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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

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3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 10:33

Les photos viendront plus tard!

 

 

 

La danse à tout prix, émission de France 2 du 26 décembre 2012

 

 

 

   Quelle curieuse idée de diffuser si tard ce reportage  grand public  si plaisant, si fascinant, qui pendant quelques mois a suivi quatre danseurs du corps de ballet de l’Opéra de Paris : François Alu, Pierre Arthur Raveau, Héloïse Bourdon et Léonore Baulac.  L’idée étant de filmer le quotidien de ces jeunes jusqu’au fameux concours de promotion qui a lieu chaque année, et qui, seul, permet à un danseur de changer de grade.

Il y a quatre états dans le corps de ballet :

Quadrille (Léonore Baulac)  coryphée (François Alu) sujet ( Héloïse Bourdon – P. A. Raveau)  Premier danseur. Les premiers danseurs ne passent pas de concours pour devenir étoile. On devient étoile sur proposition du directeur de la danse, et avec accord du directeur de l’opéra de Paris.

Pour ce concours, le danseur doit interpréter une variation imposée commune à tout son grade, et une libre. Souvent l’imposée montre ou non sa maîtrise technique un jour de concours, tandis que  la libre  révèle plutôt son potentiel artistique. Pour travailler celle-ci, le danseur sollicite parfois un danseur de la compagnie qui l’a déjà dansée en spectacle, donc  une étoile ou un premier danseur. Qu’on ne s’y trompe pas : le temps de travail est toujours très rapide à l’opéra. Les danseurs n’ont droit – au mieux – qu’à quelques heures de travail réparties en une ou deux séances de travail.  


  P.A. Raveau travaille seul en studio sa variation de l’Oiseau de feu de M. Béjart avec l'aide d’une vidéo. Les danseurs sont tellement habitués à  apprendre et à mémoriser les pas que n’est pas là pour eux l’essentiel de leur travail. Il s’agit avant tout de s’approprier le style de la variation pour pouvoir l’interpréter au plus juste, exactement comme dans ces concours de musique où la grande difficulté reste l’interprétation et non pas le «  texte ».

A noter qu’il y a trois oiseaux parmi les candidats : un cygne blanc (Bourdon), un cygne noir (Baulac) et un Oiseau de feu. Le présentateur explique simplement ce que représente chaque variation. Le ton est simple, il s’agit d’intéresser le « grand public » à des danseurs d’un autre   "temps » : ceux de l’opéra de Paris. Et si le ton est agaçant, le reportage lui, est très vivant et bien fait.

 

 Certains danseurs restent toute leur vie dans le plus petit grade, «  quadrille »  que les danseurs intégrent à leur sortie de l’école de danse, s’ils réussissent le concours d’entrée, ce qui est loin d’être «  automatique ». Agés de 16 à 20 ans, très jeunes,  la plupart continuent à vivre s’ils le peuvent dans leur famille.  Rester toute sa vie quadrille signifie faire uniquement du  corps de ballet, ce qui doit être très difficile moralement, surtout qu’année après année, des jeunes de danseurs de 16 ans intègrent le grade qu'ils quittent au bout d’une année ou deux, ou trois, suivant.

Quand un danseur devient sujet – et parfois aussi avant -  il accède à des rôles de demi-soliste ou de soliste.

Inutile de rappeler ici que Noureev qui n’a jamais connu cette hiérarchie à Vaganova où, arrivé à 17 ans, il s’est propulsé directement dans la dernière classe avant de devenir très vite soliste, ne l'a jamais respectée  à l’époque où il dirigeait la compagnie.

 

Nous suivons donc tout au long de l’émission qui désire maintenir le suspens jusqu’à la fin sur le résultat du concours, ces jeunes gens fort sympathiques que j’ai découverts avec beaucoup de plaisir.

Je découvre avec stupéfaction qu’il est tout aussi difficile de trouver un studio libre pour répéter que pour n’importe quel danseur lambda ; même à l’opéra. Ainsi, y a-t-il des séances de travail ultra-matinales (Baulac avoue s’être levée à 6heures pendant toute cette période pour travailler) ou bien jusqu’à l’heure des spectacles ; car pendant ce temps, la compagnie continue de se produire sur scène.

En réalité, le travail de captation a commencé à la fin de la saison précédente (une saison à l’opéra se finit mi-juillet pour reprendre courant septembre, vers le 20) et l’on peut voir ainsi P.A. Raveau travailler la fille mal Gardée, où il danse un rôle de soliste : Colas. (Avec M. Froustey pour partenaire). Le montage a décidé de garder le travail de P.A sur le « manège » qu’il exécute au cours d’une variation. Un manège - morceau de bravoure d'une varation - est une série de pas qui alterne différents grands sauts entrecoupés parfois de pirouettes de liaison, en formant une ronde de très grande amplitude.  P. A. cherche  dans l’espace l’endroit précis où il doit finir ces sauts en boucle. Par deux fois, il tombe. Et oui,  sur scène on les voit s’élancer, ça semble évident…. Et pourtant.

