C'est tout à fait par hasard que j'ai vu Fanyda pour la première fois sur scène il y a plusieurs années. J'avais tout simplement suivi des amies qui faisaient de la danse orientale dans un petit théâtre que je ne connaissais pas. Je ne savais pas trop à quoi je devais m'attendre. J'avais vu à la TV des reportages sur la danse orientale en cabaret, et sincèrement, si j'avais bien aimé, je n'avais pas été transportée. Trop de paillettes, avais-je pensé.
Je ne sais plus très bien, six ou sept ans après, comment commençait le spectacle qui présentait plusieurs tableaux, mais la toute première apparition de Fanyda sur scène reste elle à tout jamais gravée dans ma mémoire. Elle portait un costume rouge, magnifique, de très bon goût, sa chevelure bouclée flamboyait. Elle dansa sur un solo de percussion avec vivacité, passion, énergie et sens musical très sûr. Le choc absolu!
Ce n'est pas sa technique, ou son charisme, immense, ou sa chorégraphie, ou quelque chose de précis qui me transportèrent le plus, mais l'impression qu'elle ne faisait qu'un avec la musique, et que le rythme résonnait dans son corps et mettait en mouvement les épaules, ou le buste, ou le bassin, ou tout autre partie de son corps d'une manière à la fois énergique, précise, fluide... car en tant que musicienne, c'est toujours cela qui m'émeut le plus chez un danseur : sa faculté à ne faire qu'un avec la musique.
En plus, la connivence qu'elle installa d'emblée avec le public par ses regards, des petits gestes à son intention, des petits riens qui font toute la différence, prouvaient que Fanyda n'était pas enfermée dans sa bulle. Son espièglerie apportait en plus à sa danse une legereté, une fraicheur que je n'avais jamais vues encore, et que depuis, j'ai très peu rencontrées chez les danseuses orientales.
Fanyda s'explique la dessus : " Lorsque je danse sur scène, je suis toujours en absolue improvisation. Bien sûr, je connais parfaitement mes musiques car j'ai besoin de pouvoir m'y plonger profondément, mais mes interprétations varient immanquablement d'un spectacle à un autre. J'ai besoin de ressentir le public, d'être en osmose avec lui. Mon corps doit être un instrument qui va éveiller l'oreille du spectateur. Je dois être en mesure de lui faire entendre un instrument auquel il n'aurait peut-être pas prêté attention. Je veux aussi faire monter en lui l'émotion cachée au fond de son coeur."
Ainsi donc, voilà pourquoi pendant les solos de Fanyda, on a cette sensation d'entrer au coeur de la musique...
Après ce spectacle, je suis retournée voir Fanyda danser plusieurs fois. Au théâtre Adhyar, et au Trianon, où j'ai même entrainé des amies qui ont plus l'habitude de l'opéra de Paris que de la danse orientale!
C'est après l'avoir vue dans ce théâtre que j'ai eu envie de parler d'elle sur les différents forums de danse classique, car ce qu'elle présentait me paraissait digne d'être mentionnée sur Critical dance et de la contacter. Et là, j'ai été étonnée par sa gentillesse, sa disponibilité, ses réponses toujours rapides et élégantes aux mails que je lui adressais.
J'ai compris que comme la plupart des artistes qui m'inspirent au sens premier du terme, Fanyda possédait la générosité sur scène parce qu'elle la possédait dans la vie. D'ailleurs, dans ses spectacles, elle invite toujours des artistes : j'ai ainsi pu découvrir une artiste absolument fabuleuse qui s'appelle Melisdjane, qui m'a elle aussi éblouie.
Fanyda, pour ses spectacles, règle tout elle même : chorégraphie, mise en scène, choix des costumes, artistes invités ( au sens large du terme, puisque des dromadaires ont même été les guests de son spectacle à Trianon et au stade de France). Ce qui dénote une énergie prodigieuse et une passion absolue.
Cette passion de la danse, elle la partage non seulement avec son public, mais avec tous ceux et celles qui voient la danse orientale comme un art et désirent apprendre :
" Je partage ma passion et mes émotions avec le public, je transmets mon saoir à mes élèves au travers de mes cours. Je transmets mes connaissances également à des femmes qui font le voeu auprès de moi de vouloir enseigner ou danser de façon professionnelle. Je les bombarde de conseils. Je ne retiens aucune information. "
Isia, qui est elle même danseuse et directrice de compagnie, ne démentirait pas ses propos!
Quand à sa compagnie elle même, j'ai été étonné par la qualité du travail présenté : les danseuses étaient bien sûr parfaitement ensemble, mais aussi parfaitement à l'aise sur scène. Certaines irradiaient un plaisir immense, ce qui est toujours une joie pour le spectateur. Les numéros de percussions sont parmi les plus étonnants, car techniquement difficiles à maitriser et pourtant, il n'y parait rien...
J'ai hâte de revoir Fanyda et sa compagnie sur scène et de continuer cet hommage à une artiste qui apporte beaucoup à la danse orientale en France, art encore si fragile, parfois aimé ou rejeté pour de mauvaises raisons et si peu reconnu...
" Le rejet et l'engouement de la danse orientale viennent de clichés installés dans les esprits et les mentalités qu'il est très difficile sinon impossible de changer ou de modifier. On en revient toujours au même dans le sens ou un certain public pense que la danse orientale est vulgaire, érotique et ne possède aucun atout artistique. Alors, dans ce sens, elle attire ou rebute selon ce qu'on en attend. Et puis beaucoup de personnes sont loin d'imaginer que la danse orientale est un art qui demande des années de pratique, de connaissance et d'expérience"
A suivre!.... Orientalement Fanyda : portrait ( 2)
A lire : le site de Fanyda