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  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

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28 décembre 2009 1 28 /12 /décembre /2009 08:38

petite critique écrite sur le site critical dance, danser en français, reproduite telle quelle ici


J'ai donc vu la représentation d'hier, 27 mars, avec Abbagnato, Leriche, Averty, Bridard et Martinez , après avoir vu celle du 12 ( Dupont, Legris, Gillot, Leriche Martinez)
je ne peux pas dire que j'ai préféré l'une à l'autre, parce qu'elles étaient très différentes, mais servaient merveilleusement le ballet... c'est mon coup de foudre de l'année, ce ballet, et je me sens très touchée par l'univers de Neumeier... je ne peux que le remercier d'exister! :D et de créer :D
la version qui a été filmée était parfaite de force, de maîtrise, avec la présence magistrale des cinq étoiles au sommet de leur talent
celle d'hier était très vivante, très humaine, avec une lecture de la scénographie un peu différente; elle était plus inégale mais aussi parfois plus forte sur le plan du drame et de l'émotion

Les deux Aminta, Legris et Leriche sont tous deux au sommet de leur art, pour simplifier on pourrait dire que la danse de Legris est très  pure, celle de Leriche terriblement humaine

Les deux Sylvias étaient magnifiques aussi : celle de Aurélie Dupont toute douce, pleine d'enfance, de fraîcheur, d'innocence, et et de doute; soumise aussi à la puissante Diane ( MA GILLOT) le pas de deux des deux filles est d'ailleurs un moment fort, où se joue à la fois tendresse, domination, désir de plaire, peur de perdre... il est vraiment doué ce Neumeier pour mettre autant en peu de pas!
Celle d' Abbagnato est différente : moins soumise, mais tout aussi indécise...

A peine s'est on assis dans la salle que Endymion le bel endormi autrefois aimé de Diane se meut sur l'avant scène, yeux fermés, alors que l'orchestre n'est pas installé et que la lumière est dans la salle. Puis la lumière s'éteint; et des flèches fusent de la salle vers la scène : les Chasseresses, sur appel de cors joyeux et étincelants, investissent un peu la salle avant que le rideau  se lève; une porte s'ouvre dans le fond de la scène
là apparait Amour les yeux bandés, un arc à la main ( Excellentissime José Martinez) accompagné par des petits êtres facétieux en salopettes qui m'ont rappelé le Puck du Songe d'une nuit d'été; ils sont très drôles, bondissant, plein d'insouciance et prennent en photo Amour!
Et voilà la magie de Neumeier : superposer des univers irréls, magiques, malicieux, plein de jeunesse et d'espièglerie avec des univers humains où les plaisirs succèdent aux joies, où les doutes cèdent la place à l'incertitude, au regret, où les désirs s'ils sont comblés n'apportent pas forcément le bonheur, où le temps, maitre absolu, passe inexorablement...
autre détail très attachant : chaque personnage danse à différents moments du ballet un petit leit motiv de pas : ainsi amour a un jeu stylisé de bras, il tourne sa tête de façon saccadé dans différentes directions, et cet enchaînement de pas que le spectateur peut facilement identifier, ce leit motiv joue un rôle très fort dans la mémoire du spectateur . Il tisse un réseau d'émotions indépendants de ce qui se passe sur la scène et crée dans la mémoire un ballet parallèle qui suit son cours indépendamment de celui qui se déroule sous nos yeux...

Ces leits motiv, on les retrouve aussi dans la musique, notamment une jolie et nostalgique mélodie à la flûte qui joue un rôle fort dans le déroulement du ballet!

Puis arrivent les esprits de la fôret,aux gestes fluides et poétiques, tout de vert vertu. Leur doux pas de deux laissent bientôt à la place aux chasseresses qui surgissent guerrières, jeunes, belles,( vraiment très belles!) en short et gilet moulant, un arc à la main. Elles sont pleines de vie, de fougue,d'ardeur, de jeunesse; elles rivalisent de vitalité et de force entre elles; elles ont elles aussi leur petit leit motiv : saut de chat à l'italienne, battement de face pied flexe, jeu de hanche, et ces mouvements les accompagnent à chaque fois qu'elles viennent en scène pour affirmer leur appartenance à un clan : Sylvia l'utilisera plus d'une fois pour résister à Aminta, pour refuser l'invitation d'Amour, pour marquer sa fidélité à Diane... dansée par Karin Averty; elle m'a émue aux larmes lors de son pas de deux avec Endymion, lorsque après avoir fustigé du regard Sylvia qu'elle a surprise avec Aminta elle danse avec son ancien amour endormi.
Karin Averty campe une toute autre Diane que la sublime et très autoritaire Diane de MA Gillot : Karine, très féminine, est cependant entière, féroce, elle entend bien que ses charessesses lui obéissent et lui soient fidèles; c'est dans la force de son caractère que réside sa virilité; mais lorsqu'elle se rememore son amour pour Endymion qu'elle retrouve pour un pas de deux magique ( parfait Yann Bridard qui avait vraiment l'air de dormir sur scène, ses gestes semblaient rempli d'air; il surgit d'un autre monde, s'ouvre pendant quelques instants à celui de Diane avant de sombrer de nouveau dans un sommeil lourd, où plus rien du monde de Diane ne lui parvient) Diane devient une toute autre femme éperdue de regret, de chagrin de ce qu'elle a perdu; et cela, Averty le danse à la Perfection :D :D
le premier acte reste mon préféré parce qu'il mêle humour, amour, poésie, facétie, lyrisme, pas de deux, solos, et que tout cela s'enchaine d'une manière parfaite
le second acte, le bal, est plus brillant, mais si Sylvia découvre sa féminité, elle se perd aussi elle même:
le retour d'Aminta dans le bois de sa jeunesse est poignant, et Leriche n'est plus que douleur; il revoit Sylvia et le pas de deux qui suit est bouillant d'amour; il ne la laissera pas partir une seconde fois; elle aussi réalise qu'elle l'aime... mais sa vie est faite; un homme vient la chercher; et Aminta reste desespéré dans le bois vêtu de blanc, couleur de l'hiver, de la fin de la vie, tandis que les charessesses, immuables, éternelles continuent comme par le passé à hanter les bois, indifférentes au temps qui passe et aux amours humaines

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