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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

marie-taglioni-in-zephire.jpg

22 octobre 2016 6 22 /10 /octobre /2016 10:13
Les grelots tintent et les tigres ronronnent
J’ai le plaisir de vous annoncer la parution en auto-édition de mon cinquième roman,  Les grelots tintent et les tigres ronronnent, en attendant, je l’espère, la parution dans un format
papier pour ceux qui sont ( encore) réfractaires à la lecture sur liseuse électronique et qui souhaiteraient lire ce roman.
Je vous laisse découvrir  ce livre via le lien  à la fin de ce mail, qui vous permettra de parcourir et de “ feuilleter” le tout début de cette histoire qui se passe entre 1872 et 1883, dans l’Inde du Nord et l’Angleterre. Une petite Anglaise et son ami hindou,  un  mystérieux Sâdhu, un vieux temple abandonné... sont quelques uns des éléments de ce roman.
Le pseudo Lhiver, tout simplement parce qu’il y a déjà beaucoup de Beck dans l’écriture ( presse, littérature) et que cette saison, l’hiver, où tout est comme en suspension, en attente,  est chère à mon coeur.
Un sixième roman est actuellement en préparation.
Amitiés à tous, du fond du coeur,
 
Valérie Beck, alias Valérie Lhiver
 
 
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18 juin 2016 6 18 /06 /juin /2016 09:09
Photo Joelle Bonnet

Photo Joelle Bonnet

La beauté de cette soirée du 14 tenait plus à la beauté de la danse en elle même et à cette douceur,  à cette tendresse qui émanaient des deux protagonistes, plutôt qu'à la justesse des personnages : Ni Ould Braham ni Heymann ne sont véritablement Giselle ou Albrecht, mais leur danse est si belle, ce sont deux artistes  si  sensibles, avec une danse si moelleuse, d'une si grande fluidité et légèreté que c'était vraiment magnifique à voir!

On ne peut avoir que le souffle coupé par la gracilité, la finesse de la danse d'Ould Braham, et par l'engagement total de Heymann! Quand il s'écroule sur le sol, c'est par fatigue véritable, il arrive au bout de lui même, et en ce sens, il finit par rencontrer "Albrecht".

 Ould Braham n'est pas, dans ce choix d'interprétation une jeune âme trépassée qui protège celui qui l'a trahie pour la simple raison qu'Albrecht est bien trop amoureux d'elle, dès le premier, acte pour qu'on croie à une trahison ; on a plutôt l'impression que Loys a été où son coeur l'a conduit, et qu'il s'est retrouvé sottement piégé par l'arrivée impromptue du Duc de Courlande et de sa fille Bathilde, la fiancée d'Albrecht. Toute la pantomime du premier acte était d'une grande lisibilité avec des choix très affirmés chez tous les protagonistes quitte à prendre une certaine liberté avec le livret, et c'est ce qui m'a plu : Heymann et Ould Braham incarnent jusqu'au bout les personnages qu'ils ont choisi d'êtreet les portent avec toute la puissance de leur coeur, de leur être,  même si c'est une lecture un peu à " contresens" du  livret; peu importe : c'est beau, authentique et habité.

Bizarement, l'Hilarion de F Alu m'a moins convaincue que celui de Vincent Chailley, sans doute parce que j'aime la rudesse de cet homme rustique, simple, touché en plein coeur par une jolie fille et qui tout à coup, trouve au fond de son coeur qui n'a sans doute jamais connu aucune tendresse, ni de sa mère, ni de ses soeurs,  de ses petites attentions qu'ont tous les amoureux à leurs débuts,  comme les lapins ou les fleurs qu'il vient déposer devant chez elle.
Grâce à elle, comme le dit Cyrano à Roxane, au moent de mourir, une " robe aura passé dans ma vie"
 

Photo Joelle Bonnet

Photo Joelle Bonnet

Hannah O Neil qui glisse sur le sol comme si elle volait, incarne une Myrtha glaciale, véritable Reine des Aulnes au féminin qui n'a pas la moindre once de sentiment humain dans son coeur de pierre; personnage fascinant, cruel, et d'une beauté surnaturelle : elle était tout cela à la fois! Ses envols ont une élévation surprenante et sont poignants d'autorité sans jamais revêtir la moindre brutalité, car Hannah O Neil est d'une légèreté absolue.

 

Photo Joelle Bonnet

Photo Joelle Bonnet

En conclusion, je dirai que Ould Braham m'a rappelé le personnage de Cristina Ricci dans Sleepy Hollow; il s'agit de cette jeune fille blonde, délicate, qui dessine des pentagrammes pour protéger l'homme qu'elle aime et qu'on veut faire périr grâce à la magie noire

Le roman Sleepy Hollow est contemporain de Giselle, il a été écrit en 1820

Il oppose lumières et ténèbres, mysticisme, foi, magie noire; il est dans la mouvance de toute cette littérature qui naît dans un siècle qui n'en peut plus des Lumières et de l'esprit scientifique qui s'oppose à la Foi.

 

Comme  la Giselle de Ould Braham, Katrina van Tassel a sa blondeur, son angélisme, son amour qui triomphera du mal.

 

Ould Braham-Heymann- Giselle- 14 juin 2016

Un grand merci à Joelle Bonnet pour le prêt de ses photos!

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12 juin 2016 7 12 /06 /juin /2016 17:17
photo svetlana Loboff

photo svetlana Loboff

J'ai revu cette même interprète le 14 et l'impression a été toute autre! compte rendu à suvire d'ici quelques jours; celui-ci ne parle que de la représentation du 10 et n'est pas du tout conforme à mes impressions du 14; cela veut dire que des artistes de cette trempe sont capables en trois jours, de faire considérablement évoluer leurs personnages!

 

Myriam Ould Braham est une Giselle  classique :  timide, candide, douce et pleine de tendresse pour sa mère et pour le prince (Mathias Heymann) qui lui rend visite,  elle repousse avec douceur Hilarion et semble presque s’excuser de ne pouvoir l’aimer ; elle est si délicate qu’on ne s’étonne guère qu’après avoir appris la trahison d’Albrecht, elle perde l’esprit et le contact avec le monde réel. Malgré une danse d’une grande beauté dans laquelle toutes les qualités citées sont apparentes,  Ould Braham me convainc moins en Giselle qu’en Nikya cet hiver ;  son personnage est plus en retrait, mais  malgré tout,  jolie et naturellement gracieuse, Myriam Ould Braham est délicieuse en scène.

Sa scène de la folie reste assez sage et sa mort aussi ; elle nous raconte une histoire, elle le sait et nous aussi ; c’est sans doute la raison pour laquelle nous restons donc en lisière de celle-ci, conscients que nous sommes au spectacle. 

