Voilà donc trois mois que j’ai commencé les cours d’Odissi ; et plus je comprends le sens des mouvements, plus je suis en « amour » de cette danse.
J’aborde la toute première pièce du répertoire qui s’appelle Mangalacharan et qui est une prière au Dieu Jagannath, à la Terre, à son guru, et au Ciel.
Jagan-natha signifie « seigneur de l’univers » ; c’est l’un des avatars de Vishnu, qui est le dieu tutélaire de l’Orissa
En fait, c’est l’une des manifestations de l’énergie de l’univers : Brahmâ crée, Vishnu met en place, et Shiva détruit… le tout en dansant
Cette triade indienne explique simplement mais d’une façon compréhensible par tous que l’univers a été créé « un jour », est actuellement en « existence et création » et reviendra tôt ou tard à sa forme première
On retrouve cette philosophie de façon complète dans le yoga à travers la notion de bindu, point qui peut se contracter à l’infini ou « s’expandre » à l’infini
Mais revenons à l’Odissi :
Cette prière permet de se « relier » à l’univers, à la Terre, au guru, aux Dieux ; on invoque Ganesh qui retire tous les obstacles, on honore l’assemblée s’il y en a une.
La notion de Guru est parfois mal comprise en Occident ; ce nom sanskrit signifie à l’origine « celui qui dissipe les ténèbres » ( Gu-ténèbres/ Ru – lumière)
Ce qu’ont en fait tant les Indiens (avec les Ashrams) que les Occidents au XXème siècle, avec l’apparition d’Ashram plus ou moins « folkloriques » est une déviation du sens premier
Dans la forme de yoga que je pratique, le « guru » est un passeur ; autrefois, il y a bien longtemps, dans l’Inde du Nord, avant l’arrivée des Aryens et de leurs castes, il n’y avait ni disciple (chela) ni guru, ni ashram, mais des passeurs de connaissances qui transmettaient leur savoir à qui les demandaient ; cette transmission se faisait de « guru » à individu, sans notion aucun de « collectivité » ; en remerciement, le « chela » pouvait aider le « guru » ou échanger sous forme de troc ce qu’il avait à donner ; il n’y avait aucun impératif de « service », de « chela corvéable à merci » le mot aujourd’hui sous-entend bien des choses que ne contient pas ce mot sanskrit
La première pièce s’appelle donc Maganlacharam
Elle débute par une marche, les mains en corolle portant l’offrande de fleurs
Dès la marche, le corps ondule, son poids passe d’un pied sur l’autre en Tribangha. Le déhanché se marque tantôt à droite ou à gauche, tandis que le buste va dans le sens opposé et que la tête suit le mouvement. Cette marche est suivie d’une frappe de pied, puis commence la salutation elle-même.
Les mains utilisent plusieurs mudra pendant cette salutation : tripataka, anjali, chaturrah, etc…
Outre le travail de cette première pièce qui permet de s’imprégner de l’esprit de la danse Odissi, je continue à apprendre mes exercices ; d’ici le prochain cours, je devrais avoir fini l’apprentissage de base qui restera, comme pour les gammes, le travail à répéter quotidiennement si possible
Voici une video; la chorégraphie est dansée ici par Sujata Mohapatra : http://www.youtube.com/watch?v=1wX5yHh6DHc
Je me repasse en boucle cette video... !
valbeck, 27 juin 2010