Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
  • Contact

contact

 
n'hésitez pas à me faire part de vos suggestions, de vos découvertes, ou de vos propres articles!

Rechercher

Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

marie-taglioni-in-zephire.jpg

4 décembre 2006 1 04 /12 /décembre /2006 15:51

Ecrit en 2006

 

Je voudrais aujourd'hui rendre hommage à un danseur absolument génial, inclassable, hors " tout" qui s'appelle Jean Babilée...

Je ne vous mentirai pas, je ne l'ai jamais vu sur scène...

Mais vous voyez cette photo? Elle était dans mon tout premier livre sur la danse que l'on m'avait offert pour mes douze ans... comme je n'aimais pas lire, je me contentais de regarder les photos... et celle ci plus qu'une autre m'intriguait, m'inquiétait, me fascinait... ce n'est que des années plus tard que j'ai su qu'il s'agissait du " Jeune homme et la Mort" de Roland Petit, créé pour Babilée, en 1949... Jean avait 23 ans, un tempérament de feu, entier, fort, et indépendant... et je comprends qu'il ait aussi fortement inspiré R Petit : pour moi, c'est son plus beau ballet : un concentré de 17 minutes  de passion, de désespoir, d'amour, de solitude, de mort... avec pour fond les toits de Paris ( Cocteau était passé par là...)

Dans un documentaire que j'ai vu ensuite, j'ai eu la chance de voir Babilée danser ce rôle...

Bigre!

Rien ne peut lui être comparable... Noureev et Leriche sont bouleversants, émouvants, ils vous embarquent dans cette histoire de garçon qui attend son amie, qui trouvera la mort.... on est captivé... hors temps, hors tout pendant tout le ballet...

mais Babilée est ... à couper le souffle! Il y a une férocité dans sa danse, une rage, et une maîtrise tout à la fois... ses pirouettes sont comme la foudre, ses sauts comme le tonnerre, ses mouvements soulèvent des lames de fond qui nous engloutissent, et tous les accessoires utilisés semblent fondre dans ses mains de feu... indescriptible!

A 80 ans, il est toujours en mouvement, et il ne s'arrêtera qu'à son dernier souffle je suppose... comme Graham...

Barishnikov dit que de tous les danseurs c'est celui qui l' a le plus "inspiré" à cause, en partie ( outre sa technique) du questionnement existentiel qui l'accompagne... et pourtant, quand il l'a vu danser, Babilée avait plus de cinquante ans...

 

 


 

 

Babilée aime à  raconter des anecdotes de sa vie. En voici  trois parmi tant d'autres...

la toute première: enfant, il s'est blessé en tombant d'un arbre, je crois, tout à coup, il entend le médecin dire derrière la porte de sa chambre : " s'il bouge seulement un peu, il restera paralysé à vie". Alors, dit-il, " je n'ai plus bougé d'un cil pendant des mois"

La seconde : lorsqu'il est arrivé à l'Opéra, en cours d'année, certains enfants savaient déjà des pas, et lui non. Du coup, les autres se moquaient de lui.  Alors dans les vestiaires, il a ouvert la fenêtre et s'est mis en équilibre sur les mains sur le rebord, la rue dix mètres en dessous,  et est resté là! Il a imposé aussitôt le respect

Dans la dernière, il raconte que   Béjart lui avait créé un ballet et que celui ci lui a un jour demandé si tel danseur pouvait le danser : " non, a dit Babilée, c'est mon ballet"!

Il danse exactement comme il est : avec la même ferveur, la même impétuosité avec laquelle il vit, la même intransigeance...

On peut trouver un magnifique documentaire à télécharger sur lui :


http://www.vodeo.tv/18-106-1771-Babil%C3%A9e-91.html?visu=1771

 

Il incarne pour moi la danse dans ce quelle a de plus instinctif, alors qu'il y a un énorme travail derrière.

Il disait encore : "je dansais, je dansais, au cours, je travaillais, je faisais les pas, mais cela n'allait pas...

et un  jour, tout à coup, tout m'a paru facile, j'ai eu l'impression de trouver mon envol, et le professeur m'a dit : " voilà tu y es..."

 ( à suivre!)

 

Jean Babilée est mort le 31 janvier 2014.

Partager cet article
Repost0
27 novembre 2006 1 27 /11 /novembre /2006 14:25

  Noella Pontois.... !!!

J'avais treize ans...  j'avais déjà vu un ou deux spectacles de danse classique dans ma ville, mais cette année là, il y avait un évènement que j'attendais avec impatience :    l'arrivée de l'opéra de Paris dans notre petit théâtre... Giselle devait être donnée...  pour moi, la danse classique était tout! Je dormais avec mes pointes, et j'y pensais nuit et jour...

Je ne connaissais pas bien les ballets classiques, hormis ce que j'avais pu en voir à la télé mais ce langage me semblait complètement familier et le plus beau qui puisse exister en art...

Je ne savais même pas qu'un ballet pouvait raconter une histoire...

Je suis donc allée  au théâtre, un jour de la semaine, avec une amie de mon école et sa maman sans savoir du tout à quoi m'attendre. Même le nom de la danseuse, " Noella Pontois" m'était inconnu; j'avais vu sur scène l'année d'avant au palais des sports de ma ville Claire Motte, Claude Bessy, Janine Charrat... mais je n'avais jamais entendu parler de Noella Pontois. Elle n'était étoile que depuis peu de temps.