A ses côtés, Mathias Heymann avec sa danse vive, moelleuse et son sourire plein de candeur  est un jeune homme fougueux, fou-amoureux de sa Giselle mais aucunement un prince ; rien ne le différencie vraiment des vendangeurs qui rentrent le soir au village ; il est   simple, spontané, sans autorité ni  majesté ; un peu du Roméo de ce printemps est resté accroché à lui ; son face à face avec Hilarion est à son désavantage car c’est Vincent Chaillet/Hilarion, le garde chasse, qui a largement le dessus même si celui-ci s’éclipse comme le veut la mise en scène. 

 

Le couple Albrecht/Giselle est  un couple qui s’aimera dans la mort comme il s’est aimé dans la vie, avec une sincérité absolue. Au second acte, Giselle accompagne de sa tendresse son cher Albrecht qu’elle protège de toute la force de son cœur ; moins ombre que bonne fée bienveillante, ses variations ne se teintent nullement de mystère ou de la solitude poignante dans laquelle la mort a jeté Giselle en la séparant de ceux qu'elle aimait. En sortant de la tombe, elle est restée celle qu'elle était dans le monde des vivants : aimante, douce, bienveillante, prenant soin de ceux qu'elle aime.

 

A ses côtés, la Myrtha de H. Bourdon fait  peur ! Gare à celles de ses Willis qui ne lui obéiraient pas ; ses grands jetés sont dansés en force et manquent d’immatérialité, de même que les petits pas glissés du début, trop terrestres. Elle pointe ses doigts vers le sol avec la brutalité de la fée Violente dans la Belle. C'est une façon de voir le personnage : "l'implaccable" Myrtha. Mais cet esprit frappeur ne me séduit pas. Froideur virginale ne signifie pas forcément  sécheresse ou brutalité...

De la sorte, le second acte a cruellement manqué de magie, de mystère, et surtout, de ce souffle romantique qui parcourt l’œuvre de Gautier, Hoffmann ou les premiers poèmes de V. Hugo,  malgré le superbe travail du corps de ballet. 

  

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12 juin 2016 7 12 /06 /juin /2016 16:38
Pagliero-Paquette - Giselle- Opéra de Paris 2016

 

Ludmilla Pagliero – Karl Paquette – François Alu – Charline Giezendanner-  Vincent Chailley- Fanny Gorse

Au premier acte, Ludmila Pagliero est une Giselle vive, drôle, qui ne se laisse nullement intimidée par le beau garçon qui vient frapper chez elle ; loin d’être une amoureuse tremblante,  elle fait preuve de beaucoup d’esprit face à Loys et ne s’en laisse pas compter ; elle surprend, habitués que nous sommes aux viriginales Giselle naïves, timides ou candides qui baissent les yeux ou rougissent ; rien de tout cela chez Pagliero qui est la jeune fille en lisière de la forêt qu’on voudrait tous avoir pour amie – on ne s’étonne donc pas du nombre de celles-ci sur scène ni de voir autant de monde graviter autour de sa maison!  La passion coule dans ses veines, pour la danse mais aussi pour la vie, et c’est précisément cette passion qui, une fois morte, se transformera en un sentiment fort, puissant : le pardon.

Pagliero/Giselle danse comme elle est, avec spontanéité et sans chercher à séduire. Elle a une façon de dire à sa mère : «  Oh, ne t'inquiète pas, tu sais,  je ne faisais que danser quelques petits pas deci delà » irrésistible  de drôlerie. Son personnage est consistant, loin des sentiers battus, vivant, et l'on ressent ce qu’elle vit, on devient ce qu’elle est y compris dans sa scène de la folie tellement convaincante avec pourtant une économie des gestes et des expressions :  comment fait-elle pour qu’au moment où tout le plateau s’immobilise on réussisse à comprendre la faille qui la déchire soudainement, sans crier gare et la fait basculer de l’autre côté ? Dans sa scène de la folie se succède mille états d'âme – elle ne reconnaît plus les gens, sombre dans ses souvenirs, tout à coup rit  les yeux fous et en reculant  heurte Bathilde,  la fuit avec une expression hagarde, cherche sa mère, se rappelle les promesses d'amour et égrène quelque fleur imaginaire, puis sombre dans une douce nostalgie...

Lorsque, simplement penchée vers l’avant, les genoux légèrement pliés et le dos rond, elle reste ainsi sans plus bouger, notre compassion infinie l'enveloppe tout entière.

A ses côtés, Karl Paquette est un prince amoureux, mais réservé ; un peu rêveur, un peu absent, vient-il chercher en  courtisant Giselle à échapper à un profond ennui de vivre ? Pourtant,  lorsqu'il lui jure un amour éternel,  il s’anime vraiment. Sans doute aime-t-il cette jeune fille qui est si vivante, bien plus qu'il ne le sait lui même. Il faudra qu'elle s'effondre sous yeux pour qu'enfin, il réalise la puissance de son amour pour elle.

Leur couple est harmonieux comme l’est celui que F Alu forme avec Giezendanner : quelle bonheur de les voir ensemble ! A peine sont-ils sur le plateau que tout devient léger, lumineux, joyeux !  Giezendanner comme toujours a une danse scintillante, ciselée, raffinée, tellement musicale ;  ses pieds ont une rapidité d'exécution et une délicatesse extraordinaire. La scène est trop petite pour François Alu qui l’emplit tout entier de sa danse est virtuose, puissante, souple, mais surtout tellement vivante.  Ce couple crée un superbe contraste dans l’expression de leur amour harmonieux qui éclate au grand jour avec celui formé par Giselle et Loys qui se cherchent encore. Et mieux encore, ils ne créent nullement un " divertissement" mais participent à la narration du ballet.

L' Hilarion de Chailley fait co-exister en lui une certaine rudesse et un amour dévorant pour Giselle qu’il exprime avec sincérité mais maladresse  et la Bathilde de Marie-Solène Boulet n’a pas son pareil pour se montrer aimable mais vite agacée par la petite paysanne que tout le monde adore.

   

Pagliero-Paquette - Giselle- Opéra de Paris 2016

Au second acte, Pagliero sort de sa tombe comme un esprit qu'on arrache à la nuit et qui s'éveille brutalement, sans savoir où il est. Ses tours en arabesque  irréels, hallucinés, expriment toute l'horreur de la mort. Mais dès la venue d'Albrecht sur sa tombe, la puissance de son pardon la guidera désormais et elle essaiera non seulement de consoler Albrecht mais de guérir la vengeresse Myrtha.  

