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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

marie-taglioni-in-zephire.jpg

31 octobre 2022 1 31 /10 /octobre /2022 08:57
Trois bonnes raisons pour ne pas voir Mayerling de Kenneth Mcmillan !

Un mot pour résumer ce ballet : c'est un gros navet. Et j'ai du mal à comprendre l'engouement général ! La narration est inexistante, on assiste à une succession de saynètes aussi vides les unes que les autres, sans aucune tension dramatique ni montée en puissance. La psychologie des personnages est grotesque et caricaturale. Du Freud mal digéré.

 

Raison 1 : Les personnages ? Il y en a tant sur le plateau, que si on n’a pas lu le synopsis trois fois avant de voir le ballet, on ne comprend rien. Parmi eux,  Rodolphe, pas aimé par son méchant papa castrateur, l’empereur François-Joseph, ni par sa libidineuse maman, Sissi, qui se tape une tripotée d’amants. Alors, le pauvre Rodolphe est obsédé par le sexe et la morphine. Et il est très violent ! Bad boy ! Il joue tout le temps avec une tête de mort façon Hamlet et un pistolet! 

Face à lui, une tripotée de femmes : des ex-amantes,  baronne, comtesse, des prostituées, et Mary Vetsera.

Raison 2 : Les pas de deux s’enchaînent avec les jambes tendues dans tous les sens, des dos cambrés dans tous les sens, et ça pirouette à droite et ça pirouette à gauche... et vas-y que je te mets la tête en bas, que je te grimpe dessus, et puis c'est à ton tour... ça n’évolue jamais…

Raison 3 : Et puis encore des prostituées ? Il nous en a déjà servi dans Roméo, resservi dans Manon... mais là, audace suprême,  on voit un officier qui se fait faire une pipe derrière une table et les filles écartent leurs gambettes et montrent leurs fesses. Haha, quelle audace ! On aura encore droit à des viols comme dans Manon : dites-moi, il avait pas un problème sexuel, le Mc Millan ?  

Bref, vous l'aurez compris : tout cela ne m’intéresse pas vraiment parce que la chorégraphie se répète encore, et encore, et encore quand elle n’est pas d’une naïveté à pouffer de rire comme la ridicule scène de la chasse, le grotesque tirage de carte, les officiers qui jouent à « coucou c’est moi » avec les rideaux. On s’ennuie ferme ! Racontée autrement, chorégraphiée autrement, peut-être aurais-je pu entrer dans ce ballet mais là, vraiment non...

Et pourtant, la troupe est toujours aussi excellente : à commencer par Mathieu Ganio, écorché vif, neurasthénique, malade, à bout de son mal de vivre. Toutes ses variations sont intenses, on sent quasiment battre son cœur malade-  où l'on sent d'une façon palpable la vie lui peser de tout son poids. Ensuite, il y a l'excellente Laura Hecquet, façon Me de Merteuil dans les Liaisons. Elle manigance, elle intrigue. Mais quel dommage que cette magnifique danseuse n'ait rien à danser! Battistoni, charismatique, et Bourdon impériale avec des bras d'un délié à tomber en pâmoison parviennent à insuffler un peu de vie dans leurs personnages creux.
Mais là encore le manque cruel d'imagination de la chorégraphie me laisse sans voix. Ça tient de l’héroïsme pour ces danseuses d'arriver à être convaincantes avec un texte vide.

Petit bémol pour l'interprétation et non la danse de Pagliero qui passe d'une jeune fille sautillante de 17 ans à une fille suicidaire folle furieuse sans aucune progression. Guérineau sourit pendant tout le pas de deux de sa  nuit de noces alors qu'elle vient d'être terrorisée par un mari brutal et sans tendresse.

J'avais vu quelques extraits par le Royal ballet qui ne m'avaient pas convaincue non plus, même si j'avais été époustouflée par la fluidité des portés, et c'était encore le cas hier.
Une fois encore, l'engagement des danseurs, leur beauté et celle de la danse n'est pas à remettre en cause.
Mais tout ce déploiement de costumes pour ça ? Alors oui, on met du sexe et de la violence factice pour sauver le tout, mais là, on est au niveau des mauvais films américains.

 

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27 juin 2022 1 27 /06 /juin /2022 08:07
Giselle : Gilbert/Marchand/ Révillion/ Colasante 24 juin 2022 ONP

Lors de la dernière série de Giselle en 2020,  j’avais eu le bonheur de voir  la Giselle de Dorothée Gilbert aux côtés de Mathieu Ganio.  Audric Bézard complétait le trio et le corps de ballet se mettait à l’unisson pour servir la narration. Vous pouvez retrouver le compte rendu ICI. La représentation avait été poignante et d’une maîtrise éblouissante.

J’avais donc hâte de découvrir Gilbert aux côtés d’Hugo Marchand, son partenaire de prédilection, car j’avais été profondément bouleverseé par leur Roméo et Juliette de l’été dernier. Voir ICI.

Fabien Révillion qui est un artiste que j’affectionne particulièrement campait Hilarion : tout s’annonçait au mieux.

 

Hélas, lors de cette première, le premier acte fut un beau gâchis ! Non pas chez les solistes, bien au contraire, c’est même Dorothée Gilbert véritable prima ballerina assoluta qui a sauvé le tout, mais le corps de ballet a montré une technique approximative, avec ses décalages constants les uns avec les autres, le summum étant lorsque les amies de Giselle, 8 au total, offre d’un côté un trio parfait et de l’autre un quintette en retard sur le tempo et peinant à aligner les pas.  Par ailleurs,   les danses paysannes ont perdu leur charme champêtre, n’offre aucune fraîcheur, aucune joie, et je préfère ne pas parler du pas de deux des paysans : le tout fait plus penser au laborieux spectacle d’une école de danse en fin d’année qu’à l’opéra de Paris et on se demande ce que Dorothée fait là, au milieu de ce spectacle indigent. Comment avec un premier acte calamiteux au possible, la scène de la folie peut-elle prendre toute sa puissance ?     
J’avais beau être éblouie par   Dorothée, je regrettais presque d’être venue, surtout si l’on rajoute les fausses notes de l’orchestre, notamment des cordes médiums et des vents.

Il était donc vraiment difficile pour Hugo Marchand de donner une réplique parfaite à Dorothée au premier acte et Fabien Révillion n’est pas plus aidé, puisque le plateau bafouille à leurs côtés : on a de la peine de voir de tels artistes dans un tel contexte, le tout ne prend pas.

Heureusement, un miracle est toujours possible et il a eu lieu au deuxième acte.

 

 Des Giselle, j’en ai vues, à commencer par Pontois et Atanassoff, inoubliables, en 1974.  Giselle reste l’un de mes ballets préférés car le drame explose de façon complètement inattendu et en peu  de temps au premier acte, et le deuxième acte offre la quintessence même du romantique : mort, pardon, sacrifice, monde de l’au-delà inaccessible mais dont on peut malgré tout capter un écho, une voix, une image dans la nuit.    
 

