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  • : Un jour, une œuvre, par Valérie Beck
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck a évolué au fil du temps. Il est consacré principalement à la danse, mais est ouvert aux autres arts.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

marie-taglioni-in-zephire.jpg

28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 19:55

A-snap-of-odissi-dance.JPG  Voilà, c'est fait, j'ai pris mon premier cours particulier d'odissi avec une jeune danseuse ( française) que je trouve extrêmement talentueuse
 Quand elle eut compris que je voulais VRAIMENT apprendre, même s'il fallait mettre le temps ( dix ans ne me font pas peur!!!) elle a été ravie
J'ai donc appris aujourd'hui le BA ba
car je ne veux pas apprendre du décoratif, ou de l'Odissi prêt à consommer! non!!!

Pour commencer, cette danse de l'Inde du Nord est a été victime de la même  malveillance anglaise qui l'a interdite,  tout comme le baratha natyam : les Anglais assimilaient les danseuses à des prostituées; ils interdirent donc la danse trouvée trop sensuelle pendant plus d'un siècle et demi jusqu'à ce qu'en 1950 un mouvement nationaliste s'empare de la danse pour en faire un acte de résistance et de revendication nationale

la danse odissi a elle aussi été reconstituée entièrement d'après les scultpures des temples ( comme celui de Chiddambaram) ( tout comme le baratha qui l'a été à partir de traites écrits et de scultpures)
Ce lieu est considéré comme un point important de la planète "ou tout danse et tout est danse"
Nandikeçavara, grand sage indien a écrit " la bouche émet le chant, la danse en esquisse le sens, le regard 'lanime de sentiments, les pieds en marquent la mesure.
La où vont les mains va le regard, la où se trouve le regard se fixe l'esprit, là où il y a l'esprit, s'installent les sentiments, là où règnent les sentiments jaillit le rasa"

Le rasa, grande notion indienne qui est la saveur mais d'ordre divin, c'est aussi le but ultime de la danse classique indienne dont la
sion spirituelle ne peut être dissociée ni du corps ni de l'esthétique que celui ci crée
Comme pour le yoga que je pratique, le corps est L'outil qui permet d'accéder à des dimensions autres...

mais avant cela, il faut apprendre!!!!

Pour commencer, deux positions de base : le tribhangha ( photo ci dessous) et le ChoukaTribangha.JPG
Le tribangha demande un plié profond,  digne de la danse classique ; l'autre pied repose sur la demi pointe à partir d'une " quatrième", puis on décale le buste du côté de la jambe pliée,  à partir de la taille, et la tête elle aussi se décale à partir du cou; trois points de décalage
une main repose sur la taille, poignet cassé, l'autre sur la cuisse

ça a l'air simple, mais pour arriver à la fois à la stabilité et à la douceur toute féminine de cette pose....


la deuxième posture est un Chouka, les pieds sont ouverts de la largeur d'une seconde de danse classique, et les cuisses sont très très pliées, les pieds complètement ouverts, puis les avant  bras se plient au niveau des coudes, les bras, eux étant dans le prolongement des épaules qui sont très détendues

chouka.JPGla posture est virile, pleine de force!

a partir de ces deux postures de base découlent toute la danse indienne

Aujourd'hui je n'ai travaillé que cela sur des rythmes scandées vocalement par mon professeur  ( rythme en quatre temps)
j'ai appris à plier, a frapper les pieds sans décaler le bassin, a passer d'une posture à une autre dans décaler les épaules, bref... et à sauter sans changer le niveau de mon corps...

cela demande une concentration de toute épreuve

et puis quelques mudras de base ( il y en a 28; soit faite à une seule main ( la demi lune, le lotus, le serpent, le guetteur, etc, soit à deux mains : le poisson, la tortue, etc)
cela demande une isolation de chaque doigt pour passer d'un mudra à l'autre!!!

comme le baratha, l'Odissi peut e^tre purement technique, ou narratif, ou les deux à la fois
pour l'odissi, la narration tourne beaucoup autour du Dieu Krisha, et du printemps

mais avant tout, on offre une prière à ganesh

tout comme pour mes cours de sanskrit, ou on commençe aussi par une prière à ganesh

Ganesh est le Dieu qui retire tous les obstacles, qui aide à l'étude, qui donne la stabilité... il est aimé dans toute l'inde

j'adore ces cours d'odissi et pourtant , je vais autant " souffrir" que lorsque j'ai commencé le piano classique; avant de jouer le repertoire, que d'exercices, encore et encore, des heures et des années, l'une après l'autre... aujourd'hui, je joue ce que je veux, mais cela m'a pris... 15 ans....

en faisant du natha yoga, du sanskrit et de l'odissi, j'ai l'impression de renouer avec l'essence même de mon être...

j'ai ressenti tellement d'émotion et de vibrations pendant ce premier cours!!! comme si tout à coup, je me disais " oui, c'est cela que je cherche!"

je vais travailler dur car je veux d'ici quelques mois aborder le début du répertoire

il faut un an pour assimiler les postures et être à l'aise dedans!!! mais la patience est une de mes grandes qualités, ainsi que la ténacité... et puis ganesh m'aidera!!!



Val: 28 mars 2010

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23 mars 2010 2 23 /03 /mars /2010 20:56

 pourquoi tournent ils ?
 
 
Rumi et le soufisme.
 
 
On appelle soufi les hommes qui ont renoncé aux richesses du monde et portent la tunique de laine. Ce sont des ascètes. Ils font partie de la confrérie mawlanya qui fut fondée par Jalal Uddin Rumi, fondateur de l'ordre des derviches tourneurs et poète mystique de génie qui inflença toute la littérature persanne de son époque. Son père l'appela « Nawlana » qui littéralement veut dire « notre maître » tant l'enfant, spirituellement, était précoce.   
 
 
Rumi nait en Afghanistan en 1207, dans une famille très lettrée (son père est appelé le sultan des savants) mais doit fuir  très jeune avec sa famille, son pays envahi par Gengis Khan. Ils se réfugient en Turquie.  Rumi, au gré de ses voyages et de ses expériences de vie devient tout à la fois poète, alchimiste et un mystique de grande renommée.
 
 
 
 
La rencontre qui changea sa vie
 
 
 
 
 
Il rencontre en la personne de Shams de Tabriz un maître qui lui permet d'entrevoir des vérités supérieures. Shams est un errant, un mystique, qui s'adonne à la danse, à la musique, comme moyen d'accès à Dieu. Pour lui, l'expérience mystique de fusion avec Dieu ne naît  pas dans l'étude des livres : on dit même qu'il est illétré.  Il enseigne la danse et l'abandon à Rumi pour d'accéder à une conscience spirituelle autre.  Rumi et Shams passent de longues années ensemble. Mais un jour, Shams trouve la mort, assassiné, dit-on par les disciples de Rumi, jaloux de la relation exclusive que cet errant et ascète entretient avec Rumi qui les délaisse. Rumi en conçoit un chagrin profond.
 