Dans sa façon  de ployer le buste, d’être toujours légèrement décalée par rapport à l’axe, comme la flamme vacillante d'une bougie qui tremble au moindre courant d'air, d’insuffler un souffle impalpable à ses bras dans lequel le sang ne bat plus, de donner à son visage l’impassibilité des gisants de marbre mêlée d' une tendresse infinie, Giselle-Pagliero dit  son pardon, profond, absolu et son désir de guérir tous ceux qui l’approchent ; aussi n'implore-t-elle pas Myrtha de laisser la vie sauve à Albrecht, mais elle lui dit doucement que la vengeance ne la mènera nulle part, qu’il est d’autre chemin, en égrènant devant elle son bouquet de marguerites, non comme un reproche mais comme une offrande, afin d'éveiller en elle la jeune fille aimante qu'elle fût sans doute  autrefois.

Dans sa dernière variation, sa petite batterie précise, rapide, évanescente tout à la fois, donne l’impression qu’elle vole au-dessus du sol.

A ses côtés, Paquette,  perdu dans un rêve, ne sait pas si tout cela est réel. Dans sa série d’entrechats 6 pointe le désir de mourir lui  aussi pour rejoindre, peut-être, celle qu’il aime. Mais a-t-il jamais aimé vivre?

 

La Myrtha de Fanny Gorse  royale, diaphane, brillante, aérienne, s’élance telle une phalène dans la lumière de la nuit  ;  une autorité naturelle  pointe sous l’éclat et la précision de ses pas, de ses grands jetés, de ses arabesques penchées sur pointe ; sous son diadème qui scintille, elle brille comme un diamant au clair de lune,  et virevolte comme un feu follet qui s'ingénie à égarer les voyageurs perdus dans la nuit.

 Dans les deux actes, le corps de ballet était vivant et en harmonie et c'était un régal pour les yeux.

Koen Kessels a su insuffler aux cordes de l’esprit, aux bois du velouté, mais n’a pas pu tirer grand-chose des cuivres, qui répétaient dans la fosse avant le lever de rideau, l’ouverture des maîtres chanteurs de Wagner… outre, qu’ils couvraient leurs collègues, ils parlaient bruyamment quand ils ne jouaient pas. Assez inadmissibles, quand même !

 

 

Pagliero-Paquette - Giselle- Opéra de Paris 2016

Malheureusement, de là où j'étais, je ne voyais  comme le montre la photo ni la maison de Giselle, ni la tombe, et beaucoup de passages ont laissé pour moi la scène vide; Giselle qui sort de la maison, les Willis devant la tombe, Giselle qui sort de la tombe, Albrecht qui se recueille sur la tombe, etc...cela ne m'a pas empêché de vivre l'une de mes plus belles Giselles!

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17 avril 2016 7 17 /04 /avril /2016 08:49

 

 

Pour la deuxième année consécutive, Mahina Khanum, danseuse d’odissi résidant à présent à Paris, organise un festival autour des danses indiennes intitulé  Mouvement Emouvant.

Cette initiative est doublement à saluer, d’une part, pour l’ampleur et la générosité du projet  sachant que ce festival ne bénéficie d’aucune subvention, deuxièmement, pour la merveilleuse possibilité d’avoir une programmation passionnante sur une dizaine de jours qui regroupe journée d’étude, projection de film, visite guidée au musée Guimet, spectacle, et ateliers autour de la musique et de la danse indienne.

Hier, le festival s’est ouvert par une émouvante visite au Musée Guimet,  préparée avec Mahina Khanum et commentée par Tiziani Leucci danseuse, anthropologue, chercheur au CNRS.  Nous avons sillonné au milieu des sculptures, en remontant le temps…  lorsque l’on sait l’importance que le musée Guimet a eu sur le destin de bien des femmes, comme  Mata Hari ou  Alexandra David Neel, l’émotion est forcément au rendez-vous. Comme elle l’est plus encore en voyant gravées dans la pierre depuis plus de dix siècles, des danseuses qui témoignent d’un art toujours relié au divin.

Dès  demain lundi 18 avril, commencera une journée d’étude à l’INALCO. Cette journée sera consacrée à l’histoire des pratiques chorégraphiques indiennes en Frnace, depuis les années 1920 et  aux interprètes féminines des styles Bharata Natyam et Odissi. La parole sera donnée aussi bien aux chercheurs qu’aux artistes, pédagogues et chorégraphes.

Cette journée est gratuite, il suffit de réserver sur ce lien.

 

Le mercredi 20 avril –  vous pourrez assister à une projection débat à 20h30, au cinéma La Clef, 34 rue Daubenton 75005 Paris.
Sera diffusé L’œil au-dessus du puits, de Johan Van Der Keuken (1988)
Le débat sera ensuite animé par Annette Leday, interprète de Kathakali (théâtre dansé du Kerala), chorégraphe et metteur en scène.
Tarif : 6,5 € sur réservation en ligne auprès du cinéma 

 

 

Le vendredi soir  22 avril, dans le ravissant Théâtre Adhyar, un spectacle présentera dès 20h plusieurs styles de danses indiennes. En voici le programme succint :

  • Mohini Attam (Brigitte Chataignier),
  • Kathakali (Karunakaran),
  • Sattriya (Meena Kanakabati),
  • Kathak (Isabelle Anna),
  • Bharata Natyam (Tarikavalli),
  • Odissi (Mahina Khanum)

 

Je vous invite à visiter cette page qui présente ces artistes.

 

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Le week-end qui suivra – 23 et 24 avril - proposera douze ateliers dont voici le programme

 

 

Programme des ateliers de danses et musique


Studio Biped : Micadanses, 16 rue Geoffroyer l’Asnier 75004 Paris
Studio May B : Micadanses, 15 rue Geoffroyer l’Asnier 75004 Paris
Centre de danse Alésia : 119 av. du Général Leclerc 75014 Paris

 

Samedi 23 avril
10h00 – 11h00 – Initiation aux mudras (gestuelle indienne), studio Biped
11h00 – 12h00 – Initiation aux rasa en musique, studio Biped
12h15 – 13h45 – Bharata Natyam (Tarikavalli), studio May B
14h00 – 15h30 – Mohini Attam (Brigitte Chataignier), studio Biped
15h30 – 17h00 – Sattriya (Meena Kanakabati), studio Biped
17h00 – 18h00 – Yoga pour danseurs (Valérie Beck), studio Biped

 

Dimanche 24 avril
10h00 – 11h00 – Yoga pour danseurs (Valérie Beck), Studio May B
11h00 – 12h30 – Kathakali (Karunakaran), Studio May B
12h30 – 14h00 – Kathak (Kali Chandrasegaram), Studio May B
14h00 – 15h30 – Chant carnatique (Bhavana Pradyumna), Studio May B
15h30 – 17h00 – Odissi (Mahina Khanum), Studio May B
17h30 – 19h00 – Approche contemporaine du Kathak (Kali Chandrasegaram), Centre de danse Alésia

 

J’aurai le plaisir d’animer les deux ateliers de yoga qui vous permettront de préparer puis d’intérioriser votre pratique :   corps,  souffle et  esprit  seront sollicités en douceur ; les ateliers sont ouverts à tous et ne demandent aucun pré-requis.