 Dorothée Gilbert devenue  totalement immatérielle, n’est plus qu’un peu de brume que le vent façonne à sa guise : ses équilibres, ses tours planés, ses arabesques, sa merveilleuse petite batterie prennent une beauté qui n'est plus de ce monde. Seule Bessmertovna  a su rendre sa Giselle aussi fantomatique. Ses bras évanescents s’arrondissent ou se meuvent comme les volutes de fumée dans un courant d’air. Transparente, volatile,   humble mais puissante tout à la fois, c’est un esprit que la force de son cœur anime.   

À ses côtés,  Hugo Marchand est un Albrecht  poignant, plein de remords ;  sa danse magistrale aux lignes magnifiques malgré sa grande taille, à la fois puissante et  terriblement humble, crée un contrepoint d’une infinie poésie à celle de Giselle.
Il est bien vivant lui,  de chair et de sang, mais rongé de chagrin.

Leur pas de deux a suspendu le temps, et leurs corps qui ploient, se déploient, se rencontrent et s’effleurent comme en rêve est un summum de beauté et de poésie.

À leurs côtés, le corps de ballet implacable, a la beauté à la fois immatérielle et minérale comme si des gisants de pierre s'étaient animés, leur compose un écran idéal. Ces Willis évoquent les cruelles  filles du roi des Aulnes, qui conduisent la ronde nocturne, ou encore l’hymne à la nuit de Novalis incarné ici dans toute sa perfection : « Un jour je répandais des larmes amères ; la douleur avait dissipé mon espérance, et j’étais seul auprès de ce tombeau sombre qui cache tout ce qui faisait la force de ma vie ; seul, comme personne ne pouvait l’être, sans appui et n’ayant plus qu’une pensée de malheur ; j’appelais du secours sans pouvoir aller ni en avant, ni en arrière, et je m’attachais avec ardeur à cet être que j’avais vu mourir. Alors, des lointains bleuâtres, des lieux témoins de mon ancienne félicité, un doux rayon vint à poindre ; la pompe terrestre s’enfuit, et avec elle ma tristesse ; je m’élançai dans un monde nouveau, immense, tu descendis sur moi, inspiration de la nuit, sommeil du ciel ; la contrée s’éleva peu à peu, et sur la contrée planait mon esprit dégagé de ses liens. Le tombeau près duquel j’étais assis, m’apparut comme un nuage, et à travers ce nuage j’aperçus les traits rayonnants de ma bien-aimée. L’éternité reposait dans ses yeux, je pris ses mains, et mes larmes coulèrent en abondance. Les siècles s’en allèrent au loin comme un orage, tandis que, suspendu à son cou, je versais des pleurs délicieux. Ce fut là mon premier rêve, et depuis j’ai senti dans mon cœur une foi constante et inaltérable au ciel de nuit, et à ma bien-aimée, qui en est la lumière. »

Le corps de ballet froid, lunaire, minéral et glaçant et pourtant d’une éblouissante poésie offre un contraste saisissant avec la mort du malheureux Hilarion, être pour qui on éprouve une profonde compassion, car il n’a jamais espéré être aimé de Giselle et ne peut ni l'oublier ni se consoler ; il l’aime par delà la mort, qu’il trouve lui-même d’une façon cruelle. On aime cet être banal, qui a passé comme un rêve dans la vie et meurt sans que quiconque se soucie de lui. Cela change des Hilarion brutaux, parfois odieux.

 

La dernière variation de Gilbert avec sa batterie ciselée, ses sauts vers l’arrière qui évoquent l’envol des phalènes au clair de lune, sa légèreté absolue, nous rend le temps trop court ;  à cette infinie poésie succède peu de temps après le cœur battant d’Hugo Marchand qui vibre avec amour, avec abandon, dans une série d’entrechats 6 emplie d’une émotion poignante ; notre cœur bat à l’unisson et on oublie l’extraordinaire prouesse physique.

 Enfin, félicitations aux lumières, car cette année, c’est merveilleusement éclairé  

Citons encore la très belle Willis de McIntosh. En revanche, la Myrtha de Colasante excessivement puissante, ne nous convainc pas vraiment. On voit une danseuse qui en fait trop et plus un personnage. Sa Myrtha de 2020 était plus nuancée.     

Un petit mot sur la rayonnante Giezendanner, toujours aussi radieuse sur scène, poétique, musicale, vivante. Quand on voit les 7 autres amies de Giselle dont 5 le soir de la première ont du mal à s'accorder et à suivre le tempo, on se demande vraiment ce qu'elle fait " encore"  là... 
 

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4 juin 2022 6 04 /06 /juin /2022 08:10

 Bonjour à tous!  

Il y a si longtemps que je n'ai rien écrit ici! Je viens vous parler de trois chaînes sur youtube qui m'ont incitée à mon tour à proposer des vidéos pour se mettre sérieusement au yoga lorsque l'on est débutant.

A 60 ans, je danse toujours, et oui! Je pratique toujours quotidiennement le fitness, les barres au sol, et l'odissi.

Et justement, pendant le confinement, trois chaînes youtube m'ont permis un entraînement intensif et intelligent. 

Tout d'abord, il y a la merveilleuse chaine de fitness de Maria Khoreva, ce prodige russe de la danse classique, étoile au Bolchoï. Sa chaine de fitness est une merveille. Rigoureusement, intelligemment faite, elle s'adresse à tous! Parfaite pour faire du cardio, du renforcement musculaire, ou s'assouplir, elle m'a, à 60 ans, permis de garder une excellente condition physique pendant le confinement, et je continue aujourd'hui à l'utiliser. 47 vidéos d'une grande richesse qui permet de construire des programmes variés ( bras, dos, souplesse, cardio, ABS, etc....)

La deuxième chaine est celle de la danseuse classique Noellie Coutisson, professeur de danse classique à Bayonne ( CRR). J'ai énormément utilisé ses barres au sol pendant le confinement, et j'ai même gagné en dehors; c'est dire si son travail est excellent! Avec ces deux demoiselles, impossible de se blesser. Ce qui est à louer également.

Enfin, la dernière chaine que je vous recommande est celle d'une danseuse classique américaine, ex Miss Auti qui a changé le nom de sa chaîne ce que je regrette. J'adore sa bonne humeur, son peps, sa gaité, et sa générosité; elle me donne de l'énergie à chaque fois que j'utilise ses vidéos.

Ces trois merveilleuses personnes m'ont finalement donné envie de partager à mon tour mon savoir faire qui est le yoga.

Je propose donc depuis deux mois des vidéos hebdomadaires dans lesquelles j'explique une technique de yoga, puis je la fais avec vous, via la vidéo.

Ces vidéos s'adressent pour l'instant à des pratiquants occasionnels, débutants, qui se mettent au yoga, mais sans doute que ma chaine évoluera au fil du temps, car je suis née coach : j'enseigne depuis 41 ans avec la même passion, et j'adore, comme ces trois filles dont je loue la générosité et le talent, transmettre, coacher, expliquer!  Voici donc en 4ème et dernier lien pour aujourd'hui ma propre chaine youtube 

 

La grande différence avec ces jeunes et talentueuses demoiselles qui ont 21, 25 et 27 ans, c'est que j'en ai 60 soit plus du double.  Et au fond, il n'y a pas tant de chaine youtube proposées par des gens de mon âge pour pratiquer la danse, ou le yoga. Certes, mon corps a 60 ans, mais mon amour de la danse, du yoga, de l'art, lui, est au delà du temps!

