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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

marie-taglioni-in-zephire.jpg

19 novembre 2006 7 19 /11 /novembre /2006 08:07

 L'année dernière, j'étais tombée sous le charme de Sasha Cohen, une patineuse américaine de grand talent, très belle sur la glace, avec un charme bien à elle...

Cela m'a donné envie de retourner voir ce trophée, qui remplace depuis quelques années le trophée Lalique...

Deux groupes de 6 filles se sont succédés sur la glace, le second groupe étant de loin bien sûr le plus impressionnant!

C'est toujours magique de voir du patinage en direct : il y a la vitesse de la glisse qui n'apparait pas à la télé, le "live" qui change tout pour la compétition, et puis surtout, il y a .... le bruit des patins!!!

Cela donne irrémédiablement envie d'en chausser et de sauter sur la glace pour aller faire quelques glissades....

Cette année, pour moi, la révélation est encore... une Américaine ( il  n'y avait pas de russe) qui se nomme Kimmie Meisner.

rayonnante sur la glace, elle est arrivée troisième hier au trophée. Elle possède ce que j'aime chez les patineuses : une vraie belle personnalité qui s'exprime par le charme, la féminité, la grâce, sans faire oublier le principal : la technique, la rapidité d'exécution des pas, la vitesse de la glisse, l'élévation des différents sauts que les canditates doivent impérativement caser dans leur programme...

Elle m'a vraiment profondément marquée, comme sa compatriote sasha l'année dernière.


C'est un petit prodige Coréen de 13 ans qui a remporté le trophée hier : Melle Yu Na.

Là, s'impose tout de suite le mot : virtuosité. Tout est si rapide, si précis, si méthodiquement en place... c'est impressionnant. Toute frêle, son patinage n'en manque pas pour autant de force... Elle a tenu ses quatre minutes de programme sans faiblir à la fin comme bien des candidates qui terminent laborieusement le programme avec un patinage tout mou, tout lent, et plus de " jus"

Elle non : fraiche comme une rose, plaçant jusqu'au bout ses tours....impresionnante!


et puis je finirai ce petit compte rendu par la deuxième, la très joli japonaise Miki Ando : 

 

C'est un détail, mais en plus, sa tunique était vraiment superbe : d'un beau noir profond, avec de magnifiques strass argentés.... elle nous a gratifié d'un beau patinage, d'une vraie belle élégance aussi...

Elle était arrivée première au Skate America créant la surprise, la, la Coréenne la doublée...


Malgré toutes ses belles qualités, je n'ai pu que regretter Sasha Cohen...

Allez encore une petite photo...


Ne ratez pas tout à l'heure à 16h 15 les exhibitions sur la patinoire de Bercy retransmises en direct sur france 3!!!
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11 novembre 2006 6 11 /11 /novembre /2006 16:45

 Il y a un peu moins d'un siècle se terminait l'une des plus horribles guerres que l'humanité ait traversé... si on ouvre la TV, on voit bien qu'il y a toujours aujourd'hui de multiples endroits en guerre, où les droits de l'homme sont bafoués, et où l'etre humain se bat simplement pour survivre...

Mais cette guerre mondiale a une résonnance un peu spéciale dans ma tête...

Pourquoi cet article?

Parce que sur les chaines nationales, aucun film, documentaire ne sera diffusé... est ce révoltant?

je ne sais pas... il y a peut être un temps pour passer à autre chose... sauf que je ne le peux pas, parce que je suis née à Verdun... où sont tombés un million d'hommes... alors, j'écris cet article... pour eux...

Quand vous avez cinq ou six ans, et que vos grands parents vous emmène à l'ossuaire de Douaumont  ou des millions d'os non identifiés sont exposés, et à son cimetière de plusieurs milliers de croix, vous êtes marquée à vie, surtout quand ces mêmes grands parents, arrières grands parents ont traversé deux autres guerres avant la seconde ( 1870 entre autres)

Alors votre imaginaire crée une sorte de mythologie personnelle, vous finissez par connaitre cette période mieux qu'une autre, presque à l'aimer, et à avoir une tendresse toute spéciale, une compassion insensée pour tous ces hommes, français, russes, allemands, Belges, etc... sans parler des Africains... qui ont vécu l'indescriptible

Deux cinéastes ont réalisé avec un tact exceptionnel et une humanité extraordinaire des films que j'aime par dessus tout :

 

 

Ce film qui se passe en 1920 met en scène un militaire qui se bat pour qu'on oublie aucun des morts de la guerre : inlassablement, il cherche, fait des fiches, tient des comptes... son destin croise une femme qui précisément recheche l'un des nombreux disparus de cette guerre... c'est humain, bouleversant, d'une force inouie et d'un tact absolu... quand ses chefs exercent une pression sur lui pour qu'il triche un peu avec les chiffres, lui résiste, farouche, intègre, plein de compassion pour ceux qu'on veut oublier...