 

A noter des ateliers assez rares, comme l'initiation aux rasas qui sera illustrée par un sitariste pour permettre d'entrer dans la musique indienne et ses saveurs, et des ateliers autour des styles Mohini Attam ou Sattriya, très peu connus en France
Les ateliers de Kathak auxquels j'ai déjà participé sont animés par Kali qui a une approche très sensible et très artistique de son art
Quand aux mudras, la gestuelle indienne, permet tout de suite d'entrer dans cet imaginaire ou dieux, émotions, sentiments, végétaux, idées, animaux se côtoient dans une évocation aussi puissante que poétique!

 

Je vous invite de tout cœur à nous rejoindre, à venir écouter, sentir, danser, chanter, vous émerveiller, apprendre, entrer au cœur de cette tradition indienne aux multiples aspects qui n’a pas fini de nous émerveiller, de nous surprendre, et comme le dit si joliment le titre du festival, de nous émouvoir !

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Voici les liens pour le festivalCLiQUER ICI

 

Et voici la page facebook du festival : CLIQUER ICI

 

Pour réserver directement : CLIQUER ICI

 

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14 avril 2016 4 14 /04 /avril /2016 17:43
Roméo et Juliette - Noureev : Gilbert, Marchand, Bézard opéra de paris 2016

Toute autre ambiance avec dans les rôles-titres Hugo Marchand et Dorothée Gilbert.
Au début du ballet,  Roméo/Marchand a du mal  à incarner Roméo. Il danse magnifiquement,  mais aucun personnage n’existe vraiment. C’est un peu la même chose du côté de Gilbert qui incarne une jeune fille trop bien élevée et maîtresse d’elle-même ; elle est trop élégante et trop sage pour être Juliette ; elle  n’a pas  la vivacité un peu brouillonne de l’adolescente de 14 ans qui va prendre son destin en main. Elle est plus princesse que jeune fille qui n’est encore jamais tombée amoureuse.  Hugo Marchand lui donne la réplique sur le même ton, et si on se régale de leur belle danse, on pleure intérieurement l’absence de personnages.  On en vient à leur sur-imprimer Heymann et Baulac, tourbillonnant, un peu brouillons certes, mais au prise avec un amour qui leur tombe dessus et dont ils ne comprennent rien. C’est d’autant plus dommage que le reste de la troupe est très en  forme; les ensembles sont percutants, les rixes menées avec intrépidité. Et  le Tybalt de Bézard est d’une noirceur absolue!  

Du côté de l’orchestre, pas de vie non plus ; cela sonne bien, mais où sont les accents, les changements de direction, la vie, en un mot ? Tout est trop lisse : pas plus de vie dans la fosse que sur scène pour ce premier acte. Est-ce qu’on rentre chez soi ? Non, on attend le deuxième acte  sur son inconfortable strapontin du fin fond de l’orchestre!  

 

Et on a bien fait car au second acte, les danseurs s’emparent peu à peu de leur personnage ; Tybalt/Bézard, poussé par une haine qui le dépasse et qu'il ne comprend pas - corps et   visage déformés par la haine, dos arrondi, marche en crabe, griffes dehors, il a  tout d’un chat enragé, qui écume, aveuglé par la rage -  va mettre un peu de vie sur ce plateau trop sage; Mercutio meurt, Roméo le venge, Tybalt meurt à son tour et  on a plus de   peine pour lui que pour Mercutio !  – car Bézard parvient à nous faire sentir que c’était «  plus fort que lui », qu’il n’est qu’un pauvre jouet dans les mains des Lanceurs de Dés du  prologue du ballet : ce sont eux, le Destin, qui tirent les ficelles ; Roméo  le comprend trop tard : Juliette est déjà là, devant le corps sans vie de son presque frère. Cette fois-ci, la partition est dansée à trois voix, et on comprend qu’aucun des trois n’agit de son propre chef.  Gilbert donne à son désespoir une intensité dramatique contagieuse  avec une gestuelle qui part de l’intérieur ; elle  implose littéralement dans une danse de douleur où le chagrin le dispute à la colère, où l’incompréhension de ce qui arrive lui fait perdre ses repères.  Elle va se consumer de chagrin, là, sous nos yeux. Dorothée Gilbert concentre en elle toute la tragédie de cet fin d’acte : le destin agit en aveugle et même son Roméo en a été le jouet.

 

Au troisième acte, l’intensité gagne encore un cran ; et cette fois-ci, l’émotion emplit tout le plateau ; de l’assassinat du Frère, à l’annonce de la mort de Juliette par Benvolio, de l’assassinat de Pâris, au suicide de Roméo puis de Juliette, tout est à vif et c’est bien dans un état second que le spectateur finit lui aussi.

 

 

En comparant les deux distributions, on se rend compte qu’on a aimé la fougue de Heymann et de Baulac, leur capacité à incarner une jeunesse vibrante, incandescente, qui se  brise sur le drame, et qu’on aime tout autant  la danse tout en finesse et en intensité de Gilbert/ Marchand

On est ravi d’avoir vu Alu, Révillon, Bézard, Dayanova, Romberg donner vie à leur personnage.  Et on se dit qu’on gardera un souvenir plus fort que les Roméo des saisons passés,  exception faite de celui de 1991 qui réunissait Hilaire/Guillem/Jude…

 

Et pour finir, on remercie notre cher Noureev qui nous donne une fois encore envie de relire la pièce…

Roméo et Juliette - Noureev : Gilbert, Marchand, Bézard opéra de paris 2016
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11 avril 2016 1 11 /04 /avril /2016 17:21
Roméo et Juliette - Baulac, Heymann, Alu, Magnenet - Opéra de Paris

Ce dimanche 10 avril, Léonore Baulac a eu la lourde tâche  de remplacer pour ainsi dire au pied levé Myriam Ould Braham, malheureusement blessée, et d’être la Juliette de Roméo-Heymann.  Déçue de ne pas voir Ould-Braham en Juliette, car encore sous le charme de sa Nikya, j’ai été néanmoins surprise par la facilité avec laquelle  la jeune danseuse qui s'adapte  rapidement à toutes sortes de changements, a campé une Juliette de haut vol malgré une certaine fébrilité bien compréhensible au vue du peu de répétitions que les deux danseurs ont dû avoir ensemble.