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12 juillet 2021 1 12 /07 /juillet /2021 08:34
Roméo et Juliette. Noureev. Hugo. Gilbert. Ganio. Révillon. Legasa. Vello Pähn. 10 juillet 2021

Malheureusement, je n'ai pas trouvé de belles photos sur le site de l'ONP de ce couple là et j'en suis désolée... j'ai donc mis l'unique que j'ai réussi à faire...

En 2016, j’avais vu Roméo avec Marchand et Gilbert dans les rôles-titres, quelques jours après avoir vu Heymann et Baulac, (en remplacement de Ould-Braham), et, si le premier acte ne m’avait pas vraiment convaincue, j’avais été emportée par l’émotion aux deux actes suivants, celle-ci allant crescendo jusqu’au dénouement final.

Cinq ans plus tard, les voici à nouveau réunis pour ce ballet aux diffucultés techniques redoutables, véritable marathon dansé de 2h30, dans lequel le couple doit faire face au terme de leur danse à des escaliers qui leur compliquent enocre la vie.  Mathieu Ganio était Tybalt,  Pablo Legasa Mercutio, et  Fabien Révillon Benvolio, rôle qu’il avait déjà dansé en 2016 avec toute la sensibilité qu’on lui connaît.

Dès le début, l’orchestre sonne nerveux, intense, lyrique. Après avoir trouvé les orchestres des  précédentes reprises bien mollassons et sans couleur, la baguette de Vello Pähn enchante cordes et bois parfaitement équilibrés et pondère les cuivres, qui a Bastille, font toujours trop de bruit.

Et puis le rideau se lève… de noires silhouettes jouent une partie de dés, la vie n’est-elle pas plus que cela ? Une partie où tout d’un coup tout peut être perdu ou gagné d’un seul coup ? Où les surprises tombent du ciel sans crier gare, et disparaissent tout aussi brutalement ? La compagnie qui a retrouvé sa superbe,    parle   ce samedi 10 juillet son Shakespeare couramment.

Aux scènes d’affrontement au marché, nerveuses comme celles de West side story, succèdent des scènes d’épée virtuoses, un bal aux danses guerrières, véritables parades avant la mise à mort, des solos lyriques ou comiques, des duos, trios, quatuors qui déclament en une langue truculente, fluide, gouailleuse, poétique, agressive, compatissante, virtuose, la tragédie des deux enfants de Vérone.

Dans sa chambre, Juliette-Gilbert, élevée par des parents au cœur débordant de haine et un cousin a l’épée leste, a développé un caractère franc et une force physique peu commune de garçon manqué que traduisent des gestes qui ne recherchent ni la pureté des lignes, ni la beauté des formes comme en 2016. Ah, cette Juliette me séduit d’emblée. On lui présente son futur époux ? « Bon d’accord, je vais le saluer pour vous faire plaisir, mais je préfère lutter avec Tybalt ! »

Par contraste, Roméo-Hugo, aux ports de bras légers, aux inclinaisons du cou fluides, aux sauts élastiques à la réception légère, aux attitudes qui se vrillent comme les volubilis autour des arbres, au regard empli d’une profonde humanité, révèle une âme sensible, rêveuse, féminine. Avec Benvolio, posé, calme, bon garçon et Mercutio qui se met en quatre pour amuser la galerie, il compose un trio profondément vivant, attachant.  Ce ne sont nullement les « bad boys » Capulet, mais un groupe de jeunes hommes tout juste sortis de l’adolescence qui ne se sont pas encore trop frottés aux réalités de la vie.

La rencontre avec Juliette bouleverse : la danse juvénile de celle-ci et la douceur un peu rêveuse de celui-là se métamorphosent dans le jardin en un pas de deux d’une intensité amoureuse non égalée depuis Hilaire-Guillem en 1991. De la rapidité d’exécution des pas de Gilbert et Marchand, vertigineuse, qui nous laisse littéralement bouche bée naît un puissant sentiment d’abandon amoureux que celle-ci devrait interdire. Les deux danseurs ne cèdent en rien à la facilité, bien au contraire, car les deux artistes au sommet de leur art qui se portent une confiance absolue, enchaînent des figures, des portés, des lancers qu’on croirait impossibles.

Avant cette merveille, on aura assisté pendant le bal aux chaises musicales, ou les yeux bandés, chacun doit reconnaître le partenaire qui lui échoit : la cocasserie en plein drame, c’est tout Shakespeare.

Et tout à coup, je réalise que ce Roméo de Noureev emprunte beaucoup au West Side Story, c’est tout à fait frappant ce soir : un joyeux chaos qui finira en drame. Quant au prodigieux travail avec le sol, il était dû au travail que Noureev faisait avec Martha Graham qu'il exportait ensuite dans la création de la chorégraphie. Patricia Ruane en parle merveilleusement.

Photo Julien Benhamou 2016 ONP

Photo Julien Benhamou 2016 ONP

Le premier éclate juste après le mariage secret : la mort de Mercutio – excellent Legasa qui n’en fait jamais trop, cisèle les pas et les sauts comme un orfèvre, bondit et tourbillonne léger comme une plume, rit et grimace de douleur au moment de sa mort semant le trouble dans l’esprit du spectateur — provoque la mort de Tybalt qui comprend trop tard que sa haine la conduit à sa propre destruction. C’est poignant et  Ganio s'empare d'un registre bien loin de tout ce qu’il avait dansé jusqu’à présent et donne un ton personnel à ce Tybalt qui ne peut combattre la haine qui l'habite. Il n'est pas méchant, il est le jouet de forces plus grandes que lui. Au moment de mourir, sa gestuelle, pointue et féroce comme son épée, mais avec des épaules où s'exprime son allergie viscérale aux Montaigus, se recroqueville au fur et à mesure que la vie l’abandonne : elle l'a trahie, il le comprend en mourant : un coup de dés.

Écartelée entre son amour et son chagrin, une Juliette moins forte que Gilbert perdrait la raison. Mais c’est coupée en deux qu’elle pleure son Tybalt chéri, et après un premier et violent mouvement de colère, cède à l’amour qu’elle porte à Roméo. Gilbert concentre toute l’intensité de sa douleur dans des gestes maîtrisés ; elle n’agite pas les bras comme je l’ai vu souvent faire, ceux-ci se tendent comme des flèches à la fois reproche, supplication, pardon, souffrance.

Les adieux dans la chambre de Juliette annoncent déjà le drame final où le pas de deux du jardin ne s’envole plus vers la nuit étoilée, empli d’espoir, mais retombe toujours vers le sol, emporté par la pesanteur de la douleur de la séparation qui annonce déjà la mort.  Que la chorégraphie de Noureev est lisible ce soir !