 

Cette soirée fut le plus grand choc artistique de ma vie... à un point tel que trente ans plus tard, tout est intact...

 Je revois nettement des détails, comme ces    quatre garçons en collant vert, qui bondissaient sur la scène mais dont l'un ne tendait pas bien ses pointes de pieds; je revois les willis, si inquiétantes et mystérieuses, parées de longs tutus... mais surtout, je revois Noëlla! Je ressens encore toutes les émotions qui furent les siennes ce soir là : la gaité, l'amour de la danse, l'amour tout court, la folie, la mort, le pardon... Je me souviens comme j'ai retins mon souffle lorsque en  En arabesque penchée elle a  tournée, irrélle, sur son pied de terre... j'ai beaucoup pleuré, en cachette, en rentrant à la maison...

 J'aimais passionnément la danse classique, mais Noëlla se mit à l'incarner à la perfection pour moi. Elle dansait  avec une telle facilité, avec une telle musicalité! Elle ne faisait qu'un avec la danse, au point que l'on en oubliait complètement la technique! Et puis il y avait un moelleux dans ses ports de bras, dans ses sauts, sans aucune raideur dans le dos, dans les épaules...

Je suis tombée profondément en amour de Noella Pontois...

Heureusement pour moi, bien que n'habitant pas Paris, et n'ayant donc aucune chance de la revoir sur scène,    il était facile à l'époque de trouver des articles sur le ballet et ses étoiles, même dans la presse télé.  Noella a vraiment été souvent à l'honneur de la télé dans les années 1970,   ce qui m'a souvent donné l'occasion de la voir danser, mais en noir et blanc, car nous n'avions pas la télé couleur...  et puis il y avait souvent des articles sur elle que je découpais et conservais précieusement.

Je me rappelle la couverture d'un télé 7 jours pour Noël! Elle était habillée comme les danseuses de Degas et évoluait dans un décor peint qui évoquait l'univers du peintre... malheureusement, j'ai perdu tout ce dossier qu'adolescente, patiemment, j'avais fait sur elle...

Vous imaginez cela aujourd'hui, de la danse classique dans la presse télé? La danse classique est devenue synonyme de " ringardise" hélas...

Bref, il me  fallut attendre d'être majeure pour pouvoir avoir la joie de la revoir sur scène : 5 longues années à attendre!

De 1980 à son départ à la retraite, en 1994, il n'y a eu qu'elle pour moi.  Elle était très belle. Brune avec de grands yeux bleus profonds.  Bien que  petite,  très gracile, elle avait une présence immense sur scène.  Ses bras et ses jambes    longs et bien dessinés,   donnaient de l'ampleur à sa danse.  Elle était aussi très expressive. Techniquement,   elle possédait  tout ce dont une ballerine peut rêver: la féminité et la force, ( ce mélange adoré par Noureev qui en fera sa partenaire favorite, mais c'est pour un autre chapitre)  la grâce et l'élégance, mais sans aucune affeterie, sans aucune mièvrerie, la délicatesse mais la précision, la rapidité mais aussi l'émotion. Je crois que pour elle, la technique a toujours été au service de l'émotion. Elle ne faisait aucun étalage de technique, bien qu'elle eut les plus beaux fouéttés qu'on put alors rêver par exemple...

Et par dessus tout cela, une extraordinaire  musicalité. Je n'ai jamais   retrouver cette musicalité là chez personne... grâce à elle, la musique est sublimée, on en ressent chaque note, chaque couleur...

d'ailleurs, les quelques fois où j'ai vu d'autres danseuses à cette époque, me semblaient dénuées de toute musicalité et je pensais : voilà comment aurait dansé Noella, et en filigramme, je la voyais danser par dessus l'étoile qui était sur scène, avec un serrement de coeur affreux...

 

 

 

Pour ne pas la manquer dans Raymonda ou la Belle au Bois ou Giselle, ou Don Quichotte, je me levais alors à quatre heures pour prendre le train Paris Orléans   de 5h  afin de commencer la queue dès 6 heures du matin et ce jusqu'à 11 heures... et je n'étais pas la première alors! Car c'était toujours la ruée aux guichets lorsqu'elle dansait, et les derniers n'avaient aucune chance d'avoir des places...

A chaque ballet,  la même émotion, le même plaisir immense!Autrement dit, un moment artistique unique, comme seuls les artistes d'exception en créent.  Jamais elle ne m'a déçu... jusqu'à sa dernière Aurore qu'elle a dansé à 50 ans, âge exceptionnelle pour une danseuse classique ( car la danse classique est un sport de très haut niveau)

Et depuis?

ELLE ME MANQUE!!!! je ne me suis jamais remis  de son absence sur la scène... il y a beaucoup d'étoiles aujourd'hui que j'aime ou que j'admire...

mais pas une n'a l'âme de Noella...

Ce sera son anniversaire bientôt... le jour de Noël...

Qu'est elle devenue?

A suivre!.....

 

 


 a lire sur ce blog :

 

Noella pontois ( 2)

 

Partager cet article
Repost0
19 novembre 2006 7 19 /11 /novembre /2006 08:07

 L'année dernière, j'étais tombée sous le charme de Sasha Cohen, une patineuse américaine de grand talent, très belle sur la glace, avec un charme bien à elle...

