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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

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29 décembre 2009 2 29 /12 /décembre /2009 20:12

 

Samedi soir, j'étais donc à l'opéra garnier, pour une soirée longtemps attendue, celle qui rendait ( enfin) hommage à Serge Lifar...

Au programme, Suite en Blanc et Mirages encadraient une création contemporaine, " l'envol d'Icare" du chorégraphe T Malandain.

Personnellement, si je n'attendais pas Suite en Blanc avec impatience, il n'en était pas de même pour les Mirages qui m'avaient laissé un souvenir puissant, inoubliable, inaltérable. Mais quels allaient être les effets du temps sur mes souvenirs?

 


 

 

Après avoir assité à l'amphithéâtre de la Bastille à un " plein feux" mené par Malandain lui même et Jérémie Bélingart sur la création intitulée " l'envol d'Icare", j'étais très curieuse de découvrir cette oeuvre. Malandain m'avait  mise en appétit, si je puis dire... Ce chorégraphe bourré d'humour, d'humanité, de gentillesse, et bouillonant de danse, de références en tous genres est l'un des plus attachants que j'aie vu lors de ces "pleins feux"...

L'Envol fut assurément pour moi le meilleur moment de la soirée.

La chorégraphie simple, mais lumineuse, exécutée par quatorze danseurs, est mise en valeur par un décor très dépouillé, mais pas glacial, et des costumes qui servent avant tout la danse; les lumières étaient magnifiquement créées, faisant partie intégrante de l'histoire symbolique qui nous était racontée.

Icare-Minotaure-Thésée fut dansé par Alessio Carbone ( je ne me suis pas encore remise de son interprétation de la fille, dans le Mandarin Merveilleux!) avec une puissance, une poésie, un charisme et une grande facilité technique. A ses côtés, la diaphane Nolwen Daniel, première danseuse, curieusement boudée par l'opéra ces dernières années et très peu distribuée : elle était tout simplement magnifiquement évanescente, fragile, lumineuse, comme une phalène dans la nuit... 

 Malandain, tout chorégraphe contemporain qu'il soit, ne délaisse pas le langage classique pour autant : certains le lui reprochent ( il faut faire du neuf absolument!) d'autres se servent de lui pour dire " que le langage classique n'est pas mort"

Du coup, certains journaux ont critiqué cette création, d'autres l'ont ensencé. Mais si on lit entre les lignes, on voit que " danse classique = tradition= droite" et pour d'autres " danse classique= opéra de paris= bourgeois= passé" et voilà où en est la critique de nos jours!!!

 


 

Suite en Blanc fut interprété avec virtuosité par les danseurs de l'opéra de Paris, en tête fanny Fiat, Myriam Ould Braham ( ma préférée de la soirée sur ce ballet) A Letestu, et J G Bart...

mais quel ennui! quel académisme! Malgré la virtuosité technique de ces fabuleux danseurs, j'ai parfois pensé à autre chose, j'ai regardé ma montre...

Mon goût si prononcé pour la danse classique et son langage a bien changé ces dernières années... je préfère à présent moins de fouettés, de pirouettes, de grands jetés, mais un univers, un quelque chose qui vous emporte dans un monde que moi même je n'aurais pas l'idée d'imaginer...

là, j'avais l'impression d'être dans ma classe de danse, et de répéter les pas appris autrefois,   de regarder les danseurs les exécuter... de la technique, de la technique...  et même une certaine esthétique désuète, parfois ridicule...

J'ai parfois l'impression que ce genre de ballet sert à l'administration de l'opéra à savoir " qui est solide sur scène" dans le langage académique. Le concours de promotion n'est pas loin!!

Il est sur que dans ce genre d'exercice, Myriam Ould Braham a été excellentissime : des équilibres arrêtés, parfaits... elle suspend le temps,  et hop, relance le mouvement avec une aisance d'extra-terrestre... elle est fluide, ses mouvements sont moelleux, ses ports de bras onctueux, sa ligne : superbe!!! quelle artiste!

Quand je m'ennuie pendant un ballet, je cherche toujours l'artiste qui me permet de me dire : je suis la pour la danse : ce qui s'est passé ce soir là avec elle!