Les deux fantômes qui surgissent dans la chambre de Juliette, l’un tendant une fiole, l’autre un poignard, ont une immatérialité rarement égalée par leurs prédécesseurs. Ganio/ Legasa donne à leurs corps une transparence spectrale, lugubre, terrifiante, comme si de leurs corps en décomposition parvenaient déjà les échos du  caveau de Juliette.  Et puis c'est le message qui n'arrive pas, Benvolio dévoré de chagrin qui annonce la mort de Juliette... 

Dans le dernier pas de deux, la force de l'amour se brise sur  un dernier mauvais tour du destin. Juliette, endormie dans les bras de son Roméo qui la croit morte et tente désespérément de la ramener  à la vie, se réveillera trop tard.  Les joueurs de dé ont encore le dernier mot.

Je ne peux pas refermer cet article sans mentionner Dame et Seigneur Capulet  - Sarah Koya Dayanova et Arthus Raveau, parfaits dans leur rôle, l’extraordinaire nourrice, pleine de sollicitude et de gouaille de Miho Fujii, les acrobates qui ont magnifiquement fait virevolter les immenses les drapeaux, jamais aussi bien maniés ces 15 dernières années, sans oublier l’excellence du corps de ballet, qui a dansé de toute son âme.

La salle retenait son souffle, applaudissait rarement, prise qu’elle était par le récit, mais la dernière note résonnait encore qu’elle s’est levée d’un seul bond et a offert en retour une ovation à toute la troupe.

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24 mai 2021 1 24 /05 /mai /2021 11:52
Hommage à Roland Petit - Opéra national de Paris du 30 mai au 7 juillet 2021

    Pour commencer les distributions sous forme de tableau car sur le site de l'ONP c'est IN-RE-GAR-DA-BlE! Il y aura sans doute des changements que je ne suis pas sûre de voir passer; donc d'avance, mes excuses si ce tableau venait à être inexploitable à cause du jeu de chaises musicales dont l'ONP à le secret!

 Je dois dire que les couples me laissent un peu perplexe.... pourquoi ne pas avoir mis Marchant avec Gilbert? Ils s'entendent magnifiquement artistiquement parlant. Beaucoup de couples, peu de dates par couple... Alu est sans Carmen. Le 5 juillet, Béard est tout seul; pour Roméo et Juliette, aucune distribution en ligne... l'ONP communique toujours aussi mal, et les artistes sont toujours mis au pied du mur à la dernière minute. Ils apprennent souvent " par hasard" avec qui ils dansent... Bref. 

Pour le Jeune Homme, j'aime beaucoup Bullion dans ce rôle, avec sa sensibilité à vif, il incarne un jeune homme complètement déchiré, meurtri, et son suicide n'est donc pas une surprise à la fin. 

Il ne fait pas oublier N Le Riche dans ce rôle, mais il a su parfaitement s'approprier le personnage et faire une proposition artistique très sensible, touchante, émouvante.

J'aurais bien vu Hecquet en Carmen : en danseuse des rues et en Paquita, elle a prouvé sa sensualité, sa gouille quand il en faut, et un magnifique jeu d'actrice. Pas sûre que la ravissante O Neill ait le mordant nécessaire au personnage. 

Quant Rendez-vous, un ballet à oublier!

La magnifique Abbagnato fait ses adieux sur cette soirée. Elle avait dansé le Jeune HOmme aux côtés de N Le Riche pour ses adieux à lui : une très grande intensité dans ce pas de deux maléfiques. 

Bézard sera parfait en Don José; il a un sens artistique et un jeu d'acteur qui conviennent au personnage; Albisson va devoir donner corps à son personnage, un beau challenge pour cette danseuse aux lignes magnifiques. 

Et Alu? Deux soirées, pas de Carmen... Ses fans, dont je suis, sont mitigés sur ce retour. Car il mérite plus de danse.  Espérons qu'il sera Mercutio sur Roméo! 

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27 février 2021 6 27 /02 /février /2021 09:24
Hugo Marchand : danser

Ce livre a des airs de confession. Il est rédigé par une journaliste qui a sans doute voulu être dans l'air du temps en ayant recours un peu trop souvent au langage parlé... non seulement le récit n'y gagne rien, il ne paraît pas plus authentique pour autant, mais à la longue cela m’a irritée. Qu’est ce qu’on y gagne à savoir que  dans le ballet Manon celle-ci " vend son cul" par exemple ? Bref, c’est un détail heureusement.
Ces confessions, car c'est bien de cela qu’il s'agit, sont d'une sincérité désarmante à tel point que l'on se demande si, en prenant de l'âge, HM ne va pas regretter de s'être confié d'une façon presque psychanalytique. Une mise à nu sur un divan n'en dirait pas davantage. On suit donc les méandres de son mental comme s'il nous le livrait sur un plateau...
Cela commence à Nantes où sa mère veut presque lui interdire la danse tant il se met dans des états au bord du malaise. Certes, sa professeure de danse à l’air aussi stupide qu’exigeante en s’adressant à lui comme s’il avait 20 ans, et en le retenant systématiquement après chaque cours pour discuter, mais on voit bien qu’Hugo est un hypersensible, et qu’il ne comprend pas comment répondre aux demandes de ce professeur : il le voudrait de tout son cœur, mais il ne comprend pas. On apprend un peu plus loin qu’il apprend  pour s'amuser un peu une variation de fin d’études avec un élève alors que lui en est encore à ses débuts ; il la danse un jour devant son professeur qui décide de le  présenter en fin de cycle ( l'élève enseigne donc mieux que le prof!)  : donc précoce, doué, mais hypersensible.
Et cela va être tout le drame de sa vie : il se trouve gros, lourd, a des complexes. Il ne cesse de se comparer aux autres. Tous les danseurs en ont, Pietra le disait bien volontiers et MA Gillot a caché son corset pendant toute sa scolarité, parce qu' elle avait honte. Mais elle était déterminée, puissante, possédait une force de caractère que le sensible Hugo n’a pas. Il veut être aimé mais évolue au milieu de  l'insoutenable légèreté de l'être...
Cela continue à l’école : Il récolte le titre d’élève le moins sympathique de l’école de danse, mais explique «  que c’est de sa faute, que pour se protéger, il a mis de la distance entre lui et les autres.
Et cela va continuer tout le temps !
Benjamin Millepied lui donne sa chance ? Il se croit aimé, reconnu, jusqu’à se rendre compte que le virevoltant Benjamin, ému par Manon, l’a déjà oublié une fois l’opéra quitté. (Benjamin faisait les corrections des pas de deux sur un réseau social sur lequel HM postait des vidéos de répétitions !)
Ce sera la même chose avec Forsythe. Et d’autres.
Exception faite de JG Bart en qui il trouve un mentor, un professeur, aussi exigeant qu'il l'est  lui-même, mais également humain et à l’écoute.
En revanche, il a adoré travailler avec Crystal Pite, à l’écoute, tout en nuance, adaptant la chorégraphie aux corps devant elle et pas l’inverse… il ne tarit pas d’éloge sur elle ?
 