 
 La fusion avec Dieu 
 
 
On raconte que Rumi, encore triste de la perte de son ami et maître, Shams de Tabriz, marche un matin dans le souk. Il entend à chaque pas Dieu lui dire : «  je suis toi, tu es moi » Des marteaux frappent des feuilles de métal précieux, et voici que sur cette musique , Rumi saisi par une vague d'émotion, lève les bras et se met à tourner sur lui-même. Les passants s'arrêtent pour le regarder. Rumi danse longtemps et les ouvriers ne cessent de frapper les feuilles que lorsqu'il s'arrête enfin : « Je viens de m'unir à Dieu » dit-il tout simplement
.
 
La technique du Sama'
 
 
 
 
Est-ce ainsi que naît le Sama', cette audition spirituelle sur laquelle dansent les derviches, suivant l'enseignement de Rumi .
Etymologiquement, le mot veut dire audition. C'est une technique d'expérimentation physique et que spirituelle. L'ascète accepte de se laisser prendre pendant le Sama' par l'état qui s'empare de lui.
La danse consiste à tourner sur soi même un pied plat, un sur demi pointe qui reçoit régulièrement une impulsion, tandis que les bras sont de part et d'autre du corps, la paume  droite tournée vers le ciel pour recevoir, l'autre vers la terre pour redonner, selon le schéma de l'arbre cosmique. La tête est penchée sur une épaule et le buste, souple, qui se balance doucement sur un axe vertical. L'équilibre se crée grâce au souffle.
Se fondre dans la matière en mouvement est leur seul désir.
 
 
 
La musique 
 
 
La musique est constituée d'un ensemble de ney,(flûtes), de qanum, (cithare sur table), de rebab, (parent du violon mais à « six coins » comme le voulait Rumi pour incarner les quatre points cardinaux plus le Nadir et le  zénith), de tanbur et de dafs, percussions.
 
Le cheikh, chef des musiciens, qui enseigne l'Islam et les principes du soufisme, est appelé samazân. C'est lui qui coordonne le tournoiement de tous les derviches, pour que chacun, tout en s'abandonnant à leur état propre, soient tout de même reliés entre eux, telles les étoiles dans le cosmos, dansant autour du soleil.
 
 
le tournoiement comme principe de vie de l'univers
 
 
 
Ce tournoiement est vu comme principe de vie : mouvement des planètes, cycle du temps, circulation du sang, etc.
Ce tournoiement conduit à une fusion du corps avec le reste de l'univers et non pas à sa disparition. La frontière que l'oeil voit disparait.
 
Ce n'est pas sans me rappeler les calligraphies de maître Deshimaru, qui d'une certaine façon, revient au même résultat : c'est à dire qu'il y a aussi fusion de la matière et de l'anti matière...
 
 

Article rédigé en partie d'après Françoise Grund, "danses de la terre" et les liens internet ci dessous.

liens :

avec la biographie de Rumi

http://hpml2.free.fr/rumi.htm

 

http://www.fraternet.com/magazine/etr_1406.htm

avec le soufisme

http://www.oasisfle.com/culture_oasisfle/djalel_ud_din_rumi.HTM

 

avec l'oeuvre poétique de Rumi

http://decitre.fr/service/search/fiche_detail/-/ean-9782020560887/index.dhtml

 

 

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23 mars 2010 2 23 /03 /mars /2010 15:41

Ce lien uniquement pour parler de Noureev, parce qu'il était unique!

Il a redonné, dès les années 1983 à l'opéra de Paris, une magie qui s'est éteinte avec sa disparition

certes, l'opéra de Paris est toujours une compagnie merveilleuse qui fourmille de talents formidables, des coryphées aux Etoiles... mais lorsqu'il était vivant et qu'il était directeur de la danse, les danseurs flamboyaient... tous étaient étoiles d'une certaine manière, tant leur présence en scène scintillait, comme des diamants...

Avant d'accepter la direction de la danse à l'opéra de Paris, Noureev a été l'un des plus grands danseurs de son temps.

Malheureusement, je l'ai vu danser sur son déclin... il avait toujours l'allure d'un tigre, impérial, charismatique, mais la technique l'abandonnait déjà...

Au fur et à mesure de mon humeur, je repetorierai les dvd, videos, site qui lui sont consacrés

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23 mars 2010 2 23 /03 /mars /2010 12:39

 

 

  Voilà, c'est Mia, il doit être une ou une heure et demi du matin. Le spectacle est fini. A côté d'elle, Chaka, qui était tout petit alors...

Devant, des danseuses. On écoute sagement ce qu'elle a encore à nous dire...

Mais avant de parler de ce spectacle commençons par le début : ma rencontre avec Mia...

 


C'était en 1991, j'avais repris la danse : au programme danse classique avec Lazarelli et danse contemporaine avec Mohamed Ahmada. J'allais au centre du Marais au moins trois fois par semaine... mais de la fenêtre du cours de classique, le samedi, à 17h, j'apercevais en face un cours étrange où les danseurs, habillés de short, de petits bodys noirs moulants, de bottines qui avaient un petit talon effectuait une danse extrêmement énergique. L'été, la musique, tonitruante, étouffait le piano de notre cours, et il y a avait des hurlements sauvages...

j'étais intriguée, mais personne dans le cours de classique ne sut me dire ce que c'était. L'autre professeur dont je tairais le nom, fermait rageusement la fenêtre quand c'est lui qui donnait les cours en disant " quels hystériques!"

Mais bizarement, ces hystériques m'attiraient... et j'allais voir la fin du cours. Je rencontrais Mia, toute jeune  femme alors, qui discutait avec ces élèves... je fus fascinée... et je décidais que l'année suivante, à la rentrée, et bien, j'irai à ce cours...

 

 

Ce que je fis ! Je rentrais de Sicile, cette année, j'étais partie seule en vacances,comme toujours, et dès le premier cours, j'étais là, avec des petits tennis aux pieds n'ayant pas les bottines, et un " déguisement" pour pouvoir faire le cours.

On était une armée!!!! serrés comme des sardines. Mia commença l'échauffement! bigre, heureusement que j'étais habitué à la méthode Jane Fonda, car ça déménageait : le tout sur une musique très tonique... l'échauffement dura plus d'une demi heure avec plus de dix minutes d'abdo. Je me rappelle encore qu'à la fin de la série d'abdos, elle nous demanda de garder la pose; et elle jura de mettre à la porte ceux qui ne tiendrait pas! je vous le dis, on était au moins une soixantaine... je tremblais d'être mise dehors, je serais mes muscles, je m'appliquais ensuite dans les diagonales et dans la chorégraphie qu'elle commença à nous apprendre. Pas de sourire,  pas de mots, on travaillait!