Je l'ai vu une bonne dizaine de fois...


 

 

L'autre film, la chambre des officiers, qui lui, se passe "à l'arrière", à Paris, montre le quotidien et le combat insensé que mènent medecins, infirmières et estropiés de la guerre pour guérir, puis ensuite, pouvoir continuer la vie malgré leurs affreuses blessures... " les gueules cassés", les appelait-on...

billet de loterie dont une partie des bénéfices allaient à ces gueules cassées, petite,j'en achetais... et le nom de ces billets m'effrayait..

La encore, tact, humanité...

 

 Le personnage du film qui a eu tout le bas du visage arraché va rester plus de quatre ans à l'hopital... il reste dans une salle ou d'autres officiers, tous estropiés, mutilés comme lui, se battent pour survivre... mais ensuite, comment faire pour retourner dans le monde avec une moitié de visage???


 

Quand j'avais quinze ans passait aussi à la télé en feuilleton "les Dames de la côté" de Nina companez qui montrait le quotidien des femmes laisséesà l'arrière... je pense qu'aujourd'hui je trouverai le feuilleton vieilli, mais je l'ai tant aimé!!!

Je pourrais aussi évoquer "les croix de Bois" qui m'a fait verser d'énormes larmes d'enfant un dimanche après midi...

Ou bien le Feu de Barbusse.....

 


 

Artistiquement, en 1913, c'est la barbarie du Sacre du printemps qui explose, comme si Stravinsky et son sacrifice humain avait pressenti ce qui attendait l'humanité...

 Dans les années1920  triomphe Joséphine Baker et la Revue Nègre....

Les années folles succèdent à la folie meurtrière des hommes...

On ne peut évidemment pas, comme dans la Chambre Verte de F Truffaut, film que j'aime aussi profondément, ne vivre que dans le passé, et indéfiniment se souvenir des Morts, des disparus... mais cette journée, ce 11 novembre que tout le monde est bien content d'avoir comme jour férié, mérite quand même que les médias en parlent encore un peu à des heures de grande audience...

C'est chose faite pour moi avec cet article

 


 

 

 

Le cimetière de Douaumont et ses milliers de croix....

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1 novembre 2006 3 01 /11 /novembre /2006 20:23

 Sur la corde rêve, il pleut des cordes, le diable aux cordes, corps à cordes...

tous ces titres ne vous disent rien??? Comment???

Alors, vite, vite, allez dès demain au théâtre de Paris... allez les voir, aller rire... mais surtout, allez écouter quatre merveilleux musiciens qui surfent librement sur Jimmy Hendricks, Bach, la chanson de la Renaissance, Charles Trenet, Louis Armstrong, M Jackson, la musique yddish, Vivaldi, le music hall... les chansons enfantines...et j'en passe...

Si vous avez pris la musique classique en grippe, allez  voir tout ce qu'il est INTERDIT de faire au conservatoire à des instruments à cordes  : grimper dessus, les mettre entre les jambes, se les lancer, jouer avec des peignes, taper sur la caisse, et bien d'autres choses encore!!!

Clowns, acrobates, ils sont aussi quatre merveilleux chanteurs...

je ne les lâche plus depuis que j'ai vu un jour par hasard cette affiche dans le métro :

 

J'avais le cafard, j'ai vu l'affiche, j'y suis allée... et non seulement j'ai ri de tout mon coeur, mais surtout j'ai été bouleversé par l'amour de la musique qu'ont ces quatre gars là  : un amour total, absolu, immense, et SANS frontière. Ils aiment la musique point. Pour eux, pas de petite ou de grande musique, non, de la musique, tout simplement...

Dès qu'ils cessent leur pitrerie et fondent leurs cordes les unes aux autres ( en plus, leurs arrangements sont gé-niaux!!) on n'a qu'une envie : les écouter encore et encore au bout de la nuit!!!!