Une chose surprenante : il a tellement le trac  que la plupart du temps, il n’arrive pas à «  être là » en scène. Comme si son mental le coupait de lui-même.
 
Je comprends mieux pourquoi ce danseur vu dans les rôles de Roméo, Siegfried et Solor ne m'ait jamais touchée. Il dit que parfois le miracle est là, mais que la plupart du temps, il est malade les jours qui précèdent la scène, il envoie des textos à quatre heures du matin pour dire qu’il ne pourra pas danser le soir même. Il s'y traine quand même. Mais souvent sur  scène,  une vague le submerge et l’empêche de «  profiter » de la scène. Elle le coupe de lui-même tout en l'isolant avec son mental. 
J’ai dû le voir dans ces soirs là : une danse magnifique mais où est passé le danseur?
Il y a pour lui des exceptions : le fameux Manon avec Dorothée Gilbert (qui a appris dans l’ascenseur qui serait son Des Grieux, car elle n’en avait pas, et c’est donc Hugo qui le lui apprend, croyant qu’elle le savait : elle se retrouve donc avec un sujet…. Heureusement, ces deux là se sont trouvés)
 Il brosse un portrait très humain d’Aurélie Dupont ; il explique comme un coup bas les fuites du sondage - qui est fait de temps en temps pour améliorer les choses et doit rester en interne, - vers la presse. A le lire, on voit qu’elle gère 154 egos du mieux qu’elle le peut, et que, star du temps de son étoilat, elle ne peut donc en un coup de baguette magique se transformer en Mère Térésa. Elle lui  propose un jour de déjeuner avec lui pour parler d’un Onéguine dans lequel est le trouve «  trop scolaire, trop académique, pas assez investi artistiquement et émotionnellement, trop reservé, trop appliqué » : exactement les mots que j’emploierais en ayant vu son Roméo en matinée.   Un jour « sans », s’en doute. Car j’ai toujours trouvé sa danse magnifique, mais l’émotion ne prend pas.
Certains artistes auraient été piqués au vif  des mots d’Aurélie et auraient relevé le défi pour lui donner tort : mais lui  se dit que voilà, il n’est pas à la hauteur, et c’est cela qui pourrait bien le résumer ! Il se sent sans cesse en décalage entre ce qu’il voudrait être – plus mince, plus petit, plus léger, plus beau, plus parfait, plus profond, etc, etc-  et le reflet qu’il a de lui.
Dans l’ensemble, il a des mots courtois pour tout le monde, car,  comme le dirait Niels Tavernier, c’est la marque des danseurs d’avoir le bac plus dix en courtoisie puisque tout le monde croise tout le monde et danse avec tout le monde depuis l’école de danse. Cependant, il trouve la plupart de ses ainés aigris, critiquant les jeunes qui font trop de bruit et qui ne respectent pas leurs ainés ; il dit encore qu’on danse dix fois plus aujourd’hui qu’à leur époque, que les choses ne sont pas comparables. Il y a une anecdote avec  une danseuse qui montre une facette de son caractère : Sae Eun Park  devait danser Tatiana avec lui. Ils ne s’entendent pas du tout sur la conception des personnages et des rôles. Il décide de lui parler franchement et  ne réussit qu’à la faire pleurer, car Sae Eun n’a pas la culture du parler latin où l’on met tout sur le tapis…   à nouveau, il endosse le rôle du méchant, se reproche d’avoir été trop brusque avec elle. Il s’en veut.
 
Pour Sae Eun, je l’ai trouvée parfaite avec Mathieu Ganio, comme lui visiblement l’est avec Dorothée Gilbert  (sauf sur le Roméo en matinée…)
Il est vrai qu’autrefois les danseurs dansaient par couple : Atanasoff et Pontois, Thesmard et Denard, Clerc et Jude, Piollet et Guizerix... sans doute, cela devait faire gagner beaucoup de temps en répétition. Mais il est vrai aussi qu’à l’époque, il n’y avait pas deux salles qui proposaient EN MÊME TEMPS de spectacle de danse.
 
Bref, ce livre-confession  nous dévoile un être en quête de perfection, de paix, d’amour et de bonheur ( je vous passe les passages sur ses petites amies, mais la solitude quand même, sur ses parents qu’il engueule parce qu’après un spectacle ils ne sont pas à même de lui décrire toutes les intentions qu’il a mises dans ses personnages, sa loge qu’il n’aime pas encore, il n’arrive pas à la sentir sienne, sur sa nomination à Tokyo qui l'a frustré parce que ses parents n'étaient pas là, sur son incapacité à faire autre chose que travailler et apprendre," n'ayant pour toute distraction que de l'assouplissant à acheter", enviant G. Louvet qui lui prend les choses avec plus de plaisir et de légèreté... etc, etc…)
 
On sait bien que le métier est difficile, mais HM est plus qu'un autre enclin au doute, à la quête de la perfection et de l'amour. Dans cette grande machine qu'est l'opéra de Paris, il reste un étranger, et son titre prestigieux acquis avec labeur et détermination ne lui apporte pas le bonheur qu'il aurait pu espérer.
Le livre est très touchant, se lit facilement  et l'on regrette qu'un tel artiste ne puisse pas jouir davantage de l'immense talent qui est le sien.
Ces confessions sont donc très personnelles et ont un côté de " l'autre côté du miroir" qui peut soit fasciner, soit au contraire questionner : ont-elles apporté, comme une psychanalyse, un mieux-être à cet artiste? C'est, en tous cas, ce que l'on espère pour lui, ainsi que de pouvoir s'épanouir complètement à l'opéra de Paris, même si en ce moment, hélàs, les choses sont bien compliquées; peut-être que ce temps de repli obligé l'aidera à voir les choses sous un jour nouveau? Avec plus de légèreté? Sans que celle-ci soit insoutenable? C'est ce que je souhaite du fond du coeur à ce bel artiste.
  

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3 février 2020 1 03 /02 /février /2020 16:39

 

Je n’étais pas dans les meilleures conditions pour voir ce ballet, car je ne voyais ni la maison, ni la tombe, un bon quart de la scène m’échappait. C’est là qu’on se rend compte que la scène devient vide dès que l’action se passe précisément dans ces endroits là. On voit les danseurs disparaître et on attend qu’ils réapparaissent en recomposant les pas de mémoires…

 

Ganio et Gilbert ont fait le choix dans cette Giselle de revenir vers une narration simple et d’une grande lisibilité et le trio est complété par le puissant  Hilarion de Bézard : un prince, une paysanne, un garde chasse, des êtres sans complexité ni tourment intérieurs. Et pourtant, tout va basculer.

Giselle est fraîche, naïve, vite confiante, passée quelques réticences, et le prince n’a aucune idée précise en tête en la courtisant ; il la trouve jolie, c’est une raison suffisante en soi pour lui rendre visite en cachant son identité. Il n’y a ni jeu, ni fourberie. Rien. Juste une attirance pour cette jolie paysanne.