A la fin du cours, j'achetais une carte. Je revins deux jours après pour mon nouveau cours. Et ma grande stupéfaction, elle connaissait déjà mon nom, comme ceux de tous les autres nouveaux!!! Mia a vu passer dans ses cours des centaines d'élèves, mais chacuna eu droit aux mêmes égards à la même attention...

Et puis, ce fut une vraie drogue, ce cours... on était presque toujours autant, mais mon Dieu quelle ambiance. Je continuais cette année là mes cours de contemporain et de classique, plus un entrainement  la piscine pour le coeur, plus le yoga... je faisais entre 10 et douze heures d'entrainement par semaine, et je n'avais pas " ma dose".

 

 


 

Je fis beaucoup de belles rencontres parmi les élèves, et l'une d'elle devint une grande amie,jusqu'à son mariage et son départ loin de Paris... on travaillait dur, avec un Mia exigeante et généreuse à la fois, mais quelle ambiance parmi les élèves. Certains, professionnels, faisaient tous ces cours, et c'était un bonheur de les voir danser... Aurore, Matthieu, plus tard Iskaie...

Le cours se déroulait ainsi lorsque je passais en niveau " intermédiaire-avancés" : 40 minutes d'échauffement et de musculation, puis les diagonales techniques : pirouettes, double pirouettes, grands jetés en tournant façon jazz, sauts attitude cambrée, sauts à la seconde avec tour, grands jetés simples... quelle énergie chez tout le monde!

ensuite on passait aux diagonales d'apprentissage du style : des mouvements funky, groovy, hip hop,jazz, street soul, qui permettaient de se familiariser avec le style de Mia. On passait deux par deux ou quatre  par quatre. C'était magnifique à voir, quand tout le monde bien ensemble, relié par la musique, donnaient toutes ses tripes! Mia démarrait toujours seule les diagonales puis on suivait. Pendant ce temps Michel, son mari, nous corrigeait... nous expliquait les mouvements, comment mieux les faire...

Puis venait la chorégraphie qu'on apprenait sur environ trois semaines. A l'époque, Prince, Madonna, M Jackson tenaient la tête du hit parade... c'était le délire absolu...

et toujours avec cette impression de danser les uns avec ls autres, de se stimuler tous pour donner le meilleur de nous... je ne sais toujours pas comment Mia arrive à tirer autant des gens, même les moins doués...

 


 ( Moi, à l'époque, en autoportrait, et en hommage au Cri de Munch)

 

La récompense vint le jour où des filles me dirent en toute honnêté : " ce n'était vraiment pas terrible ce que tu faisais au début, mais maintenant, tu danses bien!"

Quelle récompense!

Quand aux préparations des spectacles, c'était facilement neuf heures de répétition par semaine, le cours commençant à 20h30 pour se finir à minuit passé, plus les répétitions qui duraient parfois jusqu'à ... cinq heures du matin, dans la rue...!!!

Mais après, quel bonheur, quelle fierté aussi... Mia arrivait a faire monter environ 100 personnes sur scène... et tout s'enchainait, sans fausse note.. on montait en quatre groupes qui se partageaient les chorégraphies... avec le sentiment de faire un travail commum,et pas seulement de montrer sa pomme sur scène... Mia vérifait tout : les costumes, les coiffures, le maquillage... dans les coulisses, vigileante, muni de son sifflet, elle réglait les entrées, les sorties, et ça allait vite! comme ces chorégraphies dont la rapidité d'exécution nous laisait sans souffle parfois...

Mia est comme un grand général qui tire le meilleur de ses armées, parce qu'il a gagné leur confiance, parce qu'ils sont fiers de lui... je crois qu'au delà du plaisir fou qu'on trouvait à danser ce sentiment nous habitait tous...

Ces années, c'était bien avant Macarena... bien avant ce dancer, bien avant pop star...

Après la sortie du film The Dancer,  en 2000 a peu près, je n'allais plus chez Mia. Non sans douleur... après dix ans passés à travailler avec elle plus de dix heures par semaines, je sentais que mon temps d'arrêter était venu... j'avais commencé la danse orientale, qui, je l'avoue, m'enthousiasmait tout autant, mais pas avec cette passion, cette force... Mia avait été une drogue, une passion. Elle et son mari comptent pour moi parmi les êtres qui m'ont le plus donné... j'ai ressenti un grand vide en cessant de travailler avec eux... ils m'ont manqué, sur le plan de la danse! mais je crois que c'était nécessaire. j'avais des choses à trouver, à mettre en place... c'est un travail qui est solitaire... beaucoup de mes anciennes camarades avaient cessé aussi de venir... en dix ans, les vies changent!

Le film, The dancer, n'est franchement pas une réussite, mais je suis contente qu'il existe quand même,  tout simplement parce que Mia est dedans et Michel aussi pour toujours...

Qu'ils soient ici même remerciés pour tout ce qu'ils m'auront donné...

 


Il n'existe malheureusement pas de site officiel de Mia....

A venir : Mia Frye (2)

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23 mars 2010 2 23 /03 /mars /2010 08:46

 

Il n'est pas besoin de présenter Rachel Brice aux amoureux/ses de la danse orientale. Miles Coppeland l'a intégrée à la troupe des Belly dancers superstars. Depuis deux ans, cette troupe sillonne le monde entier et entre deux spectacles, les danseuses, à tour de rôle, donnent des stages.

Mais pour moi, Rachel est bien plus qu'une BDSS : c'est un être au parcours singulier, doté d'une faculté de travail hors norme, qui non seulement a créé la compagnie Indigo qui n'a pas sa réplique actuellement, mais de plus, est restée d'une étonnante et émouvante simplicité.

J'ai effectivement eu la très grande chance de pouvoir suivre un de ses stages, et j'ai rencontré une jeune femme simple, douce, chaleureuse, qui adore transmettre ce qu'elle sait et le rend accessible sans renoncer à la qualité et la profondeur du mouvement.

 

Qui est Rachel Brice pour ceux qui ne la connaitraient pas encore?

Elle vit actuellement ( entre deux voyages) a San Francisco. Il est pour moi très important de signaler cela car San Francisco n'est pas une ville américaine comme les autres. Il y a un climat artistique dans cette ville qui a vu naitre et croitre le mouvement hippie très différent des autres villes d'Amérique. La population est très métissée de toutes sortes d'influences y compris asiatiques. M Graham elle même venait d'une ville voisine et disait combien elle avait été marquée par ce métissage ethnique.

