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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

marie-taglioni-in-zephire.jpg

5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 08:37

guru-kelu.jpgQui mieux que Kelucharan Mohopatra – beau père de la sublime Sujata Mohapatra – peut parler de l’Odissi ?

Il est l’un de ceux qui ont lutté pour permettre à l’Odissi de renaître en Inde – alors que la domination anglaise avait éradiqué toute forme de danse jugée impudique. Ce danseur et guru est mort en 2004 après avoir  largement contribué à restaurer l’Odissi dès les années 1950. Peut-être que beaucoup de choses furent perdues, mais pas l’esprit de cette danse sacrée.

Kelucharan s’est appuyé sur les textes théoriques et sur les innombrables sculptures des temples de l’Inde du Nord et du Nord-est pour «  recréer » la danse Odissi.

Sans doute les chorégraphies qui se transmettent aujourd’hui de maître à élève et qui ont toutes ou presque été créées par lui,  n’ont-elles pas grand-chose à voir avec celles qui se dansaient il y a deux milles ans dans les temples. Sans doute la musique a-t-elle elle aussi beaucoup changé.

Mais l’esprit fondamentalement reste le même parce que la philosophie indienne s’appuie sur des choses qui sujata.jpgdemeurent les mêmes depuis plusieurs millénaires

Même si d’une école philosophique à l’autre il y a quelques différences, quelques nuances, le propos reste celui-là : tous les individus ne sont qu’un seul et même être relié à une conscience unique. Le sentiment du « Je » Ahamkaram, seul, donne l’impression d’être un individu séparé des autres, mais il n’en est rien.

 

A la lueur de cette explication, la déclaration de Kelucharan s’éclaire d’elle-même.  « The real dance must convey the feeling of undivided existence, that a spectator can feel that he is not different from the thing observed"

La vraie danse doit donner le sentiment de l’existence indivisée,  que ce que le spectateur peut sentir n’est pas différent de ce qu’il regarde.

 

madhavi.jpgAinsi, pour Kelucharan, le danseur permet au spectateur de se « souvenir » de son origine divine commune et de la vivre pendant la prestation du danseur.

On n’est donc plus dans un art de divertissement, mais dans une forme de prière dansée, ce qu’affirme Kelucharan :

 

« Odissi is not a mere dance form to entertain people but to inspire and elevate. I don't actually dance but pray in compassion and the spectators say that this `form' is dancing”

 

L’Odissi n’est pas une forme de danse pour divertir les gens mais pour les inspirer et les élever. Je ne danse pas mais je prie dans la compassion et les spectateurs disent que cette forme est de la danse

 

 

 

Les deux chorégraphies que j’ai étudiées – Mangalacharam et Battu m’ont permis de me familiariser avec la technique de la danse pure, et d’aborder un peu l’abhinaya ou «  mime » qui doit conduire le spectateur au rasa. C’est très difficile, le mime, car il faut naturellement faire quelque chose que l’on fait dans la vie  en y mettant la forme juste et l’émotion juste, sans surjouer…

 

Mon professeur a été formée par Magdhavi Mugdal, elle-même disciple de Kelucharan Mohapatra. Le style est pur, très simple et très beau. Et très difficile ! Tout est codifié, tout a une place précise : les doigts, les coudes, le menton, … tout l’art réside dans le fait de rendre cela «  naturel » et simple. Sans fioriture, ni chichi. Parviendrai-je un jour à y arriver vraiment ?

 

 

 

  

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