Cette photo est extraite du DVD Giselle avec Bessmertovna, Lavroski et Kozlova... production du Bolchoi, en studio, en 1975
Je ne pourrais expliquer ce que ce film représente pour moi, mais tous ceux qui ont vu adolescent une oeuvre cinématographie, -quelle soit chorégraphique ou non- qui les a marqué au plus profond de leur être au point de les accompagner toute leur vie me comprendront, je le sais!
En 1976, l'année qui a suivi ma première Giselle sur scène avec Noella Pontois, j'ai eu la chance de voir ce film à la télé, en noir et blanc, bien sûr : ce fut un choc esthétique très profond, tant sur le plan de la danse, ou j'ai réalisé toute la différence entre l'esthétique russe et celle de l'opéra de Paris, que sur le plan visuel : je suis tombée amoureuse du décor au clair de lune : ces grands aulnes,ou saules aux mille petites feuilles argentées qui tendent les branches au dessus des tombes et qui servent d'écrin à l'envol des willis se sont plantés dans ma mémoire à un point tel que c'est devenu une obsession!
Je n'ai eu de cesse depuis que de le revoir!!! mais trente ans avaient passé, quelle chance pouvais-je avoir? Comment retrouver ce ballet filmé, ou non,je ne le savais pas?
c'est mal connaitre les forum de danse où les passionnés échangent avec tant d'ardeur, que de croire qu'ils ne peuvent apporter de réponse à cette question : j'ai ouvert un topic où j'ai décrit l'oeuvre, les grands arbres, et l'année... et tout de suite un passionné de danse m'a dit : c'est sûrement la version du Bolchoi qui vous a marquée ainsi et sa plus belle interprète : Bessmertovna!
J'ai donc pris les références données et acquis le DVD...
Et bien, l'émotion est intacte, et j'ai tout retrouvé... trente ans après, et des dizaines de Giselle vues sur scène, je réalise que cette version est à mes yeux la plus belle que j'aie jamais vue : Giselle y est stupéfiante de légèreté, Myrtha fantastique, les willis impeccables, et Albrecht a aussi beaucoup d'émotion et une très belle danse au coté de Giselle...
Comme Proust, c'est tout un pan de mon passé qui jaillit et qui abolit la distance entre celle que je suis aujourd'hui, celle que j'étais alors, pour qui déjà la danse était le plus abouti des langages... un langage de l'émotion, du coeur, qui passe par un art collectif : rien ne peut surpasser l'envol des willis au clair de lune!!!
Malgré l'image un peu passée, malgré les productions magnifiques de l'opéra de Paris ou de la Scala, cette version que je me repasse en boucle m'émerveille, vous savez, avec ce pouvoir fabuleux des choses que l'on voit enfant; en principe, adulte, cet émerveillement ne revient plus jamais avec cette force de la première fois, ou alors en de très rares occasions : et bien là, c'est intact!
Que J. D. soit infiniment remercié ici pour m'avoir permis de retrouver la Giselle de mon adolescence et toute l'émotion profonde qui est attachée à cette oeuvre!!!
En outre, ce qui fait la beauté de ce film, est l'intelligence de la mise en scène : sobriété, mais respect pour le monde fantastique proche d'un G Friedrich, respect de la danse, pas de plan coupé ou mal monté, pas de gros plan en plein milieu d'une variation, la danse est lisible et clair...
Giselle, Bessmertovna, Lavrovski, Kozlova, version studio de 1975, Bolchoi
attention, il existe une version live de 1990,toujours avec Bessmertovna, mais filmée sur scène...!