 

Yoga, danse tribale, études d'ethnolgie...

Est ce la raison pour laquelle Rachel, tout en pratiquant la danse orientale avec Suhaila Salimpour a, en parallèle, étudié le yoga avec e Schiffmann? Est ce la raison pour laquelle, lorsqu'elle a découvert le style tribal ( article à venir) elle a aussi éprouvé le besoin de faire des études d'ethnologie, section danse, afin d'approfondir sa connaissance des danses tribales?

Elle obtient aussi dans la foulée un diplôme de chiropracteur  et tout en enseignant le yoga, exerce aussi ce métier. Mais elle trouve enfin une vraie raison de danser en rencontrant Caroline Nerricio, l'une des créatrices du style tribal, et peu à peu, son style unique, qui emprunte au tribal, à l'oriental, au jazz aussi, naît.

 

la compagnie Indigo

Sur scène, Rachel danse en soliste mais aussi en groupe avec les autres danseuses de sa compagnie. La fascination naît non pas d'une démonstration de virtuosité, mais, outre de sa très grande souplesse physique et des isolations maîtrisées des pieds jusqu'aux cheveux, de la perfection de chaque mouvement...

Les costumes sont à la fois ethniques et futuristes : bijoux en argent très lourds, qui parent les hanches, les bras, les doigts, le cou et le ventre des danseuses, tatouages pour certaines d'entre elles, le noir, couleur dominante, étant rehaussé de couleurs primaires très vives, comme le bleu, le rouge, ou encore le mauve. Chaque danseuse a son propre costume.

Les cheveux sont ornés de fleurs, de tresses de coquillages, de chignons savamment construits bien qu'ils aient l'air complètement naturels. Maquillée, Rachel ressemble a un chat, avec ses grands yeux en amande qui sourient, son regard mystérieux et profond.

La gestuelle

 

Le plus fascinant de ce style tribal fusion est le travail des bras : les épaules sont complètement déliées, les bras d'une incroyables souplesses, et tout est solidaire : si la hanche bouge d'une certaine façon, le bras se lèvera de telle autre, entrainant avec lui le mouvement des poignets qui se transmettra aux doigts : on a l'impression de voir quelque chose de complètement organique, un peu comme les mouvements des anémones de mer soumise aux invisibles courants marins.

Le buste se meut avec la même grâce que les grands serpents et peut adopter n'importe quelle position. Le cou obéit aux mêmes loi. Les contractions très fortes du ventre et des hanches sont très amples et spectaculaires.

La musique

 

 

Rachel joue aussi du tabla. Sur scène, elle accompagne parfois les BDSS. Elle travaille avec le compositeur Pentaphobe, qui sample des sons naturels métalliques,  qu'il enregistre dans des industries de sidérurgie par exemple, mais aussi avec les musiciens suivants : DJ I Sabbah, Amon Tobin, qui mélange tradition et musique électronique, et puis avec son ami Tobias, percussionniste.

Elle aime avant tout avec sa compagnie improviser sur scène. Ainsi, sa danse se renouvelle toujours.

Oui, je suis envoûtée, comme j'ai pu l'être par Noella Pontois, la compagnie Graham, ou celle de Alvin Ailey. Tout à coup, on découvre un univers et aussitôt, on sait que c'était celui là qui nous manquait le plus....

 


 

Liens

www.rachelbrice.com

site réalisé par Pentaphobe

http://www.fcbd.com/html/history_rr.html

information sur le style tribal et caroline nericcio

http://www.movingintostillness.com/

 

le site de Eric Schiffmann

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1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 12:49

Dans les rôles titres : karl paquette, Delphine Moussin, Mathias Heyman, Pagliero, Hurel, Laure Muret, Laurent Novis


Vous savez, parfois vous achetez des ingrédients chers, vous vous lancez dans une recette compliquée, et le plat est fade....
c'est exactement ce qui s'est passé le 1er mars, avec cette distribution notamment

Une histoire célèbre, la musique de Chopin, des robes magnifiques, des danseurs talentueux et puis au final, rien, trois heures d'ennui ( je me suis surprise plus d'une fois à penser a des choses qui n'avaient plus rien a voir avec le spectacle, je m'en étais totalement absentée!.... ça ne m'était encore jamais arrivé!)

J'avais choisi cette date pour voir Isabelle Ciaravola, mais hélas, elle était blessée et a donc été remplacée par Delphine Moussin que j'aime énormément ( je l'avais adorée notamment dans Anastasia, dans Ivan le Terrible)

Est ce par ce que les danseurs ont eu peu de temps pour répéter ensemble que la magie n'a pas eu lieu?
est ce que le ballet en lui même est bavard? ( Ce qui m'a semblé!)

Je ne saurais dire....

En revanche, je cite trois artistes que j'ai vraiment eu plaisir à voir sur scène

La magnifique Mathilde Froustey : même " planquée" dans le corps de ballet, on ne voit qu'elle : elle sera étoile un jour, c'est une évidence! elle a tout et surtout un charisme hallucinant!

Le magique Mathias Heymann, vraiment ! poésie et technique se fondent en lui!  je l'ai raté dans le Spectre à la rose cette année, quel dommage! ( quatre heures coincée dans ma voiture! arghhhh!)

et puis la sémillante Laure Muret, belle présence scénique, comme toujours, plaisir de danser évident!

Pour les autres, et bien, comme je le disais chacun a raconté son histoire de son côté sans que l'on comprenne ce qu'ils racontaient ensemble....

Trois heures, c'est long, dans ces conditions!!!

Cela fait partie de mes soirées ratées à l'opéra, mais finalement, il n'y en a pas eu tant que cela car la plupart du temps je choisis mes distributions

a noter que Dorothée Gilbert aussi avait renoncé à danser Manon....

bon, j'en suis venue à me redire une fois encore : ce ne sont pas les chorégraphes qui font les oeuvres, mais bien les interprètes! c'est la même chose en musique
confier le plus beau Ravel a un pianiste bourrin, il ne se passera pas grand chose! même si la technique est là!

Non, il faut autre chose pour qu'une oeuvre prenne vie; il faut ce petit plus qu'on peut appeler âme, si l'on veut!!!

Il n'y avait pas d'âme ce 1er mars!....
 

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21 février 2010 7 21 /02 /février /2010 09:21

Siddharta_Gautama_Borobudur.jpg  Ah, j'adore ces répétitions publiques et gratuites à l'opéra de paris! cela faisait bien longtemps que je n'avais pas assisté à  ce type d'évènement puisque des qu'elles sont mises en ligne, les places disparaissent dans l'heure qui suit; difficile  d'avoir des places! reste la solution de faire la queue en espérant pouvoir entrer sans place, mais j'avoue qu'avec l'âge, je deviens un peu frileuse...
Je n'avais donc pas assisté à un passeport depuis des lustres!

