C’est aujourd’hui le concours de promotion des filles à l’opéra de Paris. Les participantes vont concourir pour accèder au grade supérieur. Elles sont libres de passer ou non le concours ; certaines savent qu'elles ont toutes leur chance, d'autres, qui au fil du temps comprennent qu'elles risquent de rester jusqu'à leur retraite dans le même corps, le font pour montrer qu’elles sont motivées, « qu’elles y croient ». En général, il y a de une à trois places par catégories : ainsi les sujets concourent pour être première danseuses, les coryphées pour devenir sujet et ainsi de suite. Elles danseront une variation imposée et une variation qu'elles choisissent. Elles se préparent souvent seule avec une vidéo, et ont parfois la chance de pouvoir travailler une heure ou deux avec une Etoile qui les regarde et les conseille.
A partir de la catégorie sujet, la danseuse est considérée comme demi-soliste, et peut donc se voir confier des rôles jusqu’à celui d’étoile.
Je ne viens pas ici faire de pronostic mais simplement parler des danseuses que j'aime, que j'ai plaisir à retrouver sur scène année après année.
Les sujets
Amandine Albisson-Pivat, Caroline Bance, Aurélia Bellet, Marie-Solène Boulet, Héloïse Bourdon, Lucie Clément, Sarah Kora Dayanova, Marine Ganio, Eléonore Guérineau, Charline Giezendanner, Christelle Granier, Laura Hecquet, Myriam Kamionka, Miteki Kudo, Laurence Laffon, Sabrina Mallem, Caroline Robert, Silvia Saint-Martin, Pauline Verdusen, Séverine Westermann,
Malheureusement Charline a peu de chance de devenir première danseuse, parce qu’elle est entrée dans le corps de ballet il y a longtemps déjà et qu’en principe, on nomme une étoile potentiel dans le corps des premières danseuses, ce qui ne peut plus être son cas. C’est pourtant l’une des ballerines les plus musicales et vivantes en scène que je connaisse. A chaque fois que j’ai eu l’occasion de la voir, elle a montré ce petit supplément d’âme que j’aime tant voir chez une danseuse.
Il me semble que Marine Ganio ne concoure pas cette année, mais même commentaire ; une danseuse généreuse, lumineuse et expressive, à la danse ciselée, précise.
Je n’ai pas eu l’occasion de voir Caroline Robert dans du classique, mais quel tempérament ! Elle irradie sur scène, elle a un charisme extraordinaire, un sens théâtral inné, beaucoup de vivacité.
Quand à Laura Hecquet, j’aime son lyrisme, sa tenue, sa pureté, sa ligne… vraiment une belle danseuse, attachante, avec de grandes qualités de danse, plus à l’aise cependant dans le classique. Je l’ai particulièrement aimée l’an passé dans la danseuse de rue de Don Quichotte. Elle ne deviendra probablement pas non plus première danseuse.
Les grandes favorites sont Bourdon, que je n’apprécie pour l’instant pas et surtout Albisson, mise en avant ces derniers temps et que je vais peut être redécouvrir dans la Belle au bois dormant cette année
Je n’aime pas leur tempérament artistique, ni leur danse que je trouve encore scolaire, voir étriquée, manquant cruellement de musicalité. Heureusement, mon jugement n’est jamais arrêté une fois pour toute ; les danseuses évoluent, leur artistique mûrit et surtout au fil des rôles, certaines personnalités éclosent….
Il est parfois surprenant de voir une danseuse acquérir une maturité artistique qui lui faisait défaut auparavant, comme ce fut le cas pour Laetitia Pujol, comme c’est en train de devenir le cas pour Pagliero. Cependant, ces deux danseuses étaient des techniciennes hors pair, ce qui n’est pas le cas des favorites.
Pour compléter, je dirai que j’ai souvent eu l’occasion d’ apprécié Séverine Westermann et aussi Laurence Laffon ces dix dernières années que je retrouve toujours avec bonheur sur scène.
Je ne comprends pas pourquoi Miteki Kudo figure encore sur les listes alors qu'elle est partie à la retraite il y a un an ou deux déjà...