Cela m'a donné envie de retourner voir ce trophée, qui remplace depuis quelques années le trophée Lalique...

Deux groupes de 6 filles se sont succédés sur la glace, le second groupe étant de loin bien sûr le plus impressionnant!

C'est toujours magique de voir du patinage en direct : il y a la vitesse de la glisse qui n'apparait pas à la télé, le "live" qui change tout pour la compétition, et puis surtout, il y a .... le bruit des patins!!!

Cela donne irrémédiablement envie d'en chausser et de sauter sur la glace pour aller faire quelques glissades....

Cette année, pour moi, la révélation est encore... une Américaine ( il  n'y avait pas de russe) qui se nomme Kimmie Meisner.

rayonnante sur la glace, elle est arrivée troisième hier au trophée. Elle possède ce que j'aime chez les patineuses : une vraie belle personnalité qui s'exprime par le charme, la féminité, la grâce, sans faire oublier le principal : la technique, la rapidité d'exécution des pas, la vitesse de la glisse, l'élévation des différents sauts que les canditates doivent impérativement caser dans leur programme...

Elle m'a vraiment profondément marquée, comme sa compatriote sasha l'année dernière.


C'est un petit prodige Coréen de 13 ans qui a remporté le trophée hier : Melle Yu Na.

Là, s'impose tout de suite le mot : virtuosité. Tout est si rapide, si précis, si méthodiquement en place... c'est impressionnant. Toute frêle, son patinage n'en manque pas pour autant de force... Elle a tenu ses quatre minutes de programme sans faiblir à la fin comme bien des candidates qui terminent laborieusement le programme avec un patinage tout mou, tout lent, et plus de " jus"

Elle non : fraiche comme une rose, plaçant jusqu'au bout ses tours....impresionnante!


et puis je finirai ce petit compte rendu par la deuxième, la très joli japonaise Miki Ando : 

 

C'est un détail, mais en plus, sa tunique était vraiment superbe : d'un beau noir profond, avec de magnifiques strass argentés.... elle nous a gratifié d'un beau patinage, d'une vraie belle élégance aussi...

Elle était arrivée première au Skate America créant la surprise, la, la Coréenne la doublée...


Malgré toutes ses belles qualités, je n'ai pu que regretter Sasha Cohen...

Allez encore une petite photo...


Ne ratez pas tout à l'heure à 16h 15 les exhibitions sur la patinoire de Bercy retransmises en direct sur france 3!!!
Partager cet article
Repost0
11 novembre 2006 6 11 /11 /novembre /2006 16:45

 Il y a un peu moins d'un siècle se terminait l'une des plus horribles guerres que l'humanité ait traversé... si on ouvre la TV, on voit bien qu'il y a toujours aujourd'hui de multiples endroits en guerre, où les droits de l'homme sont bafoués, et où l'etre humain se bat simplement pour survivre...

Mais cette guerre mondiale a une résonnance un peu spéciale dans ma tête...

Pourquoi cet article?

Parce que sur les chaines nationales, aucun film, documentaire ne sera diffusé... est ce révoltant?

je ne sais pas... il y a peut être un temps pour passer à autre chose... sauf que je ne le peux pas, parce que je suis née à Verdun... où sont tombés un million d'hommes... alors, j'écris cet article... pour eux...

Quand vous avez cinq ou six ans, et que vos grands parents vous emmène à l'ossuaire de Douaumont  ou des millions d'os non identifiés sont exposés, et à son cimetière de plusieurs milliers de croix, vous êtes marquée à vie, surtout quand ces mêmes grands parents, arrières grands parents ont traversé deux autres guerres avant la seconde ( 1870 entre autres)

Alors votre imaginaire crée une sorte de mythologie personnelle, vous finissez par connaitre cette période mieux qu'une autre, presque à l'aimer, et à avoir une tendresse toute spéciale, une compassion insensée pour tous ces hommes, français, russes, allemands, Belges, etc... sans parler des Africains... qui ont vécu l'indescriptible

Deux cinéastes ont réalisé avec un tact exceptionnel et une humanité extraordinaire des films que j'aime par dessus tout :

 

 

Ce film qui se passe en 1920 met en scène un militaire qui se bat pour qu'on oublie aucun des morts de la guerre : inlassablement, il cherche, fait des fiches, tient des comptes... son destin croise une femme qui précisément recheche l'un des nombreux disparus de cette guerre... c'est humain, bouleversant, d'une force inouie et d'un tact absolu... quand ses chefs exercent une pression sur lui pour qu'il triche un peu avec les chiffres, lui résiste, farouche, intègre, plein de compassion pour ceux qu'on veut oublier...

Je l'ai vu une bonne dizaine de fois...


 

 

L'autre film, la chambre des officiers, qui lui, se passe "à l'arrière", à Paris, montre le quotidien et le combat insensé que mènent medecins, infirmières et estropiés de la guerre pour guérir, puis ensuite, pouvoir continuer la vie malgré leurs affreuses blessures... " les gueules cassés", les appelait-on...

billet de loterie dont une partie des bénéfices allaient à ces gueules cassées, petite,j'en achetais... et le nom de ces billets m'effrayait..

La encore, tact, humanité...

 

 Le personnage du film qui a eu tout le bas du visage arraché va rester plus de quatre ans à l'hopital... il reste dans une salle ou d'autres officiers, tous estropiés, mutilés comme lui, se battent pour survivre... mais ensuite, comment faire pour retourner dans le monde avec une moitié de visage???


