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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

marie-taglioni-in-zephire.jpg

17 décembre 2012 1 17 /12 /décembre /2012 06:47

noureev.jpgCher Noureev!

 

 

Nous allons  fêter les 20ans de ta mort… hypocritement, l’opéra de Paris va faire un « gala » alors que tout prouve que l’ONP ne remonte tes œuvres qu’à la va-vite et parce que ça remplit les caisses !

Ce gala est réservé aux membres Arop ou autre, autre hypocrisie  : aucune vente des catégories accessibles à tous n'a été mise en place....

Bien évidemment, aucun de ceux qui ont dansé avec Noureev par le passé ne seront présents : Ni Jude, ni Legris, ni Guillem, ni personne....


Je n’irai pas….

Je serai chez moi : je mettrai ta photo, une bougie, et je te remercierai du fond du cœur pour les émotions uniques de spectatrice  que j’aurai eu entre 1982 et 1993…

Comme je l’avais déjà écrit ici, j’ai été longtemps avant de retourner voir tes ballets à l’opéra.

Il y a eu ces déceptions immenses, indescriptibles entre 1998 et 2003…date à partir de laquelle j’ai commencé à accepter que plus jamais je ne verrai tes ballets tels que tu les avais conçus.

Quand  tes ballets ont été «  réadaptés » à la salle de Bastille et à ses grandes dimensions, j’ai senti déjà une première trahison ; mais il y avait encore sur scène des danseurs qui avaient travaillé avec toi ; au gré des représentations, une certaine magie subsistait…. Une fois Legris parti, c’en fut réellement fini…

Dans un documentaire, on voit P. Ruanne faire répéter ton Roméo et Juliette à Bastille;  Frigerio a d’ailleurs revu les décors pour les adapter à l'immense plateau du théâtre. Patricia Ruanne, elle, se sent perdue ; elle doit prendre seule des décisions, sans toi à ses côtés pour lui indiquer la «  voie ». Elle fait de son mieux… cette ancienne partenaire, c'est toi même qui l'avait appelée à l'ONP  pour qu'elle t'aide  à faire répéter les ballets dès 1987. Elle a donné ses derniers conseils avisés en  2007,  sur Cendrillon. Depuis elle  n’est plus présente pour remonter ou coacher les danseurs.  Elle s’était déjà éloignée de l’ONP vers 1996, mais elle avait conservé un lien avec l’ONP ; c’est à présent fini.

 

 

En regardant des vidéos des mêmes ballets à quinze ans d’intervalles, on voit très bien toute l’évolution et comment ton style part en lambeaux.

 

Alors d’aucun dise : tous ces pas tarabiscotés, il faut cesser !

Ce que ceux là ne comprennent pas, c’est que expliqués, montrés par toi-même, ces pas  « compliqués » avaient un sens, une raison d’être ! Ils étaient toujours au service de tes personnages, que tu rendais vivants, crédibles, avec un cœur, de la chair, des émotions. Les pas n’arrivaient pas comme cela pour faire joli ou difficile, mais parce que  tu matérialisais à travers eux, des éléments psychologiques qui donnaient au personnage une épaisseur, tout de suite perçue, sentie par le spectateur.

 

Quand je revois certaines variations aujourd’hui, oui, les pas sont là, mais les chemins pour les faire ne sont plus les mêmes : il manque un certain  moelleux dans tel plié, ou bien un certain arrondi pour le bras, ou encore un  léger petit décalé du bassin pour le rond de jambe, etc…

Ce serait comme de dessiner une figure géométrique très raffinée en supprimant certains traits, et en ne gardant que la structure la plus grossière.

 

Les  deux videos des dryades ( pour la seconde, prenez à partir de la minute  2'08 environ) qui suivent montrent mieux que mes mots l'évolution du style.

Regardez la première video : ça vit

La seconde ; il n’y a plus de vie !

Vous remarquerez aussi que les tutus ne sont plus les mêmes ; ils retombent en corolle sur les genoux des danseuses à l’époque Noureev, aujourd’hui, ils sont en plateau, raides, comme le mouvement de buste et de bras des danseuses.   D’un côté la danse semble plus « parfaite » mais elle est aussi aseptisée : où sont l’émotion, le cœur, les tripes, l’humain en un mot ?

 

 

http://www.youtube.com/watch?v=Yo2dzoQwK20

 

http://www.youtube.com/watch?v=HUGXNcJ6SlQ

 

 

Aujourd’hui, après avoir vraiment été malheureuse de voir ton héritage être dilapidé par une direction incapable, je me dis qu’hélas, c’est normal, ou en tous cas inévitable ; peu à peu, les choses changent, se déforment, perdent leur authenticité…

Il faudrait peut être qu’un nouveau chorégraphe  de génie s’empare à nouveau de ces grands classiques pour leur insuffler un peu d’air frais, sans quoi, tes ballets  vont perdre encore plus leur vie : ils vont finir comme ces pièces de musée :  figés, sans vie, artificiels.

Les gens continueront à dire «  A quoi bon? » et, hélas,  ils auront raison

Quand on ne peut plus transmettre, il faut dans ce cas là renoncer, et repartir à zéro

 

Si, vue  de loin, la Martha Graham compagny semble bien vivante, - encore qu'elle a failli péricliter à une époque où il y a eu contestation sur les locaux loués par la compagnie, après la mort de Graham,  la Alvin Ailey compagny elle, vit sur son nom….  Et depuis longtemps.... Pauvre Alvin, s'il voyait ce qu'on a fait de son âme; on a gardé le " cirque" mais l'âme d'Alvin est partie.... surtout depuis que Judith Jamison ne dirige plus la compagnie.

Grâce à Gil Roman, le Béjart Ballet de Lausanne semble trouver son second souffle, mais pour combien de temps?

 

Mais l’ère Noureev et ses fidèles compagnons sont loin à présent. Est-ce que Manuel Legris peut ressuciter un peu de cette magie passée ?

C’est ce que j’irai découvrir aux étés de la danse cet été !

 

Tiens,  justement mon article suivant consacré à Arushi Mudgal va laisser percer une lueur d’espoir !!!

Ah Noureev, tu es peut être désormais loin de tout cela; tu vogues peut être dans des mondes où ça n'a plus d'importance  Vingt ans ont passé, et vois tu, je suis encore capable de m'arracher à ma maison, prendre l'A4, dans la nuit et le froid, pour voir tes ballets avec l'espoir d'un miracle.

  Il y en a de temps en temps : la Bayadère de ce printemps; Zakharova avait déposé un peu de son âme slave sur la troupe; ou encore le Casse-Noisette d'il y a trois Noëls... C'est maigre; mais que ne ferais-je pas pour retrouver une fois encore l'émerveillement qui fut le mien lorsque je découvrais, dès 1981, ton travail de chorégraphe inspiré  à l'ONP?

 

 

 

 

 

 

 

 

  

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