Hilarion n’arrive pas à admettre que sa petite protégée sur laquelle il veille avec tant d’amour choisisse un autre homme que lui, car personne d’autre que lui-même ne pourra autant la chérir. Tout cela est d’une grande lisibilité, on est tout à fait dans les romans champêtres de la fin du 18ème. Et c’est pour cela que le drame qui se précipite tout à coup est à la hauteur du talent de ses trois artistes. Il laisse sans voix tant sa violence est puissante. La scène de la folie est à couper le souffle, car tout à coup, Giselle arrive à nous entraîner dans SA folie, dans son monde intérieur, et tout le reste du plateau s’estompe. Elle créée comme autour d’elle un autre espace-temps dans lequel on est littéralement happé. Quand elle meurt brutalement,  personne n’a prévu cette fin tragique, et les deux garçons ne peuvent que constater avec douleur qu’ils ne peuvent plus retourner en arrière. A quoi bon chercher qui est responsable ? Giselle ne reviendra pas. Albrecht est horrifié par ce qui est arrivé, et Hilarion déchiré de douleur.

Tout au long du premier acte, le reste du plateau est très vivant, bien enlevé, poétique.

On s’amuse à regarder les danseurs railler la mère de Giselle et ses stupides histoires de fantômes par exemple… on est tout heureux de retrouver la «  vieille garde » : Bertaud, Lorieux, Quer, Bodet…

Les amies de Giselle sont si fraîches ! Et pourtant, pour une fois, on comprend qu’elles dansent simplement des danses paysannes… idéalisées, certes, mais la " saveur" campagnarde est bien là. 

Quel beau travail pour tout ce premier acte !

  

Quand au deuxième acte, il était vraiment superbe. Magnifique Dorothée, avec des inclinations de cou jamais vus chez personne, si justes, plein d' humilité : Giselle, de l’autre monde, n’a pas de raison de se venger, elle n'est plus qu'un spectre, et elle utilisera la force qu'il lui reste pour protéger.

Tous les pas servent la narration, et c’est d’une poésie à couper le souffle.  La Myrtha de Colosante  hiératique, s’oppose magnifiquement à la douceur de Giselle. On songe en la voyant à la statue du Commandeur, qui, dans Don Giovanni, vient juger le libertin;

Des willis, on sent la froideur glaciale, qui s'échappe de la tombe et  qui vous enveloppe, tout en étant fasciné par l'extraordinaire légèreté de leur danse.

Guérineau éblouit :   on n'a jamais vu de danse avec elle, on bien on se trompe. Pauline Verdusen est en harmonie avec elle.

 

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Une question d'entrechats : 

 

Quant aux "entrechats 6", une exclusité " Noureev", quand Le Riche les dansait, ils disaient  : Myrtha veut que je meurs en dansant, elle m’oblige à danser jusqu’à mes dernières forces, peut-être cette inflexible reine va-t-elle entendre mon cœur qui bat avec toute la force et la passion qui l’anime, et se laisser toucher par la force de mon regret, la force de ce cœur ? La passion qui m’anime va bien réveillera peut-être celle qui autrefois l’animait, et sinon, et bien tant pis, je danserai jusqu’à mourir, peu m’importe, s’il faut mourir, mais je mourrais en aimant !

 

Tandis que Ganio, avec cette élégance qui n’appartient qu’à lui, les délaisse pour dire par une série de sauts qui finissent genoux à terre et buste incliné :   Reine, je danse et je m’incline devant vous, voyez, je suis à genoux, je ne suis pas un méchant homme, et je regrette tant d’avoir, par insouciance fait périr celle que j’aimais !

 

 

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1 avril 2018 7 01 /04 /avril /2018 14:16

Depuis quelques mois, je suis fâchée avec le ballet de l’opéra de Paris ou plutôt, avec la façon dont il est géré. Il y a quelques semaines se sont déroulées les auditions pour le corps de ballet ; il y avait un poste de 1ère danseuse qui n’a pas été pourvu, bien que Charline Giezendanner qui est l’une des artistes les plus lumineuses du corps de ballet, ait concouru.  Celle qui a abordé le redoutable rôle de Gamzatti avec talent ainsi que d’autres rôles de solistes comme celui de Naïla dans la Source, que l’on repère toujours sur scène quelque soit le ballet et où qu’elle soit située, aurait pu être nommée, même si, du fait de son âge, elle avait peu de chance pour ne pas dire aucune, de devenir étoile. D’autres avant elles l’ont été dans un contexte analogue, comme ce fut le cas pour Nolwenn Daniel ou encore Stéphanie Romberg, deux magnifiques artistes. On ne voit donc pas où était le problème.

Charline est non seulement une ballerine née mais surtout une immense artiste qui apporte toujours à ses rôles, même si ceux sont très courts comme celui d’une des six fées de La Belle, de la danseuse Manou, d’une amie de Kitri, ou d’autres encore et la liste est longue, ce supplément d’âme qui fait toute la différence. Elle a dansé il y a quelques saisons le pas de deux de Giselle avec un esprit à faire rougir la plupart de celles qui ont abordé le rôle soit de façon trop maniérée, soit, à l'inverse, de façon trop terre à terre. Serait-ce donc par jalousie qu’on lui mettrait des bâtons dans les roues ? Est-ce que par hasard, on ne lui pardonnerait pas d’avoir été mise en vedette dans le rôle titre lors de la captation de Coppélia  au côté de Mathieu Ganio avec l’école de danse à sa sortie de l'école de danse? Fait-elle trop d’ombre à  certaines danseuses de la compagnie ?

Toujours est-il que Charline restera sujet et le poste de 1ere danseuse non pourvu. Il parait que ses collègues membres du jury ont voté pour elle car, et c’est chose rare à l’opéra, elle est très aimée de façon unanime ; rien  à voir avec Mathilde Froustey pour qui ses collègues en votaient jamais;  c’est donc du côté de la direction et des «  extérieurs » à l’ONP que le non a été prononcé.

 

Outre cette injustice, la saison 2017/2018 est indigente et celle qui vient, pire encore ; les ballets sont remontés avec un manque d’imagination pitoyable et côté distribution, il y a de quoi pleurer. Sur 153 danseurs, 130 doivent périr d’ennui ; avoir travaillé si dur pendant tant d'années, avoir consenti à tant de sacrifices dans l'enfance puis l'adolescence pour danser si peu de choses intéressantes ! On comprend mieux les départs qui s’annoncent : Chaillet, Bittencourt, Guérineau et d’autres que j’oublie… des artistes superbes qui vont voir ailleurs et on les comprend. Don Quichotte n'a mis qu'un tout petit nombre de danseurs sur les rôles de solistes, quand on aurait pu permettre à un bien plus grand nombre de s'exprimer à travers ces personnages que sont Espada, Cupidon, la Reine des Dryades, les amies de Kitri, la demoiselle d'honneur, la danseuse de rue, etc...

A force de ne plus danser de classiques, beaucoup de choses se perdent et deux surtout : le style et le sens.

Enfin, les danseurs mis en avant depuis deux saisons m'ennuient : Paul  Marque en 1er danseur, danse sans imagination, et sa technique n'a rien de flamboyant. Germain Louvet, étoile, est pour l'instant bien fade.