L'un des violonistes a fait partie à ses débuts du groupe Malincorne : il sait jouer de tout! c'est lui qui signe la plupart des arrangements, et vraiment : bravo; il est musicien de la racine des cheveux à la pointe de l'archet ( qu'il s'amuse d'ailleurs à dépiauter avec une joie enfantine!!!)

Chacun de leur spectacle est non seulement un fabuleux bain de rire, de musique, mais aussi une grande leçon de poésie

J'adorais dans l'un de leurs spectacles, voir les instruments sur les chaises, là où les avaient laissé les musiciens, faire semblant de dormir, et dès la lumière éteinte, se mettre à parler entre eux : un pur moment de poésie et de tendresse...

Bien sûr, leur complice Alain Sachs, les met admirablement en scène...

Mais c'est la musique qui, avant tout, est la vedette!

 

 

 

 

 

 

Pendant deux heures que l'on ne voit pas passer, ils jouent, chantent, dansent, créent des pyramides humaines désopilantes, tiennent leurs instruments dans toutes les positions imaginables ( et mêmes les autres) mais surtout, naviguent avec aisance dans tous les mondes musicaux...

En cela, ils m'évoquent beaucoup Marianne James, l'ex " Ulrika von Glotte" que j'ai été applaudir plus d'une fois : elle aussi avait cette capacité, dans un spectacle comique, a faire siens tous les univers musicaux...

Ulrika me manque beaucoup, mais heureusement, Le Quatuor ( symbole parfait de la musique classique!!!) a, je l'espère de tout coeur, encore de longues années de route commune...


A la fin du spectacle, un petit creux?

il y a un petit traiteur libanais à deux pas!!!! falafel, hoummos, et taboulé... divins!!!

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2 octobre 2006 1 02 /10 /octobre /2006 17:37

 Après vous avoir parlé de Robert Plant et d'Alexandre Taraud, et bien, un nouvel article qui n'a rien à voir avec la danse ( quoique!) et qui cette fois ci va concerner le double chef d'oeuvre de Tolstoi et de Serguei Bondartchouk...

J'ai découvert Guerre et Paix de Tolstoi assez jeune, lorsque j'avais 16 ans... et cela a été un tel coup de foudre entre le livre et moi que depuis je le relis très régulièrement... peut être l'ai je relu sept fois depuis... et toujours avec le même plaisir...

D'ailleurs, en ce moment, devinez... eh oui, je le relis!

comment peut on lire un livre sept fois, me direz vous?

Et bien, tout naturellemnet, lorsque l'on tombe amoureux de tous les héros du livre,les petits et les grands, les nobles et les humbles, car tous sont terriblement humains... ( Natacha, Pierre et  le Prince André, en tête, et puis sa soeur Marie, leur père, la famille Rostov au complet... Moscou, Koutouzov, et même Bagration, Touchine et Platov, héros du petit peuple russe au si tragique destin, et d'une telle humanité)

Je ne peux plus me passer d'eux...

détail d'un visage d'artilleur dans un plan général

Comprenez, je ne relis pas un livre : je rends visite à ses hôtes, je vais voir s'ils vont bien, s'ils ne s'ennuient pas dans ces 1200 pages...

Ils me rendent au centuple ma visite... je retrouve la même émotion, le même plaisir à lire la plume de Tolstoi qui est tout sauf complaisante, qui a un sens de l'observation sans faille et qui surtout sait mêler destins individuels ( les petits soldats en campagne, avec leurs misères et leur joie, leur faiblesse et leur bravoure, ses héros, comme le prince André qui oscille entre austérité et quête du bonheur, ou bien le naif mais génial Pierre qui cherche un sens  à sa vie, et le trouvera en captivité au côté de Platov, et puis la magnifique Natacha, qui évoque l'âme russe à elle seule ) à la Grande Histoire ( celle des guerres napoléonniennes jusqu'à la prise de Moscou par Napoléon et sa destruction par un immense incendie)

 

scène d'action d'un réalisme époustouflant, sans esbrouffe.

Deux grandes périodes marquent ce livre : Austerlitz et 1812, date de l'invasion de la Russie par Napoléon.

Tout cela m'est très familier puisque adolescente, j'avais commencé à écrire l'histoire d'un soldat, la veille d'Austerlitz et j'avais tenté de décrire ce qu'il ressentait en regardant les feux de bivouac la veille de la bataille. Curieux pour une jeune fille, non?