Coryphées
Laure-Adélaïde Boucaud, Marion Barbeau, Alexandra Cardinale, Sae Eun Park, Letizia Galloni, Juliette Gernez, Daphné Gestin, Fanny Gorse, Emilie Hasboun, Juliette Hilaire, Amélie Lamoureux, Vanessa Legassy, Laurène Levy, Juliane Mathis, Céline Palacio, Aubane Philbert, Charlotte Ranson, Ghyslaine Reichert, Lydie Vareilhes, Karine Villagrassa
De belles danseuses aussi dans cette catégorie : de belles personnalités artistiques que je vois sur scène pour certaines depuis plus de 15 ans. De celles mises en gras, deux sont particulières. L’une parce qu’elle part plus ou moins favorite ( Marion Barbeau) , - mais je l’ai peu vue sauf une fois où elle irradiait littéralement la scène - l’autre ( Sae Eun Park) parce que c’est un jeune prodige à la technique virtuose. Certaines qui savent qu'elles n'ont aucune chance montreront peut être encore leur motivation en passant le concours une fois encore. Jamais beaucoup la personnalité de Juliette Gernez par exemple, qui a été éloignée lontemps de l'opéra de Paris pour blessure, je crois et qui a présent n'est plus en " course" pour la catégorie sujet.
Quadrilles
Anémone Arnaud, Laura Bachman, Léonore Baulac, Alice Catonnet, Julia Cogan, Emma D'Humieres, Leila Dilhac, Noëmie Djiniadhis, Peggy Dursort, Lucie Fenwick, Miho Fujii, Claire Gandolfi, Natacha Gilles, Amélie Joannides, Julie Martel, Lucie Mateci, Sophie Mayoux, Caroline Osmont, Sofia Parcen, Christine Peltzer, Marie-Isabelle Peracchi, Ninon Raux, Maud Rivière, Gwenaëlle Vauthier, Jennifer Visocchi
Je ne connais dans cette classe que Léonore Baulac que l’on a pu suivre l’an passé grâce à l’émission de télévision la Danse à tout prix, Miho Fujii qui est depuis longtemps dans cette classe, (ainsi que d’autres danseuses ) J’ai souvent lu le nom des autres sur le programme mais ne vais plus assez souvent à l’opéra pour bien les connaître.
Comment garder l’envie quand vous arrivez à 16 ans dans ce corps de ballet, que vous y restez année après année, et que des danseuses plus talentueuses que vous arrivent, ne restent qu’un an ou deux puis grimpent ? Et comment aussi restez heureuse de danser quand les années passent, que l’âge arrive, et que de toutes jeunes recrues viennent rejoindre vos rangs ?
Que vous répétez toujours les mêmes rôles de corps de ballet ?
Si l’amour de la danse n’est pas fortement chevillé au corps, de passion elle devient un métier. Au fond, c’est un peu le risque pour tous les métiers…. Sauf que pour celui-ci, la mise en compétition est permanente….
Parfois un chorégraphe contemporain repère telle ou telle et le temps d’une chorégraphie, d’une création, ce qui doit redonner un peu d’air frais à ces artistes.
Sans doute certaines danseuses gardent elles l’amour de la danse chevillée au corps toute leur vie, quelque soit leur grade, d’autres peut être, voient naître en leur for intérieur une amertume, une déception….
Les résultats seront connus en fin de journée!
A noter que le nouveau directeur de la danse, Benjamin Millepied, assiste au concours cette année.
le 10 novembre :
Et bien voilà : le verdict est tombé : sont nommées les danseuses en rouge dans la liste ci dessus, donc pas de surprise à savoir Albisson qui devient première danseuse et que je verrai dans la Belle au mois de décembre
A noter que Laura Hecquet est classée deuxième ce qui me fait vraiment plaisir car c'est vraiment une belle danseuse!
Giezendanner est classée 4ème devant Hélöise Bourdon qui doit être extrêmement déçue car classée seconde l'an passé; elle devait espérer fortement.
Pour les sujets, nomination attendue de Sae Eun Park, technicienne de haut vol
pas d'autres classées, pour la plus grande tristesse des autres danseuses
et la rayonnante et adorable Léonore Baulac devient donc Coryphée; sa ténacité a payé.