Ajoutons à tout cela  le déprimant Onéguine de cet hiver, avec des distributions vraiment pas folichonnes car il faut savoir constituer de vrais quatuors pour rendre ce ballet captivant ;   de bonnes âmes m’ont envoyée des captations vidéos entières : on est à des années lumière des quatuors du passé (Ciaravola- Ganio ou Moreau – Heymann ou Révillion – Giezendanner ou Froustey) Aucune connivence entre les protagonistes, aucun passion, aucun feu, pas l’ombre d’un frisson.

 

Pour clore ce billet d'humeur, deux misérables ballets classiques pour la saison prochaine! Et sinon, on reprend les mêmes et on recommence.... Je propose que dans le même esprit, on vide le Louvre de ses salles du 17ème au 19ème, que la comédie française ne propose plus de théâtre d'avant 1960, et que l'on transforme Versailles en hôtel de luxe : après tout, le patrimoine! Toutes ces vieilleries, ou est l'interêt?

 

Alors voilà : le ballet de l’opéra de Paris s’ennuie et moi, je le déserte jusqu’à son nouveau printemps.

 

 

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6 janvier 2018 6 06 /01 /janvier /2018 18:17

Ce Don Quichotte fut un beau gâchis de talents, presque tous à contre emploi, à commencer par les rôles titres, trop timides pour s'emparer pleinement de leurs personnages; Heymann est un Basilio souriant  à la danse moelleuse et élégante, mais nullement le barbier virevoltant, fougueux et virtuose! Sa danse est belle, tous ses pas se finissent proprement, mais malheureusement, on ne sent jamais l'enthousiasme que suscite ce personnage habituellement; sans même comparer à Patrick Dupont Nicolas Le Riche, ou même encore Bujones ( mon tout premier Basilio en 1981), si je m'en tiens à Paquette ou Alu,  je revois le premier drôle, vivant, chaleureux, l'autre mangeant toute la scène qu'il emplissait de sa générosité et de sa fougue, qualités vraiment absentes ce 30 décembre; se délecter d'une belle danse, élégante et accomplie et d'un visage souriant pendant deux heures en attendant que le personnage surgisse enfin,  finit par lasser.
La Kitri de Ould Braham, est jeune fille de bonne famille, qui fait souvent la tête, mais jamais  la  jeune espiègle de Barcelone, fille d'un aubergiste,  qu'on voudrait avoir pour copine ( Pagliero) qui n'a pas peur de se frotter au monde de la rue, a le verbe haut et met tout le monde dans sa poche. Ces deux là ensemble auraient été mieux séparés pour ce ballet : elle  aux côtés de F. Alu a été une Nikya inoubliable;  Bélingard,ou Paquette lui réussiss(ai)ent bien ;   lui aurait sans doute été parfait avec Pagliero ; l’équilibre aurait sans doute été trouvé.

Qu'on ne s'y trompe pas : j'adore ces deux artistes, les articles sur ce blog peuvent l'attester; Ould Braham est ma plus belle  Nikya, et dans Agon cet automne, elle m'a subjuguée; quant à Heymann, de Mcgregor à son inoubliable Lensky en passant par Lucien, de Paquita ou son époustouflant Roméo d'il y a deux ans, sans parler de son solo du prince Désiré, ou de son Prince dans Giselle, etc, etc...c'est un magnifique danseur et artiste... rien à redire. Il me semble que ces deux artistes auraient donc gagné à ne pas danser ensemble pour trouver dans un autre partenaire le feu qui leur a manqué.

Côtés seconds rôles, l’ Espada d'A Raveau, disparaît  sous sa cape, il manque de panache ou d'autorité ( et pourtant lui aussi quel artiste!) La danseuse des rues   d'Hannah O Neil, évoque une jeune fille de bonne famille qui a chipé la garde robe de sa camériste et s'amuse à s'encanailler sans y parvenir... Sa danse est splendide, brillante, mais "elle n'a pas l'accent!"  C’est le petit peuple que Noureev a mis en scène, que diable, pas des princes, des princesses ou des pierres précieuses !
Quand au trio qui d'habitude m'amuse beaucoup  ( sancho pança, Gamache et Lorenzo, à savoir Le Roux, Gaillard, et Murez) ils ne m'ont pas arraché un sourire. N'est pas drôle qui veut! Où est la bonhomie du vieux Don Quichotte perdu dans ses étoiles? La tendresse tapageuse et le sang vif de Lorenzo ( qui ne parle que sur un ton, celui de la brutalité).  Gamache n'est plus un  personnage ridicule, mais rend le danseur ridicule. La pantomine, grossière, ne raconte rien du tout ; d’ailleurs personne ne raconte rien dans ce ballet pourtant si bavard. On voit que Rudolf n’est plus là depuis 25 ans, le sens des choses et des pas se perdent peu à peu.

Et puis où est passé le corps de ballet? La place était clairsemée, vide, sans vie, trop chaud sans doute? Ou bien ils sont tous sur Play? Quelle tristesse que cette grande place vide sur laquelle on fait semblant d’être joyeux sans trop y croire.

Le deuxième acte n'est pas mieux; entre une scène de gitans trop sombre,  - sans doute pour cacher la mollesse des ensembles, -   une reine des dryades ( Sae Eun Park) qui s'entraîne pour les championnats olympiques de gymnastique, et une Ould Braham qui passe sa variation à la moulinette.... où est le rêve? Nulle part,  surtout avec les pauvres dryades survitaminées, qui ont des lignes de bras affreux et un bas de jambes qui évoquent plus des canards boiteux que des êtres irréels; de plus, j'ai été affligée par la transformation des pas gitans qui n'ont plus rien à voir avec la chorégraphie d'origine ( épaule, tête, vibration des mains, rien n'est juste) même avec ceux d'il y a cinq ans, qui déjà avaient été bien amolli; le chef gitan, Paul Marque, ne brille pas par son charisme ni pas sa technique.

Au troisième acte, on s'ennuie ferme…. Tout ce bruit pour rien….Au milieu de ce naufrage, quelques lumières du côté des amies, avec les très lumineuses Westermann et Giezendanner qui apportent leur bonne humeur et leur complicité.
Et puis Lydie Vareilhes  en Cupidon qui me tire tout à coup de ma torpeur pour quelques rares minutes trop vite écoulées!

D'ailleurs, dans la salle, j'ai vu plus d'une personne regarder ses textos sur son écran... cela en dit long! Quand on s’ennuie au point de regarder son téléphone toutes les dix minutes...

En conclusion, un Don Quichotte surjoué, dans lequel personne ne comprend ce qu'il danse.
Reverrai-je jamais ce ballet si joyeux, si virevoltant, dont on sort le cœur en fête comme à sa création ? On a souvent critiqué Noureev chorégraphe ; on oublie qu’avant toute chose, il était non seulement un danseur qui communiquait sa ferveur à tout un plateau mais surtout,  un merveilleux metteur en scène, sachant exactement comme tirer le meilleur de chacun, même des petits rôles, pour donner vie et authenticité à tous ces personnages de Barcelone.

Je suis ressortie triste, ayant eu l'impression d'avoir perdu temps et argent.