 

Quand j'avais quinze ans passait aussi à la télé en feuilleton "les Dames de la côté" de Nina companez qui montrait le quotidien des femmes laisséesà l'arrière... je pense qu'aujourd'hui je trouverai le feuilleton vieilli, mais je l'ai tant aimé!!!

Je pourrais aussi évoquer "les croix de Bois" qui m'a fait verser d'énormes larmes d'enfant un dimanche après midi...

Ou bien le Feu de Barbusse.....

 


 

Artistiquement, en 1913, c'est la barbarie du Sacre du printemps qui explose, comme si Stravinsky et son sacrifice humain avait pressenti ce qui attendait l'humanité...

 Dans les années1920  triomphe Joséphine Baker et la Revue Nègre....

Les années folles succèdent à la folie meurtrière des hommes...

On ne peut évidemment pas, comme dans la Chambre Verte de F Truffaut, film que j'aime aussi profondément, ne vivre que dans le passé, et indéfiniment se souvenir des Morts, des disparus... mais cette journée, ce 11 novembre que tout le monde est bien content d'avoir comme jour férié, mérite quand même que les médias en parlent encore un peu à des heures de grande audience...

C'est chose faite pour moi avec cet article

 


 

 

 

Le cimetière de Douaumont et ses milliers de croix....

Partager cet article
Repost0
1 novembre 2006 3 01 /11 /novembre /2006 20:23

 Sur la corde rêve, il pleut des cordes, le diable aux cordes, corps à cordes...

tous ces titres ne vous disent rien??? Comment???

Alors, vite, vite, allez dès demain au théâtre de Paris... allez les voir, aller rire... mais surtout, allez écouter quatre merveilleux musiciens qui surfent librement sur Jimmy Hendricks, Bach, la chanson de la Renaissance, Charles Trenet, Louis Armstrong, M Jackson, la musique yddish, Vivaldi, le music hall... les chansons enfantines...et j'en passe...

Si vous avez pris la musique classique en grippe, allez  voir tout ce qu'il est INTERDIT de faire au conservatoire à des instruments à cordes  : grimper dessus, les mettre entre les jambes, se les lancer, jouer avec des peignes, taper sur la caisse, et bien d'autres choses encore!!!

Clowns, acrobates, ils sont aussi quatre merveilleux chanteurs...

je ne les lâche plus depuis que j'ai vu un jour par hasard cette affiche dans le métro :

 

J'avais le cafard, j'ai vu l'affiche, j'y suis allée... et non seulement j'ai ri de tout mon coeur, mais surtout j'ai été bouleversé par l'amour de la musique qu'ont ces quatre gars là  : un amour total, absolu, immense, et SANS frontière. Ils aiment la musique point. Pour eux, pas de petite ou de grande musique, non, de la musique, tout simplement...

Dès qu'ils cessent leur pitrerie et fondent leurs cordes les unes aux autres ( en plus, leurs arrangements sont gé-niaux!!) on n'a qu'une envie : les écouter encore et encore au bout de la nuit!!!!

L'un des violonistes a fait partie à ses débuts du groupe Malincorne : il sait jouer de tout! c'est lui qui signe la plupart des arrangements, et vraiment : bravo; il est musicien de la racine des cheveux à la pointe de l'archet ( qu'il s'amuse d'ailleurs à dépiauter avec une joie enfantine!!!)

Chacun de leur spectacle est non seulement un fabuleux bain de rire, de musique, mais aussi une grande leçon de poésie

J'adorais dans l'un de leurs spectacles, voir les instruments sur les chaises, là où les avaient laissé les musiciens, faire semblant de dormir, et dès la lumière éteinte, se mettre à parler entre eux : un pur moment de poésie et de tendresse...

Bien sûr, leur complice Alain Sachs, les met admirablement en scène...

Mais c'est la musique qui, avant tout, est la vedette!

 

 

 

 

 

 

Pendant deux heures que l'on ne voit pas passer, ils jouent, chantent, dansent, créent des pyramides humaines désopilantes, tiennent leurs instruments dans toutes les positions imaginables ( et mêmes les autres) mais surtout, naviguent avec aisance dans tous les mondes musicaux...

En cela, ils m'évoquent beaucoup Marianne James, l'ex " Ulrika von Glotte" que j'ai été applaudir plus d'une fois : elle aussi avait cette capacité, dans un spectacle comique, a faire siens tous les univers musicaux...

Ulrika me manque beaucoup, mais heureusement, Le Quatuor ( symbole parfait de la musique classique!!!) a, je l'espère de tout coeur, encore de longues années de route commune...


A la fin du spectacle, un petit creux?

il y a un petit traiteur libanais à deux pas!!!! falafel, hoummos, et taboulé... divins!!!

Partager cet article
Repost0
24 octobre 2006 2 24 /10 /octobre /2006 19:38

C'est le Cotton Club!

C'est le club le plus branché de Harlem qui vit le jour en 1923. Francis Ford Coppola en tire un film au titre éponyme

Ce club nait dans un context étrange de prohibition, de ségrégation sociale, où, bizarement, la clientèle exclusivement blanche est servie et divertie par des Noirs Américains...