Je ne connais pas toute l'oeuvre de Prejlocaj, loin de là: l'opéra de paris m'a permis d'en découvrir deux : Le songe de Médée, que j'ai vraiment beaucoup aimé pour la puissance expressive de la danse, et Ceci est mon corps, une oeuvre étrange et hallucinée. J'avais voulu aller voir la création sur Air au théâtre de la ville, mais comme à chaque fois, je n'avais pas pu avoir des places.

la télévision et arte m'ont permis d'en découvrir d'autres : Annonciation, et puis Eldorado, construite en duo avec le compositeur Karl heinz Stockausen; c'est une pièce musicale spécialement écrite pour Prejlocaj; arte avait fait un reportage très interessant sur ce partenariat; j'avoue que j'ai été assez peu touchée par la danse elle même, mais comme beauocup d'oeuvres, c'est en " live" qu'il faut voir la danse... donc mon avis ne vaut pas grand chose... Arte a aussi diffusé Blanche Neige qui rencontre un immense succès, mais comme je le disais, rien ne vaut le live. La danse est un art en trois dimensions, ramené à deux sur le petit écran, on perd presque tout de la magie d'un spectacle.

voici   un lien où vous aurez foule d'extraits sur les créations de Prejlocaj qui vit à Aix en Provence  
link

Il y a aussi youtube où sont proposés à foison des extraits de ballets, dont les terrifiants N ou le sacre du printemps....

 


Me voici bien contente que Prejlocaj s'interesse à Siddharta!!!

A partir de l'oeuvre de Hermann Hesse qui raconte la vie " avant" que Siddharta ne devienne Bouddha ( l'éveillé) une scénographie a été ré-écrite

Pour assez bien connaître la " mythologie" de Bouddha et du bouddhisme, la vie de celui ci se divise en quatre grandes étapes :

sa vie dans son palais, coupé du monde
la première fois ou par la porte d'un jardin, il voit le " vrai " monde, et c'est un choc car il découvre la souffrance du monde dont on l'a toujours tenu à l'écart dans son palais doré...
Puis c'est le   départ sur les routes  - il abandonne son épouse, son fils, son rang de prince,- et commence son initiation à un yoga ascétique qu'il finira par quitter car il sent que trop d'ascèse renforce l'ego au final au lieu de l'en débarasser. Il veut trouver une réponse pour soulager la souffrance du monde...
Et enfin, c'est l'éveil qui viendra après une période de sept jours et de sept nuits de  "transfiguration " si je peux me permettre ce terme! IL comprend alors que pour se libérer de la souffrance, il n'y a qu'un chemin, le travail sur l'éveil ou encore comprendre que rien ne dure, qu'il est donc vain de s'attacher à quoi que ce soit, que la cause de la souffrance est là.

je ne sais pas si Prejlocaj va surtout narrer sa vie avant son départ du palais et les plaisirs qu'il y a connus comme l'a fait Hesse,  ou bien s'il va   aller vers l'abstraction plutôt que vers  le narratif.
Ce qui est sûr, c'est qu'il  a été interessé  par ces yogis, qui, pour trouver l'éveil,  entreprennent un travail qui physiquement les engage tout entier.
la légende dit que buddha, quand il trouva l'éveil, resta en méditation sept jours et sept nuits, et qu'il faillit mourir pendant ce temps là.
c'est là qu'intervient la légende du naga qui vint étendre son capuchon pour protéger buddha des orages violents et des pluies glacées,  et  qu'il enroula sept fois ses anneaux autour du yogi pour l'empêcher de mourrir de froid : il ne bougea plus du tout! Comme on le voit, le serpent n'est pas l'être malveillant condamné par l'église catholique en Asie! Chez les Khmers aussi, il est un dieu tellurique protecteur.
Moi, je veux bien faire le serpent dans son ballet!!! Et demander à la Nâga compagnie d'apporter un petit divertissement puisque  c'est ce même Nâga qui est notre emblême!

 


Après ce long préambule, revenons en à cette répétition

 

Trois distributions sont  prévues avec des danseurs tels que  : Leriche/ Belingard/ Osta/Dupond/Romoli/Bullion/Renavand... du beau monde, comme souvent à l'ONP! Noter d'ailleurs la présence de Romoli!!!

Nous avons assisté à une vraie séance de travail : Prejlocaj  voulait utiliser le peu de temps dont il disposait  ce samedi pour   travailler comme il l'aurait fait en salle de répétition.
Ainsi nous avons découvert  non seulement  le travail des danseurs qui affinent les mouvements en suivant les indications du chorégraphe au plus près et en répétant encore et encore de très courts passages mais on voit aussi comment le chorégraphe   ajuste  son propre langage au fur et à mesure afin que le tout devienne lisible et prenne son sens, comme un grand couturier le ferait d'un vêtement...

c'était stupéfiant de voir   la concentration d'Alice Renavand, disponible, mais entièrement centrée sur ce qu'elle devait faire; son partenaire avait surtout un travail de porté et de placement à faire par rapport à elle, donc était moins sollicité
La scène répétée représentait l'éveil ( Alice) qui vient trouver Siddharta pour la première fois

Cette scène - même en cours de travail- est  d'une très grande poésie et d'une grande intensité, mots qui caractérisent bien ce que je ressens des oeuvres de Prejlocaj vu en " live"

On est dans le domaine de la danse contemporaine sans être dans la danse concept ou la non danse : le mouvement dansé, expressif, poétique reste la base

A noter que  les danseurs ont travaillé sans musique. C'est effectivement indispensable pour acquérir le mouvement et pouvoir le travailler, le reprendre. Mais lorsque Prejlocaj  a mis la musique en toute fin de répétition, les mouvements étaient décalés par rapport aux accents musicaux   car les danseurs  n'avaient pas encore les repères pour placer   les mouvements comme le veut  le chorégraphe

Alice est d'une grande beauté, d'une grande douceur et d'une grande force tout à la fois
elle m'a toujours captivée sur scène!
pendant la répétition, j'ai vraiment été impressionnée par sa concentration et la facilité qu'elle a à reprendre encore et encore un mouvement en cherchant à lui donner le sens voulu par le chorégraphe, sans fatigue, sans effort semble-t-il! C'est l'interprète rêvée qui sert le chorégraphe, comprend ce qu'il veut et le restitue peu à peu , au fil du travail.

la musique est une commande de l'opéra de paris au très jeune compositeur Bruno Mantovani, né en 1974

A noter que Prejlocaj peut aussi bien chorégraphier du Malher, du bach que du Ligéti, ou du ... Mantovani!


