Ce film, de Nicolas Ribbowski, est particulièrement fort et touchant. Il a été réalisé en 2005.
Mais avant d'en parler, quelques mots sur P Dupond,que j'ai vu sur scène lorsqu'il était l'un des meilleurs danseurs classiques du monde!
A 17 ans, il remporte le grand prix de Varna, avec une telle différence de points d'avec les autres candidats que le jury ne donnera pas de médailles d'argent cette année là...
Etoile adulée, directeur de la danse, P Dupont qui a dansé sur toutes les scènes internationales connaît gloire, succès et honneur très jeune... jusqu'à ce que....
Et bien la roue tourne... exclusion de l'opéra de Paris qui le renvoie pour un vague motif d'absence à une répétion d'un ballet qu'il ne dansait pas (il gagnera son procès contre l'opéra) accidents très graves, dépression, prison, abandon par presque tous, sauf un petit groupe de fidèles amis... P Dupont connaît alors une traversée de désert terriblement douloureuse....
Jusqu'à ce que C Bessy lui demande de remonter sur scène à l'occasion de ses 60 ans d'opéra de Paris... il a quarante cinq ans, âge auquel les danseurs ne dansent plus... d'ailleurs, il ne danse plus depuis un moment... Il ne sait s'il peut accepter. Il n'est plus le danseur qu'il a été... il n'est d'ailleurs plus que l'ombre de celui qu'il a été... et pourtant il se laisse convaincre.
Et c'est là que le film commence : on suit tout le travail que P Dupond va effectuer dans l'humilité la plus absolue pour cet unique retour sur scène. Il dansera Salomé que M Béjart, un ami, a réglé pour lui...
J Marie Didière le prend sous son aile pour lui redonner confiance... en lui, mais aussi en son corps qu'il va remettre au travail de A à Z. Ce sont des moments très émouvants dans le film : P Dupont travaille à la barre sous l'oeil vigilant, tendre, attentif mais sévère aussi de son meilleur ami depuis l'enfance (tous deux, se souvient C Bessy étaient les garçons les plus turbulents de l'époque!!)
Pendant le film, P dupont revient sur sa carrière : il a dû mal à savoir très exactement qui il a été... mais on sent que la danse est toujours au coeur de son âme.
A la fin du film, on le voit donc danser quelques minutes de Salomé lors de ce grand gala très solennel.
Très sincèrement, la première fois que j'ai vu l'extrait de Salome, je me suis dit : " oh là là, il n'est plus le danseur qu'il était" et ça m'a fait mal de le voir grossi, plus aussi agile, empâté...
Mais lorsque j'ai revu pour la seconde fois ce documentaire, j'ai laissé tomber mes attentes ( une fois de plus) pour visionner une fois encore ce Salomé dané par un P Dupond de 45 ans : je me suis retrouvée les larmes aux yeux, tant son interprétation est immense...
Certes, P Dupont n'a et n'aura plus jamais le panache du grand danseur qu'il fut, mais l'être humain, l'artiste, sont riches d'une sève neuve, vivante, et qui a beaucoup à donner...
il faut voir ce magnifique documentaire dont voici un extrait ici :
http://www.vodeo.tv/18-106-3373-patrick-dupont-le-defi.html?visu=3373
En conclusion: la danse classique nous habitue à la prouesse, au vertige de la virtuosité, à l'ivresse des tours enchainés à une vitesse qui défie la loi de l'équilibre... et elle a évolué vers cela... mais derrière l'acrobate, si l'artiste reste intact, même si sa technique décline, il restera l'émotion, l'humain....