Note du 6 avril : Laura vient d'être nommée étoile.
J'ai écrit cet article en juin 2014 alors que Laura était encore sujet ; je l'ai réédité lorsque Laura a été nommée première danseuse ( 6 décembre 2014) et je me réjouis que son talent lui ait enfin permis d'accéder à ce titre; je lui souhaite de tout coeur la carrière qu'elle mérite depuis longtemps. Atypique, classique et talentueuse... et terriblement musicale.... quelques mots supplémentaires ce soir pour la re-définir... Bravo, Melle Hecquet! Et Merci de transmettre autant de beauté et d'émotion!
{C}
Quelques mots aujourd’hui sur Laura Hecquet
Juste quelques mots.
Ces dernières années, cette danseuse magnifique, qui n’a jamais pu éclore comme elle l’aurait dû, a donné le meilleur d’elle-même. Elle apporte à chaque scène un supplément d’âme, de poésie, de beauté, comme nulle autre pareille. Je l’emporte à chaque fois dans mon cœur, plus que les rôles titres. Par ce modeste article, je rends hommage à sa beauté, son lyrisme, sa personnalité bien affirmée, sa ligne et son placement magnifique et son mystère… elle a un quelque chose à la Greta Garbo, une profondeur indécelable qui donne envie d’en savoir plus, qui donne envie de la voir danser davantage.
Les dernières scènes où elle m’a profondément marquée, bien que je n’aille presque plus voir de danse sont :
Son pas de deux dans Proust ou les Intermittences du cœur ; cela remonte déjà à quelques saisons, mais sa présence sur scène a été l’un des rares moments de ce ballet bavard et parfois de mauvais goût qui me sont restés en mémoire. Ensuite, je citerai la 3ème symphonie de Malher, où elle est toute aussi belle, et habitée par une profondeur insondable, un quelque chose que l’on n’arrive pas à préciser et qui vous hante ensuite, sans douleur, mais d’une façon précise et constante
Sa danseuse des rues de Don Quichotte d’il y a deux saisons est un vrai bijou : sans jamais tomber dans la vulgarité, Laura Hecquet arrive à donner à ce personnage un ton familier mais sans lui ôter le moins du monde sa majesté, comme si cette danseuse des rues, populaire, était l’une des icônes de Séville. Elle est d’une beauté à couper le souffle, et montre l’autorité naturelle d’une danseuse habituée à se frotter à tout public ainsi qu’une féminité puissante mais terriblement séduisante…
Récemment, le pas de deux du Palais de Cristal de Balanchine est l’un des plus beaux moments de danse qu’il m’ait été donné de voir ces dernières saisons : parée d’un tutu bleu haute couture, signé Christian Lacroix, Laura Hecquet danse au son d’un haubtois mélancolique avec une intériorité, une poésie, une profondeur qui mettent en valeur sa technique aux lignes pures, la gravité de son visage, sa grâce naturelle, son élégance racée, et ce quelque chose qui n’appartient qu’à elle : elle est comme un point d’interrogation qui pousse à questionner sa danse, son tempérament, sa musicalité, sa compréhension fine des rôles.
Tout dans ce pas de deux était fondu mais précis, doux mais intense, poétique sans miévrerie, lyrique sans grandiloquence… et, je me répète, d’une musicalité parfaite.
Un moment de danse hors du temps, plein de subtilité, d’émotion, de beauté…
Cette danseuse, seulement sujet à l’opéra quand d’autres sont étoiles, est actuellement l’une des plus belles artistes de cette maison ; un vrai bijou…
Les photos suivront !
A lire le compte rendu de son Aurore sur le blog des balletonautes : http://lesballetonautes.com/2013/12/08/le-reveil-de-la-belle-endormie/
Elle est entrée dans le corps de ballet la même année que Mathilde Froustey, c'est à dire en 2002 - il y a un documentaire qui les montre toutes les deux réussissant leur entrée dans le corps de ballet, du temps où c'était encore Bessy qui dirigeait l'école, - et a tenu des rôles titres comme celui de Aurore - la Belle au bois dormant, Nikya - La Bayadrère - ou encore Esméralda de Notre Dame de Paris (j'espère qu'elle le redansera cette année)