A vrai dire, il n’a manqué à ce couple charismatique à la danse  vraiment magnifique, qu’un peu plus d’émotion ; celle-ci n’est arrivée qu'assez tard dans le ballet. Et pourtant, ils ont l'un et l'autre tout ce qu'il faut pour ETRE Juliette et Romeo : la beauté, une danse superbe, une incandescence qui vont bien aux deux personnages. Si dans  la redoutable scène du balcon - où il y a un pas sur chaque note, suivant l’habitude de Noureev de mettre musique et chorégraphie en adéquation  et des portés vertigineux - l’effervescence de ces deux adolescents, sur qui l’amour tombe sans crier gare, était toujours un peu au bord de la fébrilité plus que de l’explosion  amoureuse, au troisième acte, l’un et l’autre libérés des grandes difficultés techniques du premier acte, ont incarné leur personnage avec une puissante intensité dramatique.

 Léonore campe une Juliette au caractère bien trempé ;  au premier acte, elle ne tombe pas dans le piège de surjouer une Juliette enfantine ; elle est juvénile, mais a déjà un fort caractère; elle s'affirme dès l'arrivée de ses parents. Au fil des actes, cette affirmation, cette volonté de prendre son destin en main lui donne une gravité et une profondeur qui vont crescendo. Jamais elle ne surjoue la douleur, ou la révolte mais la puissante volonté qui anime la jeune fille est perceptible d'un bout à l'autre de l'oeuvre, même dans son choix de mourir.
Heymann campe un très beau Roméo. Il y a une telle pureté dans sa danse, un tel lyrisme, un tel envol, que cela apporte au personnage une petite touche " elfique" qui ne dessert pas le personnage; un peu de Zaël passe dans son Roméo. Mais il y a surtout beaucoup de générosité, d’intensité et des prises de risque qu’auraient adorées Noureev! Et quel sourire! On comprend que Juliette fonde complètement! Son sourire est à son image : candide, lumineux, offert tout entier! Ses lignes sont superbes, et son style, fidèle à  Noureev, avec tout ce travail de «  desaxage »  par rapport à l’axe du corps.


Il était dommage que  l'orchestre soit dirigé mollement ; certes les pupitres étaient bien équilibrés mais les attaques étaient mollassonnes, les tempis un peu gnian-gnian.   Du coup, les danses de groupes manquaient de peps, et parfois de vie, malgré tous les efforts de la troupe pour déployer celle-ci sur scène. Malgré tout, une sincérité, un engagement de la part des artistes étaient perceptibles sur le plateau mais quelque chose manquait – et pas du fait des artistes en scène - ça aurait pu être plus fort, plus abouti encore peut-être avec plus de répétitions, ou moins de temps perdu à danser le reste de la saison des âneries néo-classiques sans âme ou des créations d’un autre âge ? 

Le  trio
Benvolio/ Mercutio/ Roméo ( Révillon, Alu) opposé à  Tybalt ( Magnenet) racontait bien la même histoire.  Tybalt, un peu trop gentil au début de l’œuvre, trouve son ton au cours du  ballet.  Benvolio/ Révillon avait la  bienveillance propre à ce personnage, et Alu  la vantardise latine et le panache à la Cyrano propre au personnage qui vit toujours en public.  C'est la première fois depuis L. Delanoe  que je vois mourir un Mercutio qui continue au moment de sa mort, tour à tour, de rire et de  grimaçer, laissant jusqu’au bout le public perplexe sur le sens de ses mimiques.  Même quand il s’écroule, on n’est pas sûr qu’il ne joue pas encore. On  adore Alu  quand il est en scène, et on l'attend quand il n'y est plus; encore un peu il volerait la vedette du couple principal! Il n’y a pas à dire : Alu sait incarner ses personnages comme peu de danseurs avec une technique superbe; tous ses pas ont un sens, expriment une idée, un sentiment, une émotion ; tout fait sens ; c’est précisément ce qui manquait un peu à Heymann et Baulac : une danse qui fait sens et qui n’existe pas que pour elle-même, mais sans doute les spectateurs des  mercredi ou samedi prochains auront la  chance de voir des personnages plus aboutis.

La
Rosalinde de Sara Kora Dayanova pleine de grâce, apportait aux scènes sur la place de Véronne une touche d'élégance au milieu de toute cette joyeuse et/ou belliqueuse assemblée ; un personnage pour une fois attachant, alors que d’habitude cette demoiselle fait un peu figure de «  vase décoratif » ;  la nourrice d'Alexandra Cardinale avait, quant à elle,  beaucoup de présence! Elle a autant de cœur que de gouaille et elle aime les beaux garçons! Héhé, la coquine!
Tout au long de ce Roméo,  chacun a apporté sa voix à l'ensemble.
Le drame s'est installé peu à peu, au milieu de la truculence, de la haine, de la rigolade, des combats, des coups bas, de l'amour, des bals, des mascarades, de la misère... et au final, quand les deux amants meurent, quelque chose meurt à ce moment là en nous avec eux...

 

La salle a chaleureusement applaudi les artistes qui rayonnaient sur scène au moment des saluts.

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1 janvier 2016 5 01 /01 /janvier /2016 09:31
Ould Braham/ Alu : La Bayadère - 30 décembre 2015

Cette Bayadère du 30 décembre a été dominée de bout en bout par un corps de ballet et des ensembles parfois magnifiques (le groupe des 4 danseuses au tutu vert par exemple, les Hindous,  ou les Ombres) –  et aussi par François Alu qui nous a raconté une histoire avec une générosité et un panache exceptionnels. Toute sa fibre artistique s’est mise au service de Solor, qui dès son entrée, nous apparaît comme un jeune guerrier fougueux, autoritaire, mais qui fond d’amour pour Nikya ; pour cet amour absolu, sacré – ne lui jure-t-il pas sa fidélité au dessus du feu ? -   il est prêt à tout perdre si nécessaire : sa position, son rang, l’estime des siens.

François Alu rend tellement clair toutes les scènes mimées qu’il ne nous reste plus qu’à mettre des mots dessus. Ainsi, avec l’esclave  devant le temple : «  Quoi, elle n’est pas là ? Mais qu’est ce que tu as fichu, bon sang, je t’avais ordonné de la prévenir ! Oh, tu ferais mieux de sortir de ma vue avant que je ne m’en prenne à toi ! »

Plus tard, quand le Raja lui impose Gamzatti, alors qu’à plusieurs reprises il lui a tourné le dos, il  toise celle-ci  de la tête au pied d’un regard simple  qui dit : «  bon, je vous ai regardé, mais je ne ferai rien de plus, tenez le vous pour dit! »

Certes, c’est une petite liberté prise avec Solor qui en principe est  séduit par  cette princesse de haut rang et est ensuite tiraillé par les deux jeunes filles, mais le choix  de F. Alu d’un amour absolu voué à Nikya est dansé avec tant de passion qu’on y adhère sans réserve.