Et c'est là, en 1927, que Duke va lancer son grand orchestre : une première : la salle est reliée à la radio CBS, et les concerts sont transmis en direct... ce qui fait que la réputation du Cotton Club ( en mémoire des champs de coton du sud)  dépasse très vite les frontières de Harlem

 

                          Duke Ellington et son orchestre et the girls chorus line

           1927

 


 

Que danse-t-on au Cotton Club ou encore au Savoy, autre ballroom dancing a la réputation sulfureuse?

Du charleston, du Lindy hop, du " tap", avant que le swing qui apparait un peu après ne fasse son entrée...

Charleston, en souvenir de la ville, danse immortalisée entre autre à Paris par la Revue Nègre et Joséphine Baker, sa vedette somptueuse...

Lindy hop, nom inventé par un des danseurs à qui un journaliste en extase devant la performance des danseurs Noirs Américains demandait ce qu'il dansait et qui se serait inspiré d'une manchette de journal " Lindberg hops the Atlantic" ( Lindberg traverse l'Atlantique)

 

 

Cette danse improvisée se danse donc au rythme des grands orchestres comme ceux de Duke qui naissent dans les grandes villes de l'Amérique du Nord à partir des années 1920-1930. "Duc" "comte", "Roi" sont des revanches pleine d'humour sur le passé d'esclaves de ce peuple qui vibre d'une immense énergie et qui apporte à l'Amérique une musique neuve, des rythmes neufs, des sons neufs... King Olliver, Duke Ellington, Count Basie...

J'adore la période " jungle" de Duke... !!!

Et toujours ses merveilleux petits appels au piano, dans l'aigu, en superposant des quartes acidulées : écoutez, on le reconnait entre mille!

 


 

 Grégory Hines en " tap dance " dans une scène de Cotton Club

 


 

La crise de 1929 pointe à l'horizon, mais le peuple noir Américain en a vue d'autres et sa vitalité est intacte. La musique, le chant, la danse sont sa revanche, et si une partie de la population Noire Américaine, pour qui la vraie musique reste le gospel, le Negro Spiritual, la musique d'église,  et est choquée par ces lieux dirigés par d'anciens gangsters, d'autres s'y plongent avec délice et y trouvent une ivresse que la dureté de la vie des années 1930 interdit.

Les prémisses de la danse jazz sont là : vitalité, énergie, rythme, improvisation et LIBERTE...

Le Lindy hop est en quelque sorte l'ancêtre du rock and roll qui n'apparaitra qu'en 1956 : sortie officielle du premier disque d'Elvis, le seul Blanc " à chanter comme un Noir" Mais c'est une autre histoire!

En 1940, le Cotton Club quitte Harlem pour Broadway, et les music hall récupèrent la mouvance de la danse " jazz" ... c'est l'heure du swing...

Qu'est ce que le swing?

Musicalement, "on l'a ou pas", c'est une façon de jouer avec la mesure, avec la pulsation... comme de faire rebondir en douceur le rythme, sans le décaler...

C'est irrésistible... le swing réveille les jambes et les corps de tout le monde....

Quand au "tap dance"  ou vulgairement " claquettes" si les premiers noms qui nous viennent sont peut être Fred Astaire et Ginger Rogers,il ne faudrait pas oublier avant lui  Sammy Davies, qui avait vraiment quelque chose d'unique... mais nous sommes déjà au début des années 1950 et le Cotton Club ne va pas tarder à fermer...

 


 

 

 Donc voilà en quelques mots quelques styles de danses qui ont précédé " le modern jazz" qui n'est pas encore né à la fin des années cinquante...

Quelques points de repères supplémentaires  seront en ligne bientôt : le swing, Joséphine Baker, qui a eu un tel impact en Europe...

Et vous savez quoi?

D'avoir écrit cet article, me voici en joie, plein d'images me reviennent, l'immense talent de ces artistes Noirs Américains me met les larmes aux yeux et le sourire aux lèvres; ce sont les seuls à être capable de provoquer ces doubles émotions en moi! La compagnie d'Alvin Ailey le fait de la même manière aujourd'hui...

Comme je les aime!!!

Partager cet article
Repost0
18 octobre 2006 3 18 /10 /octobre /2006 07:58

L'autre jour, en regardant mes rubriques pour voir un peu ou j'en étais, je constate horrifiée  qu'en 6 mois, je n'ai encore rien écrit sur la danse jazz ou modern jazz... pourtant, je l'ai pratiquée, j'ai eu l'occasion de voir sur scène des spectacles de Bob Fosse, d'Alvin Ailey, de Redha, de Jérôme Robbins....

Alors, pourquoi???

Parce que je me rends compte tout simplement que je ne sais pas très bien par quel bout m'y prendre pour parler de cette catégorié "un peu fourre tout"

Je pars donc en quête de documentations, et là, horreur, je me rends compte que 90 pour cent des textes sont en langue anglaise que je ne lis que très très mal... j'apprends au passage qu'un livre vient enfin d'être rédigé par une danseuse ( ballet rick odrum) et chercheuse à l'université de Paris ( je vais me le procurer sans attendre)

Et je refléchis...