Alice renavand, cygne noirrenavand_alice.jpg


encore quelques mots

pour avoir suivie des stages avec les chorégraphes contemporains Franck Micheletti ou encore Philippe Menard, j'ai fini par goûter complètement le travail interactif entre deux danseurs : c'est à dire que l'énergie de l'un a TOUJOURS une influence sur le travail de l'autre
dans la danse contemporaine, il y a un vrai dialogue, car ce n'est pas " chacun danse les pas et on le fait ensemble" mais le mouvement  d'un danseur induit un déplacement d'air qui forcément a une incidence sur le travail de l'autre/ des autres.
D'autres parts, le mouvement peut être conduit par n'importe qu'elle partie du corps : le coude, le genou, le dos, et non plus seulement les pieds comme en danse classique

dans cette séance de travail, on voyait très bien ce rapport recherché par Prejlocaj que n'ont pas encore trouvés tout à faire Alice et Stéphane

Je dois dire que suite à ces stages, je suis devenue beaucoup plus sensible a une certaine approche de la danse que j'ai de plus en plus envie d'introduire dans mon propre travail à condition que la compagnie continue, ce qui n'est rien que moins sûr!


merci à Prejlocaj, pour cette répétition publique, et aux deux danseurs !

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22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 09:31

 

les acteurs du drame.

 

Commençons par quelques points de repère avant de voir comment Wilde en vient à écrire sa pièce et Strauss à s'en emparer!!!

 

Hérode : est Hérode Antipas, et non pas le   Hérode 1er  qui, (selon les Evangiles), fit massacrer tous les enfants de moins de deux ans. Il est le roi de Galilée qui est sous contrôle de l'Empire Romain et dont Ponce Pilate   est le procurateur. Et oui, celui qui fit le procès du Christ...

 

Hérodiade : Petite fille de Hérode Ier ,  nièce de  Hérode Antipas. Elle est d'abord l'épouse de Philippe, l'un des trois fils d'Hérode.    Il lui est interdit d'être la femme du frère de son premier époux; aux yeux de la loi juive, c'est un crime. Pour l'épouser, Hérode a répudié sa propre femme, ce qui est considéré comme un adultère. Ce que lui rappelle du fond de sa citerne :

 

Jean Baptiste : prophète qui annonce la venue du Messie. C'est un ascète, qui ne se nourrit que de miel sauvage et de sauterelles, et ne coupe pas ses cheveux. Il dénonce les agissements d'Hérode, qui, à la demande d'Hérodiade, sa femme, finit par le faire jeter en prison, où il restera dix mois. Il ne peut se résoudre à le tuer  car il est très populaire auprès du peuple et Hérode craint que Jean  ne parvienne à   dresser  le peuple contre lui à cause de l'adultère et des autres exactions qu'il a commises.

Mais Hérode ne veut pas le faire mourir. De plus, il aime, parait-il, s'entretenir avec lui, car c'est un homme plein de sagesse.

 

 

Salomé :  Chez Joseph Flavius, c'est l'une des soeurs d'Hérode, qui conspire avec les autres princesses pour défendre ses intêrets. Elle n'est à aucun moment  citée comme étant la fille de Hérodiade.

 

Donc Salomé n'est qu'un mythe... 

Il semblerait qu'au quatrième siècle, lorsque les Evangiles commencent à être commentés, les Pères de l'Eglise mirent sur le dos de la fille d'Hérodiade de toutes sortes de crime : Saint Ambroise écrit : " Elle dévoilait les parties de son corps que les moeurs apprennent à cacher..."

 

 

 

Et voilà : Salomé lascive, lubrique, calculatrice est née...!!!

Tous les ingrédients sont là pour plaire au 19ème siècle :

- context  juif et chrétien

- personnages bibliques

-personnage féminin qu'on va pouvoir charger de tout le " refoulé bourgeois" du 19ème siècle : c'est à dire la sexualité qui fascine mais qu'on ne peut brandir aussi librement que le fera le siècle suivant, après que Freud eût ouvert la voie...

 

 

( à suivre... Strauss, Wilde et les sept voiles....)

 

à lire sur ce blog :

 

Salomé et les Evangiles

 Qui est Salomé?

 

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9 janvier 2010 6 09 /01 /janvier /2010 09:45

la-rue-copie-2.JPG 
Je  voudrais plutôt vous parler de la magie du spectacle en lui même... j'ai lu  Casse noisette à l'âge de  dix ans environs; ce conte écrit par Hoffmann est plus terrifiant qu'enchanteur ; il y a une violence tant de la part du monde des rats que de celle des enfants qui détruisent ou encore  des parents qui ne comprennent rien à rien!... quand on est enfant et qu'on lit cela, ça ne rassure guère sur l'état du monde... 
C'est vraiment cela qui me restait donc  du Roi des rats, titre du conte.
 
Mais dans cette version, il y a une ambiance étonnante. Revenons un instant sur les danses des parents : on y  j'y entend  les motifs musicaux qui parcourent les oeuvres de Schumann, comme les variations ABBEG, ou Carnaval, inspirées elles aussi par les bals évoqués dans les nouvelles des romantiques allemands ( Je pense au Flegeljahre de Jean Paul). Cultivé comme il l'était, Noureev a parfaitement su entremêler tous les fils proposés par Dumas, Hoffmann, Schumann, Tchaikovsky, Petipa, en y ajoutant sa propre sensibilité

 



clara-et-le-roi-des-rats.JPGC'est magique d'assister à Casse noisette un 25 décembre. De s'émerveiller  de l'arrivée des invités  dans la rue, où tombe la neige, qui veillent à ce que leurs enfants soient bien comme il faut, à l'ennui que ceux ci ressentent face aux amusements des grandes personnes. Toute la vie apportée par les enfants turbulents, dissipés, qui égaillent ce grand salon bourgeois de leurs, bagarres, disputes, rires, jeux est parfaitement restituée par les enfants de l'école de danse.
J'ai pu goûter le tapotement des petites pattes de rats sur le sol, le combat des courageux soldats de plomb contre ces vilains rats ( enfants de l'école de danse vraiment craquants dans leur costume!!) la charge du Casse noisette et de ses petits hussards  à cheval,  l'arrivée flamboyante et magistrale du roi des rats qui terrifie Clara. Ce sont d'ailleurs les rats qui arracheront la robe de petite fille de Clara alors qu'elle tente de défendre son Casse Noisette contre les dents acérés et les griffes du Roi, immense et terrifiant

