Lettre ouverte aux directeurs, directeurs adjoints de l'opéra de Paris et ministre de la culture en mon nom propre.
Sur notre forum figure une lettre un peu différente que vous pourrez lire et signer si vous vous sentez concernés.... http://dansespluriel.soforums.com/index.php
Ces deux lettres seront envoyées en début de semaine prochaine
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Par cette lettre, je vous fais par de mon indignation quand aux prix des places pour les ballets pour la saison 2014 - 2015 . Ce qui m’outre le plus, est la mauvaise foi générale, et la déclaration à la presse, comme quoi il n’y a pas de hausse de prix. Les personnes qui vont régulièrement à l’opéra depuis cinq ou six savent très bien à quel point ces déclarations sont des mensonges. Et je ne parle pas même pas de celles qui y vont depuis plus longtemps encore.
D’une part, il y a eu un redécoupage des différentes catégories, ce qui fait que certaines places en catégorie 5 qui étaient au départ à 12 euros il y a quatre ans, coûtent à présent 25 euros ; cela fait du 50 pour cent d’augmentation ; il s'agit des 4ème loges de côté qui étaient en catégorie 5 et sont passées en catégorie 4
Certaines places du parterre de Bastille sont passées de la catégorie 4 à la 3 et à la 2 en quelques années. Ce sont les places le plus sur le côté. Comme c’est sur celles-ci qu’il y a eu les plus grosses augmentations, ces places ont donc subi une augmentation de près de 100 pour 100.
En outre, la création de la catégorie Optima est un vrai scandale ! Surgi de nulle part, cette création a augmenté des places déjà coûteuses de près de 70 pour cent (80 euros à 135 euros). Et vous osez affirmer à la presse qu’il n’y a pas eu d’augmentation ? C’est vraiment prendre les gens pour des imbéciles !
Quand j’ai commencé à aller à l’opéra en 1980, la catégorie 1 coutait 105 francs – 16 euros
Trente ans plus tard, la même place coûte 130 euros ; il s’agit donc d’une hausse de 800 pour cent…. Il ne s’agit donc pas d’indexation par rapport à la crise, mais bien d’une politique purement et volontairement axée sur le maximum de gains même si cela n’était pas nécessaire, car tous les rapports stipulent que l’ONP a un taux de remplissage pour les ballets avoisinant les 97 pour cent
Le résultat d’une telle politique – car même les places de 4ème catégories sont passées de 18 à 25 euros, soit une hausse de 50 pour cent, et la troisième catégorie est maintenant à 50 euros et a subi une hausse analogue – est d’exclure toute une catégorie de la population ou de la contraindre à ne pouvoir s’offrir que de la 4 ou de la 5ème catégorie. Quand on sait comment on y est assis….
Et je ne parle pas de ces rangs supplémentaires mis dans les loges, qui font qu’on est à moitié assis sur ses voisins pour la somme de 70 euros … quand on est pas obligé de passer la moitié du ballet debout pour voir quelque chose si peu que les personnes des premiers rangs soient un peu grandes…
Auriez-vous oublié que l’ONP est financé en partie pour l’état donc par les impôts des Français ? En l’occurrence par nos impôts ?
Quelle est cette politique a des années lumière de l’ouverture culturelle faite dans les années 1980 pour ouvrir les grandes maisons d’opéra au maximum de gens ?
Quelle est cette hypocrisie que d’offrir dix mois d’opéra à des enfants issus de cités dont les revenus parentaux à deux n’excèdent pas 5 places en catégorie Or ? Est-ce pour leur montrer ce à quoi ils n’auront au final jamais accès ?
Nous faisons actuellement un magnifique retour en arrière. On se croirait de retour à l’époque de la monarchie. Sûr que pour les membres les plus fortunés de l’Arop, tout ceci ne fait aucune différence, mais pour « le Français moyen » c’est choquant et révoltant.
Que l’opéra soit hors de prix est déjà choquant – mais que le ballet le devienne alors qu’on sait que les danseurs sont des fonctionnaires d’état l’est encore plus.
Car les danseurs n’ont pas des cachets hors de prix, comme c’est le cas pour les chanteurs, les metteurs en scène ou les chefs d’orchestre qui se font payer à prix d’or pour l’opéra.
Tout cela me révolte, et je ne peux accepter que le ballet de l’opéra de Paris qui est un ballet d’état dans un théâtre d’état concurrence les prix et même les dépasse, des théâtres privés et tombe dans cette image élitiste qu’il avait réussi à quitter.
Autrefois, il y avait des prix pour les matinées et pour les œuvres avec bande son au lieu d'un orchestre qui était 20 pour cent moins chers et qui ont disparu il y a six ans.
Alors les prix pour les lundis ne feront pas passer le reste du prix à payer.
Pensez vous à ceux qui habitent en Province et ne peuvent pas venir à Paris ? Ou à ceux qui en plus du train, de la place, sont obligés de dormir sur place ?
Mais j’ai oublié : le parisianisme forcéné fait aussi partie de la panoplie de ces financiers qui se sont penchés sur les schémas des salles afin d’en tirer le plus grand profit.
Sans doute pour gaver les membres de l’Arop de champagne et de petits fours lors de ces manifestations qui leur sont réservées.
Je suis partagée entre la honte, la douleur et la révolte de voir que les gens de pouvoir font de cette maison une entité de luxe, réservée à une élite.
A quand le port obligatoire du nœud papillon ou de la robe de soirée pour venir voir un ballet ?