Très sympathique, Pierre Arthur Raveau  joue aussi du violon et du piano, plus que très bien ! Il exécute brillamment le finale  d'une sonate de Beethoven. Où trouve-t-il le temps? Vraiment doué pour la musique aussi! 

Le jour J, on ne le verra pas comme les autres d’ailleurs exécuter sa variation et je le regrette. Entre temps, on l’aura suivi chez lui, compati devant l’affreux petit déjeuner qu’il ingurgite pour avoir de l’énergie pendant six heures, suivi dans les ateliers de costume où il découvre horrifié que le costume de l’oiseau de feu exige un corps «  sans un poil de graisse ».  On apprend – et je m’étais toujours posé la question – que les costumes que revêtent les danseurs le jour du concours, sont ceux faits sur mesure pour les danseurs de la compagnie qu’on leur prête. Le danseur en essaie donc plusieurs –   celui de Mathieu Ganio puis de Karl Paquette - On ne verra pas avec qui il travaille la variation et je ne suis même sûre qu’il y ait eu quelqu’un.   «  Il faut que je demande à un danseur pour la position des bras, car j’ai trouvé deux vidéos avec des positions de bras différentes » déclare-t-il. Un peu plus tard " J’ai demandé à un danseur pour les bras, je sais à présent quelle position choisir" dit-il un peu plus tard. A-t-il pu répéter sa variation avec un danseur en particulier? Rien n'est moins sûr!


P.A. Raveau   n’a pas été promu cette année (mais il a été classé second, ce qui veut dire que s’il y avait eu deux postes, il serait devenu premier danseur) mais il a dansé cet hiver, parait il avec grand talent,  Don Quichotte avec M. Froustey.

Une personnalité vraiment attachante et un beau talent artistique à suivre!

   

 

Léonore Baulac, 22 ans, passe le concours pour devenir coryphée pour la 4 fois ou 5 fois il me semble ;  pétillante, bourrée d’énergie et d’enthousiasme, on devine quand même à mi-mots que le découragement n’est pas loin, mais qu’elle se l’interdit purement et simplement en poursuivant coûte que coûte son rêve de devenir «  étoile ».  Sa mère semble être d’un grand soutien moral dans ces moments toujours difficiles et douloureux de concours et de compétition entre danseurs. Elle a choisi une variation libre difficile  afin de prouver qu'elle "a de l'ambition et qu'elle a de l'audace". Aurélie Dupont la guide dans son travail pour qu'elle devienne un Cygne noir machiavélique! C’est toujours extraordinaire de voir ce travail de transmission, de réaliser à quel point un rôle passe d’un corps à un autre uniquement par le geste. De découvrir même quand on connaît par cœur ce répertoire des petits détails supplémentaires, et surtout de voir ce que toutes ces variations classiques donnent sur des corps différents. Léonore est jolie comme tout, avec de longues lignes de bras et de jambes, elle a une spontaneïté naturelle, un piquant, un quelque chose de frais et de juvénile. En parallèle de sa préparation au concours, elle répète la chorégraphie Sous apparence de M.A Gillot qui l’a choisie. Baulac, comme beaucoup d’autres danseurs, travaille beaucoup de danse contemporaine et visiblement aime cela autant que le répertoire classique. En répétition, son cygne noir semble beau, mais  là encore impossible de voir la variation en entier !


Toute autre ambiance de travail avec la sage Héloïse Bourdon qui répète sous l’œil avisé d’Agnès Letestu la variation du Cygne Blanc ; c'est à dire le pôle «  douceur » tandis que Baulac a opté pour le plus «  méchant » : ces deux rôles extraits du Lac des cygnes sont dansés par la même danseuse : Odette, la douce princesse prisonnière du magicien Rotbart devient Odile, la créature diabolique créée par ce même magicien pour abuser le prince.

Ce reportage m’a permis de découvrir des facettes d’Héloïse qui m’avaient vraiment échappé à chaque fois que je l’ai vue en scène. Elle a déjà eu droit à des rôles d’étoile, puisqu’elle a dansé au printemps dernier Nikya, dans la Bayadère. Je l’ai récemment vue dans Don quichotte cette année en Reine des Dryades et au printemps dernier dans la première ombre ; j’ai eu un jugement sévère. J’en ai presque «  honte » en découvrant une danseuse douce, douée, et travailleuse… Ah, public !!! Nous sommes intransigeants !

 

C’est pour cela, comme le disait si bien le jeune reporter du film « Presque célèbre », il ne faut jamais devenir intimes avec les artistes, si l’on veut écrire des comptes rendus impartiaux ! Les connaître peut retirer la précieuse objectivité! 