D'habitude, on écrit plutôt des romans d'amour à cet âge là!

 


 

Bref, aussi, vous n'imaginez pas ma surprise lorsqu'un jour, dans un magasin qui vendait des videos pas chères, je vis deux cassettes de guerre et paix par un cinéaste totalement inconnu : Bondartchouk.

Illico presto, je les achetais

J'avais vu la ridicule version américaine avec Hepburn et Mel Ferrer, pitoyable, mais sauvé du désastre par la grâce d'Audrey...

Cela ne pouvait donc pas être pire...

 


 

Natacha chez son oncle, danse une danse populaire russe, d'instinct.

Mon Dieu!!! Quel choc!!!

Voilà l'un des plus beaux films que j'aie jamais vus! ( et que la version américaine a pillé!!!!)

Oh, ne vous attendez pas à un style narratif conventionnel, ni à quelque chose de lyrique,  non. Ce film est complètement inspiré, complètement mystique, avec tous ces mouvements de caméra vers le ciel, les nuages... quand au coeur de la bataille, la caméra s'élève, montre l'embrouillamini des cosaques, de l'artillerie, des fantassins, des canons éparpillés, des chevaux rendus fous et sans cavalier,  pour gagner le ciel... j'ai des frissons

Quand Natacha assise sur son balcon parle du bonheur et que la caméra vous emporte au dessus des prés et des bois russes la nuit, survole une rivière ou se reflète le clair de lune, j'ai des frissons...

Quand le Prince Andre, grièvement blessé et mourrant, fait ce rêve terrible de la mort qui frappe à sa porte, et que là,  la caméra côtoie le surréalisme, j'ai des frissons...

Les personnages sont brossés sans chichis, sans fioriture, ils sont nets, carrés. Les dialogues sont respectés, de même que l'histoire.

Et puis... les scènes de bataille... sont gigantesques. Borodino à lui seul dure près d'une demi heure...

Les mouvements de caméra rendent l'individuel et le collectif d'une manière magistrale.... tout comme Tolstoi à su l'écrire, le décrire...

Ce film génial a été réédité en cinq dvd... il est en train de devenir un film rare. On me l'a offert pour mon anniversaire, je ne pouvais rêver plus beau cadeau.

Je ne serai plus obligée de naviguer avec mes vieilles videos, et en plus, je peux avoir les voix russes...

 


 

Le plus étrange, dans tout cela, c'est qu'il y a une scène de duel entre Pierre et Dolokhov que j'ai reconnue pour l'avoir vu enfant à la télé quand j'avais sept ans. Ma mère devait regarder ce film qui passait en feuilletons à midi... et je me souviens tout à fait que j'étais interloquée, bien que ne comprenant pas bien ce qui se passait... je me rappelle encore le regard de Pierre refusant le duel, mais s'apprêtant quand même à s'affronter à DOlokhov... il  m'était entré dans le coeur, et je m'en suis toujours rappelée...

Sans le savoir, j'étais déjà tombée amoureuse du Guerre et Paix de Bondartchouk à cet âge là... je ne savais pas que je le retrouverais trente ans plus tard dans un video-magasin à Paris...

Quand j'y pense, la télé des années 1970 passait des merveilles à l'époque...   je ne l'imagine pas du tout passant ce genre de film en feuilletons aujourd'hui...


 

 

Bref, cette oeuvre est marquée d'une double humanité, celle de Tolstoi, celle du génial réalisateur qui a réalisé ce film en plus de quatre ans...

Les deux sont dans mon coeur, à tout jamais...

si le coeur vous en dit, plongez à votre tour dans ce monde si sensible, si humain, où la vie, fragile, côtoie le pire et le meilleur en ce monde....

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16 septembre 2006 6 16 /09 /septembre /2006 06:58

  Rodin a toujours aimé les femmes, qu'il immortalise dans la pierre, d'où émergent des corps nus, enlacés, à la sensualité débordante, un peu lourds parfois, mais merveilleusement sculptés et comme vivants.

Aussi, lorsqu'il découvre les danseuses khmères lors de leur passage à Paris en 1906, c'est une nouvelle révélation qui s'offre à lui. Il reçoit un vrai choc, profond, qui lui ouvre les portes de quelque chose qu'il a toujours poursuivi en sculptant et qu'il va cette fois fixer par le dessin.