 


 

un quatuor adore : Miles, John, dizzie, Charlie ( davis,Coltranne, Gillespie, Parker)

 


 

Je connais assez bien l'histoire du jazz, et j'adore le jazz sous toutes ses formes, du vienx jazz new orleans, aux géniales session de Dizzie Gillespie, en passant par les grands orchestres de Duke, ou encore l'ébourriffant Miles Davis, ou le troublant Charlie Parker

Certes, mon coeur est à Billie Holliday, et au saxophoniste Lester Young, mais mes plus grands moments de radio sont "le jazz est un roman" sur france musique à 18 heures ou encore les soirées jazz de fip... quand il m'arrive le soir de prendre ma voiture vers 21 heures, et que les grosses cheminées fumantes de Bercy se marient au jazz qui coule de la radio, c'est le bonheur total!!!


 

jazz sulfureux de Bob Fosse, clin d'oeil au cabaret Berlinois, mêlé de "jazz" et d'un style bien à lui.

Alors, la danse jazz?

Et bien, elle a aussi son histoire, complexe, dont je n'ai pas encore démêlé les échevaux, mais une première chose importante : tout comme la musique, la danse jazz est improvisée. Au début, on trouve surtout des danses comme le Charleston, puis le swing, toutes ces danses libres qui naissent dans le Sud des états Unis. C'est au début l'apanage de danseurs Noirs, descendant d'anciens esclaves, et ceux ci ne se produisent pas du tout sur scène, pas plus que la scène n'accueille en ses débuts les orchestres de la Nouvelle Orléans ( on pouvait les entendre dans des petits clubs, dans la rue,  lors de différentes manifestations populaires et sur les gros bateaux à vapeur qui descendaient le Mississipi)

Lorsque le Cotton Club ouvre, ce célèbre club new yorkais, un select public blanc  se presse  alors que la musique et la danse sont le produit des Noirs. Ce sera le club de   Duke Ellington, la danse se fait elle aussi la part belle. ..

Et on y trouve aussi un peu de tout... des danses libres, des musiciens de passage, d'autres déjà bien installés dans le jazz, des chanteurs qui reprennent des chansons à la mode...

 parallèlement, à la fin des années 40, les grandes revues de Broadway battent leur plein : et tout le monde chorégraphie : aussi bien un G Balanchine, issu du ballet classique, que plus tard un Jerôme Robbins ou encore un BOb Fosse, dont le jazz est de style " cabaret"

Broadway, puis le cinéma, obligera la danse jazz a quitter l'improvisation pure  pour un langage chorégraphié et écrit d'avance.

 


 

Robbins fait répéter une scéne de west side story à Chakiris

 


 

Dans le même temps, Alvin Ailey s'essaie à ses premières chorégraphies, et c'est le génial revélations qui nait.... ( 1960) chef d'oeuvre qui révolutionne toute une esthétique...

Il donnera au jazz ses lettres de noblesse, et ses danseurs Noirs monteront sur scène à une époque ou la ségrégation est encore très puissante...

 C'est le début de la longue histoire du "modern" jazz qui se prolonge aujourd'hui encore...


 

Tout ceci vous parait confus?

J'y mettrais  un peu d'ordre dans mes prochains articles...

Mais sachez tout de même que le modern jazz va tisser un pont entre deux cultures, l'Africaine et l'Européenne, comme le fera plus tard le rock and roll...

Partager cet article
Repost0
7 octobre 2006 6 07 /10 /octobre /2006 14:55

  N'est elle pas magnifique???? Mia adorerait son costume et sa pose, j'en suis sûre!!!!

Rachel a quitté les BBDS, MAIS, Miles Coppeland veille sur la compagnie Indigo, la compagnie de Rachel, et leur organise même un US tour, avec un nouveau spectacle intitulé " Le Serpent Rouge" en français, s'il vous plait!!!! Pas idiot, le Miles Coppeland!!!

Pentaphobe, le génial compositeur de Rachel lui a aussi relooké son site.... il est tout en flash, un peu étrange, avec de belles musiques, et sans chichi...

Compagnie Indigo : la couleur du 6ème chakra, Ajna.... celui par lequel la conscience et la volonté se réalisent... celui de la double vue....

Mystique, Rachel l'est sûrement... car cette couleur signe les mystiques...

A présent, j'espère que Miles aura la bonne idée de faire tourner la compagnie Indigo en Europe...

Il n'y a plus qu'à l'attendre et à espérer...

Tout comme j'espère que Rachel reviendra donner des stages à Paris... avec ses yeux de chats, sa belle voix grave, sa maitrise de tous les mouvements qu'elle propose, sa douceur et son intensité... sa simplicité et sa gentillesse... Rachel est unique...

d'ailleurs, promis, je mettrai en ligne tout le travail que Rachel nous avait fait faire sur 16 heures...

J'ai un autre souhait, que le génial Pentaphobe sorte un autre disque...

Si vous connaissez des musiques de cette qualité et de cette inventivité, de cette modernité et de cette musicalité, SVP, dites le moi!!!!

 


 

le site de rachel brice : http://www.theindigo.net/2006/

 

A lire aussi sur ce blog : Rachel Brice, portrait

Partager cet article
Repost0
2 octobre 2006 1 02 /10 /octobre /2006 17:37

 Après vous avoir parlé de Robert Plant et d'Alexandre Taraud, et bien, un nouvel article qui n'a rien à voir avec la danse ( quoique!) et qui cette fois ci va concerner le double chef d'oeuvre de Tolstoi et de Serguei Bondartchouk...

J'ai découvert Guerre et Paix de Tolstoi assez jeune, lorsque j'avais 16 ans... et cela a été un tel coup de foudre entre le livre et moi que depuis je le relis très régulièrement... peut être l'ai je relu sept fois depuis... et toujours avec le même plaisir...

