Qu'il est calme, le cimetière orthodoxe où repose la dépouille de Noureev; qu'il est paisible, beau, avec tous les arbres plantés le long des tombes; celle de Noureev est vraiment sublime. J'y vais de temps à autre; je vais lui redire tous bas tout ce que je pense souvent lorsque je me rappelle la glorieuse époque de l'opéra de Paris ; je vais me souvenir de lui autrement, émerveillée par ce kilim de son ami Frigerio, façonné de milliers de mosaiques; quand on sait combien est long ce travail! il est sublime, de loin on dirait que le kilim est un vrai... Noureev les collectionnait, il en avait des centaines, certains, même pas dépliés sous son lit; celui là est à la fois très russe et très oriental; il doit adorer!
Des admirateurs américains étaient passés peu de temps avant moi et avaient laissé un petit mot ( sur de papier sec et lisible, d'où ma déduction, élémentaire mon cher Watson!)
Il est touchant qu'un homme qui a tellement tourbillonné dans le monde ait choisi cet endroit solitaire, tranquille...
C'est toujours le coeur ému et plein de tendresse que je vais me recueillir quelques instants sur cette tombe; je sais bien qu'il n'est pas là, mais sa dernière demeure terrestre me permet de garder ce fil ténu qui me relie a ce qu'il a été de son vivant
Le cimetière regorgeait de chant et de bruits d'oiseaux - des picverts, entre autres!-
Entre les pins, les cèdres et les grands bouleaux encore nus, on était presque dans l'autre monde. Cela me plait que les arbres veillent sur la sépulture de Noureev, tous peuplés d'oiseaux...
Tu ne reposes sûrement pas en paix, cher Noureev... tu dois danser sous d'autres cieux!