Ces danseuses sont en France pour deux raisons. D'un part, Sisowath 1er vient d'être couronné roi du Cambodge, et en tant que souverain, il fait des visites officielles en France, d'autre part, la France est à l' apogée de sa puissance coloniale et organise des " expositions universelles". Celle de Marseille, en 1906,  consacre à l'Indochine sa plus grande section. Ces expositions sont un véritable outil de propagande pour la politique coloniale et attirent des millions de visiteurs.

 


 

 

 

pavillon du Cambodge à l'exposition universelle de 1931



 

 

 

Le roi s'est donc déplacé avec ses danseuses, a été reçu à Paris, puis s'en est retourné  à Marseille pour embarquer pour le Cambodge.

Rodin le sait, saute dans un train à sa suite sans papier, ni pinceaux ni rien, et va pendant six jours, dessiner  les Apsaras sur  tout ce qui lui tombe sous la main, y compris du papier de l'hotel où il est descendu.

 

Rodin et les petites danseuses khmères.

 

Il a déjà soixante six ans... cent cinquante dessins vont surgir de ses doigts... certains  à Paris se verront rajouter un peu d'aquarelle.

 


 

J'ai depuis longtemps des reproductions de ces danseuses cambodgiennes dans mon bureau. Ce ne sont autres que les Apsaras. A la cour, on ne les voyait pas comme des danseuses devant divertir le roi, mais comme des intermédiaires entre le roi et les divinités khmères. L'art rejoignait le spirituel et le sacré de la plus poétique des façons.

Voir toutes ses danseuses figées dans le mouvement, avec les bras en serpent révèle  non seulement toute la puissance de travail de Rodin, mais aussi une dimension poétique et aérienne de lui même, immense et touchante, que je lui soupçonnais ( on ne peut que le remarquer avec des oeuvres comme la Danaïde, ou encore l'expression des visages de ses bustes, si profondément humaine)   mais qui dans cette série s'exprime librement. Car la danse, et surtout la danse des Apsaras, est le plus immatériel des arts... le figer, c'est le réduire, c'est lui retirer sa raison d'être... mais Rodin l'a compris : en réalisant 150 dessins, c'est presque à une oeuvre cinématographique qu'il nous convie : le mouvement redevient réel... il n'est plus prisonnier d'un dessin, d'une pose, qui l'aurait réduit sauvagement. C'est l'ensemble qu'il faut voir plutôt qu'un dessin en particulier pour que la vie et la danse anime à nouveau ses corps immobiles.

Rodin dit être surtout touché par l'antique. " Ces danseuses ont fait vivre en moi l'antique, dit il, je suis un homme qui a donné toute sa vie à l'étude de la nature et dont les admirations constantes furent pour les oeuvres de l'antique; imaginez donc ce qu' a pu produire en moi un spectacle aussi complet qui me restituait  l'antique en me dévoilant du mystère." 

 

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11 août 2006 5 11 /08 /août /2006 08:23

  Ils sont magnifiques à regarder... quand ils évoluent, c'est toujours sur la pointe des pieds, comme les danseuses classiques.

Les plus élégants ont même les pieds naturellement en dehors...

Côté souplesse, on peut la leur envier, même Sylvie Guillem!

Côté équilibre, même chose...

Pareil pour la vitesse... la grâce... et les sauts!

Ceux de Nijinsky à côté, ont l'air ridicules...

Et puis quel sens de la mise en scène! Quels merveilleux acteurs ils font parfois : minant la colère, la peur, l'étonnement, la jalousie, l'amour, la soumission, la passion, le mystère, l'absence, l'indifférence...

Les chats sont des danseurs nés!

C'est d'ailleurs amusant qu'ils y aient plus d'écrivains possédant un chat que de danseurs... peut être l'écrivain, si sédentaire, est il heureux d'avoir à ses côtés un baladin, un artiste de la scène, un nomade

 


 

Georges Balanchine les adorait lui aussi!

 

Les chats me consolent de tout...

 


 

Céline et son chat Bébert, Balanchine et l'un de ses chats

 

 

ces deux livres font partie de ma bibliothèque  : l'étonnant danse avec les chats, on des danseurs font vraiment danser leur chat, de la plus naturelle façon : en dansant eux mêmes, et le sensible livre d'Annie Duperey qui raconte combien les chats ont apporté de douceur dans leur vie

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9 juin 2006 5 09 /06 /juin /2006 21:10

Miracle au volant!!!!....

