Léonore Baulac nommée étoile : Aurélie Dupont crée son équipe (deuxième !)
La nouvelle était attendue depuis pas mal de temps et lorsque le nom de Baulac a figuré sur la distribution en date du 31 décembre, les rumeurs se sont amplifiées ; elles n’ont pas décru même après la nomination de Germain Louvet le 28 décembre. Ces deux artistes ont d’ailleurs dansé ensemble les rôles de Roméo et Juliette et les personnages principaux de Casse-Noisette ( Drosselmeyer/ Prince et Clara) que nous voulions voir, car nous avons toujours adoré Léonore, mais cela n’a malheureusement pas été possible.
Il est remarquable de se rappeler que dans l’émission « La danse à tout prix » qui date de 2012, suivre ce lien pour lire l’article correspondant - cette danseuse qui préparait le concours passait son grade de coryphée pour la 4ème ou 5ème fois sans se décourager. Elle était guidée par Aurélie Dupont pour le rôle du Cygne noir, et la petite séance de travail filmée en disait long sur la ténacité, la pugnacité de cette artiste. Elle ne changera pas de grade cette année-là non plus, mais à partir de 2013, tout va s’enchaîner pour elle : elle passé coryphée, puis sujet en 2014, et enfin première danseuse en 2015 ; elle a 25 ans. Heureusement, malgré ces années difficiles, elle a déjà abordé un certain nombre de rôles, car B. Lefèbre tout comme B. Millepied l’ont généreusement distribuée ce qui a permis au public de ces trois dernières années d’avoir eu de multiples occasions de la voir, soit dans le corps de ballet, où on la remarque toujours, soit dans un petit ou grand rôle ; on se souvient par exemple très bien de sa Fée dans la Belle au bois dormant, toute d’ incandescence féérique, de sa présence lumineuse dans le Chant de la Terre de Neumeier, ou encore de sa danse flamboyante dans le Daphnis et Chloé de B Millepied.
Et même dans l'affreux Nuit transfigurée de ATDK, elle irradiait aux côtés du blond Karl Paquette!
La Saison dernière, on a pu la découvrir dans le rôle de Juliette, aux de M Heymann, MO Braham s’étant malheureusement blessée ; elle a donc remplacé au pied levé la Ballerine et a incarné une Juliette " garçon manqué" dans le sens où élévée au milieu des querelles et des combats quotidiens, la jeune fille a acquis un caractère fort,tout de passion, qui comme ses pères ou cousins, prend les rênes de son destin en mains.
Ce qui enchante en elle, c’est cette façon si personnelle de s'exprimer en scène. Il y a en elle un contraste saisissant entre son visage elfique, sa grâce cristalline, son apparente fragilité qui cache en réalité une énergie peu commune et une grande force. Léonore danse comme si sa vie en dépendait. Elle est toute de générosité, de spontanéité, très vive. C’est une travailleuse acharnée que l’échec n’amollit pas. Elle est toujours prête à relever les défis, et se plaît autant dans le registre contemporain que dans les rôles classiques.
Tout cela a dû séduire Aurélie Dupont qui la connaît bien, et doit saluer sa capacité de travail hors norme, ainsi que sa très grande sensibilité, que possède également la directrice de la danse.
En même temps qu’elle en 2015, une autre artiste a été promue Première danseuse, Hannah O Neill que nous adorons pour la perfection de son placement, de ses lignes, pour son élégance et sa classe exceptionnelle, pour sa grâce d’une beauté froide, sa technique précise, toutes qualités qui signent les Etoiles. On ne pourrait imaginer deux personnalités plus opposées : l'une tout de chair et de sang, l'autre, presque surnaturelle mais très solide techniquement. Deux beautés différentes, deux artistes attachantes. Nous espérons que la seconde accèdera aussi au titre suprême.
Les Saisons prochaines, très avares en ballets narratifs lui permettront de danser si elle le souhaite la Sylphide, à qui elle donnera beaucoup d’esprit, Kitri qui sera pleine de panache et de verve latine, et sans doute Tatiana, dans lequel il sera difficile d'oublier Isabelle Ciaravola!
On se réjouit donc de l’étoilat de cette artiste attachante, qui montre sur la vidéo de sa nomination une humilité sincère et touchante. Que les 16 prochaines années soient pour elle emplies de découvertes, de rencontres chorégraphiques, de rôles qui lui apporteront tout le bonheur de danser qui est le sien et la couronneront véritablement « Etoile de l’opéra de paris ».