Heureusement, le Prince apparait,   les fenêtres du salon s'ouvre sur   les flocons de neige qui tourbillonnent dans le grand parc endormi où les branches nues et noires des arbres étendent leur mélancolie et leurs regrets au dessus des  statues de pierre des anges  bienveillants. Noureev n'est pas un bon chorégraphe? il suffit de regarder cette scène des flocons pour se persuader du contraire; tout est simple mais féérique ; aussi bien les vibrations des mains, que cette façon que les danseuses ont d'enrouler et de dérouler le corps sur elles même, comme le fond les  tourbillons de neige... comme ceu   que Noureev a connu enfant en Russie. La neige qui danse, qui couvre tout....
Les costumes de Georgiadis recouverts de strass argentés évoquent parfaitement le miroitement du givre sous la lune d'hiver, quand  dans les nuits   glacées, mais claires,  les rayons lunaires argentent les paysages...
( hélas, ça ne se voit pas sur les écrans de télé, le miroitement des strass disparait)
La neige tombe à gros flocons.... s'élève alors  les voix flûtées des fils et des filles de Snegourotchka,  qui vibrent dans les rafales glacées du  vent  qui joue, danse, et emportent des tourbillons de neige...

C'est à ce moment qu'apparait le premier pas de deux entre le prince ( qui a les traits dans le rêve de clara de son oncle Drosselmeyer) et clara, jeune fille amoureuse...
clara-priince.JPG
Les pas de deux de casse noisette sont  les plus légers, les plus gracieux, les plus vifs que j'aie jamais vus!
Ils ont une couleur qui leur est propre. Comme les tourbillons de neige, ils emportent le prince et clara dans une danse en mouvement perpétuel, légère comme des flocons, où l'on ressent en tant que spectateur l'ivresse que procure les  sentiments amoureux : c'est frais, féérique,  poétique, plein d'une extase quasi printanière; les danseurs alternent les grandes arabesques, les sauts, les mouvements amples qui traduisent l'immensité de leurs sentiments, leur frénésie aussi,   avec des petits pas pleins de vie, raffinés, délicats et fragile comme le givre.
La partition livre des pages  aux grandes envolées lyriques, comme seuls les compositeurs russes savent en écrire sans crainte d'exprimer  leurs sentiments profonds. Tout est en accord.  Danseurs, spectateurs, musiciens, décors, tout le monde est emporté dans un même souffle qui, lorsque j'y pense, traduit complètement ce que je ressens le soir de Noel : tout est possible, tout est neuf, tout est magique, le monde est poésie et féérie ( ensuite, ce sentiment retombe plus ou moins!!!) Merci à Noureev d'avoir si bien su comprendre l'essence de la magie de Noël, lui, qui enfant, n'a connu que le froid, la misère et la faim...

Après ce pas de deux, défileront d'autres scènes : d'épouvantes, quand Clara voit horrifié son casse noisette, puis son oncle dévorés par les rats sous ses yeux, quand les grandes personnes viendront la tourmenter...
est ce la réminiscence de cette scène que raconte Noureev, lorsque son père l'avait emmené dans la forêt et l'y avait abondonné, ( en fait, il l'espionnait caché derrière un arbre)  pour voir s'il avait du courage, sachant que les loups n'étaient pas loin? Noureev évoquait cette scène avec beaucoup de haine, montrant par la la cruauté de certains adultes...
mais très vite, le prince a ses côtés lui montrera la poésie possible des choses : comme dans les contes de Hoffmann ou de Gautier, les figures de la tapisserie de sa chambre prendront vie
Là aussi, la vie de Noureev a servi de fil à la relecture de son Casse noisette. Il s'est toujours entouré d'oeuvres d'art, sa chambre en regorgeait, peut être lui aussi voyait il ses icônes russes s'animer dans sa chambre la nuit...

Puis viendront la grande valse des fleurs, magnifiquement interprétée ce soir là par l'opéra de Paris, et le sublime pas de deux final, plus grave, moins adolescent que le premier, mais d'une singulière et envoûtante beauté
La aussi, reparait le goût qu'avait Noureev pour le " grand siècle" de Louis XIV même si les costumes sont ici plus  "louis XV"... je ne peux m'empêcher de penser aussi à  Louis II de Bavière  qui avait ce même amour pour Louis XIV, d'où la galerie des glaces d'un de ses chateaux; les deux partagent la même démesure...belingard-Ould-Braham.JPG

La danseuse abandonne sa robe de petite fille ( ou plutôt la combinaison qu'elle avait dessous, puisque les rats la lui avaient arraché) pour revêtir un splendide tutu doré et un diadème qui rappelle les coiffes russes. Elle est parée de bijoux, elle devient femme, en quelques sortes, dans son rêve tout au moins... 

Je reviens une fois encore sur la beauté de la danse offerte par M Ganio et D Gilbert
Il y a eu de grands moments de grâce dans ce qu'ils ont offert au public
Des moments où la beauté est telle que l'âme en est saisie
Les yogi tantrique disent que si l'âme est " frappée" suffisamment fort dans la contemplation en un instant de la beauté, la libération peut arriver
bon, je suppose qu'au préalable, l'individu aura fait moult méditation
mais ceci pour dire à quel point ils tiennent en estime le pouvoir de la beauté esthétique sur l'être humain
ce qui est traduit par la notion de " rasa" en sanskrit
c'est vraiment à cette rasa que j'ai goûté ce soir là, en voyant ce casse noisette de Noureev
Depuis j'ai exhumé ma vieille cassette VHS avec Maurin, Hilaire... je reviendrai en parler bientôt!!!
Pour finir, une belle image de M Ould Braham et de J Bélingard

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1 janvier 2010 5 01 /01 /janvier /2010 10:03

karl-paquette-delphine-moussin.JPG Ne vous y méprenez pas! ce n'est pas une photo le soir de sa nomination, mais l'une lors du salut de la Belle au Bois Dormant, dans le rôle de l'Oiseau Bleu, où il m'avait enchanté...
Karl Paquette est un artiste émminement attachant - comme nombre de personnalités à l'opéra de Paris - que j'ai vu pour ainsi dire à chaque fois que je vais voir un spectacle : il est toujours là pour remplacer un danseur blessé, prendre un rôle à la derniète minute, rendre service en servant de partenaire à nombres de ballerine...

Danseur étoile au rabais?