Ce matin, je pars travailler à l'heure à laquelle a lieu une de mes émission préférées sur France Musique animée par l'excellent Lionel Esparza. Je retrouve la même joie à l'écouter que lorsque c'était  Gérard Mannoni qui ne manquait jamais une occasion de parler de danse...ah, les réveils heureux à l'idée de retrouver mon idole radiophonique, de 7 à 9!.... il y a... vingt ans déjà...
là, cette émission me met " en musique" pour toute la journée!


Et là, miracle.... j'entends une valse de Chopin que je connais par coeur, non seulement pour l'avoir entendue peut être 1324 fois, mais aussi pour l'avoir jouée au moins autant... mais bizarrement, je ne la reconnais plus...  parce que je l'entends comme  pour la première fois :le doigté, le toucher, le phrasé expriment une poésie rare d'une infinie douceur sans mièvrerie aucune, d'une délicatesse subtile sans fadeur... jamais Chopin n'a eu autant de relief, de vie, de douce mélancolie, de beauté, de simplicité... en un mot, j'entends cette valse comme elle résonnait peut être en moi depuis toujours, sans qu'aucune main humaine n'ait pu  jusqu'alors donner vie à  ces sons subtils: ni les miennes, ni celle d'un autre pianiste, pas même celles de Samson François que j'aime tant dans ce registre.

 


 

Et pourtant, les valses de Chopin... ce sont de toutes petites choses de quelques pages qui déploient la plupart du temps deux ou trois phrases...

Mais ces phrases sont harmonisées avec une intelligence musicale rare parce qu'elles mêmes sont pleines de surprises : elles vagabondent hors tonalité, hors mesure, comme bon leur semble, et déroulent, en prenant leur temps, leurs colliers de notes.Ces valses sont tout un univers à elles seules : en elle passe la joie, la passion le brio, la détresse, la solitude, l'exil, la maladie, la souffrance, l'épuisement, la gaité, la nostalgie... ce sont les pages d'un journal intime, écrites pendant toute sa vie par un homme en exil, qui a perdu ses amis, sa famille, suite à l'insurrection ratée de Varsovie, et qui, malade, reportera un amour unique et exclusif à son piano...

 

 


 

Et le miracle a lieu son les doigts d'Alexandre Tharaud... Chopin est là tout entier. Je reste médusée, éblouie, pétrifiée devant une telle créativité  : réussir à donner à cette valse un souffle poétique, lyrique, unique. Les doigts legers maitrisent chaque ligne mélodique comme savait si bien le faire l'immense Benedetti Michelangéli. Le discours est clair, limpide, sans être froid, le son est chaleureux et cristallin tout à la fois. De la vraie musique avec une Ame immense.

 Après quelques questions posées à ce jeune et peu loquace pianiste, Lionel Esparza diffuse un concerto de Bach d'après Marcello :je me retrouve les larmes aux yeux, en pleine bretelle d'autoroute bouchée et polluée, avec des hommes de néanderthals à leur volant  près à me rouler dessus pour gagner une place ( en costume cravate mais la massue pas loin, je pense) Mais Bach dresse  ses cathédrales de sons  dans la voiture comme un écran de beauté pure... les Néanderthaliens détalent sous des cascades de notes égrénées par des doigts d'ange....

Je comprends qu'après une telle découverte, Bartabas ait écouté le disque en boucle et ait finalement proposé à A Tharaud de travailler avec lui ( c'est pour cet été, au théâtre de Fourvière, à Lyon)

 

 

 

 C'est le miracle de l'art : il fait irruption ou bon lui semble, embouteillage ou pas... et tout à coup, notre vision en est toute bouleversée... et nous avec...

 

C'était une magnifique matinée de printemps... grâce à Alexandre Tharaud...

Sa discographie est impressionnante, il joue beaucoup de musique contemporaine, ce qui prouve que cet homme est bien dans le présent, lui aussi...

Ecoutez le!

Et si vous l'aimez déjà, dites le moi!

 


 

SITE OFFICIEL / http://www.alexandretharaud.com/
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2 juin 2006 5 02 /06 /juin /2006 20:09

                                                                                                        

Pourquoi, tout à coup,  vous parler de Robert? Et bien, je ne sais pas! Une envie, comme cela!