 

Héloïse  posée, studieuse et réservée a des lignes de bras et de jambes, longues et belles. Souvent, d’ailleurs, certains rôles curieusement, rendent mieux en répétition qu’en    costume :   comme si ce travail brut avait une force, une puissance qui s’atténue ensuite en scène,  une fois  intégré au ballet. Je me suis souvent fait cette remarque en assistant à des « passeports » : m’émerveiller sur un danseur et sur une variation qui «  retombe » transposé à la scène.

 

Ni Léonore, ni Héloïse, ni P.A. ne seront promus cette année. L’émission tient le suspens jusqu’au bout et montre la réaction de ces trois danseurs ; habitués qu’ils sont à ce type de concours depuis l’école de danse – on y a d’ailleurs fait un petit tour grâce à Héloïse où l’on découvre l’exigüité des chambres de trois, que trois petits boxes cloisonnent («  on a intérêt à bien s’entendre »  commentait laconiquement Héloïse) – ils ne montrent pas leur immense déception à la caméra. P. A Raveau  se dit  plutôt content de sa seconde place; L. Baulac continuera son travail acharné puisqu’elle veut atteindre le sommet, et H. Bourdon  s'incline avec élégance "devant  la meilleure danseuse qui a obtenu le poste".

 

Si, comme l’expliquait Bourdon, «  on a intérêt à bien s’entendre   quand on partage les petites chambres de l’école de Nanterre »,  j’ajouterais, comme l’expliquait si bien Tavernier dans son film «  Tout près des étoiles » qu’il est impératif de bien s’entendre «  tout le temps » car au moment des concours, ce sont vos collègues qui peuvent être amenés à vous noter. Et danser ensemble, travailler ensemble demande cette entente permanente, au moins sur le plan de la forme.

 

Je n’ai pas parlé encore François Alu ? Mais oui, bien sûr ! Ce jeune danseur de 19 ans a gravi pour l’instant tous les échelons sans problème. Et il sera le seul des quatre à être promu et à devenir  "sujet ».  Sa mère, professeur de danse,  lui   montre un jour une vidéo de P. Dupond pour lui faire comprendre ce qu’est la danse classique masculine – il a des préjugés -   c'est le coup de foudre. Il essaye d’apprendre les variations….  tout jeune, il se lance, fait les mouvements, puis peu à peu, avec le temps, il  les décortique, à cherche  à les comprendre, à les analyser : bigre, il a déjà une sacré maturité pour son âge !  Ce jeune passionné aime tout autant le hip hop que danse professionnellement l’un de ses cousins.

Au cours du reportage, F. Alu se blesse au pied et doit s’arrêter de danser. Quinze jours avant, il reprend le chemin de l’opéra sans savoir   s’il pourra passer le concours. Lorsqu’il revient travailler, c’est une période à la fois de remise en route du corps, mais aussi de préparation au concours ; il a toujours un ligament qui lui fait mal. Il ne peut même plus trouver de studio de répétition libre, ce qui fait qu’il travaille sa variation libre - Le Solor de la Bayadère - pendant les cours collectifs… où on le voit briller. Il a les pires conditions de préparation qu’on puisse imaginer : le corps n’est pas prêt, il n’a pas d’endroit où répéter seul, ni se faire conseiller.

 

Vu cet hiver dans Don Quichotte, c’est surtout l’intelligence de sa danse qui m’a stupéfaite. Il comprend réellement les pas qu’il danse et du coup, leur donne une nuance personnelle sans trahir le texte ; il a de grandes qualités dans la propreté des pas, dans l’exécution des pirouettes, dans le moelleux de ses sauts. Son élasticité naturelle, un peu comme Leriche, lui permet de varier la vitesse d’exécution, ralentissant un saut, accélérant une pirouette, le tout donnant un naturel à sa danse étonnant !

 

 

Alors oui, l’émission avait un ton irritant, a toujours revenir sur «  qui, des 4, réussira le concours ? »….

Mais malgré tout, j’ai aimé le côté moderne de ces jeunes gens, et c’est ce genre d’émission qui peut   amener tout un public à s’intéresser au ballet de l’opéra. Juste dommage pour l’heure tardive ! J’ai bien sûr enregistré ce reportage qui va rejoindre mes nombreuses archives !!!!

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commentaires

D
<br /> bonjour<br /> <br /> <br /> je cherche a avoir ce documentaire "la danse a tout prix" et je ne le trouve plus <br /> <br /> <br /> pouvez vous m'aider ?<br /> <br /> <br /> merci <br />
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S
<br /> <br /> Hélas, non, je ne peux pas vous aider! j'en suis désolée!<br /> <br /> <br /> <br />