Ould Braham/ Alu : La Bayadère - 30 décembre 2015

Surtout qu’aux côtés du solaire Solor, la lunaire, délicate mais puissante Nikya de Myriam Ould Braham, est tout en retenu, en grâce, en émotion sur le fil.  Continuerait-elle à vivre, cette fille de la lune si Solor, par son feu, sa flamme, son ardeur ne la rattachait pas puissamment à la vie ?  Dès le 1er acte, elle appartient déjà un peu aux Ombres ; elle est danseuse sacrée par devoir, pas par vocation ;  l’amour du prince est plus important que son  « métier » de danseuse sacrée ; elle fait ce qu’on lui demande, mais  elle voudrait être libre. Ses variations ont été un pur moment de suspension dans le temps ; comment fait-elle pour étirer ainsi le temps, donner autant de poésie à son regard qui flotte sur une danse tout en intériorité ? Nikya a la  sinuosité d’un grand Cobra, et sa force aussi; ses  bras, son buste, ses mains et ses poignets admirables de souplesse respirent une nostalgie indicible, le regret d’un ailleurs qu’elle n’a pourtant pas connu ; mais tout à coup, elle peut devenir tranchante comme une faux et montrer sa puissance, comme la Kalki du panthéon hindoue : par exemple, à la fin de la variation du serpent, lorsqu’elle est sûre que par l’offre des fleurs, Solor lui confirme son amour, sans jouer de ses hanches comme le font certaines ballerines, Myriam Ould Braham désaxe ses bras et leur donne des angles aigus, qui revèlent le feu qui couve en elle qu’elle n’avait encore jamais montré ; on comprend mieux qu’elle ait pu saisir le poignard pour tuer Gamzatti, on comprend mieux que sans l’amour de Solor, plus rien ne la rattache à ce monde. Sa coda est virtuose sans aucun effet superflu. Les pointes sont puissantes mais légères, le regard triomphant et un peu fou, comme le veut ce moment où l’amour lui tourne littéralement la tête ; les mouvements précis, cassant sans être secs ou violents.

 C. Giezendaner était souffrante, je n’ai donc pas vu sa Gamzatti, hélas ! C’est C Colosante qui a eu la lourde tâche de la remplacer au pied levé.

Ould Braham/ Alu : La Bayadère - 30 décembre 2015

Guillaume Charlot avait affiné son jeu en grand Brahmane, beaucoup plus tourmenté et ambigu que le 18 décembre, et le rajah de Yann Saïz avait la prestance, l’autorité, la bonhommie, la gentillesse, la férocité du personnage aux multiples facettes, suivant les personnes à qui il s’adresse.

Lorsqu’à la fin de l’acte II Solor se jette sur la dépouille de Nikya, il dit à sa fille «  Bon,  ma chérie, il n’y a décidément rien à tirer de ce pauvre garçon, quand je pense que je te l’avais choisi pour mari ! Quelle erreur, allons,  partons, c’est décidément sans espoir ! » ; il ne joue donc pas le Rajah courroucé par un affront, mais plutôt le père qui se dit que décidément non, sa fille ne peut pas épouser un garçon pareil !

 

Le 3ème acte fut une perfection, hormis le passage avec le voile, qui décidément cette année aura donné du fil à retordre aux deux Nikyas  que j’aurais vues. D’une manière générale – hormis quand j’avais vu Zakharova – ce passage qui exiger tellement de force dans les jambes ne pardonne pas la moindre perte de l’axe dans les tours ;  le voile cesse alors d’être l’accessoire vaporeux qu’il devrait être.

Pour les trois Ombres, Hannah O Neil a dansé la 1ere comme si c’était le Grand Pas de Paquita,  Viikinkoski n'était pas musicale, ses levers de jambes étaient toujours hors accent,  et Guérineau  semblait éteinte…

Le mot de la fin :

Je ne m’attendais pas à tant de virtuosité de la part de F. Alu dans ce rôle, il faut le voir suspendre ses sauts, tourner sur son axe et arrêter net le tour ou au contraire, ralentir le tour pour mieux repartir ; il faut le voir s’engager dans ses manèges de grands jetés, de sauts, de doubles assemblés avec une énergie maîtrisée ; et enfin, il faut le voir donner ses tripes à Solor ; c’est ce qui m’avait tant manqué avec Kimin, qui est un merveilleux danseur mais qui semblait aussi vivant que mannequin d’un grand magasin… voilà bien un trésor qu’à l’opéra ; un garçon talentueux, généreux, qui rend hommage aux grands classiques avec une ardeur et un amour contagieux.

J’espère que Millepied saura le garder

 

Quand à Myriam que je n’avais pas vu depuis bien longtemps – souffrante l’année où j’aurais du voir son Aurore, hélas – quelle merveille ! Côté interprétation, elle reste très sobre, et ne surjoue pas son personnage,  mais sa danse est tellement habitée que c’est suffisant pour qu’on croit à sa Nykia. Et surtout, sa danse est si belle qu’on pourrait la suivre du regard pendant des heures, suspendu à chacun de ses pas.

Ces deux artistes ont salué le corps de ballet et c’était très beau de voir les deux rangées d’ombres rendre leurs remerciements

Fayçal Karoui n’a pas réussi comme le 18 à discipliner les cuivres insubordonnés et les bois qui n’ont pas tenu compte de ses indications… je n’ai plus du tout eu l’impression d’entendre le même orchestre qui sonnait si bien  ce jour-là. Fatigue ou lassitude, de la part de ces musiciens, c'est quand même impardonnable de jouer aussi mal!

Ould Braham/ Alu : La Bayadère - 30 décembre 2015

Photos littleshao et Agathe Poupeney pour l'opéra de Paris

 

A lire  : François Alu sur ce blog

 

La danse à tout prix, portrait de quatre jeunes espoirs, dont F Alu

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19 décembre 2015 6 19 /12 /décembre /2015 10:49
Shapran et Kimin : La Bayadère de Noureev - 18 décembre 2015

Très beau spectacle que cette représentation du 18 décembre 2015, malgré des solistes disparates et vraiment mal accordés entre eux.

La star reste…. les costumes et le corps de ballet ! Et Fayçal Karaoui qui fait sonner l’orchestre Colonne avec doigté, réussit à rendre la partition écoutable presque de bout en bout, donne de la tenue aux solistes et équilibre cordes, cuivres et bois dans un dosage subtil ou la transparence le dispute à l’énergie, ce qui est une vraie prouesse avec Colonne.

