sur scène très rare. Il a une capacité à susciter chez le spectateur des émotions et des réfléxions profondes. Et il se dégage de lui quelque chose de très animal, parfois même de violent, rarement vu chez une étoile... en tout cas jusqu'ici... mais a t'il réellement l'étoffe d'une étoile?

 

  Du point de vue des défenseurs de la tradition classique,ce titre ne lui revenait pas de droit... pourquoi?

Sans entrer dans le débat - moi même me moque complètement qu'un danseur soit étoile ou pas - je remarque en tous cas ces dernières années un changement dans la façon de nommer les étoiles. C'est la directrice de la danse, qui propose - donc B Lefèvbre, - et le directeur de l'opéra qui donne son accord ou pas - G Mortier, qui laisse le champ libre à B Lefèvbre, puisque la danse... il s'en fiche!

 Ces derniers années, ont été nommés des danseurs et danseuses à forte personnalité, capables d'exceller dans le repertoire contemporain, ce qui autrefois, était assez rare. L'Etoile devait avant tout exceller dans le répertoire classique...  aujourd'hui, il semblerait que le tempérament artistique, l'engagement de l'artiste sur scène, sa puissance émotionnelle, passent avant la perfection technique, la virtuosité, la brillance, l'endurance physique, qu'on n'imagine même pas quand on essaie!

Personnellement, ma sensibilité assez proche d'une certaine danse contemporaine s'en réjouit... ainsi voir des ballets comme ceux de Prejlocaj, Malandain, Mats Ek, ou dans un genre plus néo classique, comme ceux de Béjart, Neumeir ou de Petit, ou encore les créations de Belarbi et de Leriche,  me nourrit tout autant que de voir les grands classiques du répertoire. C'est une autre approche du mouvement de la danse.  

 

Mais qu'est ce donc qu'une étoile? Un danseur ou une danseuse à la technique irréprochable, à l'endurance immense, et surtout au charisme gigantesque. Uner personnalité magnétique, qui connaît toutes les nuances de la technique classique et la maitrise impeccablement.

Une étoile brille sur scène plus que les autres, etse joue comme elle respire de toutes les difficultés techniques... une étoile est capable de rafraichir un rôle en lui apportant son intelligence, sa compréhension profonde du personnage qu'elle doit interpréter. Enfin, une étoile laisse baba d'admiration... sa réputation dépasse les frontières : elle brille sur toutes les scènes du monde, elle devient une référence... presque une icône...

Les dernières grandes étoiles féminines étaient, à mes yeux, M Loudières, et avant elle N Pontois...

Depuis si j'aime voir Pujol, ou Osta, ou M A Gillot dans certains rôles où elles excellent, je ne connais plus ce frémissement total lorsque je voyais Pontois, quel que soit le rôle... Ces nouvelles étoiles brillent mais pas forcément dans tous les rôles... et c'est cela que regrette les balletomanes : qu'il n'y ait plus actuellement ces êtres hors norme capables de s'approprier tous les rôles, qu'ils soient issus du répertoire classique ou contemporain...

Je ne suis effectivement pas sûre que Bélingard puisse être à la fois un fabuleux Désirée, ou Siegfried, ou Albrecht... mais un interprête extraordinaire de rôles plus contemporains, comme celui de Caligula, oui.

Car Bélingard   a une aura, une présence immense... et je le revoie encore, quatre ans plus tard, dans Phrase de Quatuor de Béjart, comme si c'était hier!

Pourquoi ce changement à l'opéra de Paris?

B Levfèvre elle même est issue de la danse contemporaine et donne cette coloration à l'opéra : c'est une ouverture. Mais il est vrai que les grands classiques sont peu à peu délaissés... Raymonda n'a pas été donné depuis 10 ans, et certains ballets ne sont plus dansés comme ils l'étaient à l'époque de Noureev ( qui lui aussi se moquait du titre pourvu qu'on ait le talent!)... il y a gain d'un côté, et appauvrissement de l'autre...

 


 

Qu'est ce que je pense de tout cela personnellement?

Je pense que ce n'est pas tant un problème de danseurs que de direction de la danse... J'aime l'ouverture apportée par M Lefevbre, mais je regrette énormément une personnalité comme celle de Noureev, ouvert au contemporain, mais fou amoureux du classique... je n'ai jamais retrouvé l'euphorie en allant voir un spectacle classique qui s'emparait de moi de son vivant : de l'émotion, oui, du plaisir, oui, mais ce moment de fête absolue hors du temps a disparu...

Il faut espérer que si changement de direction il y a, ce sera en faveur d'une personnalité qui a un grand respect pour les ballets du repertoire  : imaginez que du jour au lendemain on ferme au Louvre toute l'école classique, les Poussin, et autres pour ne garder que des oeuvres du 20ème! Car peu à peu, c'est un peu l'impression que l'on a : on garde les classiques, car ils font recette : on fait de l'argent, et moins d'art...

Car si j'aime profondément certains chorégraphes contemporains invités à Paris,  je crois aussi fermement en la vocation classique, en premier lieu de l'opéra de Paris... il ne faudrait pas qu'à force de ne plus les danser, les ballets finalement se perdent: car il n'y a de transmission qu'orale. Et un danseur qui n'est pas assez rôdé à un rôle ne pourra pas le transmettre avec force, éclat et talent!

On parle de Manuel Legris pour prendre la succession... ce serait sans doute un grand bienfait pour l'opéra car M Legris a tout dansé, et précisément, il a rayonné en véritable étoile! Autant Prince qu'excellent interprête d'oeuvre comme Sylvia ou Doux mensonges et bien d'autres encore...

 

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commentaires

G
c tellement  vrai avec une  marie agnes  ou mme  un kader larbi ! 
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M
Je suis tout à fait d\\\'accord avec vous Shana, une fois de plus !<br /> Je trouve en effet que Jérémie Bélingard possède une présence scénique très charismatique, très virile, très terrienne ! Et justement, je me demandais si ce n\\\'est pas cela que ses \\\"détracteurs\\\" lui reprochent : ne manque t-il pas parfois de cette évanescence, de cette présence un peu venue d\\\'ailleurs que traîne derrière elle l\\\'Etoile... Bélingard est là, présent, on le sent, il vibre, il possède beaucoup de sensualité. C\\\'est un être de chair et de sang. En effet, les Etoiles auxquelles vous faites allusion et celles que nous portons tous dans notre coeur et dans nos souvenirs les plus bouleversants avaient cette part de mystère et de distance qui les rendaient innaccessibles. Bélingard est beaucoup plus accessible ! Hilaire l\\\'était beaucoup moins (private joke!!!). Mais gageons que cette autre approche de l\\\'Etoile nous ouvrira de nouvelles voies vers le plaisir et l\\\'émotion... Je vous embrasse Shana. <br /> Turlututu
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