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14 novembre 2017 2 14 /11 /novembre /2017 17:41

 

 

Bien que je n’aie jamais vu Agon sur scène, l’œuvre m’était étrangement familière à cause de cette photo qui figurait dans un livre qu’enfant, j’adorais.  A partir de ce cliché datant des années 60, j’avais récréé  tout un ballet aussi « moderne » que possible. Quelque chose m’intriguait dans l’entrelacement des développés quatrième, dans les ports de bras, et même dans les costumes. J’étais fascinée par ces danseuses figées pour l’éternité dans cet instant étrange qui semblait promettre une œuvre unique et incomparable à tout ce qui existait déjà en danse.

Plus tard, j'appris que Stravinsky avait composé la musique à la demande de Balanchine, à une période où il s'intéressait aux trois Viennois, au sérialisme et au dodécaphonisme.

 

 En découvrant Agon pour la première fois  50 ans plus tard, je retrouve intacte ma curiosité enfantine. Voilà un Balanchine qui me ravit ; tout interroge, questionne, étonne. On croit suivre les danseurs dans une histoire, ils nous en servent une autre. La lumineuse Charline Giezendanner offre fraîcheur et spontanéité, tandis que Germain Louvet, peut-être tout juste échappé d’une fête galante à la Watteau, badine et danse avec impertinence ;  un peu plus tard,  Paul Marque et Pablo Legasa bondissent joyeusement à côté d’une Hannah O Neil espiègle, qui les taquine de ses pointes et décoche du coin de l’œil à ses deux chevaliers-fervents-servants,  des regards malicieux. Lorsque Ould Braham et Paquette entrent en scène,  l’air devient plus dense, et, comme dans les contes, la scène rétrécit. La belle Myriam, merveilleuse de sensualité,  fait languir Karl Paquette  en enroulant sa silhouette-liane autour de lui, comme le lierre autour du chêne ; il est à ses pieds – et on le comprend-  et, amoureux transi,  répond à toutes les propositions de la belle qui le repousse, le rappelle, l’ordonne, le console, l’ensorcèle, puis s’abandonne. Leur pas de deux est d’une fluidité et d’une langueur à la fois extravagante et lyrique ; les jeux pour rire des couples, trios ou quatuors qui les ont précédés laissent place à un moment hors temps, intense, où la beauté esthétique de leurs figures amoureuses rend la musique, à laquelle, jusqu’à présent, on n’avait pas trop prêté attention, (on aurait pu voir toutes ces scènes dansées sans elle) -  tout à coup complice. Elle devient le spectateur silencieux, ou le troisième danseur invisible ;  comme si  musique et les artistes se révélaient l’un l’autre. On   aurait bien gardés sous nos yeux plus longtemps ces deux artistes exceptionnels, qui, malheureusement, nous font prendre conscience qu’avant eux, tout le monde  a fait beaucoup de bruit pour rien !  

Agon m’a réconciliée avec Balanchine dont la Valse sirupeuse m’était restée sur l’estomac.

Agon/ Grand Miroir/ Le Sacre du printemps 12 novembre 2017

Grand Miroir de Teshigawara, chorégraphié sur un concerto pour violon d’Esa-Pekka Salonen (2009) qui n’offre rien de bien nouveau mais reste agréable à l’oreille, est une œuvre qui, pendant trente minutes, nous fait croire que quelque chose d’extraordinaire va se passer. Un drame couve, on le sent bien. Les scènes s’enchaînent les unes aux autres ; au départ, ce n'est qu'un simple tourbillon de danseurs isolés qui traversent la scène, comme des phalènes sous levothyrox. Ce n’est pas désagréable, on se laisse peu à peu emporter, comme lorsque nos yeux fixent les tourbillons qui se forment dans une rivière, puis disparaissent. Il y a quelque chose d'hypnotique qui nous met dans un état particulier. Alors on attend... Tout à coup, la fragile Lydie Vareilhes agonise tout à coup, dans des tortillements de corps convulsifs,  tandis qu’en arrière-plan un groupe glisse du fond de la scène sur le devant, en répétant à l’infini une pavane macabre ; on pense alors à  Dream de Kurosawa et à cette étrange Tunnel dans lequel un soldat retrouve ses camarades morts au combat.

L’intensité dramatique de Juliette Hilaire, puissante, extatique, donne  tout à coup de l’ampleur à la musique, qui  semble jaillir du corps de la danseuse : on est fasciné et notre regard ne peut plus quitter l’artiste, si juste dans sa danse que tous les autres ont l’air de  faire semblant de danser.  Un peu plus tard,  la poétique silhouette d’un Mathieu Ganio rongé par des souvenirs hallucinés, ondule bizarrement, entre remord et douleur.  Un climax approche, on attend d’être emporté, mais l’œuvre ne trouve pas son point culminant. Le climax n’aura pas lieu et l’œuvre se termine en queue de poissons, nous laissant frustrée sur notre fauteuil,  malgré la beauté et/ou l’intensité de biens des passages.

Agon/ Grand Miroir/ Le Sacre du printemps 12 novembre 2017

Et puis vient le Sacre du printemps de Pina Bausch, qui m’avait laissée en 2010 presque aussi anéantie que les danseurs. Miteki Kudo  était l’élue, mais j’avais surtout été fascinée ce jour-là par Abbagnato.  Là, curieusement, aucune émotion n’a jailli. Tout le monde est super en forme, aucune fatigue ne pointe, et les émotions sont forcées. Elles ne passent pas la rampe. Il faut dire que les danseurs ne sont guère portés par un orchestre poussif, qui a perdu son agressivité. La baguette molle de Benjamin Shwartz, étouffe  les bois, musèle  les percussions, amollit l’ensemble. Plus de rugissement, de cris, de chocs, ou de murmures lancinants ; plus de pas feutrés, d’appels joyeux, de réponses à contre sens ; plus de martellement, de halètement, de plaintes ; plus rien en fait. Un discours lissé, policé, assagit, raboté ! Un comble pour cette pièce ! On se console    en regardant  la beauté des ensembles des filles ou des garçons, sans qu’aucun drame ne pointe le bout de son nez.  Lorsque l’Elue-Baulac danse les dix dernières minutes, on est impressionnée par son corps devenu une percussion. Pas une plainte ne s’élève de la danseuse mais une rage qui explose comme une bombe. Sa danse est tout en nerf, sa précision rythmique hallucinante. Les tressautements de son corps n’appellent pas à la compassion, mais libère une fureur de fauve capturé malgré lui qui luttera jusqu'à sa dernière griffe. Malheureusement, malgré tout le talent de cette danseuse,  cette transe finale tombe à plat car elle n’a été préparée ni pas le groupe, bondissant et lyrique, ni par l’orchestre mollasson et muselé.  Dommage. Malgré tout, j’ai admiré chacun et chacune, sans jamais entrer dans l’œuvre, juste heureuse de voir tous ces merveilleux artistes jouer dans ce bac à sable géant !

Les techniciens disposent la terre pour le Sacre

Les techniciens disposent la terre pour le Sacre

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