A la lecture de l'excellente biographie de Giovanni Lista, plusieurs réflexions sont nées que je me pose depuis un certain temps :
qu'est ce que la danse? pourquoi appeler danse des formes d'expression théâtre qui finalement font la part minime au mouvement, et plus a des concepts? Comment définir ce que les Américains appelent le " high art" et le " low art"? Beaucoup ce clivage entre un art élitiste et un art populaire?
Et surtout, est ce que toutes ces étiquettes sont vraiment importantes?
Le geste seul ne suffit-il pas?
N'en étant qu'au tout début de la biographie, je reviendrai sur cette artiste, dont je ne désire pas faire le portrait : lisez plutôt la biographie!
Aujourd'hui, je veux seulement casser ( grâce à Giovanni!) l'image trop lisse de cette danseuse des Folies Bergères dont on dit toujours " c'était une pionnière" sans expliquer pourquoi.
Sincèrement faire voler des tissus aux folies bergères, où est la gloire? Ce n'est pas parce que Lautrec, Rodin, les Symbolistes ( dont Mallarmé en tête) se sont entichés d'elle, que celà suffit!
Tout a commencé en Amérique!
Oui, Loie est bien américaine : oui, elle a fait carrière à Paris, sa patrie d'adoption, où elle mourra.
Depuis l'enfance, elle rêvait de gloire à n'importe quel prix, s'est essayée au théâtre, au chant, a été "girls"... a loué à Londre un théâtre pour y monter Shakespeare ( une catastrophe!) avant de retourner aux états unis sans le sou mais avec un mari financièrement très compréhensif...
bref, sa vie, à ses débuts, est un modèle de ratages, d'échecs, de vaches maigres, mais d'opiniatreté et de ténacité, jusqu'au jour où, par hasard, dans une des pièces de théâtre qu'elle jouait en tournée aux états unis ( et qui une fois encore sera un échec lamentable à New york) elle agita sa longue robe derrière la tête, dans une scène de spiritisme, et le public se mit à dire à haute voix " un papillon! une orchidée!" parce qu'il voyait des images naitre de sa longue longue robe blanche.
Là où Loie a du génie, c'est qu'elle comprend aussitôt que son succès est là, car ensuite, en répétant la scène, c'est fois ci bien consciemment, le public réagit à chaque fois de la même manière et la pièce n'a du succès en province que parce que le public désire voir cette scène de spiritisme.
Avant ce moment inoubliable, Loie s'était déjà entrainée au maniement de la jupe dans un genre qu'on appelle " skirt dance" et qui avait déjà à l'époque beaucoup de succès : la jupe, très évasée et très longue, était maniée en utilisant les effets de drapés, de mouvement. Elle a eu l'instinct de l'utiliser plus ou moins consciemment dans la pièce de théâtre pour donner plus de sens à la scène qu'elle jouait.
Elle va aussitôt exploiter ce " filon" mais d'une manière totalement rigoureuse jusqu'à ce qu'elle trouve quelque chose d'unique : tout de suite, elle a l'idée de travailler la lumière ( l'électricité est là!) et le fond de la scène.
Et puis, c'est le succès à New york, le départ pour Paris, et son engagement aux Folies Bergères, elle qui rêvait de l'opéra de Paris :
Nous y sommes!
Loie et les Folies Bergères
A partir de là, elle va travailler sans relâche, jour et nuit, déposer de nombreux brevets avec des systèmes sophistiques d'éclairages : fontaine lumineuse sur laquelle se tient la danseuse, scène avec des caissons de verre sous le plancher où sera mis des éclairages; boules de verres accrochées ou plafond et sur les murs ou se réfletera la lumière, fond noir ( ce qui ne se faisait jamais à l'époque)
Elle dépose aussi un brevet où le tissus est tendu sur deux batons recourbés en leur bout.
Et elle travaille avec une équipe de 27 électriciens, plus les autres techniciens, ce qui fait une équipe de 40 personnes, qui l'accompagnent dans ses recherches jusqu'à 6 heures du matin parfois!
à suivre!!!!