D'ailleurs, en ce moment, devinez... eh oui, je le relis!

comment peut on lire un livre sept fois, me direz vous?

Et bien, tout naturellemnet, lorsque l'on tombe amoureux de tous les héros du livre,les petits et les grands, les nobles et les humbles, car tous sont terriblement humains... ( Natacha, Pierre et  le Prince André, en tête, et puis sa soeur Marie, leur père, la famille Rostov au complet... Moscou, Koutouzov, et même Bagration, Touchine et Platov, héros du petit peuple russe au si tragique destin, et d'une telle humanité)

Je ne peux plus me passer d'eux...

détail d'un visage d'artilleur dans un plan général

Comprenez, je ne relis pas un livre : je rends visite à ses hôtes, je vais voir s'ils vont bien, s'ils ne s'ennuient pas dans ces 1200 pages...

Ils me rendent au centuple ma visite... je retrouve la même émotion, le même plaisir à lire la plume de Tolstoi qui est tout sauf complaisante, qui a un sens de l'observation sans faille et qui surtout sait mêler destins individuels ( les petits soldats en campagne, avec leurs misères et leur joie, leur faiblesse et leur bravoure, ses héros, comme le prince André qui oscille entre austérité et quête du bonheur, ou bien le naif mais génial Pierre qui cherche un sens  à sa vie, et le trouvera en captivité au côté de Platov, et puis la magnifique Natacha, qui évoque l'âme russe à elle seule ) à la Grande Histoire ( celle des guerres napoléonniennes jusqu'à la prise de Moscou par Napoléon et sa destruction par un immense incendie)

 

scène d'action d'un réalisme époustouflant, sans esbrouffe.

Deux grandes périodes marquent ce livre : Austerlitz et 1812, date de l'invasion de la Russie par Napoléon.

Tout cela m'est très familier puisque adolescente, j'avais commencé à écrire l'histoire d'un soldat, la veille d'Austerlitz et j'avais tenté de décrire ce qu'il ressentait en regardant les feux de bivouac la veille de la bataille. Curieux pour une jeune fille, non?

D'habitude, on écrit plutôt des romans d'amour à cet âge là!

 


 

Bref, aussi, vous n'imaginez pas ma surprise lorsqu'un jour, dans un magasin qui vendait des videos pas chères, je vis deux cassettes de guerre et paix par un cinéaste totalement inconnu : Bondartchouk.

Illico presto, je les achetais

J'avais vu la ridicule version américaine avec Hepburn et Mel Ferrer, pitoyable, mais sauvé du désastre par la grâce d'Audrey...

Cela ne pouvait donc pas être pire...

 


 

Natacha chez son oncle, danse une danse populaire russe, d'instinct.

Mon Dieu!!! Quel choc!!!

Voilà l'un des plus beaux films que j'aie jamais vus! ( et que la version américaine a pillé!!!!)

Oh, ne vous attendez pas à un style narratif conventionnel, ni à quelque chose de lyrique,  non. Ce film est complètement inspiré, complètement mystique, avec tous ces mouvements de caméra vers le ciel, les nuages... quand au coeur de la bataille, la caméra s'élève, montre l'embrouillamini des cosaques, de l'artillerie, des fantassins, des canons éparpillés, des chevaux rendus fous et sans cavalier,  pour gagner le ciel... j'ai des frissons

Quand Natacha assise sur son balcon parle du bonheur et que la caméra vous emporte au dessus des prés et des bois russes la nuit, survole une rivière ou se reflète le clair de lune, j'ai des frissons...

Quand le Prince Andre, grièvement blessé et mourrant, fait ce rêve terrible de la mort qui frappe à sa porte, et que là,  la caméra côtoie le surréalisme, j'ai des frissons...

Les personnages sont brossés sans chichis, sans fioriture, ils sont nets, carrés. Les dialogues sont respectés, de même que l'histoire.

Et puis... les scènes de bataille... sont gigantesques. Borodino à lui seul dure près d'une demi heure...

Les mouvements de caméra rendent l'individuel et le collectif d'une manière magistrale.... tout comme Tolstoi à su l'écrire, le décrire...

Ce film génial a été réédité en cinq dvd... il est en train de devenir un film rare. On me l'a offert pour mon anniversaire, je ne pouvais rêver plus beau cadeau.

Je ne serai plus obligée de naviguer avec mes vieilles videos, et en plus, je peux avoir les voix russes...

 


 

Le plus étrange, dans tout cela, c'est qu'il y a une scène de duel entre Pierre et Dolokhov que j'ai reconnue pour l'avoir vu enfant à la télé quand j'avais sept ans. Ma mère devait regarder ce film qui passait en feuilletons à midi... et je me souviens tout à fait que j'étais interloquée, bien que ne comprenant pas bien ce qui se passait... je me rappelle encore le regard de Pierre refusant le duel, mais s'apprêtant quand même à s'affronter à DOlokhov... il  m'était entré dans le coeur, et je m'en suis toujours rappelée...

Sans le savoir, j'étais déjà tombée amoureuse du Guerre et Paix de Bondartchouk à cet âge là... je ne savais pas que je le retrouverais trente ans plus tard dans un video-magasin à Paris...

Quand j'y pense, la télé des années 1970 passait des merveilles à l'époque...   je ne l'imagine pas du tout passant ce genre de film en feuilletons aujourd'hui...