 

 Et puis les Mirages!

Ah, les Mirages; quand je les avais vu la première fois, il y a seize ans, j'avais frissonné des pieds à la tête pendant toute la représentation... cette ombre obstinée qui suit pas à pas le Jeune homme bondissant... qui lui montre que quoiqu'il fasse, ou qu'il aille, il est seul, et le restera...

allai-je retrouver la même émotion? La même intense tristesse qui vous noue la gorge?

Hélas non!!! Mille fois non!!!

Comme ce ballet m'a paru vieillot, surfait, bavard : plus rien n'était comme dans mon souvenir :  des longueurs, un décor désuet, une atmosphère vieillote...

Mais O miracle : une interprête bouleversante...

D'ordinaire, je n'aime pas Aurélie Dupont : je la trouve froide, j'ai toujours l'impression qu'elle s'économise, qu'elle se retient, qu'elle garde son âme pour elle...

Mais là : une révélation pour moi : son ombre était bouleversante : implacable et humaine tout à la fois.

La technique d'Aurélie? Une perfection...!

Pas un geste de trop, tout est précis, mais sans calcul, tout est musical, juste, simple et totalement habité...

Elle formait avec Manuel Legris que j'aime depuis toujours un couple parfait, en osmose... M Legris a une technique parfaite, une vitalité, une jeunesse étonnante... ce qui fait que tout le bavardage, les longueurs du ballet ont été gommés grâce à eux deux...

 


 

Voyez vous, c'est cela lorsque l'on aime la danse: on peut être déçue par un ballet, par deux ballets, mais tout à coup, il y a dans ce ballet un ou des interprêtes qui dansent avec leur coeur, leur âme, et sans adhérer à l'esthétique, à l'histoire du ballet, on n'en est pas moins touché par ces interprêtes qui sont en état de grâce, et qui du coup, nous transmettent un peu de leur magie... c'est cela, le monde de l'art : partager, être touché par la magie, par l'état de grâce des artistes, obtenu à force de labeur, et de labeur.. mais sur scène, il n'y parait rien...

C'est à chaque fois pour moi une révélation

Voir l'âme des danseurs à travers leurs corps, à travers le langage chorégraphique qu'ils doivent sublimer...

Je reverai longtemps Aurélie Dupont, dansant l'Ombre... avec un vocabulaire d'une richesse que je ne lui soupçonnais pas... avec une sensibilité que je ne lui connaissais pas... avec une musicalité merveilleuse...

Ma soirée de ballet ne m'a pas enchanté par les ballets vus, mais bien par les interprêtes...

Du fond du coeur : Merci à eux!!!!


 

Les pleins feux de l'opéra de Paris, autrefois appelé " passeports" sont des répétitions publiques, et totalement gratuites,  qui ont lieu une fois tous les deux mois,dans l'amphithéâtre... on est a deux pas des danseurs et des chorégraphes ou maitre de ballet... c'est passionnant!!!

 

 


 

Les photos : suite en blanc, par l'opéra de Paris, finale

ballet biarritz, compagnie de thierry malandain

E Maurin, dans les mirages

 

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commentaires

S
<br /> <br /> Bel article, encore une fois... J'aimerais posséder votre culture chorégraphique pour pouvoir parler aussi bien des spectacles que j'ai l'occasion de voir.<br /> <br /> <br /> J'aimerais bien habiter à Paris, rien que pour voir ces répétitions gratuites ! Mais, à Rennes, si notre Opéra est le moins cher de France, ce qui est certes un avantage, il ne s'y donne que deux<br /> ou trois spectacles de danse par an. Comme il n'y a plus de corps de ballet depuis l'arrivée de la gauche à la mairie en 1977, l'Opéra doit inviter des compagnies extérieures. J'ai beau être de<br /> gauche, je trouve vraiment lamentable cette politique culturelle qui consiste à privilégier le hip-hop ou la danse contemporaine au détriment du ballet. Pas étonnant qu'ensuite on assimile la<br /> danse classique à une pratique de réacs.<br /> <br /> <br /> <br />
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