Mr Karoui, décidément, je suis de vos fans !

 

Kim Kimin est un phénomène, cela va s’en dire : il a une élévation étonnante, une facilité déconcertante pour enchaîner les sauts, mais, manque de répétition ou trop grande pression, il a eu beaucoup de mal à entrer dans son personnage de Solor, ne lui donnant vraiment aucune consistance, et, plus troublant, perdant le rythme à la suite d’applaudissements précoces en cours de variation : le pauvre s’est retrouvé hors tempo si bien qu' il a terminé avant la fin de la musique,  meublant tant bien que mal les secondes restantes avec sur son visage une angoisse qui faisait peine à voir . Mais la scène, lorsqu'il prend son envol, semble trop petite pour lui... il est impressionnant et j'aimerais beaucoup le revoir dans un autre contexte!

Du côté de Shapran qui m’avait plutôt fait bonne impression en vidéo dans ce rôle, c’est difficile d’être positive : sa Bayadère n’a rien de sacré et semble un peu brutale ; ses mains font davantage penser au bout des ailes des pélicans qu’à ceux d’un cygne ; elle a un visage renfrogné et du 1er au dernier acte, on ne voit aucune évolution dans son personnage. Le dernier fut le plus laborieux. Pendant les saluts, elle semblait encore être en peine, ce qui a glacé le plateau… d'un côté, on avait Bourdon et Karoui, tout souriant, qui cherchaient à leur donner la main, et de l’autre, les deux Russes apeurés et comme mécontents d’eux-mêmes qui étaient là, perplexes, Shapran osant à peine saluer…

 

Inutile de dire que dans de telles conditions, il n’y a pas eu de «  duo » entre les solistes, ni de trio, ni de dialogue entre les différents protagonistes. 

 

Le meilleur passage de Shapran reste sans doute la deuxième partie de la danse du serpent, juste avant de mourir, lorsqu’une joie tout hystérique s’empare d’elle. On est à des années-lumière d’Aurélie Dupont,  tellement digne dans cette variation. Shapran, elle, le danse avec une intensité, un engagement qui mêle euphorie, triomphe et douleur…  son potentiel est apparu enfin, et ce qui vit en elle. Le reste laisse à penser qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. A aucun moment, on a pu sentir les solistes heureux de danser, d’être là…

Peut-être souffrait-elle du dos?   elle n’a fait aucun  cambré dans la variation du désespoir, et ne s’est pas roulée à terre avec Gamzatti lors de la dispute. Au 3ème acte,  son visage nous disait :  «  vivement que ça finisse et que je tienne le coup jusqu’au bout, mais je souffre tellement… ! »

Shapran et Kimin : La Bayadère de Noureev - 18 décembre 2015

De Bourdon, je dirai que si la danseuse est passable pour reprendre l’expression de Mr Darcy, sa Gamzatti n’a ni  la flamboyante, ni le côté altier, ni le mordant, ni le brio, ni l’étincelance, ni l’élégance d’une Platel, Pagliero, ou Gilbert. Que ce soit les fouettés, les grands jetés, la batterie, les petits pas ou les équilibres, tout est correct, sans plus. Côté interprétation, à part relever le menton en l’air, ce qui n’est pas du meilleur effet et pincer les lèvres, il n’y a pas grand-chose de plus et guère de nuances…   je continue à ne pas comprendre l'engouement général...

 

 

Passons au positif : le corps de ballet, globalement en forme et heureux d’être en scène ! C’est grâce à ce cher corps de ballet que j’ai passé malgré tout une excellente soirée, mettant de côté ma déception face aux solites…

Les costumes n'ont plus le côté flambant neuf et désharmonisé  de 2012 : ouf!

 

Charline Giezendanner nous a offert dans sa danse Manou toute la poésie teintée d’humour, et d’espièglerie dont elle seule à le secret ;  sa complicité avec les deux adorables fillettes de l’école  était pleine de grâce et de fraîcheur et de ce qu'il fallait d'agacement amusé quand celles-ci tirent sur sa robe. Quelle modestie chez cette danseuse, quelle élégance, quelle simplicité naturelle, quelle lumière, enfin !

C’est toujours, toujours un immense plaisir de la voir.

 

Les trois Ombres ne me laisseront pas un souvenir impérissable et pourtant il y avait Hannah O Neil que j’adore, mais sa première Ombre n’était pas assez planante ni mystérieuse. Sa variation était trop rapide, même si elle était exquise par sa grâce naturelle ;  celle de Colosante  était bien trop humaine – ce sont des Ombres, que diable ! -  celle Silvia Saint Martin était honnête, sans plus.

 

C’est dans cet acte que nos deux Russes ont le plus souffert : plus du tout d’expression sur le visage de Shapran, si ce n’est de la peur de ne pas finir, et le pauvre Kim faisait ce qu’il pouvait pour sauver le tout.

 

La descente des ombres a été superbe jusqu’à ce que les 32 se retrouvent toutes ensemble,

Là, malheureusement, au bout de la 20ème représentation, certaines sont épuisées, et les muscles tremblent malgré elles : il y en avait trois côte à côte dont les jambes vacillaient au point de nous faire avoir peur pour elles…

 

Les Négrillons sont bien blancs… sauf un enfant particulièrement lumineux qui a naturellement une jolie peau foncée et qui dont le sourire, splendide, a mis instantanément toute la salle en joie … un petit moment spontané comme on les aime dans les spectacles vivants.

 

Le brahmane de Charlot manquait un peu de nuance, Yann Saiz n’avait pas son pareil pour camper ce personnage et lui donner mille contradictions entre son devoir de prêtre et son amour pour la Bayadère…

Le Rajah de Laurent Novis est maître chez lui et déteste ne pas être obéi ! Bigre !Pas question d'être contredit ni  dérangé dans sa tranquillité ! C’est fou comme avec peu de choses, certains danseurs parviennent à dire autant !

 

La  minéralité naturelle et le charisme de l’Idole dorée d’Alu ont enflammé la salle… avec sa morphologie tout en muscles et sa puissance en scène, son idole dorée, majestueuse et imposante évoque le Terrible Shiva…

 

Voilà, les trois actes ont passé vite, malgré les bémols dus aux solistes.

Mon fils n’en a pas perdu une miette et mon mari est encore sous le charme de Kimin.

Nous sommes rentrés tous les trois, le cœur en fête.

Merci à tous les artistes pour cette belle soirée

 

Pontois et Noureev en 1974

Pontois et Noureev en 1974

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10 novembre 2015 2 10 /11 /novembre /2015 21:17
Avec une telle colonne, on gagne en visibilité, c'est sûr!