Ah non, pas lui! il n'a peut être pas la flamboyance d'un Legris  d'un Hilaire ou d'un Leriche, mais un charisme extraordinaire!!! A chaque fois qu'on le voit danser, il marque profondément; on oublie peut être les autres mais lui pas! Il éclipse parfois   les solistes des les rôles titres de la soirée même si'l ne vient danser que quelques minutes sur scène, comme pour la danse arabe de Casse noisette!
Parmi les  très nombreux rôles ou je l'ai vu danser et où je l'ai vraiment adoré je cite de mémoire : le chef des gitans dans Don Quichotte, pour son panache, sa force, son charisme,  Basilio, dans Don Quichotte toujours, pour la grande qualité de son partenariat avec E Abbagnato,( il est vraiment attentif à ses partenaires)  et pour ses qualités d'acteur: capable de beaucoup d'humour et d'espiéglerie, il peut être très drôle! Mais il peut aussi tout à fait être à l'opposé, comme pour le rôle de  Kourbsky dans Ivan le Terrible, où, littéralement déchiré entre son devoir, son amour pour Anastasia, il   est un traitre qui force la compassion... dans ce rôle il allie la qualité technique de la danse à des sommets dans l'émotion! Je cite encore de mémoire  le marchand, dans le ballet les mirages de serge lifar,  pour son charisme, ce petit grain de folie qui manque à tant d'autres à l'opéra de Paris. Voilà le seul danseur  que j'ai retenu de cet ennuyeux ballet ( hormis Dupont dans l'ombre) Son oiseau bleu, dans la belle au bois dormant, est  l'un des plus poétique oiseaux bleus que j'ai vus, plein d'espiéglerie, d'élegance, formant un duo très vivant avec la princesse Florine/ Moussin.  Dans  l'oiseau de feu,  de béjart, il a ce soir là éclipsé N Leriche dans le rôle titre, lorsque l'oiseau renait à la fin du ballet : sa présence magnétique allait à merveille avec le propos de Béjart!
Ajoutons encore le fabuleux  précepteur du prince Siegfried dans le lac des cygnes aux  côtés de N Leriche et de Letestu où il devient Rothbart, le magicien, dans le songe du prince... le pas de trois final figure parmi mes plus bouleversants souvenirs artistiques :
Paquette sait aussi merveilleusement travailler avec les autres.... sans perdre aucunement son identité; cela aussi, c'est du grand art
Et puis enfin,  le rôle de Linton dans Hurlevent de Belarbi; la scène où le pauvre Linton superpose les gilets, robe de chambre et autre dans son grand manoir froid et vide, puisque Cathy est morte ou va mourir, reste aussi gravée dans ma mémoire; cette scène qui peut être un peu ridicule a été transcendée par son engagement artistique :  Karl Paquette est plus qu'un simple interprète, il est " créateur" puisqu'il insuffle à tous ces rôles ce petit quelque chose de plus qui vient de son âme...

voilà ce que j'écrivais pour Linton :
" Karl Paquette aussi a donné une consistance incroyable au pâle Edgar ; tout figé et un peu ridicule au début, débordant de bonnes et creuses manières, puis le personnage évolue, jusqu'à nous rendre palpable sa solitude et le vide de sa vie si lisse que Cathy n'a fait qu'effleurer

Il danse d'abord comme un pantin bien élèvé : ronds de jambe et ports de bras figés, il a un habit vert, peut être en velours bien ajusté, et des bas bien tirés dans ses souliers ( rien a voir avec le pull et la pantalon " grunge" et les pieds nus d'Heathcliff)puis il perd peu à peu son assurance, ses manières, jusqu'à ce solo halluciné où il enfile habit sur habit : il m'a bouleversée tant il a donné à son personnage, donc aux spectateurs... aucun de ses habits ne recouvrira le vide qui l'entoure, ni ne réchauffera le froid qui le dévore... et Joseph est là, complice, spectateur ou simple témoin? Karl Paquette évolue beaucoup et bien cette saison...!"


je l'ai encore vu tout récemment dans la danse arabe de Casse noisette où sa partenaire Pagliero était décevante par rapport à la sensualité apportée par Romberg, remplacée ce soir là.danse arabe 2 Le couple n'était pas harmonieux, mais lui, égal à lui même, avait cette présence forte et puissante.

On ne retient pas en premier lieu  de Paquette ses qualités techniques, sa virtuosité, même si ces dernières années ( depuis Ivan le Terrible) il a considérablement   affiné sa danse,  l'a rendu plus souple, plus fluide, beaucoup plus " propre"; ses sauts sont plus élégants et plus légers,  il a perdu une certaine " brusquerie: sa technique de danse est  devenue belle,affirmée, solide,  sans être   brillante.  En revanche, ses qualités artistiques, poétiques et humaines  et son immense talent d'acteur, cet art qu'il a de revêtir n'importe quel rôle forcent le respect, l'émotion, l'admiration. C'est un artiste merveilleux,comme il en existe beaucoup à l'opéra mais il a ce plus charismatique  qui signe les étoiles. Parce qu'il a une vraie personnalité!
 Sur scène,  c'est d'abord le personnage que l'on voit, que l'on ressent : sa technique  est mise au service de  ce personnage, ce qui, - comme pour Kourbsky - lui permet parfois des prouesses techniques surprenantes,  comme insufflés par le personnage lui même. Trop souvent à l'opéra, je vois  l'inverse : le danseur mise sur sa virtuosité pour donner corps au personnage ce qui ne réussit pas toujours! c'est un peu ce que j'ai ressenti par exemple pour la Clara de D Dorothée Gilbert, magnifique, mais on voit la virtuosité avant le personnage; ce n'est pas le cas avec Karl qui donne vraiment une âme à tous les personnages qu'il incarne.
Il a abordé quantité de rôles à l'opéra,  y compris les rôles du repertoire comme ce Drosselmeyer de Casse noisette sur lequel il a été nommé étoile.

Maintenant qu'il est étoile, il pourra approfondir la connaissance qu'il a déjà acquise des grands rôles du répertoire : il doit danser Armand, dans le ballet la Dame aux Camélias, de Neumeier que je ne me suis toujours pas décidée à aller voir parce que le piano seul  et Chopin accompagnent tout le ballet.... j'ai peur de m'ennuyer... mais s'il danse Armand, j'irai peut être si je trouve des places pour les dates qu'on lui donnera.

Il a trente trois ans, et à présent ( en tous cas je l'espère!) la liberté d'aborder de nouveaux rôles dans lequel il apportera son supplément d'âme!
 

je lui souhaite ici de tout coeur de très belles années en tant qu'étoile et le remercie pour toutes les émotions artistiques, poétiques et l'humour qu'il a donné à la spectatrice que je suis !!

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NB : 6 ans plus tard, Karl Paquette m'enchante toujours autant ; par exemple, il a été un Armand bouleversant dans la Dame aux Camélias aux côtés de Ciaravola et s'est montré  princier, drôle et flamboyant dans le Paquita du 4 mai 2015

 

Un artiste qui aime profondément dans la danse classique qu'il sert de tout son coeur, avec une ferveur toute mystique.

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