Et puis, cela changera de la danse! 

Tout a commencé un jour, en écoutant la radio... je suis tombée sur un des titres de Led Zep : whole lotta love. Et ça a été le coup de foudre IMMEDIAT. J'ai été illico presto acheter le disque et me le suis repassée en boucle; oui, à l'époque, j'étais au conservatoire, à la Sorbonne, avec des étudiants qui écoutaient des choses bien sages. Mais c'était un peu étouffant, même si ces années étudiantes sont toujours très très grisantes par toutes les rencontres que l'on fait de gens qui partagent nos passions... enfin pas toutes, car pour Led Zep... C'était ainsi à l'époque et ça n'a pas changé... je jouais Chopin, Debussy, Ravel, Bartok, et j'écoutais Kate Bush, Led zep, Tina Turner, James Brown, Marvin Gay... et bien d'autres.

Depuis, j'ai appris à découvrir l'univers de Led zep à travers leurs autres albums... et bien, quand j'écoute leurs titres, que ce soit immigrant song, fabuleuse de force, Stairway for heaven, inimitable, Lemon Song, Kashmir, qui me transporte au delà de tout, et tant d'autres, je me dis... Mon Dieu, quels musiciens on avait là, quelle musique on avait là, dans les années 70...

Les thèmes sont ciselées, la musique, vraiment travaillée, elle vous emmène là où vous ne pensiez pas aller, vous ne pouvez pas la prévoir à l'avance. Quelle soit ballade, rock plus lourd, ou qu'elle lorgne sur un mélange plus inédit, elle a tellement de choses à dire cette musique, servies par des êtres tellement entiers, avec un univers si personnel, que le voyage est grisant et que l'on voudrait qu'il ne s'arrête jamais...

Oh, non, je n'ai rien d'une nostalgique, on peut écouter Adam de la Halle et se sentir tout à fait du 21ème siècle, si cette expression veut dire quelque chose. Disons que je me sens bien de "mon présent". Je n'ai pas besoin de regarder par dessus mon épaule, ni de savoir ce qu'il y a de l'autre côté de l'horizon...

Bon, revenons à Robert!

Malheureusement à l'époque, j'étais assez facilement effrayable et jeune, et jamais je n'ai osé mettre les pieds dans un concert de rock! hélas, j'ai raté beaucoup de beau monde....

Aussi, quand Robert Plant a relancé sa carrière solo et a sorti le fabuleux myghtyrearranger, j'ai sauté de joie... en apprenant qu'il viendrait au festival rock de Saint Cloud!

Il y a plein de titres sur le disques que j'aimerais chorégraphier. Certains se marieraient à merveille avec un style indo-oriental et même des voiles...

ce qui n'a rien d'étonnant car par exemple le titre Kashmir qui fait plutôt référence à l'Inde a été écrit quand Robert Plant était au Maroc... c'est un orient au sens très large, comme je l'aime.


 

 

 

    Le festival

Moment inoubliable, comme je les aime!

Certes, beaucoup de gens " de mon âge", mon compagnon, un rocker, évidemment, qui au retour peut tout me rejouer d'oreilles sur ses guitares,   mais aussi pas mal de jeunes gens. Cela m'a mis le coeur en fête de voir que tous n'ont pas eu les oreilles " lobotomisées" par la   star ac...

Quand à ses  musiciens! fabuleux!

L'album tire sa grande énergie précisément des musiciens qui l'entourent, du rythme très travaillé, de métissage comme Led zep a toujours aimé faire, et de la voix de Plant, qui, si elle n'étincelle plus comme autrefois, est encore capable de vous soulever du sol pour vous emporter dans les étoiles...

bref, un grand moment de musique. On a toujours un peu l'impression d'une communion, d'une célébration, quand la musique a une telle force. Je ne retrouve cette sensation très spéciale qu'avec la compagnie d'Alvin Ailey

Et ce qui me fait le plus plaisir dans l'histoire, c'est qu'il n'est plus tout jeune, le Robert, et qu'il a bigrement roulé sa bosse...

Et bien, à l'émission de Guillaume Durand, il s'est montré toujours aussi amoureux de la musique, pas blasé pour deux sous, prêt à repartir sur les routes à plus de 60 ans, avec une grande spiritualité, une belle vision du monde... et la même envie de musique que trente ans plus tôt!

 

 

                                   Robert Plant and the strange sensation

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