Avec une telle colonne, on gagne en visibilité, c'est sûr!

La salle de l’opéra Garnier traverse actuellement une mutation de mauvais augure. Officiellement, c’est pour améliorer la visibilité et moderniser le théâtre.

Officieusement, c’est pour caser dans les 1ères et 2èmes loges de face 30 chaises de plus  - qui coutent 140 euros pour un ballet et 210 euros pour un opéra.

Officiellement, pensent les gens, c’est pour créer plus de petites places à bas prix.

Officiellement, il n’en est rien : il est impossible de caser plus de gens, à moins d’accrocher des fauteuils aux rails des plafonds… qui sait, l’idée va peut être germer ?

 

Comme tout le domaine de la culture, les budgets ayant fondu ces dernières années, l’opéra dont le coût de fonctionnement annuel est de 200 millions d’euros et qui peut compter sur des recettes de 80 millions d’euros est donc prêt à faire le sacrifice de loges d’une grande beauté qui donne à la salle une harmonie incomparable pour un gain de 200 000 euros  sur toute une saison? Ça parait ridicule, risible, c’est pourtant à ce prix-là qu’on a massacré les loges de face.

 

Une pétition a été lancée par forum-opéra et une autre par notre forum de danses. Quand on lance ce genre de pétition, il faut s’accrocher… que d’agressivité on reçoit alors….

D’abord, peu de gens répondent à l’appel, et cela, je le comprends fort bien… on ne peut pas soutenir toutes les causes, et pour certains, la salle Garnier est loin de leur quotidien de leur vie…

Mais il y a les autres ; les danseurs, les musiciens, les journalistes, les mécènes, ceux qui fréquentent régulièrement les salles de spectacles.

Et bien ceux-là font soit la sourde oreille, ou bien y vont de leur «  Il est temps de moderniser l’opéra Garnier » ou encore «  Vous faites toute cette pression sur le pauvre Lissner pour trois cloisons qui sont remises dans la journée ! » ou encore «  Attendons de voir, pas la peine d’hurler avec les loups »

 

Mais non, on ne  hurle pas, on alerte simplement avant qu’il ne soit trop tard.

 

Un magnifique rail qui témoigne de la violence de l'arrachage de la cloison; qui croira qu'une cloison peut coulisser là-dessus?

Un magnifique rail qui témoigne de la violence de l'arrachage de la cloison; qui croira qu'une cloison peut coulisser là-dessus?

En réfléchissant un peu, on réalise alors que si le sort des loges de face importe peu, c’est parce qu’elles véhiculent une image de luxe, de privilège, et surtout, dans l’esprit de certains, l’image  de cette société privilégiée du 19ème siècle qui s’amusait quand le peuple travaillait… et oui, la salle a été commencé sous Napoléon III mais c’est sous la quatrième république qu’elle a été inaugurée.  Et comme aujourd’hui, il y a toujours eu des places à tous les prix…

 

Il faudrait alors faire comprendre que :

  1. Nous non plus, nous n’allons jamais dans ces loges, bien trop chère pour nous ! Ce ne sont pas nos « privilèges » que nous défendons mais un patrimoine à renommée internationale. On peut aller à l’opéra Garnier pour 25 euros et y voir correctement.
  2. La salle est classé monument historique depuis 1923, aussi bien intérieur que extérieur et il n’est en principe pas possible d’y apporter des modifications sauf en cas d’extreme nécessité :

Là on se dit : la nécessité de gagner 200000 euros en plus sur les 80 millions d’euros de recette, en est ce vraiment une si c’est pour faire un tel carnage ?

  1. Nous ne défendons pas plus un monde d’autrefois, un passé de luxe,  et ce n’est pas par passéisme ou par nostalgie que l’on désire préserver la salle ; c’est par bon sens ! pourquoi détruire l’harmonie d’un tel lieu pour y créer du pire ?

Pourquoi amener à tout prix du changement si c’est pour que cela soit plus laid (poutre, vis, rail, grosse colonne orange, tapis endommagés), plus inconfortable (plus de monde par loges) tout aussi cher, et pour qu’on y voit encore moins bien ( spectateurs de devant plus nombreux qui masquent la vue à ceux de derrière, colonne qui bouche la vue des malheureux des 2ème et 3ème rang)

 

Mais, nous dit-on encore, les trois cloisons sont remises dans la journée !

Alors nous répondons :

  1. Non, les 15 cloisons ne sont pas remises dans la journée, et vu l’état des rails, aucune des trois cloisons ne voudra coulisser là-dessus à moins de lui donner des grands coups de marteau
  2. Et puis, il n’y a pas que les cloisons, il faut remettre les miroirs, les tables pliantes, les divans rouges pour restituer ce mobilier qui créent la magie du lieu ; les miroirs par exemple, absents de toutes les loges, diffusaient une lumière rougeoyante sur toutes les loges de face.
  3. Quand bien même les 15 cloisons existeraient, croyez vous qu’il y aura des techniciens pour les remettre chaque soir et les démonter chaque matin  alors que Garnier est déjà en manque de personnel?
  4. Et enfin, pourquoi faudrait-il en tant que spectateur s’habituer à l’enlaidissement d’une salle qui montre à présent ses entrailles béantes, ses rails, ses colonnes et ses gros plafonniers blancs ? Quel choc quand on voit tout cela ! Seuls donc les visiteurs auraient le privilège de voir la salle telle qu’elle a été conçue par Charles Garnier ?

 

le rythme des loges de face est brisé, les loges montrent néons, structure, rails....

le rythme des loges de face est brisé, les loges montrent néons, structure, rails....

A en croire les uns, il ne s’agit que de moderniser, d’améliorer la visibilité, de créer des places moins chères.

Mais dans la réalité, - j’y étais le 27 octobre et le 8 novembre – tout est enlaidi, les gens sont plus entassés dans les loges car il y a  plus de sièges, et tout cela dans un état de délabrement tel que….

 

Que certains mécènes, en voyant l’état des loges le jour de la réception annuelle donnée en leur honneur en septembre, ont juré, furieux, horrifiés,  qu’ils ne donneraient plus leur argent s’il devait servir à cela !  (On les comprend !)

Et voilà quelques dizaines de  milliers d’euros supplémentaires qui s’envolent grâce au magnifique sens de la gestion de monsieur Lissner….

Le sol d'une loge

Le sol d'une loge

Toutes les photos ont été prises par moi même

Si vous voulez soutenir la préservation de l'opéra Garnier dans toute sa splendeur, signez la pétition à Fleur Pellerin en cliquant sur le lien!

 

Merci d'avance pour cette salle unique au monde et pour Charles Garnier!

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