 

 

Bref, cette oeuvre est marquée d'une double humanité, celle de Tolstoi, celle du génial réalisateur qui a réalisé ce film en plus de quatre ans...

Les deux sont dans mon coeur, à tout jamais...

si le coeur vous en dit, plongez à votre tour dans ce monde si sensible, si humain, où la vie, fragile, côtoie le pire et le meilleur en ce monde....

Partager cet article
Repost0
30 septembre 2006 6 30 /09 /septembre /2006 07:58

 de 1880 à 1940....

 

 

voilà un livre exceptionnel que je recommande à toutes celles qui pratiquent une danse exotique, qu'elle soit indienne, africaine, orientale... au départ, travail de thèse soutenu en 1982, l'auteur a enrichi son ouvrage de 20 années de recherches supplémentaires et de biographies sur des artistes, tant du music hall que du théâtre qui ont marqué cette époque.

On y apprend la folie qui a gagné la France dès les années 1880. En effet, à cette époque, les expositions universelles, vaste outil de propagande pour le colonialisme et sa "grandeur", étaient de véritables petites villes où se situaient différents "pavillons" ou rue dédié à un pays ou à une ville...

Ainsi, la fameuse rue des Almées où se produisait la belle Fatma, légendaire danseuse du ventre,qu'on allait voir en famille mais qui avait une réputation ... sulfureuse...

La rue des Almées  du Caire, était en fait reconstruite "comme si l'originale s'était transportée à Paris" pour la plus grande joie des visiteurs ( des millions à chaque exposition). Tout le monde adorait la rue des Almées et la Belle Fatma et à la lecture, on comprend bien que déjà, " la danse du ventre" était vue comme une danse lascive, érotique...

Cette rue des Almées eut un tel succès que peu à peu, des danseuses gitanes,   Hindoues, indiennes, javanaise, africaine et autre apparurent dans ces expositions. Le succès aidant, on embauchait des figurants sur place, qui devaient passer pour des danseurs véritables venus de ces contrées lointaines...

l'authenticité, prouvée à fort d'articles enthousiastes dans toutes sortes de revue, était en fait tout à fait tronquée...Il suffit d'évoquer Mata Hari et ses danses javanaises sacrées pour s'en convaincre.

 

 


Mais cela eut un double résultat : d'abord, que le genre " danse exotique" fut largement exploité dans le music hall ( aux Folies Bergères, devançant en cela tout ce qui suivit ensuite, jusqu'au Bellydancer superstars) mais surtout, plus intéressant de mon point de vue, que les scènes des théâtres s'ouvrirent ensuite à de vraies artistes de scène venant du Japon ( Toshi Komori) d'Inde ( Uday Shankar) d'Arménie ( Armen Ohanian) du Sénégal ( Féral Benga)

Les danses exotiques " inventées" cotoyèrent donc les véritables arts issus de ces différents pays.

 

Féral Benga, Yaco Sacco


photos prises en 1920/1930

 

 

 

Malheureusement, même si on pourrait croire qu'une grande ouverture d'esprit vit le jour en cette fin du 19ème, début 20, il n'en était rien, car ces danseurs qui attiraient les foules étaient quand même vu comme " inférieurs à l'homme blanc".. on mettait en lumière la sauvagerie de leur danse, leur vie de geisha riches en aventures, leur animalité ou leur sauvagerie, s'opposant, bien évidemment à un esprit occidental puissant et inventif, capable de coloniser le monde, donc forcément, de ce point de vue, d' y apporter connaissances et technologies...

l'engouement pour l'exotique se double d'un fond de mépris et de fascination pour un ailleurs peuplé, quoiqu'il en soit, d'êtres inférieurs à l'homme occidental, et qui exprime via la danse leur profonde  animalité. La vision est étroite et faussée par la puissance du colonialisme anglais qui fait la chasse à la danse en Inde, français, qui exploitera les malheureux "colonisés" dans la monstrueuse guerre 1914 ( tout juste bon à être de la chair à canon) et autres puissances qui régnent sur le monde...

 


Le mot de la fin : à côté de tous ces danseurs exotiques, réels ou fabriqués de toutes pièces pour les besoins des expositions universelles ou du music hall, une génération de danseurs qui fit tout de même de réelles recherches sur les différents styles de danse vit le jour... ils mélangèrent alors, à partir d'un travail sur des postures, leur propre danse. Citons par exemple Simkie, danseuse qui s'inspira de la danse indienne, ou encore Carmen Valencia dans laquelle je me reconnais beaucoup, pour ce qui est de ses recherches et de son tempérament, car elle était aussi une grande mystique doublée d'une astrologue :

  Carmen puisa son inspiration dans les danses d'Orient et d'Asie dont elle étudia avec application les poses dans les musées et les bibliothèques. Elle était aussi une féministe militante, et était versé dans le bouddhisme.

 


Un grand merci via ce modeste article à Madame Anne Décoret Ahiha, docteur de l'université de Paris VIII

Grâce à elle, je peux non seulement découvrir un univers d'une richesse exceptionnelle, que je soupçonnais mais dont je n'avais trouvé que quelques traces ici et là.

de plus comprendre d'où vient mon travail et comment je le situe par rapport à cet héritage.

Livre édite par le centre national de la danse.

Partager cet article
Repost0